Ibrahim Abouleish

Ibrahim Abouleish
Ibrahim Abouleish en 2007.
Biographie
Naissance
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Mashtoul El Souk (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 80 ans)
Le CaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
إبراهيم أبو العيشVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinctions

Ibrahim Abouleish, né le à Machtoul et mort le [1], est un médecin et un chimiste égyptien.

Connu pour son implication dans le renouveau de l'économie durable en Égypte, il est récipiendaire du Right Livelihood Award en 2003.

Biographie[modifier | modifier le code]

Études et premiers succès[modifier | modifier le code]

Né en Égypte[2], dans une famille bourgeoise, Ibrahim Abouleish reçoit une éducation ouverte sur le monde par son père, qui l'incite à s'intéresser à l'Europe[a 1]. Il fréquente une école française puis une école égyptienne. Les influences de sa famille déterminent sa carrière : un grand-père négociant en engrais chimiques[3], un père qui avait créé une fabrique de savon et une autre de sucrerie[3], un oncle lettré qui l'incite à la lecture. Alors qu'il est adolescent, à la suite de la découverte des « Souffrances du jeune Werther» de Goethe, il prend la décision intérieure de poursuivre ses études en Europe[3].

En 1956, Ibrahim Abouleish déménage en Autriche où il commence ses études de chimie et de médecine, à l'université de Graz[2]. En 1960, il épouse Gudrun Erdinger ; de cette union naissent deux enfants : Helmy Abouleish né en 1961, et Mona en 1963 [4]. Il passe son doctorat en 1969 dans le domaine de la pharmacologie, travaille ensuite dans la recherche pharmaceutique et dépose des brevets pour un certain nombre de nouveaux médicaments, en particulier contre l'ostéoporose et l'artériosclérose.

Durant cette période, la réflexion d'Ibrahim Abouleish trouve son inspiration chez des penseurs européens, tels que Johann Wolfgang von Goethe[a 1]. Son passage en Europe l'a marqué et, comme il le dit lui-même : « Depuis, je porte la culture européenne en moi. »[5].

Retour au pays[modifier | modifier le code]

Au cours d'une visite en Égypte en 1975, il est accablé par les conditions déplorables, économiques et sociales, de son pays d'origine (crise de l'éducation, surpopulation, pollution).

En 1977, Ibrahim Abouleish y retourne avec une vision claire d'un projet de communauté intégrée où il veut faire pousser des aliments biologiques. Il veut associer lier les aliments sains au développement communautaire et agricole en Égypte[6]. En 1979, il fonde SEKEM (un projet global de développement).

Fondation de SEKEM[modifier | modifier le code]

SEKEM est la première entité à développer des méthodes d'agriculture biodynamique en Égypte. Durant les premières années, ces méthodes lui attirent les foudres des fabricants de pesticides, qui cherchent par tous les moyens à briser son développement (campagne de presse calomnieuse, basée sur la superstition, pression armée..)[7]. À partir de 1990, l'organisation grandit beaucoup jusqu'à devenir le leader du marché des produits biologiques. Cet engagement en matière de développement innovant a conduit à une utilisation généralisée de méthodes biodynamiques dans la lutte contre les nuisibles (ou ravageurs) et pour l'amélioration des rendements[8].
SEKEM travaille en appliquant en partie des méthodes du label Demeter[9]. 50 % de sa production est réservée pour le marché intérieur d'Égypte[a 1]. Elle gère des écoles, du travail et des programmes d'éducation, un centre médical et un collège d'arts appliqués et de sciences. Dans le cadre du projet global, la clinique de jour et les écoles sont, par contre, orientées vers la culture islamique. Mais les soins médicaux sont dominés par l'approche anthroposophique[9].

En 1984, Ibrahim Abouleish fonde l'Association égyptienne pour la promotion du développement culturel [4]; et en 1990, il crée l'Académie Héliopolis pour les arts appliqués, de la Science et la Technologie.

Nouveau brevet[modifier | modifier le code]

En 1994, Ibrahim Abouleish met au point une méthode biologique pour la culture du coton[a 2], réduisant la pollution de l'environnement[Note 1].

En , la fondation Schwab, en association avec le Forum économique mondial de Davos fait figurer Ibrahim Abouleish sur sa liste des 25 chefs d'entreprise d'exception, à forte conscience sociale[8]. En 2006, il est nommé conseiller au Conseil pour l'avenir du monde.

