Histoire d'Israël

Déclaration d'indépendance de l'État d'Israël (1947).

Cet article relate l'histoire de l'État d'Israël.

Pour les périodes antérieures à la création de l'État actuel :

Avant 1947[modifier | modifier le code]

New Colony par Reuven Rubin, Palestine (1929)

Dès la fin du XIXe siècle — alors que les États européens connaissent la montée du nationalisme et parallèlement, de l'antisémitisme —, un mouvement sioniste apparaît dans les communautés juives d'Europe, ayant pour objectif la création d'un État des Juifs. C'est lors du septième congrès international sioniste, tenu en 1905, que la Palestine est définitivement choisie, après que d'autres territoires comme l'Ouganda ont été envisagés. Au départ minoritaire parmi les communautés juives, le mouvement sioniste, petit à petit, achète des terres sur place, négocie avec le Royaume-Uni (qui administre la Palestine à partir de 1917) et, ayant pris de l'ampleur après la seconde Guerre mondiale, parvient finalement à créer l'État d'Israël.

1947-1948[modifier | modifier le code]

Le plan de partage de la Palestine (1947)
La Une du Palestine Post, du
Carte des opérations militaires du au durant la Guerre d'indépendance israélienne (symboles de l'OTAN, APP-6A)

Vote du plan de partage de la Palestine[modifier | modifier le code]

En , le gouvernement britannique remet le mandat qu'il détenait depuis 1920 sur la Palestine aux Nations unies.

Le , l'Assemblée générale des Nations unies adopte la résolution 181 qui prévoit le partage de la Palestine en un État juif et un État arabe.

Le nouveau Yichouv et les communautés juives sionistes accueillent favorablement ce vote mais les Arabes palestiniens et l'ensemble des pays arabes qui militaient pour la constitution d'un État arabe sur toute la Palestine rejettent la résolution.

Le lendemain du vote, la guerre civile éclate entre les communautés palestiniennes juive et arabe.

Création de l'État d'Israël, guerre de 1948 et problèmes de réfugiés[modifier | modifier le code]

Camp de transit en Israël de Juifs expulsés du Yémen (1950)

Le , la guerre voit s'affronter les communautés juive et arabe. En , des volontaires arabes entrent en Palestine pour seconder les Arabes palestiniens. En avril, les forces juives passent à l'offensive. Les forces et la société palestiniennes s'effondrent. Le , dernier jour du mandat britannique, l'indépendance de l'État d'Israël est proclamée en tant « qu'État juif dans le pays d'Israël ». Le lendemain , les États arabes voisins, opposés au partage, interviennent. En théorie alliés, ceux-ci ambitionnent des objectifs différents et combattront leur adversaire de manière désorganisée et désunie. À la suite d'une série d'opérations entrecoupées de trêves, les forces israéliennes vainquent militairement sur tous les fronts. À Jérusalem, un cessez-le-feu est signé le entre les gouverneurs israélien et jordanien de la ville[1]. La ligne d'armistice partage Jérusalem, laissant la vieille ville du côté arabe et Jérusalem est proclamée capitale de l'État d'Israël dès [2] bien que l'Assemblée générale des Nations unies ait décrété le l'internationalisation de Jérusalem et son partage en deux zones, l'une juive, l'autre arabe sous l'administration d'un haut commissaire nommé par l'ONU[3].

En gagnant la guerre de 1948, Israël conquiert 26 % de territoires supplémentaires par rapport au plan de partage et prend le contrôle de 81 % de la Palestine de 1947. La guerre s'accompagne de bouleversements démographiques. Entre et , environ 720 000 Arabes de Palestine fuient ou sont expulsés des territoires qui formeront Israël et dans les vingt années qui suivront, en parallèle avec les tensions du conflit israélo-arabe, l'essentiel des membres des communautés juives du monde arabo-islamique, soit plus de 850 000 personnes, s'enfuient de ces pays, en y abandonnant souvent tous leurs biens.

Le , un ultime cessez-le-feu est imposé avec succès sous la pression conjointe des Britanniques et des Américains. Le , Israéliens et Égyptiens signent à Rhodes, sous l'égide de l'ONU, un accord d'armistice et des armistices seront signés avec les autres protagonistes au cours des mois suivants.

La guerre a fait 6 000 morts militaires et civils parmi les Israéliens, 2 000 morts dans les armées arabes et un nombre inconnu de morts parmi les civils arabes[4].

Cette guerre marque le début d'une très importante immigration de Juifs en provenance des pays arabes et d'Europe, avec la mise en œuvre d'une série d'opérations programmées comme au Yémen (opération Tapis volant) ou en Irak (opération Ezra et Néhémie).

De 1948 à 1967 : les années de formation[modifier | modifier le code]

David Ben Gourion (1949)

La guerre gagnée, la priorité[5] pour le nouvel état est de se doter d'institutions. Pour Ben Gourion, Israël doit être une république démocratique et parlementaire, sur le modèle occidental. Israël est même un État laïque dans le sens où il n'y a pas de religion d'État et que la souveraineté appartient au suffrage universel et non à la Torah. L'influence religieuse y est cependant très importante, aussi bien dans l'état-civil que dans les nombreux partis politiques confessionnels, qui donnent naissance à une vie politique passionnelle, animée par de multiples partis à cause d'un système électoral fondé sur une proportionnelle intégrale qui imposera au fil des élections et des majorités changeantes la formation systématique de gouvernements de coalition. Les premières élections législatives ont lieu en et donnent la majorité relative au Mapaï (gauche) qui peut former un gouvernement dirigé par David Ben Gourion. Souvent avec l'aide des partis religieux, la gauche gouvernera pendant près de 30 ans jusqu'en 1977. Chaim Weizmann est élu premier président de l'État, pour un rôle purement représentatif[Note 1].

La deuxième priorité est d'absorber les centaines de milliers d'immigrants venus d'Europe puis des pays arabes : la population croît de moins d'un million de personnes en 1948 à près de deux millions et demi en 1967, triple même entre 1948 et 1951[6]. Le modèle de développement choisi est un modèle social-démocrate assumé par l'État et par le syndicat Histadrout[6]. L'aide de la diaspora, particulièrement américaine, les réparations allemandes et l'essor démographique permettent un taux de croissance de 10 % par an : un nouveau port, Ashdod, une compagnie maritime, la Zim, et une compagnie aérienne, El Al, 350 kibboutzim et moshavim sont créés[5].

Toutefois, le jeune État ne réussit pas à s'insérer dans la région. Les accrochages et les actes de sabotage à l'intérieur d'Israël se comptent par milliers et plus de 400 Israéliens sont tués de 1951 à 1956. Ce harcèlement permanent, la montée en puissance de Gamal Abdel Nasser, ses préparatifs militaires et le blocus du détroit de Tiran qu'il instaure, débouchent sur la campagne du Sinaï et la crise de Suez, qui n'apportent rien politiquement à Israël, si ce n'est une certaine tranquillité jusqu'à la crise de la guerre des Six Jours[5].

Israël, après la guerre d'indépendance (armistices de 1949/1950)

État juif[modifier | modifier le code]

Dans la déclaration d'indépendance, Ben Gourion met en relief le caractère juif de l'État d'Israël tout en y proclamant le respect de la liberté de conscience et de culte. Il lutte pour que Jérusalem reste à l'intérieur de l'État juif et la proclame capitale d'Israël[7],[Note 2].

Les autorités religieuses juives, musulmanes ou chrétiennes restent chargées de la célébration des mariages, ce qui confère une large autorité au grand-rabbinat d'Israël dont le fonctionnement est régi par la loi du [Note 3],[Note 4].

Kibboutzim[modifier | modifier le code]

Un des traits caractéristiques de la jeune société israélienne est l'existence de communautés de vie et de travail, appelées kibboutzim, dont l'objectif est le plus souvent de nature agricole. Le premier kibboutz est fondé en 1908 à Degania en Galilée. En 1950, il en existe 214, regroupant plus de 67 000 habitants. En 2000, on en dénombre 268, pour 117 000 habitants. Les fondateurs de ces communautés sont souvent de jeunes idéalistes venus d'Europe, désireux de trouver un nouveau mode de vie et de participer à la création du nouvel État. Les kibboutzim fonctionnent comme des démocraties directes où tous les membres participent aux assemblées générales et où chacun effectue à tour de rôle les tâches les plus ingrates[9].

Les kibboutzim connaissent un succès remarquable : ils contribuent à 33 % de la production agricole et à 6,3 % de la production industrielle israéliennes. Dans les années 1970, près de 15 % des officiers de l'armée viennent des kibboutzim, alors que la population de ces communautés ne dépasse pas 4 % de la population totale[10]. Après un déclin sensible dans les années 1990, les kibboutzim connaissent un certain renouveau se caractérisant par une économie profitable, mais également, par un abandon au moins partiel des idéaux originels : de 1990 à 2000, le pourcentage de salariés dans les kibboutzim est passé de 30 à 67 %[9] et deux tiers des kibboutzim sont à présent dirigés par des professionnels et non par des membres du kibboutz[10].

Réparations allemandes et établissement des relations diplomatiques israélo-allemandes[modifier | modifier le code]

Le , après quelques mois de négociations, le chancelier allemand, Konrad Adenauer — qui quelques mois plus tôt, a reconnu devant le Bundestag la responsabilité de l'Allemagne dans les crimes effroyables perpétrés à l'encontre du peuple juif et le devoir de son pays de les réparer « moralement et matériellement » — et le ministre israélien des Affaires étrangères Moshé Sharett concluent un accord sur les réparations allemandes[11]. Israël est alors en proie à de très grandes difficultés économiques que ni l'aide américaine ni la philanthropie des Juifs de la Diaspora ne peuvent résoudre. Malgré l'hostilité de l'opinion publique, du Hérout de Menahem Begin et même, de certains membres du Mapaï comme Golda Meir, au dialogue avec l'Allemagne[11], l'accord est conclu qui prévoit le paiement en douze ans par la République fédérale allemande de trois milliards de marks en marchandises et d'une pension à vie aux victimes du nazisme[11].

Le à New York, David Ben Gourion rencontre Konrad Adenauer qui promet de poursuivre son aide à Israël après l'expiration de l'accord sur les réparations, et en 1965, des relations diplomatiques sont établies entre les deux pays[11].

Vie politique[modifier | modifier le code]

Dans les premières décennies de l'État d'Israël et jusqu'à 1977, la vie politique est dominée par le Mapaï (travailliste), qui remporte régulièrement les élections et gouverne en coalition.

La vie politique est agitée par différents scandales : outre le débat entre droite et gauche à propos de la question des réparations allemandes, l’opinion est agitée par l’affaire Lavon et le procès Kastner qui pose la question de l’attitude des juifs vis-à-vis de la Shoah et structure les camps politiques.

Immigrations de masse[modifier | modifier le code]

Bien que la loi du retour ne soit votée que le , Israël, dès sa création en , connaît une immigration massive car, dès la veille de l'indépendance, le Conseil national du peuple a voté l'abolition des mesures britanniques concernant l'immigration juive[12]. Alors qu'au moment de l'indépendance, Israël ne compte que 650 000 habitants, plus de 684 000 immigrants s'y établissent entre 1948 et 1951, dont 335 000 en provenance d'Europe ou d'Amérique et 330 000 en provenance d'Asie ou d'Afrique[12] (très majoritairement des pays arabes). De 1948 à 1962, Israël favorise cette immigration massive, tout d'abord avec les opérations « Tapis volant » (au Yémen) en 1948 et « Ezra et Néhémie » (en Irak) de 1950 à 1952, ensuite et plus généralement, en provenance d'autres pays arabes (Maroc, Égypte, Tunisie) alors que l'immigration européenne de rescapés de la Shoah continue.

Villes de développement[modifier | modifier le code]

L'antisémitisme en Irak, l'activisme sioniste, la crise de Suez et la décolonisation française en Afrique du Nord provoquent une immigration massive de Juifs en provenance d'Irak, du Yémen, d'Égypte du Maroc et d'autres pays arabes. Dans les années 1950 et 1960, Israël fonde plusieurs dizaines de villes dites « de développement » pour loger les Juifs venus principalement de pays arabes. Dès leur arrivée — ou parfois, après avoir séjourné dans un camp (ma'abarot) —, ces réfugiés sont souvent obligés de s'installer dans ces nouvelles villes qui n'offrent guère d'opportunités et qui sont construites à la périphérie d'Israël : de fait, ces immigrés sont privés de la possibilité de choisir une grande cité, plus accueillante. Un tel dispositif, tout en répondant à un besoin stratégique d'Israël de développer ses régions désertiques et de protéger ses frontières, contribue également à créer une société défavorisée de Juifs dits orientaux (bien que Maroc, Algérie et Tunisie se situent à l'« ouest » d'Israël).

Difficultés sociales[modifier | modifier le code]

À partir des années 1950, se creuse un fossé profond entre, d'une part un « premier Israël », riche et cultivé, majoritairement ashkénaze, d'autre part un « second Israël », pauvre et déculturé, d'origine séfarade. En , cette situation débouche sur les émeutes de Wadi Salib, un ancien quartier arabe de Haïfa, quand la police tire et blesse grièvement un ivrogne séfarade qui perturbe la clientèle d'un café. À l'appel de l'Union des immigrants d'Afrique du nord, les manifestations s'étendent aux autres villes à population « orientale ». Une commission d'enquête met en lumière le clivage économique et socio-culturel entre les populations séfarade et ashkénaze, sans toutefois convaincre les institutions universitaires d'adresser le sujet[13].

Faire d'un peuple une nation[modifier | modifier le code]

Jugement d'Adolf Eichmann - vidéo en anglais (1961)

À la suite de ces différentes vagues d'immigration, il est important de transformer ces citoyens d'origines multiples — ashkénazes d'Europe centrale et orientale ou séfarades et orientaux d'Afrique du nord et du Moyen-Orient — en citoyens israéliens partageant la même histoire. C'est ainsi que sont instituées la journée du Souvenir (Yom haZikaron) à la mémoire de tous ceux tombés au champ d'honneur et la fête de l'Indépendance (Yom Haʿatzmaout).

Il est également nécessaire de réconcilier l'État d'Israël avec son passé juif : vont remplir cette fonction l'institution de la journée de la Shoah (Yom HaShoah), la fondation de l'Institut Yad Vashem et tout particulièrement, les grands procès — tels celui impliquant Rudolf Kastner accusé d'avoir négocié avec les Nazis la libération de notables juifs contre une importante somme d'argent, et surtout, celui d'Adolf Eichmann, chef de l'Office central de sécurité du Reich, capturé en Argentine par le Mossad en 1960, jugé puis exécuté le [14]. Le procès de ce dernier — qui bénéficie d'un écho sans précédent dans l'opinion, grâce d'une part au développement de la radio et de la télévision, d'autre part à la résonance que lui donne Hannah Arendt —, révèle à tous les Israéliens et au monde une partie de l'horreur de la Shoah[15].

La guerre des frontières[modifier | modifier le code]

Le bus après l'attaque de Ma'aleh Aqrabbim (1954)

À partir de 1950, un nombre croissant d'irréguliers n'appartenant pas aux armées des pays voisins d'Israël parviennent à terroriser les villages frontaliers en y tuant de nombreux civils — 19 en 1950, 48 en 1951, 42 en 1952 et 44 en 1953[16]. Dans la nuit du 12 au 1953, une Israélienne et ses deux enfants sont tués dans un attentat à la grenade près de Lod. L'opération de représailles menée par Ariel Sharon aboutit au massacre de Qibya, dans la nuit du 14 au qui fait 70 morts et qui entraine la condamnation d'Israël par le Conseil de sécurité de l'ONU[16].

Avant de partir pour une retraite provisoire le , Ben Gourion nomme Moshe Dayan chef d'état-major et Shimon Peres directeur général du ministère de la Défense. Moshé Sharett remplace alors Ben Gourion en tant que Premier ministre[17]. Ce nouveau gouvernement bénéficie de près de deux mois sans grave incident[17], jusqu'au , jour du Massacre de Ma'aleh Aqrabbim dans le Néguev, où 11 passagers d'un bus israéliens sont tués par des terroristes venus de Jordanie.

En 1955, c'est avec l'Égypte que les incidents deviennent plus fréquents : le , une patrouille égyptienne est interceptée en territoire israélien après avoir pénétré deux bases israéliennes à Rishon LeZion et Ness-Ziona, et avoir tué un motocycliste à Rehovot[18]. Cinq jours plus tard, une opération de représailles menée par Ariel Sharon dans la bande de Gaza entraine la mort de 38 soldats égyptiens et de huit soldats israéliens[18]. Gamal Abdel Nasser annonce alors la création d'unités spéciales de commandos palestiniens, les fedayin qui harcèlent immédiatement les villages frontaliers israéliens[18]. Durant l'été 1955, une incursion des fedayin jusqu'à Ra'anana suscite une violente riposte israélienne sur Khan Younès au cours de laquelle 70 militaires égyptiens sont tués. Nasser annonce alors la conclusion d'un accord militaire avec la Tchécoslovaquie comprenant des centaines d'avions (MiG-15 et bombardiers Iliouchine) et des pièces d'artillerie, ainsi que des sous-marins. La livraison imminente de ces armes amène Israël à se tourner vers la France[18].

Le , à Kfar-Habad près de Tel Aviv, des fedayin venus d'Égypte massacrent trois enfants et un adulte dans une synagogue[19],[20]. De son côté, le roi Hussein de Jordanie ne peut résister aux pressions de Nasser et des Palestiniens installés dans le royaume ; il laisse les fedayin harceler l'État hébreu, harcèlement auquel ce dernier répond vigoureusement. Le , une riposte israélienne sur un fortin jordanien de Qalqilya fait 70 à 90 morts côté jordanien et 18 morts et 68 blessés côté israélien[21]. Le , premier jour de la campagne du Sinaï, à Kafr Qassem, la police des frontières israélienne massacre une cinquantaine de paysans arabes israéliens qui n'ont pu être avertis du couvre-feu imposé en vue d'une éventuelle attaque jordanienne.

Rapprochement franco-israélien[modifier | modifier le code]

Dès la fin 1954, sous l'impulsion de Shimon Peres et malgré l'opposition du Quai d'Orsay, Israël négocie les premiers gros contrats d'armement avec la France qui cherche à faire payer à Nasser son soutien indéfectible à l'insurrection algérienne[21]. En , le département d'État américain lève l'embargo sur l'armement à destination d'Israël : la France peut livrer à l'État hébreu ses trois premiers Mystère IV en . Durant les semaines suivantes, douze autres Mystère IV, des chars et des camions sont livrés à Israël, tandis que les services secrets israéliens fournissent aux Français des messages codés échangés entre l'Égypte et les chefs du FLN[21]. Dans les jours précédant la campagne du Sinaï, la France, devenue le principal fournisseur d'armes d'Israël, signe un accord avec l'État hébreu pour la construction d'un réacteur nucléaire à Dimona et pour la fourniture de l'uranium qui lui est nécessaire[21].

Cette idylle « franco-israélienne » est confirmée en 1960 quand le général de Gaulle s'adresse à Ben-Gourion, en visite officielle à Paris, en évoquant ainsi Israël : « notre ami, notre allié ». Mais déjà, le ministre des Affaires étrangères, Maurice Couve de Murville, demande aux Israéliens d'interrompre la construction de la centrale nucléaire de Dimona et rappelle à Paris le pro-israélien ambassadeur de France en Israël Pierre-Eugène Gilbert[22].

Crise du canal de Suez et campagne du Sinaï[modifier | modifier le code]

Canon égyptien sur le détroit de Tiran - Photo prise pendant l'occupation israélienne du Sinaï ()

Le , le colonel Nasser annonce la nationalisation de la Compagnie internationale du canal de Suez — dont Britanniques et Français sont les principaux actionnaires —, entraînant ainsi un rapprochement franco-britannique pour mener une riposte militaire[21]. Le , la France, le Royaume-Uni et Israël concluent un accord secret à Sèvres pour prendre le contrôle du canal.

