Jean-François Maistre

Jean-François Maistre
Biographie
Naissance
Décès
(à 62 ans)
Turin
Surnom
Giovanni Francesco Maistre
Activités
Famille
Parentèle

Jean-François Maistre, né le à Nice (alors comté de Nice des États de Savoie) et mort le à Turin, alias Giovanni Francesco Maistre, comte de Castelgrana (Casale Monferrato) 1745 et Carraz (Nice) 1758, est piémontais issu d'une famille niçoise. Il est juriste et économiste, haut fonctionnaire sous le ministère de Giovanni Battista Lorenzo Bogino (1701-1784) à Turin du royaume Piémont Sardaigne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né à Nice, le [1], mort le à Turin[2], Jean-François Maistre est le cousin germain du comte François-Xavier Maistre, président du Sénat de Savoie[3].

Jean-François Maistre est le fils de Jean Maistre (Giovanni Maistre), second consul de la ville de Nice[4] et de Marie Catherine Pellegrina Bianchi, sœur de l'avocat Niçois Jean-François Bianchi de L'Escarène.

Il est représentatif de ces familles de magistrats appartenant à cette classe très fermée de fonctionnaires d’état fidèles au souverain. Suivant les traces de son oncle maternel et parrain, Giovanni Francesco (Jean-François) Bianchi, avocat, dont il porte le prénom, Maistre fait des études juridiques à Turin et obtient le droit d'exercer la fonction d'avocat dans le comté de Nice en 1721. Mais il doit subir à son détriment un bref temps de détention dans la forteresse de Villefranche-sur-Mer pour avoir défendu avec trop de verve un feudataire[5] victime d'une expropriation au profit de l'État[6]. Cet incident de parcours va totalement modifier sa carrière. Il décide d'abandonner la fonction d'avocat et se rend à Turin pour rentrer dans la magistrature. De 1724 à 1730, il remplit des missions secrètes, en particulier à Rome et à Venise, pour le compte du duc Victor-Amédée II de Savoie, roi de Sardaigne[7]. Grâce à son influence, son cousin François-Xavier Maistre est nommé avocat-substitut des pauvres au Sénat de Nice, avant d'entamer une carrière de magistrat au Sénat de Chambéry, pour aboutir à la présidence du Souverain Sénat de Savoie[8].

De 1730 à 1760, sous le règne du roi Charles-Emmanuel III de Sardaigne, Jean-François Maistre exerce les fonctions de procureur général, puis de second président de la Chambre royale des comptes de Turin. Ses études portent d'abord sur son pays d'origine : elles concernent les droits et franchises de Villefranche-sur-Mer[9] et la réorganisation du consulat de commerce de Nice[10]. Puis ses œuvres intéressent l'ensemble du royaume de Piémont-Sardaigne.

Jean-François Maistre est mort en fonction à Turin le . Il venait juste de terminer le projet de réforme des pouvoirs du consulat de Nice. Après avoir contribué à légiférer sur le droit, il avait fait éditer en 1757 un important traité économique et financier dédié à son souverain. En éliminant ce qui restait de vieilles normes pour faire place aux nouvelles, il a pris toute sa part dans la mise en ordre, la rationalisation et la réorganisation de l'Administration du royaume de Piémont-Sardaigne.

Union et postérité[modifier | modifier le code]

Jean-François Maistre épouse[11] :

  • en premières noces, en 1742 : Teresa Caterina Peyron (+ avant 1748) ;
  • en secondes noces, en 1748 : Anna Francesca Maria di Giovanni (héritière des comtes de Castelgrana), veuve du comte Bazani, (originaire de Casale Monferrato).

Sont issus :

  • du premier mariage :
    • Pélégrine Maistre (1742-1817). Religieuse ;
    • Barnabé Maistre (1744-1822), comte de Carras (Nice) (érigé par acte de 1758). Sans alliance ;
    • Pétronille Maistre (1745-1815). Elle épouse Paul Pierre Pulciano (1743-1816), commandeur de l'Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare, dont elle a 2 fils et 2 filles.
  • du deuxième mariage :
    • Placide Maistre (1751-1814), comte de Castelgrana (Casale Monferrato) (érigé par acte de 1745), officier du Génie. Il épouse Maria Amélia Rovereto di Rivanazzano, dont il a un fils et 3 filles ;
    • Gabrielle Maistre (1752-1800). Elle épouse le chevalier Pinchia.Sans postérité ;
    • Charles Maistre (1760-1835), capitaine au Régiment de la Reine. Il épouse Agnès di Marocco di Giubiasco dont il a deux filles.