Engagement[modifier | modifier le code]

Parallèlement au travail de développement de SEKEM, Ibrahim Abouleish s'engage dans une forme d'activisme mondial en faveur de la biodiversité et du droit des peuples de disposer d'eux-mêmes, ainsi par exemple :

  • En 2005, Ibrahim Abouleish, avec douze autres lauréats du Prix Nobel alternatif, signe une demande d'abrogation de l'article 81 de Paul Bremer[Note 2] qui vise à empêcher les agriculteurs irakiens d'utiliser leurs anciennes variétés de semences et de cultures, et à les obliger à dépendre de l'entreprise ayant breveté des semences génétiquement modifiées[Note 3]. Car, les variétés traditionnelles de cultures en Irak, qui ont évolué pendant des milliers d'années, ne sont pas seulement l'héritage de paysans irakiens, mais elles sont l'héritage mondial[10].

Reconnaissance[modifier | modifier le code]

Ibrahim Abouleish est récipiendaire du Right Livelihood Award en 2003, « pour un modèle d'affaires du XXIe siècle qui combine le succès commercial avec le développement social et culturel ». Selon Jacob von Uexkull, « M. Abouleish pratique ce qu'il appelle l'économie de l'amour. Il prouve que l'on peut à la fois faire du bien et en vivre »[11].

En , Ibrahim Abouleish reçoit la Croix du Mérite fédéral allemand. En outre, un prix spécial pour son travail de pionnier dans l'agriculture biodynamique, la certification bilan carbone et un développement écologiquement responsable lui est attribué par l'Organisation des Nations unies.

Citation[modifier | modifier le code]

« En particulier, j'ai été fasciné par l'agriculture biodynamique, basée sur l'anthroposophie en Europe depuis le début du XXe siècle. Grâce à elle, j'étais sûr que la situation de l'agriculture en Egypte pouvait être sensiblement améliorée. » [4]

Ouvrage[modifier | modifier le code]

  • Ibrahim Abouleish (trad. de l'allemand), Sekem : une communauté durable dans le désert égyptien, La Boissière en Thelle, Aethera, , 243 p. (ISBN 978-2-915804-15-7)

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La situation des pays du Sud vis-à-vis des pesticides en 2009 : un état alarmant. Un article documenté du Monde Diplomatique, avril 2009
  2. En mai 2003, Paul Bremer III a été chargé de diriger l'Autorité provisoire de la Coalition (CPA). Ancien fonctionnaire du département d'État Américain chargé de la lutte contre le terrorisme à la tête de la CPA, Paul Bremer s'est empressé de promulguer toute une série d'arrêtés ("orders") pour gouverner l'Irak qui, à l'époque, n'avait ni constitution ni gouvernement constitué légalement. Ces arrêtés, au nombre de 100, sont entrés en vigueur en avril 2004. L'un d'eux stipule qu'aucun gouvernement élu ne pourra les modifier. Horizons et débats n° 29 2005
  3. L’arrêté 81 sur « Les brevets, le design industriel, l’information non révélée, les circuits intégrés et la loi sur les variétés de plantes » est en totale contradiction avec la Constitution irakienne de 1990 qui interdisait la propriété privée sur les ressources biologiques. Cette ordonnance rend ainsi illégale la pratique traditionnelle et millénaire de sélection des meilleures semences par les agriculteurs et donne le champ libre aux compagnies étrangères pour imposer leurs semences brevetées et leurs prix. Elle permet aussi d’importer et de commercialiser des organismes génétiquement modifiés (OGM). La durée des brevets est de 20 ans pour les plantes agricoles et de 25 ans pour les vignes et les arbres. La souveraineté alimentaire du peuple irakien est gravement remise en cause par cette loi. Cote ONU: E/CN.4/2005/NGO/350 Cetim 2005

Références[modifier | modifier le code]

  • Autres sources

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Geseko von Lüpke et Peter Erlenwein (trad. de l'allemand), "Nobel" alternatif, 13 portraits de lauréats, Sète, La Plage, , 213 p. (ISBN 978-2-84221-191-2), p. 145 à 158
  • (de) Daniel Baumgartner et Michael Bader, Sekem. Im Puls der Zukunft : Wie ein Vision Ägypten verändert, Pforte Verlag, , 173 p. (ISBN 978-3-85636-177-8)

Article connexe[modifier | modifier le code]

  • SEKEM, un projet de développement global réussi.

Liens externes[modifier | modifier le code]