Entre le et le , l'armée israélienne — sous les ordres de Moshe Dayan, dont les objectifs sont la destruction de bases de fedayin de la bande de Gaza et la liberté de navigation dans le détroit de Tiran — conquiert successivement El-Arich et Rafah, puis Khan Younès et Gaza, enfin Charm el-Cheikh. L'armée parvient finalement, d'une part à prendre le contrôle du détroit de Tiran[23] — et à permettre sa réouverture à la navigation —, d'autre part à stationner à moins d'une vingtaine de kilomètres du canal de Suez[24]. Quatre mille militaires égyptiens sont capturés. Le , les parachutistes français et britanniques s'emparent de l'aérodrome de Port-Saïd et de Port-Fouad, mais les Américains, les Soviétiques et l'Assemblée générale de l'ONU imposent un cessez-le-feu qui prend effet le . Britanniques et Français retirent leurs troupes en et les Israéliens retirent les leurs le [24]. Les Casques bleus s'installent à la frontière égypto-israélienne et à Charm el-Cheikh[25].

La campagne du Sinaï renforce l'aversion des Arabes envers Israël qui voient une ignominie dans la victoire des soldats juifs. On assiste alors à une réédition ininterrompue en arabe des Protocoles des sages de Sion et de Mein Kampf, et l'extermination de six millions de Juifs devient une affabulation pour les Arabes, pour qui l'« organisation satanique mondiale des Sages de Sion » explique la défaite arabe[24].

Retraite de David Ben Gourion[modifier | modifier le code]

En 1963, David Ben Gourion, alors âgé de soixante-dix-sept ans, est auréolé de ses derniers succès : la guerre de 1956, sa réélection en 1959, le procès Eichmann et ses voyages internationaux réussis aux États-Unis et en France. Il gouverne en s'appuyant sur sa « jeune garde » et se heurte par là à l'hostilité des dirigeants du Mapaï plus âgés, tels Levi Eshkol ou Golda Meir. Son entêtement à vouloir mener en justice l'ancien ministre Lavon exacerbe ses opposants ainsi que la presse, de gauche comme de droite. Le , David Ben Gourion se retire de la vie politique et s'installe définitivement au kibboutz Sde Boker, dans le Néguev. Levi Eshkol, qui appartient au Mapaï, devient Premier ministre[26]. En 1965, Ben Gourion crée un parti dissident du Mapaï, le Rafi, autour de personnalités qui lui sont fidèles, telles que Moshe Dayan, Shimon Peres, Chaim Herzog et Teddy Kollek[27], mais ce parti rejoint le Mapaï dès 1968. David Ben Gourion meurt le .

Naissance de l'OLP et première opération du Fatah[modifier | modifier le code]

En , lors du sommet arabe réuni au Caire, Nasser fait accepter la participation d'une délégation palestinienne permanente conduite par Ahmed Choukairy. L'Organisation de libération de la Palestine (OLP), placée sous la présidence de Choukairy, est fondée à Jérusalem le et se dote d'une armée de libération de la Palestine intégrée aux armées arabes, mais jamais présente sur le champ de bataille, ainsi que d'une charte nationale préconisant la liquidation d'Israël et niant l'existence du peuple juif[28].

Le , le Fatah de Yasser Arafat, indépendant de l'OLP, lance à partir de la frontière jordanienne son premier raid contre Israël. L'existence de ces deux organisations séparées reflète l'opposition entre, d'une part la Syrie — qui prône une guerre de libération populaire et soutient le Fatah —, d'autre part l'Égypte de Nasser, opposée aux régimes baasistes syriens et irakiens[28].

Guerre des Six jours[modifier | modifier le code]

Les conquêtes de la guerre des Six jours (167)
Célèbre photographie de trois parachutistes israéliens devant le mur des Lamentations à Jérusalem lors de la guerre des Six Jours, par le photographe David Rubinger (7 juin 1967)

Le , à l'instigation de Moscou, l'Égypte et la Syrie signent un accord de défense mutuelle[29]. Le , l'URSS informe la Syrie de la concentration de onze divisions israéliennes sur sa frontière, information que les Syriens ne peuvent confirmer au chef d'état-major égyptien. Malgré le démenti des Nations unies quant à la présence de troupes israéliennes le long de la frontière syrienne, Nasser ordonne à l'armée égyptienne de faire mouvement vers le Sinaï[30].

En , l'Égypte obtient du Secrétaire général de l'ONU U Thant le retrait des troupes de l'ONU du Sinaï et de Charm el-Cheikh où elles garantissent l'accès au golfe d'Aqaba, à la suite de quoi, le , les forces égyptiennes pénètrent dans le Sinaï. Le 23 mai, l'Égypte bloque l'accès au détroit de Tiran aux navires israéliens (route du sud essentielle à l'approvisionnement des Israéliens en pétrole) en imposant un blocus au port d'Eilat, ce qui rend caducs les accords internationaux sur les droits de passage dans le détroit, signés en 1957 par 17 puissances maritimes[31]. Israël considère cela comme un casus belli. L'alliance de l'Égypte avec la Syrie est complétée par des traités avec la Jordanie () et l'Irak ()[32]. Au nord d'Israël, l'artillerie syrienne bombarde inlassablement les localités de Haute Galilée. La propagande arabe, promettant de « jeter les Juifs à la mer » contribue à l'angoisse des Israéliens et des Juifs de la diaspora, mais aussi au complet soutien de cette dernière à Israël[33].

En Israël, le Premier ministre Levi Eshkol donne l'impression de ne plus avoir le contrôle de la situation. Finalement, sous la pression de l'opposition et notamment de Menahem Begin, Eshkol accepte de former un gouvernement d'union nationale dans lequel Moshe Dayan est ministre de la Défense et auquel participe Menahem Begin. Quant à la population, elle s'enfonce dans la peur et le désespoir, accentués par la décision du général de Gaulle de placer sous embargo toutes les livraisons d'armes françaises destinées au Moyen-Orient[34]. Pour Abba Eban, le ministre des Affaires étrangères, « le président de Gaulle avait placé Israël devant l'alternative « maintenant ou jamais ». Le choix ne pouvait être que maintenant. »[35]. En Égypte, la guerre est aussi jugée inévitable et, du Koweït au Maroc, en passant par l'Irak, la Libye, le Soudan et l'Algérie, on s'apprête à envoyer des corps expéditionnaires arabes dans le Sinaï et la bande de Gaza[35].

Le , arguant de l'imminence d'une attaque arabe, Israël lance préventivement une offensive éclair contre l'Égypte — menée par les généraux Moshe Dayan, ministre de la Défense, et Yitzhak Rabin, chef d'état-major — et appelle la Transjordanie à rester neutre. La Jordanie refuse et attaque Israël avec de l'artillerie lourde sur Jérusalem-ouest et la région de Tel Aviv. Le , Israël vainc l'armée jordanienne et prend le contrôle de tout Jérusalem (donc, du mur des Lamentations) et de la Cisjordanie. Le cessez-le-feu israélo-jordanien décidé par le Conseil de sécurité de l'ONU entre en vigueur le à 22 heures[36]. Le même jour, l'armée israélienne atteint Charm el-Cheikh et le lendemain, le canal de Suez. Le , tout le Sinaï est sous contrôle israélien[36].

Les Syriens continuant leurs bombardements, Tsahal monte à l'assaut du plateau du Golan le . Les troupes israéliennes arrêtent l'offensive syrienne le , dans la ville de Kuneitra[36].

Les aviations égyptienne, jordanienne et syrienne sont détruites en une journée. Au terme d'une guerre éclair de six jours et au prix de 759 morts et 3 000 blessés[32], Israël conquiert la Cisjordanie dont Jérusalem-Est, la bande de Gaza, le Golan (y compris la zone des fermes de Chebaa) et la péninsule du Sinaï[37]. La Palestine arabe avec ses 1 200 000 habitants passe sous contrôle israélien[36]. La guerre fait aussi 15 000 morts du côté égyptien, 800, du côté jordanien, et 500, du côté syrien[36]. 250 000 à 300 000 civils palestiniens, ainsi que 100 000 habitants du Golan grossissent les camps de réfugiés en Jordanie ou en Syrie[36].

Cette guerre et particulièrement l'angoisse qui l'a précédée soudent la diaspora autour d'Israël. La victoire assure son implantation dans la région. Mais elle transforme aussi notablement la perception d'Israël par les autres nations. Ce peuple de réfugiés toujours menacés dans leur existence devient pour beaucoup une puissance occupant des territoires fortement peuplés. L'URSS et la plupart des pays de l'Est rompent leurs relations diplomatiques avec Israël[36].

Le , la Knesset vote l'annexion de fait de la partie est de Jérusalem en adoptant une loi assurant la continuité des services publics des deux côtés de l'ancienne ligne de démarcation et en dissolvant la municipalité arabe le lendemain[38].

Conclusions diplomatiques[modifier | modifier le code]

Du au se tient le sommet arabe de Khartoum où Nasser et Ahmed Choukairy font adopter les trois « non » de Khartoum — « non » à la reconnaissance d'Israël, « non » à des négociations directes et « non » à la paix — assortis d'un seul « oui » (la création d'un État palestinien), enterrant ainsi toute possibilité de paix[39].

Le , le Conseil de sécurité des Nations unies adopte la résolution 242 qui préconise l'application des deux principes :

  • le retrait des forces armées israéliennes « des territoires occupés » (dans sa version en français) ou « from occupied territories »[40] (c'est-à-dire « de territoires occupés », dans sa version en anglais) au cours du récent conflit ;
  • la fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, le respect et la reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque État de la région et du droit de chacun d'eux de vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues, dégagées de toute menace ou tout acte de violence.

Le Conseil de sécurité affirme également la nécessité :

  • d'apporter une juste solution au problème des réfugiés ;
  • de garantir l'inviolabilité territoriale et l'indépendance politique de chaque État de la région, à travers diverses mesures telles que l'établissement de zones démilitarisées.

De 1967 à 1973 : du triomphe à la remise en question[modifier | modifier le code]

Dégagement de l'esplanade devant le Mur occidental ()

Après la guerre des Six Jours, les Israéliens et leur gouvernement sont persuadés de leur supériorité face aux armées arabes. Cette certitude est renforcée par l'échec de la guerre d'usure lancée par les Égyptiens. C'est ainsi que le gouvernement israélien devient aveugle à la fois aux efforts de paix du président Sadate, ainsi qu'à ses préparatifs militaires. La guerre du Kippour, lancée le par les Égyptiens, surprend donc Israël.

Reprise de l'immigration[modifier | modifier le code]

La victoire de 1967 entraîne immédiatement une reprise de l'immigration, avec, pour la première fois, un nombre important de ressortissants juifs issus des pays riches : entre 1968 et 1973, 34 000 Américains, 19 000 Français, 7 000 Britanniques s'établissent en Israël[39].

En 1968, débutent l'Alya de Juifs en provenance d'URSS et une série de procès antijuifs spectaculaires intentés en Russie, contre les « refuzniks » ou « prisonniers de Sion ». Les « Juifs du silence » d'URSS obtiennent le soutien de politiciens juifs et non-juifs en Europe occidentale. De plus, en , une conférence internationale tenue à Bruxelles appelle « au respect du droit inaliénable [des Juifs soviétiques] au retour dans leur patrie historique Israël ». Le Kremlin finit par céder et laisse partir 13 000 Juifs en 1971, 32 000 en 1972 et 33 000 en 1973, tout en leur demandant au préalable de rembourser le coût de leur formation scolaire[39]. En 1974, le Sénat américain adopte l'amendement Jackson-Vanik liant le développement du commerce américain avec l'URSS à l'assouplissement par l'URSS des règles d'attribution des visas de sortie à ses ressortissants[39].

Premières colonies israéliennes en Cisjordanie[modifier | modifier le code]

Dès , le gouvernement israélien lance le plan Allon qui préconise l'implantation de colonies dans les territoires occupés, particulièrement sur le Golan et dans la vallée du Jourdain, afin d'assurer la sécurité d'Israël. Avec, d'une part la montée en puissance du Goush Emounim, créé en 1974 par les disciples du rabbin Zvi Yehouda Kook[41], d'autre part l'arrivée au pouvoir en 1977 du parti de droite du Likoud, les colonies ou implantations se multiplient en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec le but pour les Juifs de se réapproprier la Terre d'Israël (Eretz Israël)[42]. En 2016, la population juive de la Judée et de la Samarie se rapproche des 400 000 personnes[43].

Montée en puissance de la résistance et du terrorisme palestiniens[modifier | modifier le code]

En , le Front populaire de libération de la Palestine revendique un attentat où périt un Israélien et où sont blessés une dizaine d'enfants. En représailles, le gouvernement israélien décide d'attaquer le camp de Karameh. Dans la bataille qui s'ensuit, des dizaines de soldats israéliens et plus d'une centaine de combattants palestiniens sont tués. Néanmoins, la résistance du Fatah est considérée comme un succès qui permet à Yasser Arafat, d'une part de faire adopter en 1968 une charte palestinienne niant toute revendication juive sur tout ou partie de la Palestine et prônant la lutte armée comme seule voie pour la libération de la Palestine, d'autre part de devenir le le chef de l'OLP[44].

À partir de 1970, les passagers juifs et israéliens des lignes aériennes deviennent la cible du terrorisme de l'air palestinien : le , une bombe fait exploser un avion de la Swissair à destination de Tel Aviv et fait 47 morts[45]. En , le FPLP détourne quatre vols avant de détruire les avions[45]. Le 8 mai 1972, un vol Vienne - Tel Aviv est détourné. L'intervention de Tsahal empêche les terroristes de mettre à exécution la destruction de l'appareil avec ses passagers[45]. Le , trois pirates japonais tuent 25 personnes (dont dix-sept pèlerins portoricains)[46] et en blessent 72 en tirant à l‘arme automatique sur les trois cents passagers qui viennent de débarquer à Lod, en Israël, d‘un appareil d‘Air France assurant la liaison Paris - Rome - Tel Aviv[45]. Le , onze athlètes israéliens sont abattus aux Jeux olympiques de Munich par des membres de l'organisation palestinienne Septembre noir.

Gouvernement Golda Meir et guerre d'usure[modifier | modifier le code]

Le , Levi Eshkol meurt du cancer et, après l'intérim de Yigal Allon, Golda Meir devient Premier ministre d'Israël. Elle gouverne en s'appuyant sur un nombre restreint de ministres et conseillers et reste très pessimiste quant aux chances de paix avec les pays arabes[47].

Guerre d'usure[modifier | modifier le code]

Les hostilités avec l'Égypte reprennent dès le , lorsqu'une vedette égyptienne coule le croiseur israélien Eilat, causant la disparition d'une cinquantaine de marins israéliens, ce à quoi Israël réplique en incendiant raffineries et réservoirs de carburant près de Suez[48]. En juin, puis en , l'artillerie égyptienne bombarde les positions israéliennes, faisant une quinzaine de morts, du côté de l'État hébreu. En réaction, Israël fait sauter des ponts sur le Nil, ainsi qu'une centrale électrique, puis construit une ligne de fortifications le long du canal de Suez — la ligne Bar-Lev, parfois surnommée la « ligne Maginot » israélienne[48].

Le , peu de temps après la mort de Levi Eshkol et avant même que Golda Meir lui succède officiellement, Nasser lance la guerre d'usure en annonçant publiquement que l'Égypte n'est plus liée par l'armistice de . L'armée égyptienne harcèle l'armée israélienne le long du canal de Suez y faisant deux-cents morts et blessés. Les Israéliens répliquent, et en , la plupart des batteries anti-aériennes égyptiennes sont détruites[48].

À la suite de ce revers, les Égyptiens recherchent et obtiennent le soutien militaire de l'URSS. Celle-ci dépêche alors deux-cents pilotes et des milliers de techniciens et de conseillers militaires que les Israéliens affrontent directement. Inquiets de ces derniers développements, les Américains présentent le le « plan Rogers » — du nom de William P. Rogers, le secrétaire d'État américain. Ce plan est rapidement accepté par les Égyptiens et les Jordaniens, puis par les Israéliens le , au prix de la démission du gouvernement de Menahem Begin et de quatre de ses collègues. Les hostilités cessent le [48].

Septembre noir[modifier | modifier le code]

À la suite de trois détournements aériens vers un aéroport désaffecté jordanien, et alors que le Fatah ne cache pas son intention de renverser le régime jordanien, le roi Hussein lance ses unités de Bédouins contre le Fatah et le FPLP, faisant des centaines de morts dans les camps de réfugiés. Les Palestiniens proclament alors Irbid capitale de la république de Palestine. L'armée syrienne commence à intervenir au secours des Palestiniens au nord de la Jordanie, mais Israël met ses troupes en alerte et l'armée syrienne se retire. Nasser convoque un sommet arabe extraordinaire le 27 septembre 1970 au Caire, au cours duquel Arafat et Hussein de Jordanie signent un cessez-le-feu stipulant le désarmement des commandos palestiniens et leur retrait de Jordanie. Épuisé par la longueur des débats et la maladie, Nasser meurt le lendemain. Anouar el-Sadate lui succède. Quant à Yasser Arafat, il se retire au Liban où il établit le Fatah[44].

Panthères noires[modifier | modifier le code]

Au printemps 1971, inspirés par les événements de en France et par le mouvement des Black Panthers aux États-Unis, les Panthères noires, groupe de jeunes gens issus des familles pauvres marocaines et d'étudiants gauchistes, provoquent de violentes manifestations à Jérusalem et dénoncent la « ségrégation » dont souffre le « second Israël » en matière de logement, d'éducation et d'emploi. Si le mouvement des Panthères noires disparaît rapidement, ses revendications inspirent le parti de Menahem Begin qui séduit l'électorat séfarade à partir de 1973[49].

Création du Likoud[modifier | modifier le code]

Sous l'impulsion d'Ariel Sharon qui a alors quitté l'armée, est créé un nouveau parti, le Likoud, qui fédère différents partis de droite, dont le Gahal de Menahem Begin, qui en devient le chef[50].

De la guerre du Kippour à la chute des travaillistes[modifier | modifier le code]

Guerre du Kippour et remplacement de Golda Meir par Yitzhak Rabin[modifier | modifier le code]

Golda Meir (1973)

En 1971, Sadate demande à Israël de se désengager partiellement du Sinaï et de se retirer à 40 kilomètres du canal de Suez afin de permettre la réouverture de celui-ci. Malgré le soutien de Dayan, cette proposition est rejetée par le gouvernement israélien à cause de désaccords en son sein[51], ce qui amène le président égyptien à mener une campagne de désinformation pour faire croire qu'il n'a ni la volonté, ni la possibilité de lancer une nouvelle guerre contre Israël[52].

Le , jour de la fête du Kippour, la plus importante du calendrier juif (date choisie par Sadate et Assad, dès la mi-)[50], l'Égypte et la Syrie lancent par surprise une offensive coordonnée contre Israël : l'Égypte attaque par le Sinaï, et la Syrie, par le plateau du Golan — site contrôlant le lac de Tibériade et toutes les ressources en eau du Nord d'Israël. Surprise, l'armée israélienne est d'abord mise en difficulté, mais à partir du , elle contre-attaque victorieusement sur le front syrien, jusqu'à menacer Damas[53]. Sur le front égyptien, à partir du , elle repousse les assaillants grâce à un ravitaillement en munitions fourni par un pont aérien américain. En progressant rapidement dans le Sinaï, l'armée égyptienne se trouve séparée de son ravitaillement : Israël profite de cette situation pour reprendre l'initiative, grâce au général Sharon qui fait couper les arrières de l'armée égyptienne en envoyant ses hommes, le , de l'autre côté du canal[53]. L'armée égyptienne est alors contrainte à la reddition. La Syrie poursuit la guerre avec l'espoir de récupérer le reste du Golan, mais sans résultat.