La branche des Maistre, comtes de Carras et de Castelgrana, s’est éteinte en la personne de Julie Maistre née en 1837, descendante de Placide Maistre, héritière des titres de Carras et Castelgrana, qui épouse en 1862 le comte Joseph Lovera di Maria,amiral de la Flotte Italienne, dont elle a un fils et trois filles. Le fief de la famille Lovera di Maria, situé à Marie (Alpes-Maritimes), dans le comté de Nice, est érigé en marquisat[12].

Citations[modifier | modifier le code]

« Dans la vie de Giovanni Francesco Maistre, la période 1730-1760 a été caractérisée par un intense travail à la Chambre des Comptes. Rien de plus juste que la nomination de Maistre à la haute charge qui avait été celle de Caissotti[13] et qu'il occupa pendant plus de vingt-cinq ans...

C'est néanmoins le traité politique et économique Delle Finanze, achevé en 1757 qui contient les pensées les plus significatives et originales de Maistre, à mi-chemin entre l'analyse attentive des ressources du pays et le projet utopique de les accroître, pour donner au royaume stabilité et richesse. »

Giampiero Casagrande. Pour un développement plus complet du traité Delle Finanze de Giovanni Maistre, funzionnario ed economista al tempo del Bogino. Thèse de diplôme d'étude supérieure en Histoire moderne (Département d'Histoire moderne de l'Université de Turin). Années académiques 1994-1995.

