Incident du golfe d'Oman (juin 2019)

Le , deux pétroliers se trouvant à proximité du détroit d'Ormuz, dans le golfe d'Oman, ont fait l'objet d'une attaque à la mine limpet. Des militaires américains et iraniens ont secouru les équipages. Ces attaques eurent lieu un mois après un évènement similaire en mai 2019, et le jour d'une rencontre entre l'ayatollah Khamenei et le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Abe jouait alors un rôle de médiateur entre la république islamique d'Iran et les États-Unis d'Amérique[1],[2].

Les États-Unis, soutenus par l'Arabie saoudite et le Royaume-Uni[3], ont accusé l'Iran d'être responsable des attaques. L'Allemagne et le Japon ont demandé que la culpabilité de l'Iran soit prouvée[4],[5]. L'Iran a rejeté les accusations américaines, accusant Washington de mener une campagne de désinformation[2]. En réponse à cet incident, les États-Unis annoncent le leur intention de déployer 1 000 soldats supplémentaires au Moyen-Orient[6].

Mise en contexte[modifier | modifier le code]

Cet incident fait suite à plusieurs mois de tensions et d'escalade diplomatique entre les États-Unis et l'Iran.

Positions incompatibles dans les conflits régionaux

Les États-Unis et l'Iran s'affrontent par alliés interposés au Yémen et en Syrie.

Nucléaire iranien et sanctions économiques américaines

À la suite du retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien, les États-Unis ont imposé d'importantes sanctions économiques à l'Iran, empêchant le pays d'exporter des hydrocarbures.

Incident[modifier | modifier le code]

Réactions et accusations[modifier | modifier le code]

Iran[modifier | modifier le code]

Après avoir appris l'évènement, le ministre des Affaires étrangères de l'Iran, Mohammad Javad Zarif, ainsi que la délégation iranienne aux Nations unies, ont accusé les États-Unis et leurs alliés dans la région d'avoir monté des « opérations sous fausse bannière » dans le but de faire échouer toute résolution pacifique du conflit qui oppose l'Iran aux États-Unis[réf. nécessaire].

La délégation iranienne aux Nations unies a fermement rejeté les accusations américaines[réf. nécessaire].

États-Unis[modifier | modifier le code]

Des représentants du gouvernement américain et du Parti républicain ont accusé l'Iran d'avoir fomenté les attaques[réf. nécessaire]. Au cours d'une interview pour la chaîne Fox News, le président des États-Unis Donald Trump a réaffirmé ces accusations, qualifiant l'Iran de « nation terroriste »[réf. nécessaire].

Au sein du Parti démocrate, dans l'opposition à Donald Trump, deux sénateurs, Bernie Sanders et Elizabeth Warren, demandent que l'incident fasse l'objet d'une enquête approfondie et se disent préoccupé d'une escalade avec l'Iran qui mènerait à une guerre selon eux désastreuse[réf. nécessaire].

Le , le département de la Défense des États-Unis annonce le déploiement de 1 000 soldats supplémentaires au Moyen-Orient[réf. nécessaire].

Royaume-Uni[modifier | modifier le code]

Le Foreign and Commonwealth Office (ministère des Affaires Etrangères du Royaume-Uni), avec à sa tête Jeremy Hunt, ont appuyé les accusations américaines[réf. nécessaire]. Dans une déclaration officielle, le ministère affirme : « Il est pratiquement certain qu'une branche de l'armée iranienne – les gardiens de la révolution – a attaqué les deux pétroliers le . Aucun autre acteur étatique ou non-étatique ne peut plausiblement être tenu pour responsable[réf. nécessaire] ». Jeremy Hunt dit appuyer cette thèse sur l'enquête menée par les Émirats arabes unis au sujet des incidents ayant eu lieu un mois plus tôt, et ayant conclu que seul un acteur étatique avec des moyens matériels importants était capable de mener une telle attaque[réf. nécessaire].

Le leader de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a mis en garde contre la rhétorique belliciste du gouvernement conservateur. D'après lui : « Sans preuve crédible concernant ces attaques contre des pétroliers, le discours du gouvernement ne fera qu'accentuer la menace d'une guerre ». Le chef de la diplomatie britannique, Jeremy Hunt, l'a jugé « pathétique et prévisible » : « Pourquoi lui est-il impossible de soutenir les alliés de la Grande-Bretagne, le renseignement britannique ou les intérêts britanniques ? »[7]

Émirats arabes unis[modifier | modifier le code]

Le , les Émirats arabes unis ont refusé de soutenir les accusations américaines et demandé « des preuves claires, scientifiques et convaincantes » avant d'accuser un pays[8].

Conséquences économiques[modifier | modifier le code]

À la suite de l'incident, le prix du pétrole augmente de 4 %, puis la hausse se stabilise à 2 %. Cette hausse s'explique par l'incertitude portant sur la livraison de pétrole en provenance du golfe persique et la diminution de la circulation dans le détroit d'Ormuz[9],[10]. Dès le , le prix du pétrole adopte de nouveau une tendance baissière, diminuant de 1,7 %[11].

Cet évènement entraîne une hausse des primes d'assurance pour les cargos, ce qui pourrait augmenter encore le prix des marchandises en provenance de la région[9]. Selon Bloomberg, l'assurance du risque de guerre pour le golfe persique – qui avait déjà augmenté à la suite des évènements de – est passé de 50 000 à 185 000 dollars américains pour les pétroliers[12].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jon Gambrell, « Tankers targeted near Strait of Hormuz amid Iran-US tensions », sur AP NEWS, (consulté le )
  2. a et b (en-US) Richard Pérez-Peña, Stanley Reed et David D. Kirkpatrick, « Tankers Attacked Again in Gulf of Oman, Raising Fears of Wider Conflict », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  3. « Saudis, UK agree that Iran behind attacks, Iran denies involvement », The Jerusalem Post,‎ (lire en ligne)
  4. « Germany says there is 'strong evidence' Iran behind tanker attacks », DW, (consulté le )
  5. (en-US) « Japan demands more proof from U.S. that Iran attacked tankers », Japan Today,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Rebecca Morin, « Pentagon sending 1,000 U.S. troops to Middle East after oil tanker attacks », USA Today, (consulté le )
  7. « Corbyn doute de la mise en accusation de l'Iran, Hunt le juge "pathétique" », sur Boursorama,
  8. « Les Emirats n'imputent pas à l'Iran les attaques contre des pétroliers », sur Le Figaro, (consulté le )
  9. a et b (en) « Attacks On Tankers In Gulf Of Oman Send Oil Prices Up, Sharply », sur NPR.org (consulté le )
  10. « Oil prices rise 2% after tanker attacks near Iran », Reuters,‎ (lire en ligne)
  11. (en) « Oil prices fall 1% as economic worries outweigh tanker tensions », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Alex Longley, Sheela Tobben et Ann Koh, « War Risk Insurance Spirals Higher for Middle East Tankers », Bloomberg,‎ (lire en ligne, consulté le )