Hyunmoo

Tir d'un missile Hyunmoo-2 le 5 juillet 2017.

Hyunmoo (hangeul : 현무, signifiant littéralement « Gardien du Ciel Nord » ou que l'on pourrait traduire également en « Ange gardien des cieux nordiques ») est le nom d'une série de missiles balistiques développés par la Corée du Sud. Le Hyunmoo est le seul missile balistique sud-coréen à avoir été effectivement déployé au sein des forces armées sud-coréennes. Il s'agit en fait d'une amélioration du système de propulsion du missile Paekgom. Le système Hyunmoo a été développé localement par l'Agence pour le développement de la Défense et est maintenant en service dans les forces armées de la République de Corée. Le missile est lancé à partir d'un lanceur mobile et est propulsé par un moteur à propergol solide à deux étages et dispose d'un système de guidage inertiel et d'un système de contrôle. Il peut également, pour la variante Hyunmoo-3C, être lancé depuis des destroyers (tels que ceux de classe Chungmugong Yi Sun-sin) ou encore par des sous-marins. Le Hyunmoo fait environ 12 m de long pour une masse d'environ 5 tonnes.

Historique[modifier | modifier le code]

Les directives américaines et sud-coréennes sur les missiles balistiques de 1979 ont arrêté le développement des missiles balistiques sud-coréens.

Le premier lancement d'un missile Hyunmoo, 1 dérivé du missile sol-air MIM-14 Nike Hercules type a été mené avec succès en 1982 en raison de rebondissements dans la situation politique interne de la Corée du Sud puis un deuxième essai a été mené en par le Defense Systems Test Center (DSTC).

En 1986, la Corée du Sud a réussi le lancement d'un missile avec une charge utile de 480 kg et une portée de 180 km. Les États-Unis ont toutefois demandé à la Corée du Sud de leur fournir des informations techniques sur le Hyunmoo et ont demandé au gouvernement sud-coréen de ne pas développer des missiles d'une portée supérieure à 180 km. Après s'être pliée aux exigences des États-Unis, la Corée du Sud commence un programme de production d'un nombre limité de missiles Hyunmoo sous le contrôle des États-Unis jusqu'à ce que la production prenne fin.

La version améliorée du Hyunmoo-2A, le Hyunmoo-2B, est mise en service à la fin de l'année 2009, disposant d'une portée de 500 km[1].

Un missile de croisière a été développé à la fin des années 1990, le Hyunmoo-3, qui semble très similaire au BGM-109 Tomahawk américain. Le Hyunmoo-3C a une portée de 1 500 km.

En 2012, les États-Unis et la Corée du Sud signent un accord autorisant la Corée du Sud à développer des missiles d'une portée de 800 km, capables de frapper des cibles précises n'importe où en Corée du Nord[2].

Une révision effectuée des accords avec les États-Unis en 1997 a permis à la Corée du Sud de développer un missile balistique transportant une ogive de 500 kg avec une portée maximale de 300 km. Ce missile, initialement connu sous le nom de Hyunmoo-2 (également orthographié Hyeonmu-2), est maintenant connu sous le nom de Hyunmoo-2A.

Une nouvelle révision des directives en 2012 a permis à Séoul d'étendre la portée et/ou la charge utile de ses missiles balistiques. Par exemple, il permettait aux missiles balistiques sud-coréens d'avoir une portée maximale de 800 km avec une ogive de 500 kg capables de frapper des cibles précises n'importe où en Corée du Nord[3]; de 500 km avec une ogive de 1 000 kg; et de 300 km avec une ogive de 2 000 kg.

Le , la Corée du Sud effectue un nouveau tir de ce type de missile dans un contexte de provocations par le Nord alors que quelques jours auparavant les deux pays avaient échangé des tirs d'artillerie le long de leur frontière maritime disputée[4].

Le président américain Donald Trump et son homologue sud-coréen, Moon Jae-in, ont annoncé le qu'ils avaient conclu un accord pour supprimer la limite de poids des ogives pour les missiles sud-coréens[5].

En mars 2020 démarre les tirs d'essais du Hyunmoo-4 de 800 km de portée[5].

Le , lors d’une rencontre bilatérale entre le président Joe Biden et son homologue sud-coréen Moon Jae-In, les États-Unis ont annoncé la fin des limitations de portée et d’emport pour les missiles sud-coréens. Cela pourrait permettre de développer des missiles balistiques d'une portée de 5 000 km[6].

Les neuf sous-marins de 3 000 t Jangbogo-III/KSS-III dont la construction débute fin 2015 pour une mise en service à partir de 2020 se verront équipés de six tubes de lancement de missile verticaux qui pourront abriter des missiles balistiques de courte portée Hyunmoo-2[7]. Un premier tir en plongé depuis un de ses sous-marins a lieu le 2 septembre 2021[8].

