Institut La Boétie (2020)

Institut La Boétie (2020)
Histoire
Fondation
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Financement
Siège
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Organisation
Fondateur
Bernard Pignerol (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Affiliation
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Identifiants
SIREN

L'Institut La Boétie est un think tank français créé le par le conseiller d’État Bernard Pignerol[1]. Affilié au parti politique français La France insoumise, il est actuellement co-présidé par Jean-Luc Mélenchon et Clémence Guetté[2].

Il est composé de sept départements (économie, géographie, histoire, philosophie, planification écologique, relations internationales et diplomatie) qui publient des notes thématiques et proposent des conférences, chaires, ainsi que des cours théoriques et ateliers pratiques. L'institut comprend également une école de formation militante.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'institut est créé le [1] et enregistré le 4 novembre 2019 au Journal officiel, d'abord sous le nom « l'institut des transitions citoyennes »[3]. Il est véritablement lancé par Bernard Pignerol[1], qui en sera son premier président, en pour soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon en vue de l'élection présidentielle de 2022[4]. En décembre 2020, ses créateurs changent son nom en « Institut La Boétie »[3].

Cette initiative est issue du parti politique La France insoumise dont le nom fait allusion à l'écrivain humaniste français Étienne de La Boétie, connu notamment pour son Discours de la servitude volontaire. L'objectif annoncé lors de son lancement est d'être « un lieu d'élaboration intellectuelle de haut niveau et un outil d'éducation populaire »[5]. Cependant, d'après Erwan Bruckert, journaliste pour L'Express, l'institution est restée peu active jusqu'en 2021[6].

L'Institut La Boétie est inauguré à Paris, le , au réfectoire des Cordeliers en présence de l'écrivaine Annie Ernaux (prix Nobel de littérature en 2022)[7]. Une première promotion de 70 étudiants y commence son cursus et porte le nom de la figure révolutionnaire Louise Michel[8]. En février 2024, bientôt trois promotions de 70 étudiants se sont succédé depuis la création de l'Institut[3].

Selon le journal Le Monde, l'Institut parvient à attirer des chercheurs de tous horizons — économistes, géographes, sociologues — et « sert aussi d'écurie au mouvement, qui forme des générations de militants à la ligne du mouvement »[3].

La fondation confie notamment une « chaire de géographie » à Andreas Malm, maître de conférences en géographie humaine à l'université de Lund et militant classé à l’extrême gauche; qui donne une première conférence le 23 mars 2023. Elle le présente comme un chercheur « mondialement connu » et une « figure incontournable des mouvements pour la justice climatique »[9].

Positionnement politique[modifier | modifier le code]

Loin du modèle des lobbys d’experts visant la neutralité, l'institut assume un objectif partisan et travaille en lien avec des structures proches des « insoumis » qui lui préexistaient, tel le média Le Vent se lève, ou encore le think tank Intérêt général[3].

Selon Jean-Luc Mélenchon, l'Institut La Boétie doit « porter et partager une pensée critique qui », d'après lui, « représente aujourd’hui la seule alternative au système dominant et dévastateur néo-libéral »[2], afin de devenir un « phare idéologique de la gauche anticapitaliste »[10].

D'après BFM TV, l'organisation est un « un think tank de pensée anticapitaliste qui formera des futurs cadres de la gauche radicale. »[11] Il est proche de La France insoumise[7].

D'ailleurs, la radio française Europe 1 y voit un concurrent de la Fondation Jean-Jaurès, proche du Parti socialiste[12]. Le journal Le Monde note que la bonne tenue des conférences du think tank, convenue à gauche, rend jaloux certains socialistes, qui peinent à attirer autant dans les murs de leur parti, et souffrent surtout, faute de bons scores électoraux à la présidentielle, de financements bien inférieurs à ceux de LFI[3].

D'après le chercheur en sciences politiques Rafaël Cos, dans la lente tectonique des plaques entre chercheurs, experts et politiques, la consolidation de cet institut « insoumis » offre « un débouché qui n’existait pas auparavant et s’est substitué à l'orbite de la gauche socialiste »[3]. Selon Le Monde, le rêve de remplacer le PS est « en passe d'être réalisé, au moins dans la sphère des idées »[3].

Financement[modifier | modifier le code]

Selon Manuel Menal, le secrétaire général de l'Institut La Boétie, le fonds de dotation initial a été abondé par La France insoumise[11]. En mars 2022, l'institut reçoit un versement de 1 million d’euros de LFI ; il profite aussi de l'expérience organisationnelle tirée des campagnes électorales[3].

Organisation[modifier | modifier le code]

L'organisation se divise en sept départements : économie, géographie, histoire, philosophie, planification écologique, relations internationales et diplomatie. Ces départements organisent des rencontres entre des intellectuels, des chaires de cours et publient des notes thématiques[13]. Tous ces départements sont dirigés par des binômes formés par des universitaires et des députés de la France insoumise.

