Jardin de l'État

Jardin de l'État
Image illustrative de l’article Jardin de l'État
Bassin dans le Jardin de l'État, de nos jours.
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Subdivision administrative La Reunion
Commune Saint-Denis
Quartier La Source
Superficie 4 ha
Histoire
Création 1761
Gestion
Protection Logo monument historique Classé MH (1978)
Localisation
Coordonnées 20° 53′ 12,2″ sud, 55° 27′ 04,5″ est
Géolocalisation sur la carte : Saint-Denis
(Voir situation sur carte : Saint-Denis)
Jardin de l'État
Géolocalisation sur la carte : La Réunion
(Voir situation sur carte : La Réunion)
Jardin de l'État

Le Jardin de l'État est le seul véritable jardin botanique de Saint-Denis, sur l'île de La Réunion.

D'une superficie de 4 hectares, planté d'arbres et d'épices ramenés de l'extérieur de l'île par Pierre Poivre, il abrite un Muséum d'histoire naturelle ouvert en août 1855. Il a lui-même été aménagé entre 1767 et 1773.

Situation[modifier | modifier le code]

Son entrée principale donne aujourd'hui sur une petite place desservant la rue de Paris. La place est décorée de deux petites arches en pierre et d'un buste du général du Premier Empire François Gédéon Bailly de Monthion. On trouve dans le jardin lui-même un buste de Pierre Poivre et une fontaine Wallace.

Noms successifs[modifier | modifier le code]

Il a été appelé Jardin du Roy en 1816, puis Jardin de l'État, Jardin d'acclimatation, et Jardin colonial à la fin du XIXe siècle[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

XVIIIe – XIXe siècles[modifier | modifier le code]

Un Jardin royal des plantes médicinales est créé en 1635, plus tard rattaché au musée d'histoire naturelle de La Réunion (ce dernier créé en 1854 et officialisé par décret le 10 juin 1793)[2].

L'actuel jardin de l'État est créé en 1761 selon les uns[3], en 1767 selon d'autres[4].

L'ordonnateur Honoré de Crémont (1764 à 1784) fait amener, à l'endroit appelé fin XIXe siècle la place du Jardin, l'eau du ruisseau des Noirs, ce qui alimente deux bassins à droite de l'entrée ; chacun de ces bassins est orné d'un petit îlot où poussent des plantes aquatiques[5].

Pierre Poivre, intendant des îles de France et de Bourbon de 1767 à 1772, participe à son développement et aménagement[3].

Mais dès 1794 Crémont déplore l'état d'abandon du jardin qu'il a créé. En 1816 Marchant, le nouvel ordonnateur, fait appel à la métropole qui envoie des graines et des plantes, mais surtout un jardinier : Jean-Baptiste Nicolas Bréon[n 1]. L'endroit devient le Jardin du Roy à cette époque. Bréon commence par publier un catalogue non seulement des plantes du jardin mais aussi des plantes de naturalisation dans l'île - base de données essentielle pour planifier le développement du jardin et les échanges de plantes possibles[1].

Bréon est succédé le 1er août 1828 par Jean-Michel-Claude Richard, créateur du jardin de Richard-Toll au Sénégal. Il enrichit le jardin[1] de nombreuses plantes dont beaucoup sont encore présentes 3/4 de siècle plus tard, allant jusqu'à Madagascar pour en ramener des végétaux nouveaux et utiles qu'il classe méthodiquement. Le 30 octobre 1856[7] il fait publier un nouveau catalogue des plantes du jardin[8], qui contient alors plus de 2 000 espèces[réf. nécessaire]. Il reste en poste pendant 37 ans et le jardin atteint son apogée sous sa direction : il est alors considéré comme l'un des plus intéressants de l'hémisphère. Nombre de ses plantes lui sont uniques[8].

Le 29 mars 1865, le jardin est cédé à une société d'acclimatation et de vient le Jardin d'acclimatation. Les cours d'eau sont à cette époque notablement affaiblis par les déboisements à l'intérieur de l'île ; la société doit créer deux longs bassins en stuc, l'un mesurant plus de 60 m de long, bordés d'un côté par des palmiers-colonnes ou palmiers de Cayenne (Oreodoxa regia) intercalés d'Acalypha bicolor[8].

