Iris (genre végétal)

L’Iris (nom masculin) est un genre de plantes vivaces à rhizomes ou à bulbes de la famille des Iridacées.

Le genre Iris contient 210 espèces et d'innombrables variétés horticoles. On trouve souvent dans les jardins des Iris hybrides horticoles appelés à tort Iris germaniques.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le mot « iris » est un emprunt médiéval au latin iris, iridis, lui-même emprunté au grec Iris, Iridos désignant la messagère des dieux, personnification de l'arc-en-ciel. Le terme a d'ailleurs longtemps été employé pour désigner l'arc-en-ciel. On le trouve associé à la fleur à partir du XIIIe siècle, en raison de la coloration de ses pétales, aux reflets irisés[réf. nécessaire][1],[2]

Description[modifier | modifier le code]

Plantes vivaces, composées dont les plus répandues sont :

  • les bulbeuses (type iris de Hollande) ;
  • les iris à rhizome (type iris de jardin) possédant une tige souterraine (rhizome) charnue horizontale qui fait aussi office d'organe de réserve nutritive.

Tige très développée.

Les feuilles sont alternes, à base engainante, presque toujours ensiformes.

Grandes fleurs hermaphrodites groupées en cymes hélicoïdes, entourées à plusieurs dans des bractées appelées spathes, puis s'ouvrant en six tépales pétaloïdes semblables disposés sur deux rangs :

  • les trois tépales extérieurs ou sépales sont horizontaux ou réfléchis, à large limbe ;
  • les trois tépales intérieurs ou pétales, plus petits, sont dressés, souvent connivents.

Trois étamines constituées de deux éléments : le filament et l'anthère sur lequel se trouve le pollen, insérées à la base des tépales extérieurs, à anthères extrorses (le pollen est libéré vers l'extérieur de la fleur, en l'occurrence les trois grands tépales).

Style à trois stigmates très dilatés, pétaloïdes.

Le fruit, soudé avec le tube du périanthe, est une capsule à trois loges contenant plusieurs graines.

Répartition[modifier | modifier le code]

Comme de nombreuses plantes à fleurs, les premiers iris sont apparus vers la fin du Crétacé (Campanien) il y a environ 80 millions d'années dans une zone devenue aujourd'hui l'Antarctique.

On trouve aujourd'hui des Iris dans tout l'hémisphère nord, aussi bien en Europe qu'en Asie, en Afrique du Nord et en Amérique du Nord.

Ennemis[modifier | modifier le code]

Insectes[modifier | modifier le code]

Cétoines dans un iris.

La Cétoine grise (Oxythyrea funesta) peut s'attaquer aux fleurs d'iris.

La pupe d'Orthochaeta dissimilis s'attaque aux pollens.

Les chenilles des papillons de nuit (hétérocères) suivants se nourrissent d'iris :

Autres pathogènes[modifier | modifier le code]

En climat humide, l'hétérosporiose (Cladosporium iridis) peut créer des taches brunes sur le feuillage sans gêner la floraison ni s'attaquer aux rhizomes. Il convient d'appliquer un fongicide (mélangé à un corps gras pour adhérer aux feuilles cireuses) en début de saison lorsque les feuilles atteignent 10 cm (chaque semaine pendant 4 à 6 semaines) pour limiter la propagation des spores qui pourrait tuer la plante en quelques années.

La pourriture molle, provoquée par la bactérie Erwinia carotovora, peut, elle, attaquer les rhizomes. Dans ce cas, ils mollissent et dégagent une odeur nauséabonde. Cela survient souvent sur sol trop peu drainant et/ou trop riche en matière organique mal décomposée. Il faut supprimer entièrement la partie atteinte en coupant en partie saine avec un outil bien tranchant et propre, puis laisser sécher la surface de coupe et vaporiser avec un antiseptique de type eau de javel ou permanganate dilué.

Nomenclature et systématique[modifier | modifier le code]

Le genre Iris a été décrit en 1753 par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778). Il est assigné à la famille des Iridaceae.

Synonymes[modifier | modifier le code]

Selon BioLib (14 novembre 2020)[3], les synonymes du genre Iris L. sont les suivants :

  • Alatavia Rodion.
  • Belamcanda Adans.
  • Beverna Adans.
  • Chamaeiris Medik.
  • Chamoletta Adans.
  • Coresantha Alef.
  • Costia Willk. p.p.
  • Cryptobasis Nevski
  • Eremiris (Spach) Rodion.
  • Evansia Salisb.