Le , l'ONU adopte la Résolution 338, qui réaffirme la validité de la Résolution 242, adoptée en 1967 pendant la guerre des Six Jours, et appelle toutes les parties en conflit (l'Égypte, la Syrie, Israël et la Jordanie) à un cessez-le-feu immédiat et à des négociations en vue d'« instaurer une paix juste et durable au Moyen-Orient ».

Les combats cessent le et, à l'instigation du secrétaire d'État américain Henry Kissinger, le cessez-le-feu israélo-égyptien est signé le au « kilomètre 101 » (c'est-à-dire à 101 kilomètres du Caire) par les généraux israélien Aharon Yariv et égyptien Abdel Ghani el-Gamasy. Sur le front syrien, les combats s'interrompent quand les Israéliens sont à une quarantaine de kilomètres de Damas[54].

Des deux côtés, les pertes sont lourdes : plus de 2 500 morts et des milliers de blessés du côté israélien, 12 000 morts égyptiens, 3 000 morts syriens et des dizaines de milliers de blessées égyptiens ou syriens. C'est un échec politique israélien qui met en exergue l'immobilisme du Premier ministre Golda Meir et l'arrogance du ministre de la Défense Moshe Dayan. La crise qui s'ensuit entraîne le la démission de Golda Meir et son remplacement par Yitzhak Rabin le , malgré la candidature de Shimon Peres. À plus long terme, cette crise de confiance est à l'origine de la chute du parti travailliste[54] en 1977. Toutefois, cette guerre montre aussi aux Arabes que les Israéliens sont vulnérables et efface en quelque sorte l'humiliation de la guerre des Six Jours, ce qui permet l'ouverture de négociations de paix.

Immigration d'Union soviétique et des anciennes républiques soviétiques[modifier | modifier le code]

À partir de 1968 — particulièrement durant les années 1970, et à nouveau durant les années 1990 après la chute de l'Union soviétique —, Israël doit faire face à une transformation démographique capitale avec l'arrivée des immigrants russes. En Union soviétique, les Juifs sont alors confrontés à un antisionisme qui confond volontiers sionisme et judaïsme[55]. Cette situation incite des centaines de milliers de Juifs à quitter l'URSS. En 1973, un premier pic est atteint où 34 000 Juifs arrivent en Israël. Cette immigration diminue dans les années 1980 quand l'URSS ferme ses portes, pour reprendre avec encore plus de vigueur lors de la perestroïka et de la chute de l'Union soviétique. Si les Juifs ashkénazes d'Europe centrale sont imprégnés de culture juive, si les Juifs sépharades du monde arabe sont souvent très religieux, les Juifs soviétiques — qui pour bon nombre d'entre eux préféreraient émigrer aux États-Unis sans les restrictions à l'immigration imposées par ces derniers[55] — n'ont souvent aucune culture juive ou sont même non-Juifs, puisque Israël admet conjoints et enfants non-Juifs de Juifs. En tout, jusqu'à 2010, plus de 1 200 000 personnes venues de l'ancienne Union soviétique immigrent en Israël, soit plus d'un tiers de toute l'immigration vers l'État hébreu[56]. Mais l'apport de l'immigration russe est capital pour Israël. Dans les années 1990, les autorités israéliennes prennent conscience de la très haute valeur de ces nouveaux citoyens qui constituent une main-d'œuvre qualifiée et favorisent avec un succès impressionnant la création de start-up technologiques. C'est ainsi qu'Israël devient l'un des pays au monde à la plus forte concentration de telles sociétés, l'un des moyens-clés de cette réussite étant le lancement d'un programme d'incubateurs technologiques, structure où les nouveaux entrepreneurs reçoivent un soutien financier, technique et managérial pendant deux ans[57].

En 2018, l'immigration en provenance de l'ancienne URSS reste significative, puisque cette année-là, Israël accueille plus de 10 500 immigrants russes et 6 500 immigrants ukrainiens[58].

Recrudescence du terrorisme palestinien et défaites à l'Organisation des nations unies[modifier | modifier le code]

Le , un attentat terroriste à Kiryat Shmona commis par un commando du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) d'Ahmed Jibril fait dix-huit morts[59], dont neuf enfants. Un mois plus tard, le , alors que 90 élèves environ sont pris en otage à Ma'alot, vingt-et-un enfants sont tués par les terroristes lors de l'intervention de l'armée pour les libérer[60].

En , le sommet arabe de Rabat reconnaît l'OLP comme unique représentant légitime du peuple palestinien[60]. Grâce à cette reconnaissance arabe, Arafat monte le à la tribune de l'ONU revolver à la hanche pour y déclarer : « je suis venu porteur d'un rameau d'olivier et d'un fusil de combattant de la liberté. Ne laissez pas le rameau d'olivier tomber de ma main. Je le répète : ne le laissez pas tomber de ma main. »[61].

Bien que les attentats en Israël continuent, causant des dizaines de morts, l'État hébreu voit le sionisme assimilé au racisme et à la discrimination raciale par la résolution 3379 de l'Assemblée générale des Nations unies adoptée le [60], qui ne sera annulée que le par la résolution 46/86.

Du au , la centaine d'otages juifs et israéliens, ainsi que l'équipage français, capturés par un commando terroriste germano-palestinien à bord d'un avion d'Air France et retenus à l'aéroport d'Entebbe en Ouganda, sont délivrés par un raid de l'armée de l'air israélienne. Le commandant de l'opération, Yonatan Netanyahou, est tué durant l'intervention, ainsi que trois otages.

Politique des « petits pas » de Henry Kissinger[modifier | modifier le code]

Malgré les rivalités entre Yitzhak Rabin et Shimon Peres et l'opposition des militants du Goush Emounim, le secrétaire d'État américain Henry Kissinger parvient à faire adopter un accord intérimaire entre l'Égypte et Israël signé le , par lequel, dans le Sinaï, les Israéliens se retirent à l'est des cols de Giddi et de Mitla et restituent aux Égyptiens les puits de pétrole de la région[62].

Chute de Rabin et du parti travailliste[modifier | modifier le code]

Après quinze ans de croissance continue du PIB de 10 % par an, celle-ci recule à 3 % par an entre 1973 et 1977, se limitant même à 1 % par an en 1976, quand les dépenses militaires qui plafonnaient à 8,7 % du PIB en 1966 atteignent 32,8 % entre 1973 et 1976, de façon à prendre en compte l'un des enseignements de la guerre du Kippour, à savoir augmenter les effectifs de l'armée et améliorer son armement. Ces choix politiques entrainent une inflation galopante — jusqu'à 36 % en 1976 — et donc, une chute nette du niveau de vie, alors que le pays connaît de multiples scandales financiers[60].

De plus, Yitzhak Rabin, Premier ministre, et Shimon Peres, ministre de la Défense, s'opposent fortement quant à la politique à suivre en Cisjordanie. Rabin est encore attaché à l'option jordanienne, quand Peres y organise des élections municipales qui balayent les élus proches du pouvoir hachémite[63]. Le Premier ministre est aussi affaibli par des scandales financiers qui touchent jusqu'au candidat aux fonctions de gouverneur de la Banque d’Israël. Par ailleurs, la rupture avec le Parti national religieux ayant contraint le gouvernement à démissionner, de nouvelles élections sont programmées pour le [64]. De plus, Rabin doit reconnaître que son épouse a conservé un compte en dollars aux États-Unis après qu'il a quitté son poste d'ambassadeur à Washington, ce qui est contraire à la loi israélienne.

Les élections législatives entraînent la chute du parti travailliste — après près de 50 ans à la tête du mouvement sioniste et de l'État d'Israël — et l'arrivée au pouvoir du Likoud de Menahem Begin. C'est une « révolution » selon le mot du présentateur de la télévision israélienne[64].

Gouvernement Menahem Begin : accords de Camp David et guerre au Liban[modifier | modifier le code]

article détail

Israël et les territoires annexés (Golan et Jérusalem-Est)) ou sous contrôle israélien (Bande de Gaza et Cisjordanie), après la restitution du Sinaï à l'Égypte
Moshe Dayan (1978)

Les élections de 1977 révèlent que le bloc de droite et du centre est devenu largement majoritaire dans tout le pays, particulièrement parmi les Séfarades des quartiers populaires et des villes de développement[65]. Begin fait entrer dans son gouvernement, Moshe Dayan comme ministre des Affaires étrangères, ainsi que des députés ultraorthodoxes[66].

Accord de Camp David et paix avec l'Égypte[modifier | modifier le code]

Le , Hassan II reçoit Moshe Dayan, puis douze jours plus tard, organise une rencontre à Rabat entre ce dernier et le ministre égyptien des Affaires étrangères Hassan Touhami[66].

Les Américains veulent faire participer les Soviétiques au processus de paix, ce que ne souhaite pas Anouar el-Sadate, après les avoir chassés d'Égypte. C'est alors que le , le président égyptien surprend le monde entier en annonçant, devant le Parlement égyptien, devant certains de ses ministres et devant Yasser Arafat[66], qu'il est prêt à se rendre en visite officielle à Jérusalem pour convaincre les Israéliens de sa volonté de paix. Dès le , Begin fait savoir au peuple égyptien qu'il accueille favorablement cette initiative et, le , le Premier ministre d'Israël fait parvenir une invitation au président égyptien[67]. Du 19 au , Sadate effectue un séjour en Israël durant lequel il se rend à la mosquée al-Aqsa et à Yad Vashem, rencontre Golda Meir et prononce un discours à la Knesset[68]. Le discours de Sadate et celui de Begin qui lui répond sont d'une « intransigeance » totale, mais brisent l'« impasse » qui existait jusqu'alors[69].

Le , un commando de l'OLP venant du Liban débarque sur une plage israélienne et s'empare d'un car sur la route de Tel-Aviv. L'attentat connu comme le Massacre de la route côtière, destiné à faire capoter les pourparlers égypto-israéliens, fait 38 victimes israéliennes et 71 blessés[70]. L'armée israélienne lance l'opération Litani en envahissant alors le sud du Liban jusqu'au fleuve Litani pour y détruire l'infrastructure de l'OLP. Sous la pression de l'ONU, elle arrête son offensive au bout d'une semaine. L'ONU installe alors la FINUL pour veiller au cessez-le-feu, alors que les Israéliens cèdent le contrôle de la région à l'Armée du Liban sud du major Saad Haddad[70].

Le gouvernement israélien est divisé entre, d'une part les partisans de la construction de nouvelles implantations en Cisjordanie, comme Ariel Sharon, d'autre part les opposants à cette politique, comme Ezer Weizman, le ministre de la Défense. Fatigué physiquement, Menahem Begin, après quelques hésitations, reconnaît qu'à la suite de la visite de Sadate à Jérusalem, une partie de la population israélienne espère la paix. Ainsi naît, en , le mouvement « La Paix maintenant » (en hébreu, שלום עכשיו - « Chalom Akhchav »), à la suite d'une pétition lancée par des soldats et des officiers inquiets de la lenteur des négociations israélo-égyptiennes[70].

Finalement, Jimmy Carter et son secrétaire d'État Cyrus Vance convoquent Begin et Sadate à Camp David le . Après douze jours de négociations, l'accord-cadre de Camp David est signé le , qui prévoit l'évacuation totale du Sinaï par Israël et mentionne « les droits légitimes du peuple palestinien et ses justes revendications »[71],[72].

Le , Anouar el-Sadate et Menahem Begin signent le traité de paix israélo-égyptien qui confirme le retrait israélien du Sinaï et la reconnaissance de l'État d'Israël par l'Égypte. Conformément au traité, Israël se retire du Sinaï en . L'évacuation de l'implantation de Yamit ne va pas sans quelque résistance de ses habitants. Seule, la station balnéaire de Taba reste sous le contrôle israélien jusqu'en 1989[73].

Pour leur implication dans ces négociations, Anouar el-Sadate et Menahem Begin reçoivent le prix Nobel de la paix en 1978. Du 26 au , le président israélien Yitzhak Navon fait une visite officielle en Égypte[74]. Mais le , Anouar el-Sandate est assassiné au Caire par des membres d'un groupe islamiste et le , Moshe Dayan, l'un des principaux négociateurs israéliens des accords de paix, meurt d'un cancer[75].

Crise financière et bilan social positif[modifier | modifier le code]

À la suite de la libéralisation de l'économie par le gouvernement du Likoud qui met ainsi fin à 30 ans de socialisme, le pays connaît une inflation galopante (qui atteint les 132,9 % en 1980) et un déficit record de la balance des paiements. Le gouvernement met alors en place une politique d'austérité qui ne connaît guère de succès. Le , le shekel remplace la livre israélienne comme unité monétaire — un shekel vaut 10 livres israéliennes. Un nouveau ministre des finances, Yoram Eridor, met en place une politique favorisant la consommation avec la baisse de la TVA et celle des tarifs douaniers. L'inflation atteint alors les 200 % en 1982[75].

La scolarité devient obligatoire jusqu'à 16 ans et gratuite jusqu'à 18 ans, ce qui augmente de 50 % le nombre de bacheliers. Une vaste opération de rénovation des quartiers est lancée et une pension vieillesse universelle est mise en place[75].

Second gouvernement Begin[modifier | modifier le code]

Alors que les sondages d'opinion laissaient entrevoir la victoire de Shimon Peres et du parti travailliste, le succès complet de la destruction, opérée le , du réacteur nucléaire irakien Osirak — acheté par Saddam Hussein à la France —, permet à Menahem Begin de remporter les élections législatives du [76].

Au Liban, les chrétiens des Phalanges dirigées par Bachir Gemayel et soutenues par Menahem Begin s'opposent de plus en plus violemment aux forces syriennes de Hafez el-Assad, tandis que les Palestiniens du Sud-Liban multiplient les attaques contre le nord d'Israël[77]. Un cessez-le-feu israélo-palestinien entre en vigueur le .

Le , Israël proclame l'annexion du Golan au travers de la « loi du plateau du Golan », ce qui entraine la suspension de l'accord de coopération israélo-américain[76].

En , sous l'impulsion du ministre de la défense Ariel Sharon et conformément aux accords de Camp David, les colonies israéliennes du Sinaï sont démantelées et Yamit est même rasée[76].

Guerre au Liban[modifier | modifier le code]

Le , à l'instigation du ministre de la Défense, Ariel Sharon, Israël déclenche « l'opération Paix en Galilée », dont l'objectif annoncé est de placer la Galilée hors de portée des canons palestiniens en repoussant les forces de l'OLP à plus de 40 km de la frontière israélienne. Les Israéliens rencontrent l'opposition de l'OLP et de l'armée syrienne. Le 9 juin, l'armée de l'air israélienne détruit l'ensemble des batteries de missiles sol-air syriennes, lors de l'opération Mole Cricket 19[78]. La Syrie signe un cessez-le-feu le [79]. À l'initiative d'Ariel Sharon — qui n'informe pas systématiquement le Premier ministre et dont la popularité diminue dans l'armée et dans l'opinion[80] —, l'armée israélienne met le siège devant Beyrouth-ouest de façon à obtenir la reddition des 15 000 miliciens palestiniens qui s'y trouvent[80]. Finalement, les troupes de l'OLP sont évacuées du Liban sous protection américano-franco-italienne à partir du [80] et leur commandement s'établit en Tunisie[81]. Après l'élection à la présidence de la république libanaise le de Bachir Gemayel, partisan de la paix avec Israël, puis son assassinat le par un membre du Parti social nationaliste syrien, les phalangistes chrétiens massacrent, du 16 au , des centaines de civils palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila, situés dans une zone du Liban contrôlée par l'armée israélienne. Selon les Israéliens, il y aurait eu 700 à 800 victimes et 2 000 à 3 000 selon le Croissant-Rouge palestinien[82]. Le massacre suscite une très forte émotion dans le monde et particulièrement en Israël où 400 000 personnes manifestent pour obtenir une commission d'enquête. Celle-ci, en , blâme Begin, Sharon et d'autres membres du gouvernement et de l'armée. Sharon est contraint de démissionner[82].

Le bilan final des opérations est très lourd avec, au , près de 18 000 morts syro-libano-palestiniens et 657 morts israéliens, selon An Nahar[83].

Le , Begin démissionne et les soldats israéliens se retirent de Beyrouth pour s'installer à 30 kilomètres au sud de la rivière Awali. À leur place, s'installent l'armée syrienne, des milices islamiques et le Hezbollah. Ce dernier, le , mène un attentat-suicide qui fait soixante morts au QG de l'armée israélienne, à Tyr[82],[84].

Si l'invasion du Liban a permis le retrait des Palestiniens du Sud-Liban et l'affaiblissement temporaire de l'armée syrienne, cette dernière, après le retrait israélien de 1983, a pu prendre le contrôle de la plus grande partie du Liban et ce, jusqu'à l'évacuation du Liban par l'armée syrienne en 2005, à la suite de l'attentat contre Rafiq Hariri.

Gouvernements Shamir et Peres : tournant économique, arrivée des Juifs d'Éthiopie, intifada et recherche de la paix[modifier | modifier le code]

Le , le nouveau chef du Likoud Yitzhak Shamir est investi comme Premier ministre. Mais devant l'aggravation de la situation au Liban, la fermeture de la bourse, l'arrêt des ventes de devises étrangères et l'inflation galopante, de nouvelles élections législatives sont organisées le [73]. Menés par Shimon Peres, les travaillistes obtiennent le plus grand nombre de sièges, mais aucune majorité ne se dégage et un gouvernement d'union nationale est formé pour permettre la résolution de la crise économique et la sortie des troupes israéliennes du Liban. Shimon Peres et Yitzhak Shamir instituent alors le système de la rotazia par lequel le second succède au premier au bout de deux ans. Shimon Peres devient donc Premier ministre, Yitzhak Rabin, ministre de la Défense, et Yitzhak Shamir, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères[73]. Le , conformément à cet accord — et bien que Peres soit alors au sommet de sa popularité —, Peres et Shamir échangent leurs rôles, ce dernier redevenant Premier ministre[73].

La première tâche que s'est fixée Shimon Peres, l'évacuation du Liban, est achevée en sous la direction de Rabin — à l'exception d'une bande de 869 km2, le long de la frontière avec Israël, laissée sous le contrôle de l'armée du Liban sud du général libanais Antoine Lahd[73].

Tournant économique en 1985[modifier | modifier le code]

Selon l'OCDE, jusqu'en 1977 — année de l'arrivée du Likoud au pouvoir —, l'économie israélienne est marquée par la très forte influence des syndicats (fédérés dans la Histadrout) et par un engagement capitalistique important de l'État : les secteurs de l'énergie et des télécommunications sont entièrement nationalisés, d'autres, partiellement[85]. Or, après la guerre du Kippour, l'économie sombre : en 1975, le fardeau militaire représente pas moins de 35 % du produit intérieur brut du pays. Malgré la première réforme monétaire de 1978 qui voit l'introduction du shekel, Israël entre également dans une période d'hyperinflation, celle-ci atteignant jusqu'à 600 % en 1984, tandis que les déficits annuels équivalent à 10 à 15 % du PIB par année[6]. Les banques commerciales doivent être nationalisées[85]. Entre le et le , le gouvernement de Shimon Peres présente à la Knesset et à la Histadrout un programme audacieux de stabilisation économique, dans le but de doter Israël d'une économie de marché[73]. Salaires et prix sont gelés. Le , est introduit le nouveau shekel, dont le taux de change est tout d'abord fixe par rapport au dollar[85] et qui vaut 1 000 shekels. Les dépenses publiques font l'objet de coupes claires. Les États-Unis apportent une aide de 1,5 milliard de dollars[85]. Ce programme de stabilisation économique, accompagné de réformes structurelles efficaces, permet de réaliser des progrès considérables sur le front de la stabilisation macroéconomique[73]. Les résultats de ce programme, combinés à la très forte immigration en provenance de l'ancienne Union soviétique sont spectaculaires : l'inflation annuelle retombe à 20 % dans les années 1980 et la dette publique passe de 260 % à 147 % du PIB en trois ans[73], puis à 85 % en 2008 ; de plus, la même année, ce PIB est de 22 000 $ par habitant. À partir de 1996, les banques peuvent être à nouveau privatisées[85]. L'inflation a presque disparu. En 2008, elle ne dépasse pas 2 % par an depuis huit ans, tandis que le taux de chômage est de 7,6 % et que la croissance de l'économie oscille autour de 5 %[6]. Ce taux de croissance est atteint notamment au prix d'un développement des inégalités qui frappent particulièrement la population arabe[6].

