Izmaïl

Izmaïl
(uk) Ізмаїл
Blason de Izmaïl
Héraldique
Drapeau de Izmaïl
Drapeau
Izmaïl
Cathédrale de l'Intercession de la Sainte Vierge Marie et église paroissiale de Saint-Nicolas.
Administration
Pays Drapeau de l'Ukraine Ukraine
Oblast  Oblast d'Odessa
Maire Andriy Abramtchenko
Code postal 68600
Indicatif tél. +380 4841
Démographie
Population 69 932 hab. (2022)
Densité 1 319 hab./km2
Géographie
Coordonnées 45° 21′ 00″ nord, 28° 50′ 00″ est
Altitude 31 m
Superficie 5 300 ha = 53,0 km2
Divers
Première mention 1542
Statut Ville depuis 1830
Ancien(s) nom(s) Licovrissi (XIVe siècle), Smelu (XVe siècle), Hacidar ou İşmasıl (1484-1812), Toutchkov (1812-1856)
Localisation
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Izmaïl

Izmaïl ou Ismail (en ukrainien : Ізмаїл ; en russe : Измаил ; en roumain : Smelu puis Ismail[1] et en turc : İşmasıl ou Hacidar) est l'un des principaux ports fluviaux d'Ukraine, sur le Danube, à 192 km au sud-ouest d'Odessa.

Géographie[modifier | modifier le code]

Situation[modifier | modifier le code]

Izmaïl borde le bras de Kilia du delta du Danube au nord, dans la région historique du Boudjak, en Bessarabie, administrativement chef-lieu du raïon d'Izmaïl de l'oblast d'Odessa. Sa population s'élevait à 69 932 habitants en 2022. Le chemin de fer et la route nationale 70 relient Izmaïl à Odessa en enjambant la passe du Dniestr. La ville possède sa gare et un aéroport.

Histoire[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

À une époque où le delta du Danube était encore un golfe de la mer Noire, la colonie grecque d'Antiophilas date du IVe siècle av. J.-C., les colons venant d'Héraclée pontique : ils faisaient surtout le commerce des grains de la Gétique d'Harpis pour alimenter les grandes villes de la Grèce classique[2].

Dans l'Antiquité tardive, Lycovrisse (Aliobrix en latin sur la Table de Peutinger), fut une tête de pont byzantine au nord des bouches du Danube et une escale génoise (Licovrissi)[3] avant de devenir le port de Smelu ou Smilu appartenant successivement aux principautés danubiennes de Valachie au XIVe siècle et de Moldavie au XVe siècle sous le règne d'Etienne le Grand[4].

Période ottomane[modifier | modifier le code]

En 1790.

Prise par l'Empire ottoman en 1484, elle devient place forte militaire en 1538 sous le nom d'İsmasıl ou Hacidar et commande le gué de Plauru. Les chrétiens de la ville dépendent alors de la Métropolie de Proilavon tandis que la région appartient au pachalık d'Özi qui comprend toute la côte Ouest de la mer Noire, de Bourgas à l'embouchure du Dniepr. De nombreux Turcs et Tatars de Crimée s'y installent, tandis que le nombre de chrétiens (Moldaves, Grecs, Arméniens) diminue.

Lors de la guerre russo-turque de 1768-1774, Catherine II de Russie espère concrétiser son « projet grec » : rétablir dans les Balkans un nouvel Empire byzantin chrétien qui reviendrait à son petit-fils Constantin, et rejeter les Ottomans en Anatolie[5]. Les armées russes de Grigori Potemkine assiègent la ville dont la population chrétienne est alors massacrée par la garnison ottomane. Les Russes investissent la place, massacrant à leur tour la population musulmane. Au traité de paix de 1774, Izmaïl ruinée et dépeuplée est rendue à l'Empire ottoman qui reconstruit et agrandit la forteresse. En 1790, au nouveau siège d'İşmasıl, le commandant turc de la place affirme qu' « İşmasıl tombera lorsque les eaux du Danube couleront à rebours ». Le lendemain, le général Souvorov prend la ville, qui comptait alors une population de 35 000 Turcs, Tatars, Moldaves, Grecs et Lipovènes. Les Turcs et Tatars furent soit massacrés, soit chassés de la ville, et leurs 17 mosquées furent réduites en cendres. Ils se réfugièrent à Isaccea, un gros bourg dobrogéen sur la rive sud du Danube, près duquel ils construisirent plus tard une forteresse qui domine le Danube. À leur retour deux ans plus tard, ce fut au tour des habitants chrétiens de la ville, qui avaient accueilli Souvorov en libérateur, d'être chassés de la ville pour se réfugier à Galați.

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Izmaïl en 1830.

Cédée à l'Empire russe par le traité de Bucarest en 1812, la ville, cette fois définitivement vidée de ses habitants musulmans (établis en Dobrogée restée ottomane, notamment autour de Babadağ), et peuplée par une importante garnison russe, reçoit pour un temps le nom de Toutchkov (russe : Тучков) et fait partie de la province russe de Bessarabie. Une mosquée est transformée en l'église Sainte-Croix-de-la-Forteresse et la vieille église moldave de Saint-Nicolas est convertie en cathédrale russe. Les civils autres que les familles des militaires, sont alors des paysans moldaves, des jardiniers bulgares et des pêcheurs lipovènes. En 1856, après la guerre de Crimée, la Bessarabie méridionale est rendue à la Principauté de Moldavie sous le nom de Smeilu[1]. Elle revient à l'Empire russe en 1878, à la suite de la guerre russo-turque de 1877-1878, sous le nom d'Izmaïl, qu'elle garde sous la République démocratique moldave (1917-1918), sous le royaume de Roumanie (1918-1940 et 1941-1944), sous l'Union soviétique (1940-1941 et 1944-1991) et en Ukraine (depuis 1991).