En juillet 2023, Hanwha Aerospace annonce être prêt à produire en série le missile balistique Hyunmoo-V, d'une portée de plus de 3 000 km pouvant être lancé depuis un navire, à un rythme de 70 par an. L'armée sud-coréenne en souhaitant 200[9].

Variantes[modifier | modifier le code]

Missiles Hyunmoo
Modèle Portée Charge utile Type Notes
Hyunmoo-1 180 km 500 kg missile balistique sol-sol Dérivé du Paekgom
Hyunmoo-2A 300 km 1 000 kg missile balistique sol-sol Dérivé du Hyunmoo-1 et du Iskander
Hyunmoo-2B 500 km 1 000 kg missile balistique sol-sol Dérivé du Hyunmoo-2A. Avec une charge réduite à 500 kg, sa portée dépasserait 800 km.
Hyunmoo-3A 500 km 500 kg missile de croisière sol-sol -
Hyunmoo-3B 1 000 km 500 kg missile de croisière sol-sol Dérivé du Hyunmoo-3A
Hyunmoo-3C 1 500 km 500 kg missile de croisière sol-sol Dérivé du Hyunmoo-3B

Spécifications techniques[modifier | modifier le code]

Un Hyunmoo-1 défilant le 1er octobre 2013.

Hyunmoo-1[modifier | modifier le code]

Spécification Hyunmoo-1
Longueur 12,53 m en tout
8,18 m second étage
Diamètre 0,80 m booster
0,53 m second étage
Envergure 3,50 m booster
1,88 m second étage
Masse 4 850 kg au lancement
2 505 kg second étage
Vitesse maximale 3,65 Mach (4 470 km/h)
Portée 180 km
Altitude de croisière 45 700 m
Premier étage booster Hercules M42
(4x M5E1 Nike)
978 kN (220 000 lbf) total
Second étage booster Thiokol M30
44,4 kN (10 000 lbf)
Tête conventionnelle Ogive T-45 HE
500 kg et contenant 272 kg de HBX-6
M17 à fragmentation

Hyunmoo-2A[modifier | modifier le code]

Lancement d'un Hyunmoo-2 en 2017.

Hyunmoo-2B[modifier | modifier le code]

Le Hyunmoo‑2B est opérationnel depuis 2009, emportant une charge de 1 t, sa portée est de 500 km[10].

Hyunmoo‑2C[modifier | modifier le code]

Le Hyunmoo‑2C, présenté pour la première fois en 2017, à une portée de 800 km et bénéficierait d’un guidage terminal[10].

Un tir effectué le 4 octobre 2022 par l'armée coréenne a échoué. Le missile s'est écrasé quelques secondes après son lancement et a atteri dans l'enceinte même de la base de lancement[11].

Hyunmoo-3A[modifier | modifier le code]

Tracteur-érecteur-lanceur de Hyunmoo-3 de l’armée de terre sud-coréenne en 2017.

Hyunmoo-3B[modifier | modifier le code]

Hyunmoo-3C[modifier | modifier le code]

Hyunmoo 4[modifier | modifier le code]

Les deux premiers tirs de ce missile de 800 km avec une charge utile de deux tonnes ont lieu mi-mars 2020 depuis le district de Taean. Un a été un échec[5].

Article connexe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (ko) ""사거리 500 km 국산 탄도미사일 '현무-2B' 실전배치했다""
  2. (en) South Korea Extends Ballistic Missile Range, The Diplomat, 4 avril 2014
  3. (en) Zachary Keck, « South Korea Extends Ballistic Missile Range », sur The Diplomat, (consulté le ).
  4. (en) South Korea extending ballistic missile range to counter North's threat, Reuters, 4 avril 2014
  5. a b et c (en) « South Korea conducts first test launch of Hyunmoo-4 ballistic missile », sur Jane's Information Group, (consulté le ).
  6. Bastien Carris, « Balistique: Séoul va durcir le ton », sur Air et Cosmos, .
  7. « Début de la construction d'un deuxième sous-marin de 3.000 tonnes »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Yonhap, (consulté le ).
  8. Philippe Mesmer, « La Corée du Sud a effectué son premier tir de missile balistique mer-sol », sur Le Monde, .
  9. Maksim Panasovskyi, « La République de Corée a mis au point un missile balistique Hyunmoo-V d'une portée maximale de plus de 3 000 kilomètres. », sur gagadget.com, (consulté le ).
  10. a et b « Quelques perspective sur le missile sol-sol », sur areion24.news, (consulté le ).
  11. (en) « South Korea apologises after missile fired in response to North Korea test crashes », sur the Guardian, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]