L'immigration des Juifs d'Éthiopie[modifier | modifier le code]

Juifs d'Éthiopie au Mur occidental (2008)

En 1984 et en 1991, Israël lance deux opérations importantes, les opérations Moïse[86] et Salomon[87], pour sauver les Juifs éthiopiens — souvent appelés « Beta Israël » quand il s'agit de personnes de religion juive ou de « Falashas » quand il s'agit de Juifs convertis de force au christianisme[88] — menacés par la famine et les transférer dans l'État hébreu. En 1984, au prix de plusieurs milliers de morts, les Falashas fuient à pied l'Éthiopie pour le Soudan, dont la complicité permet l'établissement d'un pont aérien avec Israël. Du au , a lieu la première opération de sauvetage en masse des Juifs d'Éthiopie, l'opération Moïse, laquelle permet l'arrivée en Israël de 8 500 réfugiés, hommes, femmes et enfants.

Puis, entre le 24 et le , Israël lance la deuxième opération aérienne pour sauver les Juifs d'Éthiopie, l'opération Salomon, laquelle permet, en deux jours, le transfert vers Israël de plus de 14 500 réfugiés[89]. L'émigration des Juifs d'Éthiopie continue avec le transfert des Falashas, les Éthiopiens d'origine juive. En tout, plus de 95 000[90] immigrants sont venus d'Éthiopie jusqu'à 2010.

Une nouvelle opération d'immigration concernant 2 000 Juifs éthiopiens est lancée le avec un premier vol vers Israël pour 200 personnes, alors qu'un nouveau conflit interne déchire l'Éthiopie[91].

Première intifada et naissance du Hamas[modifier | modifier le code]

De 1985 à 1987, de graves incidents émaillent les relations israélo-palestiniennes : le , un raid de l'aviation israélienne sur le quartier général de l'OLP à Tunis fait 72 morts, dont douze Tunisiens. Six jours plus tard, un commando du Front de libération de la Palestine (qui appartient à l'OLP) prend le contrôle du paquebot italien Achille Lauro et tue dans sa chaise roulante un invalide américain Leon Klinghoffer, avant que les otages ne soient libérés[92].

Les Territoires palestiniens connaissent aussi une violente crise économique provoquée par le plan de stabilisation lancé par Shimon Peres. De plus, les mauvaises relations entre l'OLP et la Jordanie, ainsi que la crise du pétrole consécutive à la guerre irano-irakienne entraînent une diminution des envois de devises aux Palestiniens par la Jordanie et les pétromonarchies du Golfe. Le chômage palestinien explose, alors que 20 % seulement des diplômés des universités palestiniennes trouvent du travail[93].

Le éclate la première intifada ou « guerre des pierres », conflit dont la cause immédiate est un accident de la route où quatre Palestiniens sont tués par un camion israélien. C'est surtout la réponse à l'occupation israélienne de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Ni le gouvernement israélien, ni les chefs de l'OLP Yasser Arafat et Abou Jihad, ne comprennent alors la gravité des émeutes qui éclatent alors[93].

À la suite du déclenchement de l'Intifada, cheikh Yassine, chef de l'organisation — légalisée par Israël en 1978 — des Frères musulmans à Gaza, crée le Hamas (acronyme arabe pour Mouvement de résistance islamique), et le , lance son premier appel anti-Juif, avant même de publier la charte du Hamas qui dénonce les Juifs qui « règnent sur les médias mondiaux, les agences d'information, la presse, [etc. et qui sont] derrière la Révolution française, la révolution communiste », en s'appuyant sur Les Protocoles des Sages de Sion, considérés comme une preuve irréfutable. Pour le Hamas, la libération de la Palestine ne passe, ni par la négociation avec Israël, ni par l'intervention des Nations-Unies, mais par le Jihad[93],[Note 5].

La police, l'armée et le gouvernement israéliens sont surpris par la violence des émeutes, tandis que l'organisation La Paix maintenant, l'association pour la défense des droits de l'homme B'Tselem et des intellectuels juifs de la Diaspora critiquent les interventions des forces de l'ordre ou protestent contre celles-ci. Le , un commando de l'armée israélienne tue à Tunis Abou Jihad — l'adjoint de Yasser Arafat, inspirateur en 1978 du massacre de la route côtière — et le , cheikh Yassine est arrêté à Gaza[93]. Les émeutes palestiniennes entraînent un fort glissement à droite de l'opinion israélienne et accroît la popularité de petits partis extrémistes tels Tehiya, Moledet, Tsomet ou le Kach du rabbin Meir Kahane[93].

Le , un terroriste du Jihad islamique palestinien prend le volant d'un autobus assurant la liaison Tel Aviv - Jérusalem et le précipite dans un ravin entrainant la mort d'au moins 14 civils israéliens[96].

Ce conflit ne prend fin qu'avec les accords d'Oslo en . Durant l'intifada, sont morts 1 162 Palestiniens (dont 241 enfants) et 160 Israéliens (dont 5 enfants)[97]. Celle-ci a renforcé la position de l'OLP parmi les Palestiniens, mais a aussi contribué à la naissance du Hamas. L'image d'Israël a été durablement affectée par les reportages sur ce conflit opposant des militaires bien équipés à des manifestants lanceurs de pierres.

Recherche de la paix[modifier | modifier le code]

Depuis l'Intifada, le Likoud est de plus en plus persuadé que des discussions avec les Palestiniens sont indispensables, d'autant que le , le roi Hussein de Jordanie a pris la décision de rompre les liens administratifs et légaux qui unissaient la Cisjordanie à son royaume, ce qui constitue une « divine surprise » pour Yasser Arafat, lequel proclame le la naissance de l'État indépendant de Palestine, sur les bases de la Résolution 292 du Conseil de sécurité des Nations unies. Puis, en visite officielle à Paris, l'homme d'État palestinien annonce que la charte de l'OLP est « caduque », sans toutefois qu'il reconnaisse explicitement Israël. Shamir, qui a pu à nouveau former un gouvernement après les élections israéliennes de 1988, refuse toute négociation avec l'OLP, malgré les pressions américaines[93].

L'invasion du Koweït par l'armée irakienne de Saddam Hussein obtient le soutien de Yasser Arafat. Le , deuxième jour de l'opération Tempête du désert, Saddam Hussein lance ses fusées Scud sur Israël, suscitant des manifestations de joie parmi les Palestiniens et espérant une riposte israélienne qui entraînerait le soutien à l'Irak des pays arabes. Malgré les victimes israéliennes, Shamir décide de ne pas répliquer et les Américains installent des batteries anti-missiles Patriot[93].

Les États-Unis, inquiets de la haine anti-américaine naissant dans le monde arabe, à cause particulièrement de soldats chrétiens stationnant sur le sol sacré de l'Arabie saoudite, imposent la tenue d'une conférence internationale à Madrid en [93], en présence des Israéliens, et où les Palestiniens sont représentés par trois éminentes personnalités au sein de la délégation jordanienne. Si la conférence ne produit aucun résultat immédiat, elle permet cependant d'établir différentes commissions se réunissant à Washington et à Moscou, lesquelles — malgré leur échec en 1992[98] — préparent le terrain aux négociations des accords d'Oslo[93].

Dans les Territoires palestiniens, les adversaires des négociations de paix — le Hamas et le Jihad islamique, encouragés par l'Iran — n'hésitent plus à faire usage de leurs armes contre les militants de l'OLP, tandis que le soutien de Yasser Arafat à Saddam Hussein entraîne aussi l'arrêt de l'assistance financière à l'OLP de la part de l'Arabie et des Émirats arabes unis[93].

Nouveau gouvernement Rabin et accords d'Oslo[modifier | modifier le code]

En , Yitzhak Rabin reprend, aux dépens de Shimon Peres, la tête du parti travailliste qui remporte les élections législatives de . Rabin devient Premier ministre et nomme, malgré l'hostilité entre les deux hommes, Peres ministre des Affaires étrangères[98].

Signature des accords d'Oslo à la Maison Blanche (Rabin, Bill Clinton et Arafat)

Accords d'Oslo et du Caire[modifier | modifier le code]

Après l'échec des négociations de Washington et Moscou, de nouvelles négociations se tiennent discrètement à Oslo, à partir de , à l'insu de Rabin et d'Arafat, entre des représentants de Shimon Peres et de Mahmoud Abbas. Les principaux négociateurs sont le vice-ministre israélien des affaires étrangères Yossi Beilin et le représentant de l'OLP Ahmed Qoreï. Le , après une rencontre entre Arafat et Peres, puis un échange de lettres entre Arafat et Rabin, une « déclaration de principes » est annoncée le . L'accord prévoit que pour la première fois de leur histoire, les Palestiniens vont pouvoir prendre en main leur destin, d'abord à Jéricho et à Gaza, puis cinq ans plus tard, dans le reste des Territoires.

L'accord suscite une violente opposition, tout d'abord dans les pays arabes ou musulmans, comme la Syrie ou l'Iran, ensuite dans les organisations palestiniennes, telles que le FPLP et le FDLP, ainsi que dans les organisations islamistes comme le Hamas, le Hezbollah et le Jihad islamique. En Israël, les accords sont approuvés, aussi bien par la Knesset, après un débat très houleux, par 61 voix contre 50, que par l'opinion publique, malgré les critiques acerbes du nouveau chef du Likoud Benyamin Netanyahou[98].

Le , Yitzhak Rabin et Yasser Arafat signent les accords d'Oslo, à Washington, à la Maison-Blanche.

En , les accords d'Oslo valent le prix Nobel de la paix à Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat.

Recrudescence de la violence israélo-palestinienne[modifier | modifier le code]

Dans les deux mois qui suivent les accords d'Oslo, le Hamas multiplie les attentats en faisant 15 morts du côté israélien[98]. Le , Baruch Goldstein — un médecin résident de Kiryat Arba près d'Hébron et admirateur du rabbin Meir Kahane — tire à la mitraillette sur les fidèles musulmans du tombeau des Patriarches, en tue trente et en blesse une centaine. Au cours des émeutes qui s'ensuivent, trente musulmans tombent sous les balles des soldats israéliens[98].

Goldstein, qui est tué lors de l'attentat, trouve des soutiens parmi les milieux hassidiques. De peur de perdre sa majorité à la Knesset, Rabin se borne à interdire le mouvement Kach du rabbin Kahane et à incarcérer quelques militants. Le Hamas réplique en par les attentats d'Afoula et de Hadera qui font treize morts et plus de soixante-dix blessés[99].

Le , Yasser Arafat entre en héros à Gaza et rend rapidement visite à la famille du cheik Yassine. Les attentats du Hamas et du Jihad islamique se multiplient : Tel Aviv (), Beit-Lid près de Netanya ()[99], Ramat Gan ()[100] et Jérusalem ()[101],[98]. Ces attentats font une cinquantaine de morts et de multiples blessés.

Israël réplique par de nombreux bouclages de la bande de Gaza et par l'interdiction de l'entrée en Israël de nombreux travailleurs de Gaza, où le taux de chômage atteint 38 % en 1996.

Accords du Caire, traité de paix israélo-jordanien et accords d'Oslo II[modifier | modifier le code]

Le , malgré les attentats palestiniens et israélien, Rabin et Arafat signent les accords du Caire qui prévoient l'émergence d'une nouvelle institution, l'Autorité palestinienne, un organisme de 24 membres ayant pour mission de gérer les affaires civiles de la Cisjordanie et de la bande de Gaza[102],[98].

Malgré les propos d'Arafat — qui le évoque le Jihad pour la récupération de Jérusalem, puis qui compare les accords du Caire à un stratagème pour obtenir une trêve avant de reprendre plus tard le combat[98] —, Rabin ordonne à l'armée, le 14 mai, de se retirer de Jéricho, puis quelques jours plus tard, d'une partie de la bande de Gaza. Il rencontre ensuite secrètement le roi Hussein de Jordanie, auquel il promet de veiller aux intérêts hachémites sur les lieux saints musulmans de Jérusalem. Le est signé dans le Néguev un traité de paix israélo-jordanien — qui comprend une clause sur le partage de l'eau[103] — en présence du président des États-Unis Bill Clinton et du ministre russe des Affaires étrangères Andreï Kozyrev.

Pour essayer de contrer les attentats du Hamas, un nouveau texte, Oslo II, est approuvé par les deux camps le à Washington. Le nouvel accord prévoit le découpage de la Cisjordanie en trois zones :

  • la zone A, qui comprend les villes palestiniennes où les Palestiniens sont complètement autonomes, comme Gaza et Jéricho ;
  • la zone B, qui comprend les territoires où les pouvoirs sont partagés ;
  • la zone C, qui comprend la plus grande partie du territoire, désertique ou occupé par les implantations juives, et qui est contrôlée par les Israéliens.

Le sort de Jérusalem n'est toujours pas abordé[98].

Assassinat d'Yitzhak Rabin et nouveau gouvernement Peres[modifier | modifier le code]

La publication de ces accords entraîne, à l'égard du Premier ministre Yitzhak Rabin, de violentes injures de la part des médias d'extrême droite et des habitants des implantations juives de Cisjordanie. Des rabbins lancent aux soldats des appels à la sédition. Le , la Knesset approuve les accords par une seule voix de majorité, et le soir même, Rabin est traité de « nazi » lors d'une manifestation à Jérusalem, en présence de Netanyahou, Sharon et Katsav. Pour soutenir l'action de Rabin et Peres, est organisée le une contre-manifestation qui rassemble plus de 100 000 personnes. C'est au sortir de cette manifestation qu'un étudiant religieux radicalisé Yigal Amir tire et abat le Premier ministre, plongeant le pays dans un « deuil immense »[98].

Shimon Peres redevient Premier ministre, mais perd rapidement sa popularité initiale au profit de Benyamin Netanyahou. En effet, après les meurtres, en du chef du Jihad islamique Fathi Shaqaqi, puis en , de Yahia Ayache — l'« artificier en chef » du Hamas, à l'origine d'attentats-suicides ayant fait une cinquantaine de morts et des centaines de blessés —, le Hamas lance une nouvelle campagne d'attentats-suicides à Jérusalem, Ashkelon et Tel Aviv, faisant une soixantaine de morts et des centaines de blessés[104]. Puis survient l'échec de l'opération Raisins de la colère, conçue pour faire taire les canons du Hezbollah qui bombardaient la Galilée et Kiryat Shmona, mais qui par une erreur de tir, fait 102 morts parmi les réfugiés du camp de Cana au Sud-Liban. Les élections législatives du sont remportées par Benyamin Netanyahou et le Likoud.

Essor démographique, technologique et économique et sécularisation[modifier | modifier le code]

De 1989 à 1996, un million d'immigrants de l'ex-Union soviétique sont accueillis en Israël, alors que le chômage baisse et que l'économie connaît une forte expansion — où le high-tech représente 70 % des exportations. Le président de la Cour suprême Aharon Barak fait prendre à celle-ci des décisions réduisant la place de la religion dans la société israélienne. C'est ainsi que la haute juridiction demande à l'administration, dans le cas des conversions au judaïsme pratiquées à l'étranger, d'admettre une définition libérale de l'identité juive. Elle permet également l'enregistrement des mariages entre « cohanim » et femmes divorcées, la diffusion de la télévision et diverses autres activités le samedi, ainsi que l'importation de viande non kasher. Toutes ces évolutions suscitent l'inquiétude des mouvements religieux[104].

Israël, société à facettes multiples[modifier | modifier le code]

Dès les années 1970, des auteurs de littérature, de théâtre ou de cinéma — tels Hanoch Levin, Meir Shalev ou Amos Gitaï — malmènent ce que leurs adversaires de droite appellent les « valeurs sacrées d'Israël ». Dans la presse, Gideon Levy, journaliste au journal de gauche Haaretz, critique systématiquement la politique israélienne à Gaza et en Cisjordanie, au point de faire perdre des centaines d'abonnés à son journal. Puis, ce sont les « nouveaux historiens », comme Benny Morris ou Ilan Pappé, qui, dans leur discours postsioniste, remettent en cause le rôle de Tsahal, des kibboutzim ou même de la centrale syndicale Histadrout, au point d'être accusés de mener une opération d'autodestruction et de suicide collectif de la nation par l'écrivain Ahaaron Megged (en)[105].

Allant encore plus loin dans leur désir de saper les fondements du fait israélien, les intellectuels de la gauche radicale reprennent l'argument de Hannah Arendt au lendemain du procès Eichmann, sur la banalité du mal et dénoncent le cynisme des élites sionistes qui, selon eux, ont justifié la création de l'État juif par l'exceptionnalité du massacre des Juifs par les Nazis. Même un écrivain de gauche comme Amos Oz est atterré par ces critiques, qui remarque que, lorsque les intellectuels français dénonçaient la politique de leur pays en Algérie, ou quand les intellectuels américains, celles des États-Unis au Viêt Nam, ils ne remettaient pas en cause le droit de leur pays à exister.

Inversement, l'arrivée au pouvoir de Menahem Begin permet le basculement à droite des formations religieuses, qui jusqu'alors soutenaient les gouvernements travaillistes, et qui désormais approuvent la colonisation des territoires, avec les partis ultra-orthodoxes ashkenaze, Agoudat Israel et séfarade Shas. Dans la vie israélienne, cette évolution se traduit par la multiplication des cercles d'études juives, par l'essor des mouvements hassidiques (comme les Loubavitch), et plus généralement, par une rejudaïsation succédant au sionisme séculier des pères fondateurs.

Cette vision binaire est pourtant fallacieuse : en 2012, 9,4 % des Israéliens se disent ultra-orthodoxes, 13,6 %, traditionalistes religieux, 22,6 %, traditionalistes non religieux, et 43,9 %, non religieux. Cette ambivalence se retrouve dans les institutions mêmes de l'État d'Israël où le judaïsme n'est « ni séparé de l'État, ni reconnu comme religion d'État »[106]. Cette ambivalence favorise l'intégration des Juifs séfarades, guère intéressés par le sionisme laïque et plus poussés par des motivations religieuses. Une elle situation est aussi reflétée par la statistique suivante : 92 % des Israéliens juifs posent une mezouzah à l'entrée de leur domicile, 92 % font circoncire leurs garçons, mais seulement 27 % ne voyagent pas pendant le shabbat et seuls 15 % se rendent quotidiennement à la synagogue[106].

Ashkénazes et Séfarades, inégalités sociales et discriminations[modifier | modifier le code]

Bien que des écarts socio-économiques importants subsistent toujours entre, d'une part les Séfarades, originaires d'Afrique et d'Asie, d'autre part les Ashkénazes, originaires d'Europe et d'Amérique, des progrès sensibles ont été réalisés par les premiers dans tous les domaines. Si les études montrent que l'égalité n'est pas encore au rendez-vous, des avancées notables ont été constatées : dans l'armée dès 1998, notamment parmi les généraux, et en politique, où les Séfarades participent largement au pouvoir depuis l'époque de Menahem Begin — précisément, au sein du parti Shas sioniste religieux, lequel s'oppose à la vision sioniste laïque de Ben Gourion et de Shimon Peres[107].