XXe siècle[modifier | modifier le code]

En 1917, la République démocratique moldave, incluant Izmaïl, déclare son indépendance. La ville passe à la Roumanie lorsque la Moldavie s'unit à cette dernière en 1918. Elle devient soviétique de 1940 à 1941 puis de 1944 à 1991, faisant partie de la république socialiste soviétique d'Ukraine. En 1940, Izmaïl est la capitale administrative de l'oblast d'Izmaïl qui est supprimé et rattaché à l'oblast d'Odessa en 1954.

Après la Seconde Guerre mondiale, Izmaïl s'industrialise, s'agrandit et est peuplée de nombreux ouvriers ukrainiens, qui représentent plus de 30 % de la population.

XXIe siècle[modifier | modifier le code]

À la suite de l'invasion russe de l'Ukraine, le monument à la mémoire d'Alexandre Souvorov, situé dans le centre-ville d'Izmaïl, a été placé dans un entrepôt provisoire le , en attendant que les membres du conseil municipal décident de son emplacement définitif[6]. Le 24 juillet 2023, le port céréalier d'Izmaïl est touché par des drones russes « Shahed » de fabrication iranienne : un hangar à grains est détruit sans faire de victimes[7]. Pour la Russie, il s'agit d'une part d'empêcher l'Ukraine d'exporter son blé par le Danube et la Roumanie, et d'autre part de montrer à l'OTAN qu'elle a les moyens d'atteindre des objectifs précis sur la frontière orientale de l'Union européenne[8].

Économie[modifier | modifier le code]

Izmaïl est un petit centre d'industries agroalimentaires et une destination touristique régionale. C'est surtout depuis des siècles une ville de garnison et un arsenal naval. Au XXIe siècle, c'est l'une des bases de la marine fluviale ukrainienne, dont les forces patrouillent sur le Danube.

Patrimoine[modifier | modifier le code]

La réserve naturelle nationale du Delta du Danube.

Population[modifier | modifier le code]

Démographie[modifier | modifier le code]

Recensements (*) ou estimations de la population[15] :

Évolution démographique
1873 1897* 1911 1926* 1933 1939* 1959*
21 00022 29535 70037 00025 00023 50048 103
1970* 1979* 1989* 2001* 2013 2014 2015
70 29783 12692 91584 81573 00772 50172 471
2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
72 17871 66371 59471 78071 29970 73169 932

Nationalités[modifier | modifier le code]

D'après le recensement ukrainien de 2001, la population est composée d'environ 38 % d'Ukrainiens, 30,2 % de Russes, 13,5 % de Lipovènes, 7 % de Bulgares, 4,3 % de Moldaves et 3 % de Gagaouzes.

Personnalités liées[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Voir « Romania si Dacia », sur commons.wikimedia.org.
  2. A.P. Koval (uk) Знайомі незнайомці: Походження назв поселень України, Kiev-Lviv 2001.
  3. Piero Boccardo, Clario Di Fabio (dir.), Il secolo dei genovesi, ed. Electa, Milan 1999, 472 p., (ISBN 9788843572700) ; G.I. Brătianu, Recherches sur Vicina et Cetatea-Albă, Univ. de Iaşi, 1935, 39 p. et le Codex Parisinus latinus in Ph. Lauer, Catalogue des manuscrits latins, p. 95-6, d'après la Bibliothèque nationale Lat. 1623, IX-X, Paris, 1940.
  4. (ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor, Bucarest, éd. Ştiinţifică şi Enciclopedică, 1976-77.
  5. Georges Florovsky, Les Voies de la théologie russe, Paris, 1937, trad. et notes de J.C. Roberti, Paris, Desclée de Brouwer, 1991, p. 150.
  6. (uk) « Пам’ятник Суворову з центра Ізмаїла приберуть », Ukrainska Pravda, 12 novembre 2022 (consulté le 4 décembre 2022).
  7. [1].
  8. Agence France-Presse relayée par Le Parisien le 2 août 2023 à 12h15 : « Des attaques de drones russes « Shahed » de fabrication iranienne ont provoqué mercredi à l’aube d’importants dégâts sur les infrastructures portuaires ukrainiennes du Danube, des installations devenues cruciales pour les exportations de céréales. La capitale Kiev a également été visée par des appareils explosifs, mais les engins ont tous été abattus, selon les autorités ukrainiennes. Deux ports fluviaux ukrainiens frontaliers de la Roumanie, Reni et Izmaïl, dans la région d’Odessa, sont devenus la principale voie de sortie des produits agricoles ukrainiens depuis que la Russie a mis fin mi-juillet à un accord qui permettait à Kiev d’exporter ses céréales en dépit de la guerre. Depuis, Moscou multiplie les frappes contre l’infrastructure portuaire ukrainienne, encore touchée tôt mercredi matin. […] » - [2]
  9. Registre national des monuments immeubles d'Ukraine, monument classé no 51-106-0019.
  10. Registre national des monuments immeubles d'Ukraine, monument classé no 51-106-0010.
  11. Registre national des monuments immeubles d'Ukraine, monument classé no 51-106-0040.
  12. Registre national des monuments immeubles d'Ukraine, monument classé no 51-106-0064.
  13. Registre national des monuments immeubles d'Ukraine, monument classé no 51-241-0018.
  14. Registre national des monuments immeubles d'Ukraine, monument classé no 51-106-0015.
  15. « Recensements et estimations de la population depuis 1897 », sur pop-stat.mashke.org(uk) « Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2010, 2011 et 2012 », sur database.ukrcensus.gov.ua« Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2011, 2012 et 2013 », sur database.ukrcensus.gov.ua