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Du droit de Villefranche appartenant à S.M. le Roi de Sardaigne. 1724.
  • La Dizertazione Istorico-Legale Sopra i giusti diritti che Spettano alla Real Casa di Savoia sul ponte di Pontebelvicino sovra il fiume Guiers e sulle terre esistenti tra li ave Guiers. 1737.
  • Les Regolamenti di S.M.per la politica e pulizia di tutto lo Stato. 1746;
  • Progetto di regolamento per il governo del Marchesato di Finale. 1748.
  • Leggi e costituzioni militari di S.M.. 1750.
  • Progetto di regolamento per la gabella del sale nel piemonte e nelle valli adiacenti per gli uffizi di Conservatori delle gabelle.1755-1756.
  • Delle Finanze.1757.
  • Del consolato de Nizza. 1760.
  • Ébauche de la Cronologia della Real Casa di Savoia e de' rami collaterali della medesima.1760. (Cette œuvre est interrompue par la mort subite de son auteur).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Il est baptisé dans la cathédrale de Sainte Réparate de Nice. (Liber Baptisimorum ecclesiae Cath.Lis Nicien. Anno mil. mo nonagesimo quarto &. fol.171 ) Alli 3 marzo 1698, Gionni Franceso Maistre figlio del Sr gionni, e Sra Maria Pellegrina giugali nato hoggi, e stato battezato da me Annibale Giraudi VC, il padrino Sr Gioanni Francesco Bianchi Avo, la madrina Sra Gionna Maria sua moglie.
  2. L'acte de décès du comte est conservé dans la paroisse de San Dalmazzo, à Turin.
  3. Jean Maistre, père de Jean-François, est le frère aîné d'André Maistre, père de François-Xavier. La carrière des deux cousins niçois a souvent été superposée étant donné qu’ils ont fait carrière en même temps, l’un entièrement à Turin, l’autre à Chambéry. Parmi les oncles paternels de Jean-François Maistre, Jean-Baptiste Maistre est avocat, Joseph Maistre est moine franciscain, Antoine Maistre est père dominicain et François Maistre, prêtre Augustinien. Son frère Antoine Maistre est abbé commandeur de Saint-Christophe, son frère Jean-Louis Maistre est père abbé et son dernier frère, Jean-Baptiste Maistre, officier de Marine, gouverneur de la Forteresse de Villefranche-sur-mer. Sa sœur, Madeleine Maistre épouse Valérien, comte Napione di Cocconato. Son cousin germain, Joseph-André Maistre, prêtre Augustinien, est maître provincial et professeur de théologie sacrée dans les royales écoles de Nice. Précisons enfin que Jean-François Maistre est oncle à la mode de Bretagne de Joseph de Maistre, de Xavier de Maistre et d'André de Maistre, évêque d'Aoste.
  4. Son frère cadet, André Maistre, est lui aussi second consul de la ville de Nice après l'occupation française et le retour du duc de Savoie(1708-1709). La ville de Nice bénéficie d'une autonomie communale. Elle est dirigée par des consuls chargés de sa gestion qui sont élus par les habitants. Au XVIIIe siècle, les rois de Sardaigne renforcent leur pouvoir sur Nice en modifiant ses statuts communaux, laissant les habitants indifférents. Source: Georges Doublet. L'ascendance niçoise de Joseph et Xavier de Maistre (Mémoires et documents publiés par la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie. T. LXVI. Chambéry. 1929. p. 281-299).
  5. Ce feudataire est le titulaire d'un fief, vassal du roi de Sardaigne
  6. En 1722, il est sanctionné de six jours de détention pour avoir osé défendre, avec toute la vigueur de sa jeunesse, un feudataire dépouillé de ses propriétés au profit de l'État, suivant l'application de l'édit d'avocation des fiefs en vigueur depuis le (à la suite du débarquement des turcs en 1543, les ducs de Savoie ont édifié deux forteresses à Villefranche, la citadelle et le mont Alban, complétées par la citadelle de la Darse. Depuis la démolition du château de Nice par les armées de Louis XIV, c'est Villefranche qui sert de prison pour l'ensemble du comté).
  7. En 1720, le duc Victor-Amédée II de Savoie échange son royaume de Sicile contre l'île de Sardaigne. Depuis cette époque, la dynastie de Savoie porte le titre de roi de Sardaigne, mais elle continue à siéger à Turin et règne toujours sur l'assemblage disparate composé des royaumes de Piémont et de Sardaigne, du duché de Savoie et du comté de Nice. Les historiens, faute de mieux, reprennent systématiquement le qualificatif de Sarde pour évoquer des opérations ou des faits qui concernent tout autre territoire que celui de la Sardaigne. Par exemple: l' armée sarde se replie devant l'invasion de la Savoie par les troupes révolutionnaires françaises. Or, l'armée dite sarde n'est composée que de piémontais et de savoyards et l'action se situe en Savoie, l'île de Sardaigne n'ayant aucun rapport avec cette assertion ! Les lecteurs non avertis sont égarés par cette confusion.
  8. Lettre de remerciements de François-Xavier Maistre en date du 6 mars 1730, adressée au procureur général Charles-Louis Caissotti, ami et prédécesseur de Jean-François Maistre qui est intervenu en faveur de son cousin .
  9. Depuis la dédition de Nice au comté de Savoie d'Amédée VII, le 27 septembre 1388, Villefranche devient la seule porte maritime du territoire savoisien, jusqu'à la construction du port de Nice, entamée en 1750, dont l'édification a duré plus d'un siècle. La ville de Villefranche bénéficie d'un droit de transit fixé à 2 % des marchandises transportées.
  10. Le Consulat de la mer de Nice, créé en 1626, à la fois tribunal commercial et maritime, détenait une compétence générale sur l'ensemble du commerce du comté de Nice. Ses attributions étaient étendues à la gestion judiciaire des délits commis sur terre et en mer et notamment la piraterie.
  11. Suivant un recueil généalogique manuscrit du XIXe siècle.
  12. Le Château de Monferrato, à Cereseto, est restauré en 1912 par la famille Maistre-Lovera di Maria; le fils de Julie, Hyacinthe, né en 1863, portait le titre de comte de Carras. (A titre anecdotique, le journal Le Gaulois rapporte en 1868 que l'amiral Simon-Antoine Pacoret de Saint-Bon, ministre de la Marine Italienne, met en cause l'amiral Joseph Lovera di Maria dans l'accident survenu sur les côtes liguriennes à un navire de guerre de la Flotte italienne. L'amiral Lovera di Maria est mis hors de cause par le Conseil de Guerre, mais placé en position de réserve.
  13. Ancien Président de la Chambre des Comptes de Turin.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]