Classification[modifier | modifier le code]

Il y a eu différentes classifications au cours de l'histoire. La plus récente est celle de Brian Mathew en 1989, ci-dessous détaillée :

Selon B. Mathew le genre Iris est divisé en 6 sous-genres :

  • Iris (Iris barbus à rhizomes) aussi appelé 'pogon" ("barbe" en grec) ou "Eupogon" (vraie barbe)
  • Limniris (Iris sans barbe à rhizomes)
  • Xiphium (Iris à bulbe mou, anciennement genre Xiphion)
  • Nepalensis (Iris bulbeux, anciennement genre Junopsis)
  • Scorpiris (Iris à bulbe mou, anciennement genre Juno)
  • Hermodactyloides (Iris à bulbe réticulé: anciennement genre Iridodictyum)

Chacun de ces sous-genres se divise en différentes sections et espèces.

Vous trouverez cette classification détaillée ci-dessous.

Utilisation par les humains[modifier | modifier le code]

Outre leur attrait ornemental, certains iris ont des propriétés techniques, alimentaires ou chimiques intéressantes.

Horticulture[modifier | modifier le code]

Floriculture d'Adolphe Buyssens (1910)
fig.132 - Iris Kaempferi

L’obtention par hybridation de très nombreux cultivars a conduit à l’élaboration d’une classification horticole très différente de la botanique pour les iris de jardin.

En période de floraison des iris, les horticulteurs organisent des événements destinés aux collectionneurs ou simples amateurs. Par exemple, une exposition d'iris en Suisse dans les jardins du château de Vullierens, ou bien encore un Festival de l'Iris qui a lieu chaque année en France au château d'Auvers-sur-Oise.

Génie végétal[modifier | modifier le code]

Berges stabilisées par un peuplement d'iris.

Les rhizomes des iris contribuent à stabiliser les berges et vasières des cours d'eau.

Feuilles[modifier | modifier le code]

Les amérindiens du nord utilisaient les fibres des feuilles d'iris pour produire de fines et résistantes cordelettes[4].

Usages alimentaires[modifier | modifier le code]

Selon l'ethnobotaniste François Couplan (2009), les rhizomes (ou « cormes ») de la plupart des espèces d'Iris sont immangeables car très âcres voire toxiques. Mais ceux de plusieurs espèces - en séchant - dégagent une odeur agréable, proche du parfum de la violette ; c'est le cas pour I. germanica et I. pallida en Europe, plantes utilisées depuis l'antiquité. Leurs rhizomes étaient mastiqués, ou réduits en poudre pour aromatiser certains plats ou desserts.

Ils servent aussi à aromatiser certains alcools (Gin ou Chianti par exemple)[4]. Quand le vin prenait un goût de moisi en fermentant dans son tonneau, on y jetait un rhizome d'Iris pour cacher ce goût et améliorer le vin[4].

Au Japon et dans d'autres régions d'Asie I. sibirica (naturellement aussi présent en Europe centrale et de l'Est), et I. tectorum (parfois présent aujourd'hui dans les jardins en Europe comme plante décorative) sont cultivés pour produire de la fécule de racine, bien que certains cultivars ou souches aient un goût très âcre[4].

Le rhizome d’Iris filifolia était mangé en Afrique du nord, et celui d’Iris germanica en Anatolie (outre une essence aromatique, il contient des composants amylacés, pour 50 % de son poids environ, du tanin, un glucoside (irisine) et des fibres). Il était réputé expectorant et diurétique, mais ceux d'autres espèces comme Iris pseudacorus et Iris foetidissima (sud et l'ouest de l'Europe) ou Iris sibirica sont toxiques (irritants, vésicant émétiques et purgatifs)[4].

Graines : celles d’Iris pseudacorus, longuement torréfiées, ont servi de succédané au café, et en Alaska celles d’Iris setosa (en) étaient consommées torréfiées[4].

Parfum[modifier | modifier le code]

Etude d'Iris n°43, par Henri Bergé, début du XXe siècle, Musée de l'Ecole de Nancy.

L'essence d'iris, obtenue après une distillation extrêmement délicate, est un fixateur de parfum réputé. L'odeur évoque celle de la violette, propriété due à la présence d'irone[5].