Le , Ezer Weizman doit démissionner à la suite d'un scandale financier, et le , Moshe Katsav est élu président. C'est le premier président mizrahi de l'État d'Israël ainsi que le premier président né dans un pays musulman. Cela illustre la diversité démographique et les inégalités qui marquent encore la société israélienne. Jusqu'à l'indépendance de l'État d'Israël, la population juive palestinienne est principalement d'origine ashkénaze, c'est-à-dire d'Europe centrale et orientale. Cette population d'origine européenne est complétée par l'immigration des Juifs originaires de l'ancienne Union soviétique, avant et surtout après sa disparition. L'autre grande partie de la population juive israélienne est constituée de Juifs de rite séfarade, originaires du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient. Ces populations sont très diverses par la culture et par la langue d'origine (il y a par exemple 500 000 francophones en Israël[108], originaires le plus souvent des pays d'Afrique du nord). Même si les différences sociales tendent à s'atténuer, les Séfarades disposent toujours de revenus inférieurs à ceux des Ashkénazes[109].

Les Juifs marocains et plus généralement les Juifs orientaux (Mizrahi) ont subi, dans les années 1950, une discrimination qui est mieux comprise depuis l'ouverture, le , des archives sionistes concernant l’intégration en Israël des Juifs originaires du Maroc : les documents de l'Organisation sioniste mondiale sont numérisés, comme l'ont été ceux qui concernent les enfants yéménites[110]. Il faut attendre 2021 pour que le gouvernement annonce l'indemnisation des familles touchées par le drame des enfants yéménites[111] et plus généralement, il faut attendre 2022 pour que le Bureau des statistiques israéliens s'engage à publier des données permettant de mieux comprendre les écarts en matière de richesse, d’éducation et autres qui peuvent exister entre Juifs ashkénazes et Juifs mizrahis[112].

La société israélienne et les Juifs ultra-orthodoxes[modifier | modifier le code]

Les Juifs ultra-orthodoxes, ou « Haredim », respectent à la lettre la Torah et ont développé une position qui oppose les plus stricts d'entre eux au reste des Israéliens, aussi bien sur leur façon de vivre, que sur le plan politique. Les Haredim sont pour une rigoureuse séparation des hommes et des femmes dans la vie publique et pour un respect absolu du Shabbat. Leurs exigences vis-à-vis des femmes — particulièrement, l'obligation de se placer à l'arrière des autobus desservant leurs quartiers, ainsi que le strict respect de la pudeur ou tsniout — ont été, à la fin 2011 et au début 2012, à l'origine de plusieurs incidents relatés par la presse[113]. Par ailleurs, les Juifs ultra-orthodoxes consacrent souvent leur vie à l'étude de la Torah, laissant à leurs épouses le soin de subvenir aux besoins de la famille. En 2011, seulement 20,9 % des hommes Haredim travaillent. Ceci ajouté à des taux de natalité élevés, explique pourquoi les Juifs ultra-orthodoxes constituent, avec les Arabes, les deux communautés les plus pauvres d'Israël[114].

Sur le plan politique, certains Haredim n'acceptent pas l'existence de l'État d'Israël, lequel, selon eux, ne pourrait être recréé que par l'arrivée du Messie. Cependant, depuis les premières années de l'existence de l'État, les Juifs ultra-orthodoxes bénéficient d'exemptions de service militaire et de subventions aux écoles talmudiques (ou yechivot) — ceci, par décision de David Ben Gourion, qui pensait que les Haredim disparaîtraient petit à petit[113]. Or, en 2017, le budget alloué à ces écoles atteint 50 milliards de shekels (un peu moins de 13 milliards d'euros)[115]. Leur influence dans la vie politique est significative, car leurs partis politiques, comme le Shas ou l'ancien Parti national religieux, obtiennent des députés indispensables aux majorités gouvernementales.

Un des principaux points de friction est l'exemption de service militaire pour les Juifs religieux[116]. Le , la Knesset vote la loi rendant la conscription obligatoire pour les Juifs orthodoxes[117]. La discussion de ce nouveau dispositif suscite de très fortes manifestations[118]. La loi comporte toutefois un système de quota permettant à de nombreux Haredim de ne pas faire leur service militaire. À l'origine, cette loi ne devait être applicable qu'en 2017[119], mais le , la Knesset vote un amendement qui repousse la fin de l'exemption automatique de six ans, donc à 2023[120].

Un autre sujet de discorde est le travail le jour du shabbat[121].

La pandémie de Covid-19 en Israël est une nouvelle source d'incompréhension entre les communautés ultra-orthodoxes et le reste de la société israélienne. En effet, les rabbins dirigeants influents éprouvent de nombreuses réticences à accepter les mesures préconisées par le gouvernement, comme la distanciation physique, la fermeture des écoles et des synagogues. À l'occasion d'obsèques de rabbins célèbres, de très importants rassemblements ont lieu, qui provoquent des heurts avec la police. La mortalité due à la pandémie est très importante dans cette tranche de la population, particulièrement dans les villes ultra-orthodoxes comme Bnei Brak.

Le , lors de la fête de Lag Ba'omer, au mont Méron, une bousculade dramatique fait 45 morts, 150 blessés[122] et illustre les difficiles relations entre les responsables de l'État et ceux de la communauté ultra-orthodoxe.

En est votée par la majorité issue des élections de (qui ne comporte plus de partis religieux) une loi cassant partiellement le monopole de la cacherout tenu par le Grand-rabbinat d'Israël. La première étape prévue par cette loi entre en vigueur le [123].

Derniers arrivés : Russes et Éthiopiens[modifier | modifier le code]

En Israël, on appelle « Russes » tous les ex-citoyens de l'Union soviétique arrivés entre 1989 et 1996. La compétence professionnelle et le niveau d'instruction de ce million d'immigrants sont sans pareils parmi tous les immigrants arrivés en Israël : 100 000 ingénieurs, 20 000 médecins ou dentistes, 40 000 enseignants, etc. À l'époque, cette immigration est redoutée à la fois par les Séfarades et les Arabes, qui envient les facilités faites à ces nouveaux immigrants, ainsi que par les orthodoxes, qui s'inquiètent du nombre de laïcs (67 %) et de non-juifs (20 %) parmi eux, car si la religion juive veut que tout Juif (hors possible conversion) doit avoir une mère juive, l'État d'Israël n'exige qu'un ascendant ou descendant direct juif[124]. Dès 2001, les Russes d'Israël sont spécifiquement visés par l'attentat-suicide du Delfinarium, un dancing de Tel-Aviv fréquenté par les jeunes Russes : 21 garçons et filles y sont tués, tous immigrés russes[124]. Les Russes sont représentés à la Knesset, d'abord par Yisrael Ba'aliyah, le parti de Natan Sharansky, le héros des refuzniks, puis par Israel Beytenou, le parti d'Avigdor Liberman, nationaliste militant du laïcisme[124].

Quant aux Éthiopiens, au nombre de 140 000 en 2015, ils posent de sérieux défis à la société israélienne par leur couleur de peau, leur différence culturelle et leur pratique religieuse[88]. Leur intégration n'est pas sans difficultés sociales et culturelles, au point qu'en , éclatent de violentes manifestations menées par des Israéliens d'origine éthiopienne dénonçant la discrimination dont ils font l'objet, puis que le Premier ministre en appelle à éradiquer le racisme[125] et que le chef de l'État, Reuven Rivlin, dénonce une « plaie ouverte » chez les Israéliens d’origine éthiopienne[126]. Le , lors d'une cérémonie en mémoire des Juifs éthiopiens morts en essayant de gagner Israël, le président Reuven Rivlin déclare : « Nous n’avons pas vu, nous n’avons pas agi correctement et nous n’avons pas assez écouté […] et, en plus de notre besoin d’autocritique et de reconnaissance [de nos torts], il faut que nous fassions preuve de confiance en notre capacité à corriger. » Et Benyamin Netanyahou d'indiquer qu’il allait, cette semaine-là, former un comité ministériel spécial pour aborder toutes les questions de discrimination et de racisme[127].

Arabes israéliens[modifier | modifier le code]

Comme spécifié dans la déclaration d'indépendance, les habitants arabes d'Israël disposent de la même citoyenneté que les Juifs dans l'État d'Israël. Ils ont les mêmes droits politiques et sociaux et la seule distinction est en matière de devoirs puisque les Arabes sont dispensés du service militaire obligatoire en raison de leur proximité familiale et culturelle avec les Palestiniens et le reste du monde arabe[128]. Depuis 1948, ils constituent environ 20 % de la population israélienne. 85 % d'entre eux sont musulmans sunnites, 8 % druzes et 7 % chrétiens (chiffres de 2016)[129]. Si l'arabe a été une des langues officielles de l'État, il est depuis la loi Israël, État-nation adoptée en 2018, une langue à statut spécial. Les Arabes disposent de leur réseau scolaire.

Si la condition des Arabes israéliens est généralement meilleure que celle des Arabes des pays voisins, il est clair que leur niveau de vie est inférieur à celui de leurs compatriotes juifs[128]. Pour Maurice Rajsfus, « ils sont simplement un peu moins égaux que les autres »[130]. Cela est dû en partie à la faible intégration des Arabes dans la population majoritaire juive due à la langue, au réseau scolaire séparé, à la dispense de service militaire et plus récemment à leur hostilité vis-à-vis de la politique gouvernementale vis-à-vis des Palestiniens[131]. En 2011, seulement 22,6 % des femmes arabes travaillent. Cela, et avec des taux de natalité élevés malgré la transition démographique, explique pourquoi les Arabes avec les Haredim sont les deux communautés les plus pauvres en Israël[114].

Jusqu'aux années 1980, les partis politiques traditionnels juifs recevaient la plupart des votes arabes. À partir des années 1980, sont apparus des partis spécifiquement arabes qui participent à la majorité travailliste des années 1990 qui est à l'origine des accords d'Oslo. Après les émeutes de Nazareth et la seconde Intifada, le taux d'abstention des Arabes israéliens pour les élections à la Knesset augmente ainsi que l'audience des mouvements islamiques radicaux[131]. Pour Paul Giniewski, ils sont désormais « palestinisés »[132]. En 2015, après l'augmentation du seuil électoral, ils se regroupent sur une liste unique avec le Parti communiste israélien et obtiennent 13 sièges soit plus qu'ils n'en avaient jamais eu.

En 2021, la Liste arabe unie obtient 4 sièges à la Knesset et son chef Mansour Abbas entre au gouvernement israélien, devenant ministre délégué aux Affaires arabes. Il déclare en  : « Israël est né en tant qu’État juif. Et c’était la décision du peuple juif, d’établir un État juif. La question n’est pas de savoir quelle est l’identité de l’État. C’est ainsi que l’État est né, et c’est ainsi qu’il restera. […] C’est la réalité. La question n’est pas de savoir quelle sera l’identité de l’État, mais quel sera le statut des citoyens arabes dans cet État »[133].

Dans les années 2020 et particulièrement en 2023, la communauté arabe israélienne est touchée par une vague de violence intracommunautaire (130 morts dans des violences au premier semestre 2023) dont l'État israélien tarde à prendre la mesure[134].

Essor économique, scientifique et technologique : Israël, start-up nation[modifier | modifier le code]

L'école d'informatique du Technion de Haïfa
Le centre d'affaires et centre commercial Azrieli à Tel-Aviv.

L'essor économique, technique et scientifique d'Israël est lié au décret du général de Gaulle de 1968 sur l'embargo des ventes d'armes à destination d'Israël. L'État d'Israël décide alors de développer sa propre industrie militaire qui va lui permettre de devenir rapidement un des plus gros exportateurs d'armes au monde[135]. Dès 1988, Israël lance son premier satellite Ofek 1 (Horizon 1)[136]. L'industrie aérospatiale se développe régulièrement avec les satellites Ofek, une sonde lunaire et les drones[Note 6].

Si la libéralisation de l'économie effectuée par Menahem Begin amena une grave crise économique et une inflation galopante, le plan de stabilisation mené par Shimon Peres à partir de 1985 réussit très rapidement. De plus, l'essor économique fut favorisé par l'immigration massive des « Juifs d'URSS aux compétences technologiques et scientifiques exceptionnelles » puis aux perspectives de paix liées aux accords d'Oslo et au traité de paix israélo-jordanien et aussi, Israël bénéficie d'un multilinguisme exceptionnel[135].

Le taux de croissance augmente fortement à partir de 1990 atteignant 6,6 % en 2006[135]. Entre 1999 et 2019, le PIB par habitant augmente de 35 %[142] alors que la population augmente elle-même de plus de 40 %[143]. Israël est admis à l'OCDE en 2010[135]. Un autre aspect du dynamisme technologique israélien est illustré par les classements internationaux qui donnent à Israël la seconde place en nombre de start-ups derrière les États-Unis et la première proportionnellement au nombre d'habitants[144],[145] (6 000 start-ups soit une pour 1 500 habitants en 2018[146]). En 2021, année de reprise après la pandémie, le taux de croissance du PIB atteint 8,1 %, le plus fort depuis l'an 2000, le PIB par habitant augmente de 6,3 % et l’indice des prix à la consommation de 3,1 % en 2021[147].

En , Dan Shechtman reçoit le prix Nobel de chimie pour sa découverte des quasi-cristaux. Cette récompense, le prix Nobel de chimie déjà reçu en 2004 par Ciechanover et Hershko puis en 2009 par Ada Yonath et la médaille Fields attribuée pour ses recherches en mathématiques à Elon Lindenstrauss en 2010, illustrent la réussite des universités et de la recherche israéliennes qui se traduit par le succès des entreprises dont celles de biotechnologie[148],[149]. Dans l'industrie pharmaceutique, le groupe Teva est en 2013 le premier producteur mondial de médicaments génériques[150].

Beaucoup des plus importantes compagnies mondiales ont établi des centres de recherche en Israël : Intel, IBM, Motorola, Applied Materials, BMC, Creo, Marvell, Cisco, HP, Nestlé[151], Apple, Google, Samsung, General Electric et Orange[146]. Outre les biotechnologies, les domaines privilégiés de la recherche israélienne sont les sciences de la vie, les télécommunications, l'Internet et les logiciels[149]. Israël jouit aussi d’une forte position dans le domaine des écotechnologies ou « technologies propres ». Les technologies des énergies renouvelables et les technologies de lutte contre la pollution de l’eau dominent les demandes de brevets portant sur des technologies de gestion environnementale[152]. Ce dynamisme de la recherche est fondé sur des centres de recherche reconnus au niveau international — l'Université hébraïque de Jérusalem, l'Université de Tel Aviv, l'institut Weizmann de Rehovot et le Technion de Haïfa[149] avec 15 000 étudiants et des antennes en Chine et aux États-Unis[146] —- et sur une politique d'investissement de 5 % environ du PIB par an dans la recherche hors recherche militaire qui fournirait 1 % supplémentaire. En 2013, Israël est, avec 4,21 %, le premier pays au monde devant la Corée quant au taux de dépenses en R&D par rapport au PIB[153]. Un des facteurs expliquant les multiples innovations israéliennes tient au fait que les ingénieurs faisant leur service militaire peuvent intégrer des unités scientifisues d'élite (comme l'unité 8200)[135] et s'ils inventent de nouvelles technologies, ils peuvent conserver leur brevet et l'exploiter après avoir quitté l'armée[146]. Plus que des diplômés d'école de commerce, ce sont les ingénieurs qui ont développé une solution concrète qui montent les start-up[146]. Le rachat en 2013 pour près d'un milliard de dollars de l'application pour mobile Waze (système de guidage GPS) par Google illustre le succès des start-up israéliennes[154]. Cette opération est encore surpassée quand, le , le géant américain des semi-conducteurs Intel annonce avoir racheté Mobileye, une société israélienne spécialisée dans des systèmes anti-collisions et d’assistance à la conduite, pour plus de 15 milliards de dollars[155]. D'autres méga-rachats suivront[Note 7]. Ainsi, selon PwC Israël, durant les années 2010, 587 sociétés israéliennes ont été achetées par des sociétés étrangères pour un montant total de 70 milliards de dollars. Les domaines d'expertise de ces sociétés sont particulièrement les technologies automobiles, les semi-conducteurs et les processeurs, mais aussi dans la santé, les dispositifs médicaux et les applications de navigation[159].

Dans le domaine des énergies renouvelables, la plus haute tour solaire du monde fournit, à partir de 2018, 1,6 % de l’électricité du pays (300 mégawatts)[160]. Même si le développement de l'énergie solaire a quelque peu ralenti avec les découvertes gazières, la production d'électricité par l'énergie solaire se développe et ainsi le samedi vers midi, l’énergie solaire a produit ponctuellement 13,4 % de l’électricité totale consommée dans le pays. En , 70 % de la consommation d'électricité de la vallée de l’Arava est d'origine solaire dans la journée[160].

En , l'UNESCO publie une étude selon laquelle Israël est le premier pays au monde en termes de chercheurs par million d'habitants et le deuxième derrière la Corée en termes de budget de recherche rapporté au produit intérieur brut[161].

Lors de la décennie 2013-2022, la haute technologie est devenue le secteur le plus important et dynamique de l’économie israélienne, ce secteur représentant entre 15,6 et 18,1 % du PIB israélien, soit 71 milliards d'euros, soit un doublement en dix ans. Depuis 2012, le nombre d’employés dans la haute technologie a quintuplé passant de 2,2 % à 11,4 %. En 2022, le secteur de la haute technologie représente 51% des exportations d’Israël, plus de 64 milliards d'euros. Cette haute technologie est donc principalement exportée. Les logiciels opérationnels avec des applications financières ou de cybersécurité sont le segment le plus significatif mais la part des technologies liées à l'agriculture, la biologie et le climat est en train de croître. Selon l'OCDE, seuls 9 % des investissements sont des investissements publics. La moitié des 91% d’investissements privés dans la R&D sont financés par des sources étrangères à Israël. Toutefois, les quatre premiers mois de 2023 sont marqués par une baisse du nombre d'employés dans le secteur technologique peut-être liée au programme du gouvernement Netanyahou élu en novembre 2022, mais Israël compte sur l'intelligence artificielle pour relancer le secteur[162].

La guerre en Ukraine crée de l'intérêt en Europe pour les systèmes de défense anti-aériens israéliens. Ainsi, en juin 2023, la commission budgétaire du Bundestag approuve une première tranche de financement pour le système de protection antimissiles israélien Arrow 3[163]. Le 28 septembre 2023, les représentants des ministères israélien et allemand de la Défense signent un accord qui débloque 560 millions d’euros de fonds approuvés par le Parlement allemand en juin, ce qui permettra à Israël de commencer la production et la fabrication des trois batteries Arrow 3 qui devraient être livrées à l'Allemagne d’ici à 2030[164].

En août 2023, les États-Unis autorisent la vente du système de défense antimissile « Fronde de David » à la Finlande[165].

L'impact minimum des attaques du Hamas du 7 octobre 2023 par roquettes[166] et de l'Iran par drones, missiles de croisières et missiles balistiques la nuit du 13 au 14 avril 2024[167] montre l'efficacité des technologies de défense antiaériennes israéliennes.

Le revers de la médaille[modifier | modifier le code]
Manifestation à Tel Aviv ().

Si l'économie israélienne a fait un immense bond en avant, la mondialisation s'y accompagne des mêmes difficultés qu'ailleurs : délocalisation à l'étranger de la fabrication des produits à faible plus-value comme le textile, réduction des subventions publiques et désengagement social de l'État, privatisations multiples y compris des sociétés appartenant au syndicat Histadrout, augmentation de la pauvreté et des inégalités salariales. Le prix exorbitant des loyers amène d'énormes manifestations durant l'été 2011[135].

Le , quelques milliers de manifestants protestent à nouveau contre le budget d'austérité que s'apprêterait à adopter le gouvernement Netanyahou à la demande du ministre des Finances, Yaïr Lapid[168].

Les inégalités sociales restent prégnantes en Israël à la fin des années 2010 puisqu'un rapport de l'ONG Latet (en) constate que près d’un cinquième des Israéliens (18,5 %, soit plus de 1,6 million de personnes) souffrent de précarité alimentaire, soit 2 points de plus qu'en 2018[169].

