Jean-Bertrand Féraud

Jean Bertrand Féraud
Illustration.
Jean Bertrand Féraud,
gravure de François Bonneville,
Paris, BnF, département des estampes, 1796.
Fonctions
Député des Hautes-Pyrénées

(2 ans, 8 mois et 15 jours)
Gouvernement Convention nationale
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Arreau (Hautes-Pyrénées)
Date de décès (à 35 ans)
Lieu de décès Paris
Nature du décès Assassiné
Nationalité Drapeau de la France Française
Parti politique Girondins
Profession Juriste
députés des Hautes-Pyrénées

Jean Bertrand Féraud, né le à Arreau (comté de Bigorre), et assassiné le 1er prairial an III () à Paris dans l'enceinte de la Convention nationale, est un homme politique et révolutionnaire français.

Origines familiales[modifier | modifier le code]

L'acte de baptême de Jean-Bertrand Féraud n'est pas connu. Les registres paroissiaux d'Arreau font défaut entre 1758 et 1767. Son père Jean-Baptiste Féraud est notaire royal. Son frère Félix Féraud, également notaire, est secrétaire à l'assemblée des États d'Arreau en 1789. Son frère cadet Thomas Féraud, né à Arreau en 1770[1] et mort dans la même ville en 1840[2], est le père de François Féraud, homme politique du XIXème siècle et député des Hautes-Pyrénées au début de la Troisième République.

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Membre de la Garde nationale de la vallée d'Aure, Jean-Bertrand Féraud est capitaine de la quatrième compagnie d'Arreau et participe à la Fête de la Fédération le 14 juillet 1790.

Jean-Bertrand Féraud est élu, le cinquième sur six, député des Hautes-Pyrénées à la Convention nationale[3]. Il est suppléant au Comité des Pétitions et de la Correspondance au début de la session parlementaire[4].

Féraud siège dans les rangs de la Plaine bien qu'il se soit montré proche de la Gironde lors du printemps 1793. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution[5]. Il demande que le ministre de la Justice engage des poursuites contre Jean-Paul Marat en février 1793[6], vote en faveur de sa mise en accusation[7] et soutient les vingt-deux députés girondins dénoncés par les sections parisiennes en avril[8]. Marat le dénonce en mai 1793 dans son journal comme membre de la « faction des hommes d'État »[9]. Il est absent lors du scrutin sur le rétablissement de la Commission des Douze en mai[10]. Lors de la crise du 9 thermidor, Féraud s'engage dans la défense de la Convention et s'assure de la fidélité des hommes en armes[11].

Féraud est envoyé en mission auprès de l'armée des Pyrénées Occidentales aux côtés de Chaudron-Rousseau, de Garrau et d'Ysabeau en avril 1793[12]. Il est rappelé à Paris en germinal an II (mars 1794)[13]. Il passe à l'armée du Rhin aux côtés de Neveu entre fructidor an II[14] et ventôse an III[15] (entre septembre 1794 et mars 1795). Enfin, ainsi que ses collègues Barras et Rouyer, il est chargé du contrôle de l'arrivage des subsistances[16]. Au terme de ses missions, il est félicité par les sociétés populaires de Bagnères-de-Bigorre[17] et de Mauléon[18].

Sa mort[modifier | modifier le code]

Boissy d'Anglas saluant la tête du député Féraud, par Charles Fournier des Ormes (musée de la Révolution française).

L'hiver et le printemps de l'an III sont marqués par la disette et par l'échec de l'insurrection du 12 germinal (1er avril 1795) : les manifestants qui réclamaient l'application de la constitution de 1793 sont réprimés et dispersés et les anciens membres du Comité de Salut public, Barère, Billaud-Varenne et Collot d'Herbois sont déportés sur l'île d'Oléron.

Au matin du 1er prairial (20 mai), la population des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel envahit de nouveau la Convention pour réclamer « du pain et la Constitution de l'an I ». Féraud, chargé de l'approvisionnement de Paris, est assassiné par les insurgés et sa tête, placée au bout d'une pique, présentée au président de séance d'alors, François-Antoine Boissy d'Anglas, qui remplace Théodore Vernier qui a quitté le fauteuil. Boissy d'Anglas ne cède pas aux revendications, salue la tête du défunt et reprend sa place. Jean-Baptiste Louvet rend compte de son assassinat dans sa correspondance[19] et prononce le 14 prairial (1er juin) son éloge funèbre[20].

En septembre 1830, sous la monarchie de Juillet, François Guizot, le ministre de l'Intérieur, organise un concours de peinture représentant la liberté et le courage des représentants du peuple. Le peintre Félix Auvray y répond en proposant la toile Boissy d’Anglas salue la tête du Député Féraud à la Convention aujourd'hui exposée au musée des Beaux-Arts de Valenciennes.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives départementales des Hautes-Pyrénées, registre paroissial d'Arreau, baptêmes mariages et sépultures 1770, 2E1/30.
  2. Archives départementales des Hautes-Pyrénées, registre d'état-civil d'Arreau, naissances mariages et décès 1840, 2E3/588.
  3. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 54.
  4. Ibidem., séance du 16 octobre 1792, p. 531.
  5. Jacques-François Froullé, « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] » Accès libre, sur www.gallica.bnf.fr, (consulté le )
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 59, séance du 26 février 1793, p. 278.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 70.
  8. Archives Parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 63, séance du 20 avril 1793, p. 28.
  9. Michel Pertué, « La liste des Girondins de Jean-Paul Marat », Annales historiques de la Révolution française n°245, 1981, p. 379-389.
  10. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 532.
  11. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 93, séance du 9 thermidor an II (27 juillet 1794), p. 590-592.
  12. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 3, Représentants en mission, 30 avril 1793, p. 540.
  13. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 12, Représentants en mission, 1er germinal an II (21 mars 1794), p. 89.
  14. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 16, Représentants en mission, 18 fructidor an II (4 septembre 1794), p. 513.
  15. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 21, Représentants en mission, 30 ventôse an III (20 mars 1795), p. 218.
  16. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 22, Représentants en mission, 19 floréal an III (8 mai 1795), p. 782-783.
  17. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 79, séance du 1er frimaire an II (21 novembre 1793), p. 600-601.
  18. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 81, séance du 19 frimaire an II (9 décembre 1793), p. 203.
  19. Jean-Baptiste Louvet, « À Mathieu-Guillaume-Thérèse Villenave », sur Wikisource
  20. Journal de Paris n°255 du 15 prairial an III (3 juin 1795), Convention nationale, séance du 14 prairial (2 juin).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]