Puis la société se dissout, et Julien Potier prend la tête du jardin. Il y acclimate les premiers plants de caféier Libéria de l'île, où cette plante se propage ensuite sur tout son territoire et en particulier à la Côte au Vent où elle se plaît particulièrement. Mais surtout il introduit les meilleures espèces de quinquina vers avril 1866, sur une initiative du Dr Auguste Vinson, du général Arthur Morin et de son fils Édouard — ce pour quoi Vinson et Edouard Morin reçoivent en avril 1867 une médaille d'argent de première classe de l'Académie française et en 1875 un prix de 1 500 francs. Vinson reçoit en outre une médaille d'or de la Société d'agriculture de France. C'est que l'enjeu est de taille : la France est très en retard sur l'Angleterre et la Hollande quant à la culture du quinquina dans les colonies, et doit en importer les écorces fébrifuges à grands frais. Les missionnaires ajoutent leurs efforts dans ce sens aux initiatives des particuliers comme Joseph Wickers[8] qui voyage deux fois jusqu'à l'île Maurice pour en ramener des plants de quinquina. Les pères du Saint-Esprit à l'Ilet à Guillaume et J. Wickers reçoivent des médailles d'argent pour leurs efforts. Cette acclimatation est réussie : dans les années 1890 le directeur du jardin, Neveu, constate que de jeunes quinquinas poussent spontanément du côté de la Rivière des Pluies[9].

Neveu contribue lui aussi à développer le jardin, notamment grâce à des envois de plantes de la part de botanistes comme Édouard Heckel (jardin botanique de Marseille, musée-institut colonial de Marseille) à qui l'on doit l'introduction d'Araucaria bidwillii, du coca (Erythroxylum coca), du kolatier (Sterculia acuminata) du kinkélibah (Combretum raimbaultii) pour ne citer que ceux-là. Contribuent aussi le Dr Trabut ; Rivière (jardin de l’Algérie) ; Treub (jardin de Java) ; Maxime Cornu (professeur au Muséum de Paris, qui fournit la tomate arbre (Cyphomandra betacea) et plusieurs palmiers dont le Corypha cerifera (en) et deux musacées, Musa superba (en) et Musa enseta) ; Fernand Jadin (créole de l'île Maurice, professeur à l'École de pharmacie de Montpellier[10],[11]) ; Joseph Maiden (et non Maider) (jardin botanique de Sydney)[9]


XXe siècle[modifier | modifier le code]

En 1978, le jardin est classé au titre des monuments historiques[12],[13]. En 2004, des travaux de rénovation sont entrepris par le conseil général. Le jardin réaménagé ouvre ses portes en 2009.

Arbres[modifier | modifier le code]

Le jardin abrite une cinquantaine d'espèces d'arbres :

Mais aussi :

Informations complémentaires[modifier | modifier le code]

Aujourd'hui le Jardin de l'État est fréquenté par les promeneurs, et des aires de jeux ont été installées pour les enfants.

Le Jardin de l'État sert également de lieu de rassemblement lors de manifestations telles que la fête de la musique.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Bréon (père et fils) sont formés par André Thouin du jardin des plantes de Paris associé au musée national d'histoire naturelle. C'est aussi Thouin qui, élevant un pied unique de vanille du Mexique dans les serres de ce musée, est à l'origine des vanilles cultivées à la Réunion (et à Madagascar)[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Neveu 1898, p. 20.
  2. [Varga 2012] Daniel Varga, « La création du muséum d'histoire naturelle à La Réunion en 1854 : Exemple de connaissances et de savoirs ultramarins mis au service de la métropole », Revue historique de l'océan Indien, no 9 « Vision du Nord par le Sud dans l'océan Indien (XVIIe – XXIe siècles) »,‎ , p. 222-234 (voir p. 222) (lire en ligne [PDF] sur hal.univ-reunion.fr, consulté en ).
  3. a et b Varga 2012, p. 223.
  4. « Histoire du Jardin de l'État », dans « Le Jardin de l'État » > « Présentation du Jardin », sur departement974.fr (consulté en ).
  5. Neveu 1898, p. 19.
  6. Auguste Chevalier, « Troisième conférence : L'œuvre des voyageurs-naturalistes et du Jardin des Plantes depuis la Révolution jusqu'à nos jours. Les moyens actuels de travail du Muséum pour l'étude des plantes coloniales », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, no 106 bis,‎ , p. 480-498 (voir p. 482) (lire en ligne [sur persee], consulté en ).
  7. Neveu 1898, p. 21.
  8. a b c et d Neveu 1898, p. 22.
  9. a et b Neveu 1898, p. 23.
  10. « Fernand Jadin (28-11-1862 - 22-2-1944) », sur ac-sciences-lettres-montpellier.fr (consulté en ).
  11. « Jadin Ferdinand ou Fernand, François Raymond Ferdinand Jean-Baptiste », sur cths.fr (consulté en ).
  12. « Muséum d'Histoire Naturelle », notice no PA00105817, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  13. « Liste des monuments historiques de La Réunion » [PDF], sur culture.gouv.fr, Direction régionale des affaires culturelles de La Réunion, (consulté en ), p. 3.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • J. Dequaire, Guide du jardin de l'État de Saint-Denis, Srepen, juillet 1984.
  • [Neveu 1898] Neveu, « La création du jardin botanique de l'île de la Réunion », Revue des cultures coloniales, t. 2,‎ , p. 19-24 (lire en ligne [sur gallica]). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]