Du premier gouvernement Netanyahou aux élections de 2009[modifier | modifier le code]

Premier gouvernement Netanyahou[modifier | modifier le code]

Benyamin Netanyahou (2010)

Lors des élections législatives du et à la suite d'une modification de la loi électorale datant de 1992 et censée apporter plus de stabilité au gouvernement israélien, les électeurs choisissent non seulement leurs députés mais aussi le premier ministre. Benyamin Netanyahou est élu Premier ministre et dispose d'une majorité relative de droite à la Knesset. Lors de son élection, il est le plus jeune premier ministre israélien. Connu pour être opposé aux accords d'Oslo, il annonce cependant qu'il respectera « la situation créée par les accords d'Oslo » tout en s'opposant à la création d'un État palestinien et en confirmant Jérusalem comme capitale éternelle d'Israël[103]. Toutefois, dès l'automne 1996, la construction d'un tunnel archéologique le long du mur des Lamentations et passant sous l'Esplanade des Mosquées provoque la colère des Palestiniens et des émeutes au lourd bilan : 70 morts palestiniens et 15 morts israéliens. À la demande du président Bill Clinton, les négociations israélo-palestiniennes reprennent pour aboutir le à l'accord sur le retrait partiel des Israéliens à Hébron qui passe sous Autorité palestinienne à 80 %, les Israéliens conservant 20 % de la ville et la responsabilité de la sécurité dans le Caveau des Patriarches. Cet accord suscite l'hostilité d'une partie du gouvernement israélien avec la démission de Benny Begin (en) et du Hamas et du Jihad islamique[103].

Les relations israélo-palestiniennes se dégradent à nouveau durant l'été 1997 après l'attentat du marché de Mahané Yehuda[170] puis celui de la rue Ben Yehuda[171] auxquels Netanyahou tente de répondre en ordonnant l'élimination par le Mossad du chef du Hamas Khaled Mechaal. Empoisonné, Mechaal survit après que le roi Hussein de Jordanie a menacé d'occuper militairement l'ambassade d'Israël à Amman et exigé l'administration d'antidote ce qui fut fait[103]. Les Américains convoquent à nouveau Israéliens et Palestiniens à la table de négociation et c'est le les accords de Wye River Plantation qui prévoient un redéploiement des troupes israéliennes, la mise en service de l'aéroport de Gaza et l'ouverture d'une route sécurisée entre la Cisjordanie et la bande de Gaza[103].

À la suite des pressions de l'extrême droite du Likoud opposée aux accords de Wye River Plantation, Netanyahou en suspend l'application et appelle des élections pour le [103].

Gouvernements Barak puis Sharon - Seconde Intifada[modifier | modifier le code]

Gouvernement Barak[modifier | modifier le code]

Ehud Barak, ancien chef d'état-major et chef du parti travailliste depuis 1996 remporte les élections de 1999 comme Premier ministre face à Netanyahou mais ne dispose que d'une faible majorité relative à la Knesset. Il doit faire entrer dans son gouvernement les ultra-religieux du parti Shas et les ultra-laïcs des partis russophone Yisrael Ba'aliyah et des partis de gauche Meretz et Shinouï[172].

Il avait marqué la campagne électorale en étant le premier travailliste à présenter ses excuses aux Juifs mizrahi (orientaux) pour les humiliations subies lors de leur installation en Israël. Dès sa prise de fonctions, il informe Yasser Arafat de sa volonté d'appliquer les accords de Wye River Plantation, ce qui débouche le sur le mémorandum de Charm el-Cheikh par lequel sont décidés trois nouveaux retraits israéliens en septembre, et , la libération de 350 prisonniers et l'ouverture de nouvelles négociations en vue d'un accord final avant le . Toutefois, la continuation des attentats anti-israéliens et de la colonisation amène à renoncer à cet objectif. Barak se tourne alors vers le président syrien Hafez el-Assad pour un accord concernant le Golan, mais après avoir obtenu la promesse du retrait israélien du Golan et malgré l'intervention du président Clinton, le président syrien demande aussi la rive septentrionale du lac de Tibériade ce qui entraîne l'échec de ces négociations[172].

Ehud Barak décide alors unilatéralement le retrait du Sud-Liban au . Cela entraîne l'effondrement de l'Armée du Liban sud dont les membres se réfugient en Israël ou sont « poursuivis, arrêtés ou tués sans autre forme de jugement[173] ». 6 000 à 7 000 Libanais passent en Israël en 2000, environ 3 500 y vivent encore en 2024[174]. Le Hezbollah s'installe alors le long de la frontière nord d'Israël[172].

À partir de , Barak œuvre à la réunion d'un sommet américano-israélo-palestinien qui se tient à Camp David en , dans le but d'un règlement définitif de la question palestinienne, après que Barak a ordonné le deuxième redéploiement prévu par le mémorandum de Charm el-Cheik et le transfert à l'Autorité palestinienne de plusieurs zones autour de Jéricho, Ramallah, Jénine et Abu Dis. Les désaccords sont nombreux comme la question des frontières ou le droit au retour pour les Palestiniens, mais le sommet échoue principalement sur la question de Jérusalem malgré la proposition israélienne d'internationaliser l'esplanade des Mosquées. Arafat rejette les suggestions de dernière minute de Clinton, « copie retouchée des propositions israéliennes », ce qui exaspère Clinton qui rend Arafat responsable de l'échec du sommet[172].

Le , abandonné par la plupart de ses ministres, Barak démissionne de son poste de Premier ministre[172]. Une nouvelle élection est fixée au où Barak s'oppose à Ariel Sharon, devenu le chef du Likoud aorès Benyamin Netanyahou.

Malgré tout, les négociations continuent et de nouvelles propositions de paix américaines sont présentées le qui donnent lieu en au sommet israélo- palestino-américain — Barak est alors Premier ministre démissionnaire et Clinton est dans les derniers jours de son second mandat — qui n'aboutit pas malgré les concessions loin d'être négligeables d'Ehud Barak : un État palestinien sur 96 % de la Cisjordanie et Gaza, Jérusalem sous souveraineté partagée et retour de 150 000 à 200 000 réfugiés en Israël[172].

Seconde Intifada, gouvernements Sharon et désengagement de Gaza[modifier | modifier le code]

À l'élection du , Ariel Sharon est élu Premier ministre avec 25 % d'avance sur Barak. Peres est nommé aux Affaires étrangères, Netanyahou aux Finances. Le nouveau gouvernement doit stopper la seconde Intifada qui a débuté plus de 4 mois plus tôt[175].

Le débute la seconde intifada ou Intifada al-Aqsa. Ce matin-là, Ariel Sharon alors ministre de la Défense visite l'esplanade des Mosquées sans pénétrer dans aucune d'entre elles et sans incidents notoires. Cela est considéré comme une provocation par les Palestiniens et le lendemain, les manifestants palestiniens sur l'Esplanade lancent des projectiles sur les fidèles juifs au pied du Mur des Lamentations et blesse le chef de la police. Les affrontements font alors quatre morts parmi les fidèles musulmans et les affrontements s'étendent à toute la Cisjordanie et la bande de Gaza[175],[Note 8] et l'Autorité palestinienne appelle à marcher sur Jérusalem et au Djihad[175]. Les troubles se prolongent jusqu'en 2005. Les moments de plus grande violence auxquels participent le Hamas, le Jihad islamique, les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa et les Tanzim de Marouane Barghouti[175] sont atteints de fin à fin 2003 lors de l'affaire Mohammed al-Dura puis lors du lynchage du à Ramallah, et encore quand Yasser Arafat et le Hamas entament une campagne d'attentats-suicides touchant principalement des civils israéliens avec une quarantaine d'attaques perpétrées jusqu'à la fin 2001[175],[84]. Le , l'attentat du Park Hotel de Netanya fait 29 morts parmi les convives qui célébraient le Séder de Pâque et est suivi de l'opération Rempart à Jénine (54 morts palestiniens et 23 morts soldats israéliens tués[177], Naplouse, Ramallah, Jénine et Bethléem. Israël réplique aussi par des liquidations ciblées de responsables d'organisations terroristes et l'assignation à résidence dans la Mouqata'a de Yasser Arafat. Si la tension ne disparaît pas, la violence s'atténue notablement après ces opérations et la construction du mur de séparation[178] entre Israéliens et Palestiniens, jugé illégal par la Cour internationale de justice et l'Assemblée générale de l'ONU et considéré comme une trahison par les colons israéliens[175].

Le , le président George W. Bush publie la feuille de route pour la paix qui demande la fin du terrorisme palestinien, la nomination d'un Premier ministre palestinien et la création d'un État palestinien en 2005. Elle est acceptée par les Palestiniens puis par les Israéliens après les élections de qui permettent à Sharon de former un nouveau gouvernement sans les Travaillistes ni le Shas. Sharon déclara alors : « Oui, l'occupation est néfaste pour Israël »[175].

Le , Sharon évoque sa volonté de démanteler des colonies du nord de la Cisjordanie et celles de Gaza. En mars et , il fait éliminer les chefs du Hamas cheik Yassine puis Abdel Aziz al-Rantissi, puis après avoir obtenu l'approbation du président américain, il soumet son plan de désengagement de Gaza à la Knesset qui l'accepte difficilement le [175].

Le meurt Yasser Arafat auquel succède Mahmoud Abbas qui nomme Ismael Haniyeh, dirigeant du Hamas Premier ministre[175]. La rencontre en entre Sharon et Abbas met en quelque sorte fin à la seconde Intifada[175]. Du jusqu'au , 1 010 Israéliens et 3 179 Palestiniens ont été tués[179]. En quatre semaines, du au , les colonies sont démantelées et le désengagement de Gaza est achevé sans incident grave malgré l'opposition acharnée de leurs habitants.

Le , des désaccords majeurs sur la politique à suivre vis-à-vis des Palestiniens aboutissent au départ de deux des principaux hommes politiques de leur parti respectif : Ariel Sharon créé un nouveau parti, Kadima et convainc Shimon Peres de le rejoindre ainsi qu'Ehud Olmert et Tzipi Livni. La Knesset où n'existe plus de majorité est dissoute par le président israélien, et des élections planifiées pour le .

Le puis le , Sharon subit deux attaques cérébrales successives qui le laissent inconscient. Il meurt cinq ans plus tard, le . Son intérim puis sa succession sont assurés par Ehud Olmert[175].

Gouvernement Olmert et guerre contre le Hezbollah[modifier | modifier le code]

Ehud Olmert remporte remporte les élections législatives de et forme un gouvernement avec les Travaillistes et le parti Shas.

Le , après de graves incidents israélo-palestiniens à Gaza, le caporal Gilad Shalit est enlevé par trois groupes terroristes palestiniens (les Comités de résistance populaire, l’Armée de l’Islam et la branche armée de l'organisation terroriste Hamas) lors d'une attaque conjointe contre un poste militaire de Tsahal en territoire israélien. En riposte, le cabinet israélien déclenche l'opération Pluies d'été qui dure jusqu'au [180] sans aboutir au but affiché, la libération de Gilad Shalit qui ne fut obtenue qu'en 2011 contre un millier de prisonniers palestiniens libérés les et [181].

Le mercredi , voulant alléger la pression de l'armée israélienne sur Gaza, le Hezbollah tue sept soldats de Tsahal et en capture deux autres peu après assassinés près de la frontière israélo-libanaise[180],[182]. L'aviation israélienne riposte en bombardant routes, ponts et l'aéroport de Beyrouth et en représailles le Hezbollah lance des roquettes Grad sur les villes du nord d'Israël. Le lendemain, un missile Fajr touche un quartier de Haïfa et en riposte, après avoir demandé aux habitants de Beyrouth de s'en éloigner, Israël bombarde la quartier général du Hezbollah qui réplique par des tirs de missiles iraniens C-802 sur des navires israéliens. Israël bombarde alors les installations et le radar du port de Beyrouth qui avait probablement permis de guider les missiles iraniens[180].

À partir du , les roquettes du Hezbollah tirées au rythme de 150 à 180 par jour atteignent les villes du nord d'Israël, jusqu'à Hadera. L'aviation israélienne réplique en bombardant systématiquement les installations du Hezbollah au prix de l'exode d'un demi-million de personnes hors du Liban du Sud. Le G8 condamne le Hezbollah. L'Égypte, l'Arabie saoudite et la Jordanie font de même, au rebours des opinions arabes. Constatant l'impossibilité pour l'aviation de vaincre à elle seule le Hezbollah, trois divisions blindées israéliennes avec des milliers de réservistes pénètrent au Liban le . Dans la nuit du 30 au , un bombardement israélien entraîne la mort de 28 personnes dont seize enfants handicapés mentaux[180].

Le conseil de sécurité vote le la résolution 1701 mettant fin au conflit par un cessez-le-feu observé à partir du Le bilan de ce conflit est lourd en pertes humaines (plus de 1100 Libanais, plus de 250 membres du Hezbollah[183], 119 soldats et 44 civils israéliens sont tués[184]). Même si, comme souhaité par Israël, l'armée libanaise a pu après le conflit reprendre pied dans le sud du Liban, au sud du Litani[185], le conflit a révélé la puissance du Hezbollah qui menace désormais les populations israéliennes. Le rapport de la commission d'enquête israélienne amène les démissions du chef d'État-major israélien Dan Haloutz puis du ministre de la Défense Amir Peretz[180].

Le , Ehould Olmert annonce sa démission à la suite d'une affaire de corruption et mais continue à exercer ses fonctions jusqu'aux élections législatives de .

Guerre de Gaza : opération Plomb durci[modifier | modifier le code]

Excédé par les tirs incessants de mortiers et de roquettes Qassam de Gaza vers le sud d'Israël et particulièrement sur la ville de Sdérot[180],[Note 9], Olmert lance le l'opération Plomb durci. L'aviation israélienne bombarde les infrastructures du Hamas à Gaza. Le , les Israéliens envoient des troupes dans la bande de Gaza.

Le , Israël proclame un cessez-le-feu unilatéral suivi douze heures plus tard par le Hamas. Le même jour, le Hamas annonce une trêve et donne 7 jours à l'armée israélienne pour quitter Gaza, ce qui est fait dès le . L'opération fait plus de 1 400 morts palestiniens à Gaza et 13 du côté israélien[180].

L'opération Plomb durci fait l'objet du rapport Goldstone où Israël est accusé de « crime de guerre », voire de « crime contre l'humanité », ce qui ternit irrémédiablement l'image d'Israël dans le monde. La rétractation de Goldstone dans le Washington Post du où il affirme que Tsahal n'avait pas mené une politique de ciblage des civils à l'exemple du Hamas qui, de plus utilise propres civils comme boucliers humains, eut bien moins de retentissement[180].

2009 - 2021 : quatre gouvernements Netanyahou[modifier | modifier le code]

Shimon Peres (président de l'État de 2008 à 2014) en

Majorités diverses[modifier | modifier le code]

C'est le Likoud de Benyamin Netanyahu qui domine ces douze ans mais il doit après chaque nouvelle élection s'appuyer sur diverses coalitions.

Bien que le parti Kadima de Tzipi Livni obtienne une majorité relative aux élections législatives du , c'est Benyamin Netanyahou qui forme le gouvernement avec la participation des Travaillistes et du parti d'Avigdor Liberman, Israel Beytenou[187]. Netanyahou remportera aussi les élections de 2013 et de 2015 (malgré d'importantes manifestations dénonçant la politique économique du gouvernement[188] et peut-être grâce à la déclaration de Netanyahou peu avant le scrutin, rejetant la création d'un État palestinien[189]) et pourra à chaque fois constituer des gouvernements orientés à droite en s'appuyant parfois sur les laics d'Avigdor Liberman ou les religieux du Shas et même en 2013 avec la participation du parti Yesh Atid de Yaïr Lapid du parti Kadima de Tzipi Livni.

De 2019 à 2021 se tiennent quatre élections législatives. Les deux premières en 2019 ne dégagent pas de majorité, la troisième en donne lieu à un gouvernement de coalition entre le Likoud et Kakhol Lavan de Benny Gantz qui ne dure que quelques mois. La quatrième élection en permet l'émergence d'une alliance entre partis excluant le Likoud et les religieux.

Affaire de la flottille pour Gaza[modifier | modifier le code]

Le , l'abordage par l'armée israélienne de la flottille de militants décidés à briser le blocus de Gaza fait neuf morts parmi les militants et suscite la réprobation d'une importante partie de l'opinion internationale[190]. À la suite de cet incident, l'ambassadeur d'Israël en Turquie est expulsé en [191]. Il faut attendre 2016 et le paiement d'une amende de 20 millions de dollars par Israël à la Turquie[192] pour que les deux pays rétablissent leurs relations diplomatiques. De plus, Israël accepterait que les Turcs acheminent, via le port israélien d’Ashdod, « plus de 10 000 tonnes d’assistance humanitaire » pour la construction avec des fonds turcs d’une centrale électrique, d’une usine de dessalement et d’un hôpital à Gaza. La Turquie s’est aussi engagée à empêcher le Hamas, au pouvoir à Gaza, de mener des activités contre Israël depuis son territoire[193].

« Cohabitation » Obama-Netanyahou (2009-2016)[modifier | modifier le code]

Netanyahou et Barack Obama ne s'apprécient pas et leur relation est difficile tout le long du mandat de ce dernier. Leurs appréciations différentes se font particulièrement sentir dans leur approche de la question palestinienne et dans le domaine des relations avec l'Iran[187]. Beaucoup dans la presse évoquent une « cohabitation » difficile (The Forward[194], L'Express[195], La Tribune de Genève[196],BFM TV[197]).

Confrontation permanente entre Israéliens et Palestiniens[modifier | modifier le code]

Lors de son voyage au Moyen-Orient, en , Obama évite d'aller en Israël et déclare au Caire : « Israël a cessé d'être l'enfant gâté de l'Amérique. ». Puis lors du voyage en Israël du vice-président américain Joe Biden en , le gouvernement israélien annonce la construction de 1 600 logements dans la partie orientale de Jérusalem, ce qui est considéré comme un camouflet par les Américains[187]. Le , la tuerie d'Itamar suscite une émotion considérable en Israël et par contre-coup une relance de la construction dans les implantations juives des territoires palestiniens[198]. Puis, le , plusieurs attaques terroristes ont lieu simultanément dans le désert du Negev, près d'Eilat faisant huit morts israéliens[199]. Représailles et contre-représailles s'ensuivent, terminées par un cessez-le-feu le , entre le Hamas et Israël[200].

Netanyahou est particulièrement confronté au Hamas qui règne sur la bande de Gaza depuis 2007 et dont le « Premier ministre » à Gaza Ismaël Haniyeh, affirme à Téhéran en que le Hamas, « ne reconnaîtra jamais Israël », et que « la lutte continuera jusqu'à la libération de la totalité de la terre de Palestine et de Jérusalem »[201].

L'opération Pilier de défense[modifier | modifier le code]

L'opération Pilier de défense débute le , quand Ahmed Jaabari, chef de la branche militaire du Hamas, est tué avec son garde du corps dans sa voiture dans une rue de Gaza par un missile de l'armée de l'air israélienne[202], après de multiples tirs de roquettes de la bande de Gaza vers Israël, durant toute l'année 2012 qui s'intensifient en octobre et en novembre, . Elle dure du 14 au et fait plus de 160 morts parmi les Palestiniens et 6 parmi les Israéliens. Les Israéliens ont particulièrement visé les chefs des organisations militaires du Hamas et de celles qui opéraient de la bande de Gaza. Les conditions du cessez-le-feu signé avec l'entremise de l'Égypte imposent un arrêt des tirs de roquettes et un allègement des conditions du blocus de Gaza, conditions qui semblent respectées dans les jours qui suivent le conflit. La presse retient comme faits marquants de cette opération le déploiement couronné de succès du dôme de fer qui a intercepté la grande majorité des roquettes tirées vers des zones habitées d'Israël[203] et le tir par le Hamas de missiles Fajr 5 vers Tel-Aviv et Jérusalem[204].

