Jan Palach

Jan Palach
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 20 ans)
Sanatorium Borůvkovo (d) (Nové Město, Prague, République socialiste tchécoslovaque)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalités
Formation
Faculté des lettres de l'université Charles de Prague ( - )
Gymnázium Jana Palacha (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Étudiant à l'universitéVoir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Jiří Palach (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Église évangélique des frères tchèques de Libis (d)
T.J. Sokol Všetaty (d)
SokolVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Grand-croix de l'ordre de Tomáš Garrigue Masaryk (d) ()
Čestná medaile T. G. Masaryka (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Plaque to Jan Palach and Jan Zajíc (Wenceslas Square) (d)
tombe de Jan Palach (d)

Jan Palach, né le à Prague et mort le dans la même ville, est un étudiant en Histoire tchécoslovaque qui s’est immolé par le feu sur la place Venceslas à Prague le . Il est l'un des symboles en Tchéquie de la résistance à l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jan Palach naît en 1948 dans une clinique pragoise et grandit dans la commune de Všetaty. Son père décède en 1962[1]. En 1963, il devient élève au lycée de Mělník, à 50 km au nord de Prague. En 1966, il n’est pas admis à l’université Charles de Prague en raison de son « origine professionnelle », bien qu’il ait réussi les examens d’entrée. De ce fait, il commence à étudier à l’École supérieure d'économie de Prague. En 1967, il effectue un stage en république socialiste soviétique du Kazakhstan et l'année suivante, il réitère sa tentative d’admission à l'université Charles, cette fois avec succès. Au cours de l’été 1968, il effectue un stage près de Leningrad, puis la brève période du « socialisme à visage humain » qui ouvre le « rideau de fer », lui permet aussi de travailler comme vendangeur durant trois semaines en France, où il découvre les débats suscités par les manifestations de mai 68.

Durant ses études, il s'intéresse déjà à la politique mais ce sera le « printemps de Prague » qui marquera un tournant crucial pour lui[2]. Après avoir essayé sans succès d’organiser l’occupation de l’édifice principal de la Radiodiffusion tchécoslovaque et de diffuser un appel à la grève générale, Jan Palach décide d'opter pour un mode de protestation plus radical. Le , il s’immole par le feu sur la place Venceslas à Prague, un lieu central et très fréquenté. Brûlé au deuxième ou troisième degré sur 85 % de son corps, il meurt à l’hôpital le à h 30[3].

Par ce suicide public, Palach souhaitait protester contre l’abolition des libertés à peine acquises grâce au « socialisme à visage humain » et aux réformes d’Alexander Dubček, ainsi que contre l’apathie de la « majorité silencieuse » et contre l’indifférence de l’Europe occidentale face à l’invasion du pays par les forces du Pacte de Varsovie en [4]. Cette invasion militaire met brutalement fin à la relative libéralisation du système socialiste tchécoslovaque, écarte des responsabilités les réformateurs du Parti communiste tchécoslovaque et rend le pouvoir aux conservateurs les plus soumis aux ordres de l’URSS : ce processus répressif appelé « normalisation » verrouilla pour vingt ans le champ politique de la Tchécoslovaquie communiste.

La mort du jeune homme aura un retentissement à travers toute la Tchécoslovaquie et le monde entier : une manifestation funèbre réunira plusieurs dizaines de milliers de participants à Prague et d’autres cérémonies funèbres eurent lieu ailleurs dans le pays[5]. Jan Zajíc et Evžen Plocek, deux autres jeunes Tchèques, suivirent l'exemple de Jan Palach respectivement le [4] et le de la même année. Les autorités communistes ont alors tenté de discréditer le jeune martyr par plusieurs manipulations, notamment en faisant disparaître une lettre posthume où Jan Palach dénonçait l’invasion soviétique[6].

Les obsèques de Jan Palach ont lieu le 24 janvier et sont suivies par plus de 100 000 personnes. Il est ensuite inhumé au cimetière d'Olšany, où sa tombe devient un lieu de pèlerinage. En 1973, les autorités communistes font exhumer la dépouille, qui est incinérée, et ses cendres sont déposées au cimetière de Všetaty. Enfin, le , l'urne cinéraire est rapportée à Prague et inhumée dans la tombe initiale au cimetière d'Olšany lors d'une cérémonie en présence de Vaclav Havel[7].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Plaque commémorative dédiée à Jan Palach et fleurie en mémoire de sa mort.

Après Jan Palach, près de trente autres tentatives d'auto-immolation ont lieu, pas uniquement pour des motivations politiques[8].

En , le 20e anniversaire de la mort de Jan Palach provoque une semaine d’importantes manifestations contre la dictature communiste[4], appelée « Semaine de Palach ». Le , l'auteur dramatique Václav Havel, un des dirigeants du mouvement de la Charte 77, est arrêté par la police politique communiste pour avoir voulu déposer une gerbe de fleurs à la mémoire de Jan Palach.

Du 20 au 22 février suivant, Havel et sept autres opposants sont condamnés pour ce geste à neuf mois de prison ferme. Quelques mois plus tard, la dictature s’effondre à la suite de la révolution de Velours.

Hommages et postérité[modifier | modifier le code]

Mémorial à Jan Palach et Jan Zajíc sur la place Venceslas à Prague.

Médias[modifier | modifier le code]

  • Jan Palach, court-métrage documentaire de Raymond Depardon sur les cérémonies d'hommage à Jan Palach à Prague, 1969
  • La mini-série télévisée Sacrifice d'Agnieszka Holland, 2014.
  • Le livre La Vie brève de Jan Palach, d'Anthony Sitruk, aux éditions Le Dilettante, 2018 (SBN : 9782842639679)
  • Jan Palach, film tchèque réalisé par Robert Sedláček sorti en 2018.
  • Rêve de liberté, vidéo de Fabienne Stein, auteurs/compositeurs : Michel Lhomme, Jean-Noël Fagherazzi, arrangements : Franck Ballier, 2012.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Jan Palach », sur www.janpalach.cz (consulté le )
  2. « Jan Palach », sur www.janpalach.cz (consulté le )
  3. « Jan Palach », sur www.janpalach.cz (consulté le )
  4. a b et c « Les Tchèques rendent hommage à l'étudiant martyr Jan Palach », dans Le Monde du 16 janvier 2009, [lire en ligne].
  5. « Jan Palach », sur www.janpalach.cz (consulté le )
  6. Muriel Frat, « Le « sacrifice » de Jan Palach », Le Figaro, encart « Culture », jeudi 27 mars 2014, page 38.
  7. « L’histoire mouvementée de la tombe de Jan Palach », sur Radio Prague International,
  8. « Jan Palach », sur janpalach.cz (consulté le ).
  9. « L'Edito », sur La Première, (consulté le )
  10. « Hommage à Jan Palach », cz.ambafrance.org, 10 août 2016.
  11. « À Béziers, un buste pour honorer le héros tchécoslovaque Jan Palach », midilibre.fr, 25 mai 2018.
  12. « Cinéma – Prix de la critique tchèque : « Buisson ardent » consacré à Jan Palach élu film de l’année 2013 », sur Radio Prague International, (consulté le ).
  13. « Lion du cinéma tchèque : le film d'Agnieszka Holland sur Jan Palach largement primé », sur RTBF Info, (consulté le ).