Jürgen Stroop

Jürgen Stroop
Jürgen Stroop
Jürgen Stroop au moment de son incarcération.

Nom de naissance Joseph Stroop
Naissance
Detmold, Lippe
(Empire allemand)
Décès (à 56 ans)
Varsovie (Pologne)
Origine Allemand
Allégeance Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Arme Deutsches Heer
Schutzstaffel
Grade SS-Gruppenführer
Années de service 1914
19321945
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Autres fonctions Höhere SS- und Polizeiführer

Jürgen Stroop est un SS-Gruppenführer allemand de la Seconde Guerre mondiale, né le à Detmold et mort le à Varsovie. Il a notamment été le commandant des troupes allemandes lors de la destruction du ghetto de Varsovie en 1943. Jugé pour crime contre l'humanité, il a été exécuté à Varsovie en 1952[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et entrée au parti nazi[modifier | modifier le code]

Jürgen Stroop naît sous le nom de Joseph Stroop, à Detmold (alors en principauté de Lippe, aujourd'hui en Rhénanie-du-Nord-Westphalie) ; il est le fils d'un agent de police. Avant 1914, il est adjoint à un bureau de cadastre. Au cours de la Première Guerre mondiale, il se porte volontaire pour le front et atteint le grade de Vizefeldwebel[a].

En 1932, il s'inscrit au parti nazi et intègre la SS. Lors des élections en 1933, il commence réellement sa carrière en tant qu'auxiliaire de police. En un an, il passe du rang de SS-Oberscharführer (adjudant) à celui de SS-Hauptsturmführer (capitaine). Il est alors détaché pour travailler dans l'administration SS de Münster et Hambourg.

Au cours de l'automne 1938, il est promu au rang de SS-Standartenführer (colonel). À la suite de l'invasion de la Pologne, il est nommé commandant d'une milice d'Allemands de Pologne (Selbstschutz) chargée de la liquidation des élites polonaises, puis chef d'un district SS créé dans la région de Gnesen au sein de la province polonaise annexée de Posnanie : le Reichsgau Wartheland. En , il abandonne son prénom Joseph, jugé trop « juif », et prend celui de Jürgen.

De la Russie à la destruction du ghetto de Varsovie[modifier | modifier le code]

Stroop est affecté auprès du Höhere SS- und Polizeiführer du Sud de la Russie et exerce diverses missions de sécurité, notamment la protection des travaux de construction d'une autoroute entre Lemberg et Stalino. Puis début 1943, il est nommé SS- und Polizeiführer pour la province polonaise annexée de Galicie à Lemberg (alors appelée Lwow, en polonais). Stroop est envoyé par Heinrich Himmler et Friedrich-Wilhelm Krüger à Varsovie en pour remplacer le SS-Oberführer[b] von Sammern-Frankeneg, considéré comme trop modéré dans le cadre de l'opération de destruction du ghetto de la ville.

En tant que vétéran de la Première Guerre mondiale, Stroop s'était formé aux nouvelles techniques de lutte contre les partisans en Ukraine. Il donne l'ordre de « brûler les habitations, quartiers par quartiers, maisons par maisons et de tuer ou déporter l'ensemble des habitants » ; cinquante mille résidents du ghetto périssent. Il dresse alors un rapport circonstancié en trois exemplaires, communément appelé rapport Stroop, qu'il envoie à Himmler et à Krüger ; ce rapport, retrouvé après la guerre, va être utilisé lors du procès de Nuremberg[2],[3].

En , Stroop est nommé HSSPf (Höhere SS- und Polizeiführer pour la Grèce qui vient de passer sous contrôle allemand après la défection de l’allié italien. Ses méthodes énergiques, répression et renforcement des forces de police auxiliaires grecques, lui valent l'hostilité des autorités civiles locales et ne lui permettent pas de rétablir l'ordre. Il est muté et nommé, en , HSSPf pour la Rhénanie, la Sarre-Palatinat, les territoires annexés du Luxembourg et de Lorraine jusqu'à la fin de la guerre. Durant son commandement, il fait exécuter des pilotes américains abattus par la DCA allemande.

Jugement[modifier | modifier le code]

Stroop devant le tribunal de Varsovie, .

Stroop est arrêté le . Un tribunal militaire américain siégeant à Dachau le condamne à mort le pour avoir fait exécuter sommairement des pilotes alliés tombés derrière les lignes allemandes ; la sentence n'est pas appliquée immédiatement car il est ensuite extradé vers la Pologne pour y être jugé également. Pendant qu'il attend son procès à la prison Mokotów de Varsovie, il est placé dans la même cellule que Kazimierz Moczarski, ancien résistant polonais emprisonné par la police secrète communiste.

Le compagnon de cellule polonais de Stroop, Moczarski, est libéré en 1956 et publie un livre qui raconte sa détention auprès de Stroop et qu'il intitule Entretiens avec le bourreau. Il affirme que Stroop aurait tué le Generalfeldmarschall Günther von Kluge , alors que ce dernier, commandant le front ouest et démis de ses fonctions, était convoqué à Berlin pour enquêter sur son implication éventuelle dans le complot du contre Hitler. Voir page Günther von Kluge : Controverse sur sa mort.

Condamné à mort par un tribunal polonais en , Stroop est pendu le sur le lieu-même de ses crimes à Varsovie, de même que le policier SS Franz Konrad.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. En France, grade inexistant qui serait intermédiaire entre ceux de sergent et sergent-chef.
  2. Grade inexistant en France, intermédiaire entre ceux de colonel et général de brigade.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Reiner Burger: 'Der Tod ist ein Meister aus Detmold' - Wie ein kleiner Beamter zum Massenmörder wurde. Frankfurter Allgemeine Zeitung (faz), 12 April 2023
  2. (en) « The Stroop Report: The Warsaw Ghetto Is No More », sur jewishvirtuallibrary.org, The Jewish Virtual Library (consulté le ).
  3. « Extraits du rapport Stroop », sur encyclopedie.bseditions.fr, B&S Encyclopédie (consulté le ).
  4. Une histoire de cette photo figure dans l'ouvrage de Frédéric Rousseau 2009

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]