La reconnaissance de la Palestine comme État non-membre de l'ONU[modifier | modifier le code]

Le , malgré l'opposition des États-Unis, de la République tchèque et d'Israël et l'abstention de nombreux pays européens, la Palestine obtient le statut d'État observateur non membre par un vote de l'Assemblée générale des Nations unies[205].

Élections législatives de 2013[modifier | modifier le code]

Les élections de sont marquées par le recul inattendu de la coalition du Likoud et d'Israel Beytenou menée par Benyamin Netanyahou au profit du centre où apparaît un nouveau parti Yesh Atid mené par Yaïr Lapid qui emporte 19 sièges et de l'extrême-droite, représentée notamment par Naftali Bennett et son parti qui emportent douze sièges.

Finalement, le , le nouveau gouvernement Netanyahou obtient l'investiture[206]. Il est marqué d'une part par l'absence des partis religieux[207] et d'autre part par l'entrée de Yaïr Lapid, créateur du parti Yesh Atid aux Finances et de Naftali Bennett chef du parti Foyer juif, à l'Économie et aussi aux Affaires religieuses[207].

L'opération Bordure protectrice[modifier | modifier le code]
Batterie du Dôme de fer déployée près de Sdérot en Israël ().

Le , l'enlèvement de trois jeunes Israéliens, suscite une nouvelle tension israélo-palestinienne. Les trois jeunes Israéliens sont retrouvés morts le près d'Hébron[208], meurtres auxquels répond celui d'un jeune Palestinien[209]. L'arrestation, le , de trois suspects israéliens de ce dernier meurtre — deux d'entre eux seront condamnés l’un à perpétuité, l’autre à 21 ans de prison en février 2016[210] — est suivie d'émeutes parmi la population palestinienne[211]. L'arrestation de 800 sympathisants du Hamas amène ce mouvement à intensifier dès la fin juin les tirs de roquettes sur le sud d'Israël[212].

Les 8 et , des tirs de roquettes, à Gaza, visent Tel-Aviv et Jérusalem mais sont interceptés par les missiles du Dôme de fer, tandis qu'Israël lance l'opération Bordure protectrice : l'aviation israélienne mène 160 raids sur la bande de Gaza[213]. À partir du , les troupes israéliennes pénètrent dans la bande de Gaza, notamment afin de détruire les tunnels qui passent sous la frontière israélo-gazaouie.

Le , l'Égypte, l'Autorité palestinienne et Israël conviennent d'un cessez-le-feu qui devait être suivi à la fin de de négociations plus approfondies. L'opération Bordure Protectrice a causé plus de 2 100 morts du côté palestinien et 72 du côté israélien, dont 6 civils[187]. Le faible nombre de civils israéliens tués s'explique par l'efficacité du Dôme de fer, le réseau antimissile israélien. Au moins, 34 tunnels ont été détruits[214].

Position de Netanyahou vis-à-vis de l'Autorité palestinienne et des colonies[modifier | modifier le code]

Si Netanyahou reste formellement attaché au principe des deux états, l'un juif, l'autre arabe, il exige l'ouverture de négociation directe avec l'Autorité palestinienne et la reconnaissance d'Israël comme État juif. De plus, il intensifie le peuplement juif de la Cisjordanie[187]. 400 000 Juifs vivent en Cisjordanie en 2015 — contre 150000 en 1997 à l'époque du premier gouvernement de Netanyahou — et 210 000 habitants résident dans la partie orientale de Jérusalem. Les habitants des colonies sont des immigrés russes, des ultra-orthodoxes et des jeunes couples, la plupart sans motivation idéologique mais plutôt attirés là par le coût attractif des logements[187].

Grève de la faim des prisonniers palestiniens[modifier | modifier le code]

Le , à l'initiative de Marouane Barghouti qui dénonce un « apartheid » judiciaire dans un appel publié par le New York Times[215] — qui n'a pas jugé utile de rappeler les raisons des condamnations de Marwan Barghouti[216] —, une grève de la faim est suivie par plus d'un millier de détenus palestiniens en Israël. Le gouvernement israélien annonce qu'il n'y aura pas de négociations[217]. Cependant, la grève de la faim cesse après 41 jours, le , après la conclusion d'un accord avec les autorités israéliennes prévoyant que les prisonniers auront droit à deux visites par mois, contre une auparavant[218].

Opposition entre Obama et Netanyahou quant aux accords avec l'Iran[modifier | modifier le code]

Dès , le président iranien Mahmoud Ahmadinejad appelle à la destruction d'Israël[219]. Puis, il nie la Shoah en [220], déclaration qu'il renouvelle le [201]. Des propos quant à l'éradication d'Israël, sont tenus plusieurs fois par le Guide suprême iranien Ali Khamenei qui déclare qu'Israël est une « tumeur cancéreuse qui devrait être retirée, qui sera retirée »[221],[222],[223].

Alors que les Américains comptaient sur les négociations pour amener les Iraniens à ralentir leur programme nucléaire, Netanyahou avertit qu'Israël attaquerait l'Iran si les puissances restaient les bras croisés[187]. Cependant, le chef d'État-major israélien, Gabi Ashkenazi, le chef du Mossad Meir Dagan et des femmes ou hommes politiques comme Tzipi Livni et surtout le président israélien Shimon Peres empêchèrent en 2012 toute action contre l'Iran[187]. Toutefois, Israël vise à plusieurs reprises le Hezbollah, allié de l'Iran. Ainsi, l'aviation israélienne mène plusieurs séries de raids aériens dans la nuit du 27 au puis dans celle du 2 au puis le sur des installations de commandement et des arsenaux syriens qui pourraient abriter des armes destinées au Hezbollah[224],[225]. 42 soldats syriens au moins auraient été tués[226]. De même, le , douze militaires ou combattants, dont six Iraniens avec parmi eux un général et six membres du Hezbollah libanais sont tués lors d'un raid israélien sur le Golan[227]. Dans ce qui peut paraître comme une vengeance, le Hezbollah tue deux soldats israéliens et un soldat espagnol de l'ONU le suivant sur la frontière israélo-libanaise[228].

Le , à l'annonce de l'accord intérimaire entre l'Iran et les grandes puissances du P5+1, le cabinet du Premier ministre israélien dénonce un « mauvais texte qui offre exactement ce que l'Iran voulait »[229].

Le , alors que les négociations pour un accord définitif continuent, le Premier ministre Benyamin Netanyahou, à l'invitation du speaker républicain John Boehner, prononce devant le Congrès des États-Unis, sans même prévenir la Maison-Blanche[187], un discours où il met en garde les grandes puissances contre un accord avec l'Iran qui allierait « l’islamisme militant à l’arme nucléaire » et qu’on ne doit pas « tolérer »[230]. Le département d'État commente le discours en disant qu'il n'apporte « rien de nouveau »[187].

Le , la conclusion d'un accord-cadre des grandes puissances avec l'Iran sur le nucléaire suscite la totale opposition de Benyamin Netanyahou et de son gouvernement car, selon eux, cet accord légitime le programme nucléaire iranien et va conforter l'économie iranienne ainsi que le côté agressif et terroriste de la politique iranienne au Moyen-Orient[231]. Le porte-parole du Premier ministre demande « un accord qui démantèle de façon significative les infrastructures nucléaires militaires de l'Iran, qui exige de l'Iran qu'il change de comportement, qu'il cesse ses agressions dans la région, qu'il arrête de soutenir le terrorisme dans le monde entier, et qu'il cesse ses appels répétés à la destruction d'Israël »[232]. Netanyahou dénonce à nouveau l'accord le à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU[233] mais le suivant, à l'occasion d'une rencontre avec le président Obama, il en prend acte en déclarant : « Nous avons un intérêt commun à empêcher l’Iran de violer l’accord qui a été signé et nous allons coopérer sur ce sujet »[234].

D'autres violents incidents se produisant en Syrie et impliquant les forces iraniennes ou le Hezbollah et Israël sont détaillés dans l'article Confrontations israélo-syriennes pendant la guerre civile syrienne. La confrontation irano-israélienne se poursuit aussi par espionnage : le , dans une brève conférence, Benyamin Netanyahou affirme que d'importantes archives de documents obtenus près de Téhéran par le Mossad révèlent que Téhéran a œuvré à développer un arsenal d’armes nucléaires, menti à la communauté internationale à ce sujet et pris les mesures nécessaires pour que le pays puisse continuer à développer sa bombe dans le cadre des accords de 2015[235].

Le , Donald Trump annonce que les États-Unis se retirent de l'accord nucléaire iranien en s'appuyant notamment sur les récentes déclarations de Benyamin Netanyahou[236]. Le , le chef du programme nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh est victime d'un assassinat souvent attribué à Israël[237].

Les champs gaziers en Méditerranée[modifier | modifier le code]

Frontières maritimes entre Israël, le Liban, Chypre, Gaza et l'Égypte

Si deux petits gisements de gaz ont été trouvés au large de la côte d’Ashkelon en 1999 et exploités en 2004, c'est en 2009 que sont découverts les gisements de gaz majeurs, Léviathan et Tamar[238]. Tamar est exploité dès 2009[238] et le , Israël commence à pomper le gaz du champ de Tamar en Méditerranée[239]. Ce champ recèle des réserves de l'ordre de 238 milliards de mètres cubes, soit plusieurs dizaines d'années de consommation, alors que l'autre champ, Léviathan est exploité à partir de 2016[240]. Israël peut alors devenir exportateur de gaz naturel[240]. Israël et Chypre ont conclu un accord sur la délimitation de leurs champs respectifs et négocient afin de mettre des ressources d'exploitation et de commercialisation en commun[240].

Le Premier ministre Benyamin Netanyahou signe le un accord qui permet l'exploitation du champ de Léviathan, en accordant aux groupes Delek d’Israël et Noble Energy des États-Unis les droits exclusifs de développer les exploitations de gaz substantielles, ce malgré l'opposition de la Knesset[241].

Dans le cadre, d'un accord conclu en 2014, Israël commence discrètement en à exporter vers la Jordanie du gaz extrait du champ gazier de Tamar[242].

Le , la Jordanie et Israël concluent un accord de 10 milliards de dollars portant sur la fourniture de 8,4 millions de mètres cubes de gaz par jour pendant quinze ans, par Israël à la Jordanie à partir de 2019[243]. Cet accord suscite des manifestations hostiles an Jordanie[244]. C'est le 31 décembre 2019 que le gaz de Léviathan commence à être exporté vers la Jordanie en beaucoup plus grande quantité que le gaz de Tamar[245].

En , Israël, Chypre, la Grèce et l’Italie s’engagent, en présence du commissaire européen pour l’Énergie, Miguel Arias Cañete, à avancer un projet de gazoduc sous-marin reliant la Méditerranée orientale au sud de l’Europe, gazoduc qui serait opérationnel en 2025[246]. Puis en , le ministère de l'énergie israélien annonce la mise en exploitation en 2020 de deux autres champs gaziers, Karish puis Tanin[247]. En fait, ce n'est que le 27ׂ octobre 2022 que le champ de Karish entre en exploitation, après la signature l'accord frontalier insraélo-libanais[248].

Si un autre accord est signé avec l'Égypte en 2018[249], de graves défauts de sécurité[250] puis la mise en œuvre de l'accord de Paris sur le climat remettent en question le développement de l'usage du gaz naturel par Israël[251].

En juin 2022, un nouveau protocole d'accord est signé entre l’Union européenne, Israël et l’Egypte qui doit permettre l'envoi par Israël de gaz à l'Égypte, qui le liquéfiera et l'expédiera vers l'Europe pour en réduire la dépendance énergétique d'avec la Russie[252].

Le 11 octobre 2022, Israël et le Liban annoncent un accord sous l"égide des États-Unis sur leur frontière maritime qui devrait permettre l'exploitation du champ de Kana par le Liban avec une part des revenus revenant à Israël car une partie de ce gisement se situe sous les eaux israéliennes[253]. Le champ de Kana sera exploité par TotalEnergies d'ici à trois à six ans. L'accord est officiellement signé par les deux parties le sans que les deux délégations entrent en contact. Alors que le Premier ministre israélien Yaïr Lapid y voit un « accomplissement politique » car « ce n’est pas tous les jours qu’un Etat ennemi reconnaît l’Etat d’Israël dans un accord écrit et ce, devant l’ensemble de la communauté internationale », le président libanais Michel Aoun évoque un accord purement « technique », sans aucune « dimension politique »[248]. L'exploitation du champ de Karish, du côté israélien de la frontière commence dès le 26 octobre alors que les menaces sécuritaires du Hezbollah se sont estompées[254].

En tout, la production de gaz dans le champ gazier de Tamar augmentera d’environ 60 % par rapport à 2023 à l’horizon 2026 – soit l’équivalent de 6 milliards de mètres-cubes par an. Outre Israël et la Jordanie, l'Égypte reçoit aussi du gaz de Tamar[255].

Ressource vitale : l'eau[modifier | modifier le code]

Partage de l'eau[modifier | modifier le code]

L'eau du Jourdain est une ressource vitale pouvant être une source de conflits pour les pays qui le bordent, la Syrie, la Jordanie, la Palestine et Israël[256].

Le , Israël et l’Autorité palestinienne signent un accord de renouvellement de coopération dans le domaine de l’eau après une interruption de six ans. La commission est chargée de développer les infrastructures du réseau d’eau courante en Cisjordanie, permettant ainsi un meilleur accès aux villes et villages palestiniens, de les maintenir et de les moderniser. L'augmentation de la fourniture d’eau à la Cisjordanie et à la bande de Gaza, l’approbation du forage de nouveaux puits et la mise à jour du prix de l’eau seront parmi les principales compétences de cette commission[257].

En , l'Autorité de l’eau d'Israël alerte sur le fait que le niveau du lac de Tibériade s'abaisse et que sa salinité augmente dangereusement, obligeant à des opérations de dessalement[258], si bien qu'en , le gouvernement approuve une initiative visant à alimenter le lac de Tibériade en eau de mer dessalée[259]. Toutefois, à la suite de pluies abondantes en 2019 et 2020, le niveau remonte et atteint les 209,275 mètres sous le niveau de la mer le , un niveau qui n'avait jamais été atteint depuis [260],[261].

Israël et la Jordanie signent le un accord pour doubler la quantité d’eau fournie par l’État hébreu au royaume hachémite, accord prévoyant la vente par Israël de 50 millions de m3 d'eau par an au royaume hachémite en plus des 55 millions de m3 déjà fournis chaque année gratuitement à la Jordanie[262]. Puis, le est signé un accord israélo-jordanien qui prévoit une centrale solaire d’une capacité de 600 mégawatts, qui devrait être construite par les Émirats arabes unis, pour exporter de l’énergie verte en Israël. L’État hébreu livrera en retour 200 millions de mètres cubes d’eau dessalée au royaume[263].

Des accords concernant la Mer morte ont aussi été conclus entre Israël, la Jordanie et l'Autorité palestinienne[264],[265],[266] mais n'ont pas été suivis de concrétisation. La surface de la Mer morte continue donc de diminuer rapidement[267].

Une nouvelle déclaration d’intention est signée entre la ministre israélienne de l’Environnement, Tamar Zandberg, et le ministre jordanien de l’Eau et de l’Irrigation, Mohammad al-Najjar, en marge de la COP27 en novembre 2022. Il s'agit de nettoyer et restaurer le débit du fleuve frontalier Jourdain, dont le niveau baisse en raison de la pollution et du dérèglement climatique[268].

Dessalement de l'eau de mer, micro-irrigation et recyclage des eaux usées[modifier | modifier le code]

L'eau de mer dessalée est devenu la principale source d'eau potable d'Israël[269]. Depuis 2013, l'usine Sorek à Tel Aviv fournit 624 000 m3 d'eau par jour soit 20 % de la consommation d'eau potable en Israël. En 2015, une nouvelle usine est devenue opérationnelle à Ashdod et en 2016 ce sont les trois quarts de l'eau potable israélienne qui seront produits à partir de l'eau de mer (effectivement 55 % en [270] et 75 % en 2017[271]). Cela permet d'alléger la dépendance envers les eaux du lac de Tibériade[272] et les nappes phréatiques. C'est l'entreprise Mekorot (en) — la compagnie des eaux israélienne — qui pilote ces travaux, la technologie venant de l'entreprise IDE-technologies[271],[273]. La consommation d'énergie par ces usines est considérable et le gouvernement fait construire une ferme de panneaux solaires produisant quatre gigawatts pour leur alimentation[269]. Un autre inconvénient de la consommation d'eau dessalée serait la carence en iode observée en 2022 par l'OMS parmi les Israéliens[274].

Israël est un pays à 60 % désertique dont la population est passée de 2,5 à 8,7 millions d'habitants de 1975 à 2017. Pour faire face, un plan directeur sur quarante ans pour économiser l’eau et trouver de nouvelles ressources a été mis en place par le gouvernement[275]. Les fuites dans les canalisations ont été ramenées à 10 % contre 20 % en France, le prix de l'eau a été multiplié de 1,5 à 2 incitant les consommateurs à faire des économies et 75 % de l'agriculture a recours à la micro-irrigation. Économiser l'eau ne suffisant pas, les eaux usées, c'est-à-dire les eaux des égouts sont recyclées avec un taux de 85 %, ce qui semble être la meilleure performance mondiale devant Singapour (35 %) et l'Espagne (27 %). Même si l'eau recyclée est buvable, le réseau d'eaux usées alimente le Néguev par des tuyaux de couleurs violettes, différents des tuyaux bleus du réseau d'eau potable[275].

Reuven Rivlin en 2008 ; il est élu président de l'État d'Israël le .

Réfugiés et travailleurs immigrés[modifier | modifier le code]

Les réfugiés africains[modifier | modifier le code]

En 2015, 45 000 Africains[276], la plupart d’origine soudanaise et érythréenne[277] qui n'avaient pas pu s'établir en Égypte[278], ont trouvé clandestinement refuge en Israël depuis 2004 et la guerre au Darfour[279]. La plupart sont demandeurs d'asile[278]. La Haute Cour de justice israélienne a ramené l'enfermement de ces clandestins à douze mois au plus - jusqu'en , 20 mois[280] - alors qu'ils demandent l'asile et qu'ils n'obtiennent souvent pas de permis de travail[281],[278] et 2 200 d'entre eux sont effectivement assignés à résidence à Holot dans des conditions déplorables. Même s'ils peuvent en sortir chaque jour, il leur est très difficile de chercher et de trouver du travail[278]. La présence de nombreux réfugiés dans le sud de Tel-Aviv y suscite des manifestations d'hostilité[280]. En , un accord entre Israël et l'Ouganda et le Rwanda sur le retour de ces réfugiés en Afrique est dénoncé par l'Initiative internationale sur les droits des réfugiés (IRRI selon les initiales anglaises)[282],[276].

En , le Times of Israel publie un bilan sur l'immigration des Africains : depuis 2014 et avant la construction d'une cloture sur la frontière avec le Sinaï, 60 000 immigrants sont entrés en Israël, 20 000 en sont repartis dont 3 600 munis de 3 500 dollars et expulsés vers les pays occidentaux, principalement le Canada. Certains ont choisi l’Ouganda et le Rwanda avec lesquels Israël a signé des accords[283].

En , la Knesset adopte un projet du gouvernement qui vise à fermer le camp de migrants de Holot en prévision de l’expulsion de migrants illégaux vers des pays africains. Il sera fermé pour 3 mois, à partir du , selon la décision. Avec la fermeture du centre, les migrants seront confrontés à un ultimatum : quitter le pays ou risquer la prison[284].

Le dimanche , la loi sur les « infiltrés »est adoptée par la Knesset permettant l'expulsion des demandeurs d’asile par la force dans des pays autres que ceux qu’ils avaient quittés et la fermeture du centre de détention de Holot[285].