La direction de l’Institut est divisée entre un conseil d’orientation et un conseil scientifique[14]. En février 2023, d'après la journaliste à L'Opinion Emmanuelle Ducros, le conseil scientifique est composé de deux économistes, deux haut fonctionnaires, cinq sociologues dont Françoise Vergès et Monique Pinçon-Charlot, une politologue spécialiste de l'Amérique latine, un sémiologue, une historienne de la Révolution Française, un éditeur et un psychanalyste. Emmanuelle Ducros critique l'absence de « sciences dures » dans ce conseil[10].

L'institut comprend également une école de formation militante organisée par « promotions » afin de former les futurs cadres du mouvement[2]. Ceux-ci doivent assister à dix week-ends de formation[11] où sont abordés différents thèmes comme la philosophie des Lumières, le matérialisme historique, la géographie politique et la pratique militante[7]. Des cours théoriques et des ateliers pratiques sont organisés pour celles et ceux qui ont vocation à devenir les futurs élus de La France insoumise[8]. Avoir suivi cette formation riche en matérialisme historique est désormais un critère de sélection au sein de LFI : aux militants qui ont candidaté pour figurer sur la liste LFI aux européennes, il était ainsi demandé s’ils avaient suivi la formation « renforcée »[3]. L'hebdomadaire Marianne compare l'Institut à l'école des cadres du Parti communiste français des années 1950[13].

Publications[modifier | modifier le code]

L'institut présente en décembre 2022 une note consacrée à l'inflation[15] et dénonce le dans une nouvelle note qu'une boucle « profits-prix » nourrit l'inflation alimentaire au profit de l’industrie agroalimentaire et au détriment du pouvoir d’achat des Français[16],[17]. De même, en dans un point de conjoncture, il montre que les entreprises s’appuient sur la hausse des prix, les aides publiques, et des faibles hausses de salaire pour maintenir des marges confortables[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « L'institut La Boétie (ILB) », sur Système d'identification du répertoire des entreprises.
  2. a b et c Anatole Bernaudeau, « LFI : 5 questions sur l’institut La Boétie, école pour former les futurs élus du mouvement de Jean-Luc Mélenchon », La Dépêche du Midi,‎ (lire en ligne).
  3. a b c d e f g h i et j « L’Institut La Boétie, au service des idées et de La France insoumise », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « En vue de la présidentielle 2022, Jean-Luc Mélenchon lance son think tank », 20 Minutes,‎ (lire en ligne).
  5. « Institut la Boétie », (consulté le ).
  6. Erwan Bruckert, « Enquête. Les débuts compliqués du think tank de Mélenchon », L'Express,‎ (lire en ligne).
  7. a b et c Laurence Peuron, « Avec l'Institut La Boétie, Jean-Luc Mélenchon veut lancer son "phare de la pensée" », France Inter,‎ (lire en ligne).
  8. a et b « LFI : Jean-Luc Mélenchon lance une école pour former les cadres insoumis et transmettre son héritage politique », sur Franceinfo, (consulté le ).
  9. Hadrien Mathoux, "Pleurs de joie" : quand Andreas Malm, penseur adoubé par LFI, justifie l'attaque du Hamas le 7 octobre, marianne.net, 11 avril 2024
  10. a et b Emmanuelle Ducros, « Chez les insoumis, la science c'est avant tout de la politique », L'Opinion,‎ (lire en ligne Accès payant).
  11. a b et c Ambre Lepoivre, « Jean-Luc Mélenchon inaugure une école dédiée à la formation des cadres de LFI », BFM TV,‎ (lire en ligne).
  12. Alexis Delafontaine, « Jean-Luc Mélenchon : les contours de La Boétie, son nouveau défi, se précisent », Europe 1,‎ (lire en ligne).
  13. a et b Hadrien Mathoux, « Institut La Boétie : la nouvelle formation des "éclaireurs" de La France Insoumise », Marianne,‎ (lire en ligne).
  14. « « Une plate-forme à la gloire de Mélenchon » : l’Institut La Boétie, école des soldats Insoumis », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  15. « L’inflation, une affaire de lutte des classes - L'Humanité », sur humanite.fr (consulté le ).
  16. « Exclusif : une boucle profits-prix nourrit bien l'inflation alimentaire », sur Alternatives économiques, (consulté le ).
  17. Constance Daire, « La hausse des prix alimentaires dopée par les marges des industriels, dénonce l’Institut La Boétie », sur Capital.fr, Capital.fr, (consulté le ).
  18. « Bas salaires, prix élevés, aides publiques : comment les entreprises défendent leurs profits », sur Alternatives économiques, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]