Seules certaines espèces sont très recherchées en parfumerie pour leur rhizome, dont on extrait l'essence d'iris et son principal composant, l'irone. La principale espèce est Iris germanica, originaire du pourtour nord de la Méditerranée, avec surtout sa forme blanche plus connue sous le nom d'« iris de Florence » (anciennement Iris florentina) qui correspondrait à l'iris de l'Antiquité grecque. Dans une moindre mesure on utilise aussi Iris pallida, cultivé en Italie et au Maroc, mais qui a été cultivé aussi à Grasse et ses environs, de même que l'iris de Florence[5].

Il semble que la mode de l'iris comme parfum ait été lancée par Catherine de Médicis[réf. souhaitée]. Après avoir été un moment considéré comme démodé, l'iris entre toujours aujourd'hui dans la composition de nombreux parfums, associé aux notes florales ou comme note de fond.

Cosmétique[modifier | modifier le code]

La poudre de racine d'iris est obtenue à partir des rhizomes d’Iris germanica longuement fermentés, mis à sécher pendant au moins trois ans, pilés, puis tamisés, donnant une fine poudre blanche et parfumée, appelée communément « poudre de riz ». Elle était utilisée notamment au XVIIe siècle pour traiter les cheveux, mais on lui prêtait aussi des vertus pour blanchir les dents et apaiser les gencives douloureuses[5].

Aspects culturels[modifier | modifier le code]

Fleur associée à Horus d'Égypte[modifier | modifier le code]

Dieu Horus de la mythologie égyptienne
Palais de Knossos, le prince des "lys"

Pour les Égyptiens, l’iris est associé à Horus, le dieu Faucon, l’une des plus anciennes divinités égyptiennes[6]. Horus symbolise le soleil du matin et celui du soir. Les couleurs vives et variées de la fleur en firent très vite le symbole d’un arc-en-ciel réunissant le ciel et la terre.

Fleur des rois de France[modifier | modifier le code]

Le lis n'est pas la fleur emblématique de la royauté française. Cet honneur serait associé à l'iris sous le nom héraldique de fleur de lys[7].

La légende dit que l'iris est d'abord devenu le talisman du roi Clovis. Alors qu'il était pourchassé par les Wisigoths près de Châtellerault en 507, il aurait traversé une rivière à gué, la Vienne, bordée de touffes d'iris jaune. Il en cueillit une fleur et partit vaillamment à la bataille. Pour célébrer sa victoire, il aurait troqué les crapauds de ses armoiries pour la symbolique de l'iris des marais, devenu son emblème, le symbole de la monarchie et de l'unité du royaume[7]. Les rois de France en ornèrent leur blason dès 1150. À partir du roi Louis VII le Jeune, on l’appela fleur de Louis, qui, par déformation devint fleur de Louy puis fleur de lys[6].

Il a aussi été affirmé que la fleur de lys serait un ancien symbole des Francs saliens qui étaient originaires de Flandre où l'iris des marais (Iris pseudacorus L.) pousse en abondance sur les rives de la Lys, le cours d'eau le plus important de Flandre après l'Escaut. Le seigneur d'Armentières, une ville où coule cette rivière, en fit le motif de son blason. Lors de l'annexion de son fief par le roi des Francs, celui-ci décida à son tour de l'ajouter à son propre blason. Ainsi serait née la « fleur de Lys », qui n'aurait pas été un lys mais un iris[8]. Par ailleurs, la fleur de lys serait la traduction littérale du vieux-francique lieschbloem, qui signifie fleur d'iris. Cette langue était parlée par les Francs saliens et les rois de France sont issus des rois Francs, cette dénomination peut avoir influencé le latin parlé en Gaule[9],[10].

Emblème de Bruxelles-Capitale, du Québec et de Florence[modifier | modifier le code]

Iris versicolore. Emblème floral du Québec

Aujourd'hui, l'iris des marais (Iris pseudacorus, également appelé Iris faux-acore), dont les fleurs sont d'une belle couleur jaune, est l'emblème de la Région de Bruxelles-Capitale[11],[12], tandis que l'iris versicolore, à fleurs de couleur bleu vif à violet, (I. versicolor) est celui du Québec depuis 1999.

Le lys de Florence est également un iris de jardin.