Le , Israël lance son programme d'expulsions, imposant à près de 40 000 migrants en situation irrégulière de choisir avant le entre leur expulsion avec 3 500 dollars et un billet d'avion ou leur incarcération[286]. Ce programme suscite des manifestations de migrants soutenus par des Israéliens, notamment des (enfants de) rescapés de la Shoah[287].

Le , le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés appelle une nouvelle fois Israël à stopper sa politique de réinstallation d’Erythréens et de Soudanais en Afrique subsaharienne[288] mais le , les autorités israéliennes commencent à distribuer des lettres à des milliers de migrants africains en situation irrégulière, leur ordonnant de partir d’ici la fin du mois de mars sous peine d’être emprisonnés, les mineurs, les femmes et les parents de mineurs n'étant concernés[289].

Le , le gouvernement israélien annonce un accord avec l'ONU pour la réinstallation de 16 250 migrants africains vers des pays occidentaux comme le Canada, l'Allemagne ou l'Italie tandis que l'État d'Israël règlera le statut de ceux estimés à 18 000 qui resteront sur place[290]. Toutefois, dans les heures qui suivent, le premier ministre Benyamin Netanyahou, cédant aux pressions de le la droite annule cet accord qui donnait un statut temporaire à des milliers de migrants en Israël[291].

Le , les migrants incarcérés dans la prison de Saharonim sont libérés à la suite d'une décision de la Cour suprême[292].

Finalement, le , le gouvernement israélien informe la Cour suprême qu'il renonçait à son projet, qu'il est l'impossible de déporter des immigrés contre leur gré, qu'il renouvellera les visas temporaires et rouvrira les centres de rétention pour les demandeurs d'asile[293],[294].

Les immigrés philippins[modifier | modifier le code]

Il est estimé que 30 000 travailleurs philippins, dont 85 % de femmes, vivent en Israël où ils sont souvent installés depuis plus de quinze ans et sont souvent aides-soignants[295]. Si la plupart sont venus avec un visa de travail légal, beaucoup sont restés après l'expiration de leur visa en travaillant au noir. Au printemps 2019, les autorités israéliennes ont signifié à une cinquantaine d’enfants souvent nés en Israël et à leurs mères qu’ils devaient quitter le pays pendant l’été suivant. Une manifestation réunissant plusieurs milliers de personnes a lieu le place Habima à Tel-Aviv pour s'opposer à ces expulsions.

Intifada des couteaux[modifier | modifier le code]

De l'automne 2015 à la fin 2017 se produit une nouvelle vague de violence entre Israéliens et Palestiniens[296] parfois appelée « Intifada des couteaux »[297]. Attaques palestiniennes au couteau, répliques israéliennes, manifestations palestiniennes et répressions israéliennes font de nombreuses victimes. Les assaillants, hommes et femmes, sont la plupart du temps des jeunes Palestiniens désespérés. Leurs actes seraient rarement prémédités, presque jamais organisés[297]. Le Hamas se félicite de chaque coup de couteau, quand l’Autorité Palestinienne multiplie les arrestations (pour le compte d’Israël) afin de dissuader sa propre jeunesse d’agir[298].

Le , l'assassinat de deux policiers israéliens d'origine druze près de la porte des Lions suivis de l'installation de détecteurs de métaux à l'entrée de l'Esplanade des Mosquées (d'où étaient partis les assassins¨et où ils cherchaient à se réfugier avant d'être abattus) provoquent une crise grave marquée par des émeutes où cinq Palestiniens sont tués et par l'assassinat de trois Israéliens, avant que les détecteurs de métaux ne soient retirés[299],[300],[301].

Mort de Shimon Peres et place d'Israël sur l'échiquier international[modifier | modifier le code]

Le meurt Shimon Peres. Ses obsèques ont lieu en présence de nombreux chefs d'État occidentaux, de Mahmoud Abbas, des ministres égyptien et jordanien des Affaires étrangères et en l'absence des députés arabes à la Knesset[302]. Cette affluence reflète, outre le prestige de Shimon Peres, la place sur l'échiquier international d'Israël qui entretient d'excellentes relations avec un nombre de plus en plus grand de pays d'Europe de l'est, d'Amérique latine, d'Afrique subsaharienne, d'Asie dont la Chine[Note 10] et l'Inde[Note 11] pour qui Israël est un modèle d'innovation dans des domaines tels que l'agriculture, le traitement de l'eau, le high-tech et la cybernétique[306]. Autre symbole du changement de perception d'Israël, du 3 au , Israël accueille les trois premières étapes du Tour d'Italie, le Giro[307].

Le , le 75e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz donne lieu au cinquième Forum mondial de l'Holocauste auquel participent au moins 47 dirigeants internationaux, dont 26 présidents, quatre rois (d’Espagne, des Pays-Bas, de Belgique et du Luxembourg) et quatre Premiers ministres qui sont réunis à Jérusalem pour l’événement[308]. Y ont pris la parole le président israélien Reuven Rivlin, le président russe Vladimir Poutine, le président français Emmanuel Macron, le président allemand Frank-Walter Steinmeier et d'autres éminentes personnalités[309].

La résolution 2334 Conseil de sécurité : dernier incident entre Obama et Netanyahou[modifier | modifier le code]

Le , le Conseil de sécurité des Nations unies adopte la résolution 2334 qui « exige de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est »[310]. Cette résolution a été adoptée grâce à l'abstention des États-Unis, et ce, malgré le souhait du président élu Donald Trump qui demandait un veto[311]. Quant au Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, il qualifie la résolution de « biaisée et honteuse »[312] et convoque pour une « réprimande » tous les ambassadeurs des pays qui ont voté la résolution[313] ainsi que l'ambassadeur des États-Unis[314]. Si le monde politique israélien critique unanimement la résolution, les membres de l'opposition en blâment autant le gouvernement Netanyahou et sa politique déséquilibrée en faveur des « avant-postes » que le gouvernement américain[315].

Le , John Kerry prononce un discours rappelant les principes de la politique américaine au Proche-Orient durant son mandat de secrétaire d'État : « Obama s'est engagé pour Israël et sa sécurité. […] La solution à deux États est la seule voie possible pour la paix entre Israël et les Palestiniens. […] Cet avenir est en danger. » Il rappelle qu'il y a autant de Juifs que de Palestiniens entre le Jourdain et la Méditerranée. « Ils peuvent choisir de vivre ensemble dans un État ou ils peuvent se séparer en deux États. »« Mais il y a une réalité fondamentale : si le choix est celui d'un seul état, Israël peut être soit juif soit démocratique - il ne peut pas être les deux et il ne sera jamais vraiment en paix »[316]. Puis, évoquant l’incitation au terrorisme de la part des Palestiniens, Kerry a affirmé qu’il n’y a « absolument aucune justification » au terrorisme et aux attaques de la vague de violence de l'année écoulée

Complicité entre Trump et Netanyahou (2017 - 2021)[modifier | modifier le code]

L'élection de Donald Trump à la présidence américaine constitue une « divine surprise »[317] pour Netanyahou et les sionistes religieux qui le soutiennent. Une raison en est simple : Trump a besoin du soutien des chrétiens évangéliques pour qui un retour de Jésus sur terre passe par la reconnaissance d’Israël comme État juif[318]. Trump et Netanyahou affichent leur complicité tout au long de la période où ils sont tous les deux au pouvoir[319],[320].

Les deux leaders entretiennent tout d'abord des positions floues quant à la solution envisagée pour le conflit israélo-palestinien. Le , Benyamin Netanyahou visite Donald Trump à la Maison blanche. Lors de leur conférence de presse, Donald Trump déclare ne pas avoir de préférence entre une solution à deux États ou un seul État : « Un État ou deux – ce que les parties décideront »[321]. Puis, après la rencontre, Netanyahou refuse catégoriquement de soutenir une solution à deux États au conflit israélo-palestinien mais déclare qu’il n’avait pas l’intention d’annexer la Cisjordanie, ni d’accorder la citoyenneté israélienne aux millions de Palestiniens qui y vivent[322]. Toutefois, le Donald Trump exprime une préférence pour la solution à deux États[323].

Le , Trump annonce la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale d'Israël puis le , le président américain Donald Trump signe le décret reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan[324]. En , c'est le plan de paix de Donald Trump et en mars l'accord entre Israël et les Émirats arabes unis. Le , le secrétaire d'État américain Mike Pompeo fait savoir que les États-Unis ne considèrent plus contraires au droit international les colonies israéliennes en Cisjordanie[325]. Et le , le Maroc, à son tour, s'engage à établir des relations diplomatiques avec Israël en échange de la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental[326].

La question des colonies[modifier | modifier le code]

Le , l'adoption par la Commission européenne d'une résolution imposant l'étiquetage des produits fabriqués dans les colonies israéliennes[327] suscite des propos très durs du Premier ministre israélien : « L’étiquetage des produits de l’État juif par l’Union européenne réveille de sombres souvenirs. L’Europe devrait avoir honte »[328]. Le suivant, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, ordonne la suspension des contacts diplomatiques avec les institutions de l’Union européenne et ses représentants sur le conflit palestino-israélien en attendant une « réévaluation » du rôle de l’UE dans le processus de paix[329].

Le , est publié par le Quartet un rapport[330] dénonçant d'une part la politique israélienne de colonisation en Cisjordanie et d'autre part, du côté des Palestiniens, les actes de violence, les incitations à en commettre et leurs divisions internes[331]. Le gouvernement israélien accueille avec satisfaction la reconnaissance par le Quartet de la place centrale de l’incitation et de la violence palestinienne dans le prolongement du conflit et affirme que « les constructions dans les implantations israéliennes en Cisjordanie ne constituent pas un obstacle à la paix », puisque, quand Israël a gelé les constructions, il n’a pas obtenu la paix[332].

Fin 2016, 385 900 Israéliens résident dans 130 implantations de Cisjordanie, approuvées par les autorités et plus de 200 000 Israéliens vivent aussi à Jérusalem-Est[333]. Du point de vue israélien, Jérusalem-Est n'est pas une colonie puisque cette partie de Jérusalem, comprenant la vieille ville a été formellement annexée par Israël en 1980.

Le les résidents de la colonie illégale d'Amona sont violemment expulsés le jour où le Premier ministre Benyamin Netanyahou annonce une nouvelle implantation pour remplacer cette colonie. Cette expulsion devrait être suivie de la destruction des maisons[334],[335]. Simultanément, le gouvernement israélien annonce la construction de 3 000 logements en Cisjordanie, quatrième annonce du genre en moins de deux semaines depuis l’investiture du président américain Donald Trump. Ces logements seront construits dans des agglomérations déjà existantes[336].

Le , la Knesset vote la loi dite de régulation par 60 voix contre 52 pour éviter la répétition de tels incidents : la loi permet de déclarer terres israéliennes des terrains privés palestiniens sur lesquels des Israéliens ont construit sans autorisation, soit parce qu’ils ignoraient qu’ils s’agissait de propriétés privées, soit parce que l’État les aurait laissé faire. Les propriétaires palestiniens seront compensés financièrement ou par d’autres terrains[337]. Cette loi suscite une très forte réprobation internationale[338],[339] et pourrait même être annulée par la Cour suprême israélienne[340]. Après que plusieurs municipalités de Cisjordanie ont déposé une requête à la Cour suprême contre ce projet de loi, le procureur général Avichai Mandelblit notifie officiellement la Cour suprême qu’il ne représentera pas l’État dans la défense de la loi car « c’est la première fois qu’une loi israélienne évoque officiellement le soutien du gouvernement à ces implantations illégales, et qu’il irait ouvertement à l’encontre des droits fonciers des Palestiniens en Cisjordanie »[341].

Le , le président des États-Unis, Donald Trump déclare au journal israélien Israel Hayom ne pas croire que le développement des implantations soit « bon pour la paix »[342].

Le , le gouvernement israélien approuve pour la première fois depuis 1991 la création d'une nouvelle colonie, Geulat Zion (la rédemption de Sion), entre Ramallah et Naplouse. Cette nouvelle colonie est destinée à accueillir les familles évacuées d'Amona, plus tôt dans l'année. L'administration américaine ne condamne pas cette décision bien qu'elle ait appelé à la retenue en matière de colonisation[343].

Le , le secrétaire d'État américain Mike Pompeo annonce un changement majeur dans la politique étrangère des États-Unis en faisant savoir que ceux-ci ne considèrent plus contraires au droit international les colonies israéliennes en Cisjordanie[325].

La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par les États-Unis[modifier | modifier le code]

Plaque commémorant la transformation de l'ancien Consulat général en bâtiment de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, 18 rue Gershon Agron

Le , le président Donald Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d'Israël et annonce des plans pour y transférer l'ambassade des États-Unis[344]. Sa décision est saluée par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui déclare que l'annonce de Trump marque un « jour historique »[345]. Le Hamas appelle les pays arabes et musulmans à expulser les ambassadeurs américains de leurs territoires[346]. Entre le 6 et , une douzaine de roquettes sont tirées de la bande de Gaza vers Israël sans faire de victimes tandis que quatre Palestiniens sont tués par balles dans la bande de Gaza et en Cisjordanie lors de manifestations[347]. Le Shin Bet rapporte une augmentation des actes terroristes en [348].

Le , l'Assemblée générale des Nations unies adopte un texte affirmant qu’une décision sur le statut de Jérusalem « n’avait pas de force légale » et que la question de Jérusalem devait faire partie intégrante d’un accord de paix final entre Israéliens et Palestiniens[349]. Cette résolution adoptée avec 128 votes favorables, 35 abstentions et 9 votes défavorables est généralement considérée comme une condamnation de la décision américaine[350].

Le , la Knesset adopte une loi imposant la majorité des deux tiers à la Knesset pour renoncer à toute partie de Jérusalem en faveur des Palestiniens[351].

Le , la nouvelle ambassade des États-Unis à Jérusalem est inaugurée solennellement en présence du président des États-Unis, alors que de violents incidents se déroulent à la frontière avec Gaza[352]. Dans les jours qui suivent, est aussi ouverte à Jérusalem l'ambassade du Guatemala[353].

Le tourisme en Israël[modifier | modifier le code]

Le tourisme est une importante source de devises pour Israël. En 2011, cela représente 13,3 milliards de dollars soit 7,5 % du PIB. Il s'est considérablement développé depuis l'indépendance du pays : 33 000 visiteurs en 1950, 441 000 en 1970, 1,34 million en 1990 et 3,3 millions en 2014.

2017 est une année record pour le tourisme en Israël : 3 600 000 touristes ont visité Israël en 2017 dont 700 000 venus des États-Unis, 307 000 de Russie et 284 000 de France. Le tourisme a rapporté en 2017 5,8 milliards de dollars à l’économie israélienne[354].

Marche du retour[modifier | modifier le code]

Lors de la marche du retour, le long de la barrière frontalière entre la bande de Gaza et Israël le , d'importantes manifestations sont organisées par les Palestiniens. De violents heurts avec l'armée israélienne se produisent le (19 morts) et le (9 morts). Les manifestations se répètent chaque vendredi, jusqu'au , atteignent un paroxysme le 14, jour de l'inauguration de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem et reprennent jusqu'en juin. Le bilan final en est selon al Jazeera de 214 morts palestiniens[355].

Le 2018, environ soixante Palestiniens sont tués lors de heurts avec l'armée israélienne le long de la frontière de Gaza. Israël doit faire face à une réprobation internationale quasi unanime, à l'exception des États-Unis. Les manifestations se poursuivent jusqu'en et leur bilan final se monte à 235 morts palestiniens. Des lâchers de cerfs-volants et de ballons incendiaires par les Gazaouis leur font suite et entraînent la destruction de 2 000 hectares de champs frontaliers israéliens[356].

Israël, État-nation du peuple juif[modifier | modifier le code]

Le , la Knesset adopte une nouvelle loi fondamentale de l'État d'Israël[357] qui fait d'Israël le « foyer national du peuple juif » et qui donne un statut spécial (et non plus officiel) à la langue arabe. Cette loi précise que « l’État considère que le développement des implantations juives relève de l’intérêt national »[358]. Cette loi, appelée « Israël, État nation du peuple juif » a suscité de nombreuses critiques aussi bien en Israël — où Tzipi Livni lui reproche de ne pas mentionner l'égalité entre tous les citoyens[359] — qu'à l'étranger et notamment en France[360]. Cette loi se heurte aussi à l'opposition des Israéliens arabes ou druzes[361],[362]. Le président de l'État Reuven Rivlin, dans une rencontre avec des leaders druzes déclare : « Je n’ai aucun doute que légalement, vous êtes nos égaux et nous devons garantir que vous sentez bien que vous êtes nos égaux »[363]. Le , plus de 50 000 personnes participent à une manifestation organisée par les leaders de la communauté druze qui affirment que cette loi « les réduisait à des citoyens de seconde catégorie »[364].

Avion russe abattu[modifier | modifier le code]

Le , un grave incident militaire oppose indirectement Russes et Israéliens : les défenses anti-aériennes syriennes ont, par erreur, abattu un avion militaire russe avec 15 militaires à bord. Moscou en a attribué la responsabilité à l’armée israélienne qui selon les Russes a utilisé cet avion comme couverture pour mener la frappe :« En utilisant l’avion russe comme couverture, les pilotes israéliens l’ont rendu vulnérable face aux tirs de la défense anti-aérienne syrienne. En résultat, l’avion Ilouchine-20, sa surface réfléchissante étant bien plus importante que celle du F-16, a été abattu par un missile lancé par le système S-200 »[365]. Israël explique que son aviation a attaqué une base syrienne où des armes de précision étaient livrées au Hezbollah et tient l'armée syrienne pour responsable de l'incident[365]. Même si le président Vladimir Poutine déclare qu'il s'agissait « d'une tragique suite de circonstances accidentelles »[366], les Russes annoncent , la livraison de systèmes modernes de défense antiaérienne S-300 à l’armée syrienne[367].

Poursuites contre Benyamin Netanyahou (2019-2023)[modifier | modifier le code]

Le , après deux ans d'enquête[368], le procureur général de l'État d'Israël Avichaï Mandelblit annonce la mise en cause du Premier ministre Benyamin Netanyahou dans trois affaires différentes dites les affaires des 1000, des 2000 et des 4000. Les motifs de ces mises en cause sont corruption, fraude et abus de confiance : dans l'affaire des 1000, Netanyahou est mis en cause pour « fraude » et « abus de confiance », concernant des cadeaux dont il a bénéficié avec sa famille ; dans celle des 2000, il est aussi mis en cause pour « fraude » et « abus de confiance » pour avoir demandé une couverture médiatique plus favorable au propriétaire du quotidien Yediot Aharonot alors que lui aurait organisé la baisse de la diffusion du quotidien gratuit Israel Hayom ; enfin dans celle des 4000, outre la fraude et l'abus de confiance, il est mis en cause pour « corruption » pour avoir favorisé le groupe de télécommunications Bezeq en échange d’une couverture à son avantage par le journal sur Internet Walla! (en). La décision d'inculpation formelle ne peut être prononcée qu'après une longue procédure comportant une ou plusieurs audiences[369],[370]. Le , alors que Benyamin Netanyahou est toujours premier ministre en l'absence d'un gouvernement issu des élections de , le procureur général d'Israël, Avichaï Mandelblit, annonce sa décision[371] d'inculper Benyamin Netanyahou pour corruption, fraude et abus de confiance dans le cadre de l'affaire des 4000 et pour fraude et abus de confiance dans les deux affaires des 1000 et des 2000[369].

Le procès est prévu pour débuter le , soit deux semaines après les élections législatives[372]. Mais, en raison de la crise du corona virus, le tribunal reporte le procès au [373] puis au [374] puis encore au début de [375] puis à nouveau au en raison de la crise sanitaire[376].

Finalement, le procès reprend le  : la procureure l'accuse d'avoir « usé de façon illégitime du grand pouvoir gouvernemental qui lui est conféré, entre autres pour demander et obtenir des avantages injustifiés de propriétaires de médias importants »[377].

Après les