L'iris d'Angleterre (Iris latifolia) est en fait à l'origine une belle espèce endémique des Pyrénées.

Langage des fleurs[modifier | modifier le code]

Les Iris de Vincent van Gogh

Dans le langage des fleurs, l'iris symbolise l'inconstance, le cœur tendre ou l'amour confiant[13].

L'iris blanc symbolise l'ardeur, le bleu la confiance.[réf. nécessaire]

Mythologie[modifier | modifier le code]

Dans la mythologie grecque, Iris était fille de Thaumos, fils de la Terre. Elle devint la favorite de Héra, à laquelle elle n'apportait jamais que de bonnes nouvelles. En récompense de ses services, elle fut changée en arc-en-ciel, symbole du retour du beau temps.

Classification détaillée[modifier | modifier le code]

Sous-genre Iris[modifier | modifier le code]

Ce sont les iris « barbus » à rhizomes.

Section Iris[modifier | modifier le code]

Ce sont des iris barbus :

Section Oncocyclus[modifier | modifier le code]

Ce sont les iris « à cercle gonflé », en référence à l'arille présent sur les graines :

Section Hexapogon[modifier | modifier le code]

Ce sont les iris à 6 barbes :

Section Psammiris[modifier | modifier le code]

Ce sont les iris des sables :

Section Pseudoregelia[modifier | modifier le code]

Section Regelia[modifier | modifier le code]

Sous-genre Limniris[modifier | modifier le code]

Ce sont les iris à rhizomes sans barbe, ou apogon.

Section Limniris[modifier | modifier le code]

Section Lophiris[modifier | modifier le code]

iris à crête, aussi appelés Section Evansias.

Section Unguiculares[modifier | modifier le code]

hybrides non catégorisés

Sous-genre Xiphium[modifier | modifier le code]

Iris à bulbes mous. Anciennement genre Xiphion. Iris espagnol

Sous-genre Nepalensis[modifier | modifier le code]

Iris bulbeux. Anciennement genre Junopsis.

Sous-genre Scorpiris[modifier | modifier le code]

Iris à bulbes mous surnommés "junos". Anciennement genre Juno.

Sous-genre Hermodactyloides[modifier | modifier le code]

Iris à bulbe réticulé. Anciennement genre Iridodictyum.

Autres[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Par Didier Colin Le Petit Livre du langage symbolique des fleurs edi8 2023 {{|ISBN|9782412087985}}
  2. Le dictionnaire universel des arts et des sciences ... de l'Académie françoise Nouv. ed. rev., corr. et augm. par M+++ (de Fontenelle) 1732 page 610 (tome premier A-L)
  3. BioLib, consulté le 14 novembre 2020
  4. a b c d e et f Couplan, François Le régal végétal : plantes sauvages comestibles, Editions Ellebore, 2009, p.86
  5. a b et c Robert Castellana & Sophie Jama, Floriculture et parfumerie: les origines de l'acclimatation végétale sur la cote d'azur. The phoenix project, Recherches ethnobotaniques méditerranéennes. 2012. Pages 8-9.
  6. a et b « L'iris, fleur arc-en-ciel, messagère des dieux... », sur newsjardintv.com, (consulté le ).
  7. a et b « L'iris fleur des rois », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  8. La Venise Verte, par Jacques Sigot et J-Pierre Rault, éditions CMD 1997.
  9. « D'où vient la fleur de lys, emblème de la Royauté française ? », sur Le blog de La Couronne, (consulté le ).
  10. Relevons également que le nom de cette fleur est « gele lis » en néerlandais moderne, or la langue néerlandaise et le flamand sont issus du bas-francique que parlaient les Francs saliens. (nl) Voir l'article « Gele lis » sur Wikipédia en néerlandais..
  11. Ordonnance du 16 mai 1991 portant fixation de l'emblème et du drapeau de la Région de Bruxelles-Capitale, Moniteur belge du 10 septembre 1991, p. 19 828
  12. Iris, dans : Dictionnaire d'histoire de Bruxelles, Collection Dictionnaires, Éditions Prosopon Bruxelles, 2013, pp. 431.
  13. Anne Dumas, Les plantes et leurs symboles, Éditions du Chêne, coll. « Les carnets du jardin », , 128 p. (ISBN 2-84277-174-5, BNF 37189295).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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