Henri VI (deuxième partie)

Henri VI
(deuxième partie)
Image illustrative de l’article Henri VI (deuxième partie)
Facsimilé de la première page la seconde partie d'’Henri VI publiée dans le Premier Folio de 1623

Auteur William Shakespeare
Pays Angleterre
Genre Drame historique
Lieu de parution Londres
Date de parution 1623
Date de création 1588 ? - 1591
Chronologie

La seconde partie d'Henri VI est un drame historique de William Shakespeare, écrit probablement en 1591 et publié la première fois en 1594 en format in-quarto sous un titre très long et totalement différent, qui en faisait le premier volet d'une histoire autre que celle du roi Henri VI[1] : Première Partie de la querelle entre les deux célèbres maisons d'York et de Lancastre, avec la mort du bon duc Humphrey ; et le bannissement et la mort du duc de Suffolk, et la fin tragique du fier cardinal de Winchester, avec la remarquable rébellion de Jack Cade ; et la première revendication de la couronne par le duc d'York.

Cette pièce a été publiée dans le in-folio de 1623 sous son titre actuel, en en faisant alors le deuxième volet d'une trilogie sur Henri VI. S'étendant sur une période de quasiment dix ans jour pour jour (du au ), ce drame montre l'incapacité de Henri VI à maîtriser les ardeurs ambitieuses de ses pairs, à protéger son plus solide appui, le duc de Gloucester, à contrer l'ascension du duc d'York, et enfin à éviter la guerre civile des Deux-Roses, ce qui finira par causer sa perte dans la troisième partie.

Toute l'action se passe en Angleterre.

Argument[modifier | modifier le code]

La pièce s'ouvre sur le mariage du roi Henri VI avec la princesse française, Marguerite d'Anjou en 1445. Henri VI est un roi dévot, placide, faible et influençable, alors que sa cour est composée d'individus ambitieux, prêts à tout, même au meurtre, pour prendre l'ascendant sur les autres. Le duc de Gloucester exerce toujours la régence (Lord Protecteur) du jeune roi, et il est l'un des rares courtisans dénués d'ambitions personnelles, ce qui lui vaut d'être la cible de tous les autres. Ces derniers organisent un complot contre sa femme, la faisant participer à une séance de sorcellerie interrompue par York et Buckingham. Accusée de planifier la mort du roi, elle est bannie à vie.

Affaibli par ce scandale, Gloucester est alors accusé par les autres pairs d'avoir été soudoyé par la France, pour abandonner tous les domaines que l'Angleterre possédait et venait de perdre dans ce pays : l'Anjou, le Maine et la Normandie. Mais craignant que leurs témoignages ne soient pas assez solides et convaincants, les conjurés font assassiner Gloucester avant son procès. Dans un de ses rares moments d'autorité, Henri VI, révolté par ce crime, bannit à vie le principal suspect, le duc de Suffolk. Celui-ci, en quittant l'Angleterre, se fait prendre par des pirates et assassiner. L'autre protagoniste de ce crime, le cardinal Beaufort, meurt dans son lit, terrorisé par sa complicité dans le meurtre[2], sous les yeux du roi, sans avouer sa participation.

Une dispute entre les ducs d'York et de Somerset à laquelle Henri VI assiste indifférent

Premier indice de la montée de l'ambition du clan York pour la royauté, un maître armurier est dénoncé par son apprenti. Il prétend que son maître lui a dit que York est l'héritier légitime de la couronne d'Angleterre. Sommés de se battre tous les deux en combat singulier, l'apprenti assomme son maître, qui avoue avant de mourir qu'il a bien prononcé cette phrase.

Une rébellion éclatant en Irlande, York y est envoyé avec une armée puissante pour la réprimer, laissant le champ libre aux autres courtisans à Londres. Mais l'affaiblissement de l'image du roi et la montée des ambitions personnelles à la cour favorisent la rébellion populaire. Encouragé en sous-main par le duc d'York, qui espère tirer parti plus tard de cette agitation, Cade, artisan drapier du Kent, rassemble autour de lui des artisans et des gens du peuple mécontents de la tenue du pays par une aristocratie soucieuse exclusivement de ses intérêts personnels. Sa bande bat les forces armées du shérif du comté de Gloucester, avant de prendre Londres. Les rebelles sont finalement battus par les troupes de Buckingham et de Clifford, et Cade est tué.

York rentre d'Irlande et marche sur Londres avec son armée, alarmant le roi et le camp Lancastre. Pour l'apaiser, on lui dit que Somerset a été mis en prison. En fait, York croise à la cour Somerset qui accompagne la reine. Mis en rage par ce mensonge, il déclare ouvertement posséder des droits à la royauté supérieurs à ceux du roi Henri VI. La guerre est déclarée entre eux.

La première bataille de la guerre civile des Deux-Roses s'achève par la victoire du camp York en 1455. Le roi et la reine s'enfuient vers Londres, et le duc d'York et ses fils les poursuivent.

Personnages[modifier | modifier le code]

Il n'existe aucune liste de personnages dans les premières éditions de cette pièce. Celles qui existent maintenant sont des reconstitutions modernes[3].

La conjuration (acte I, scène 4) : les prêtres, magicien et sorcière sont bien mentionnés dans les chroniques comme des complices d'Éléonore[6]

Les pétitionnaires et le duel (acte I, scène 3, puis acte II, scène 3)

  • Thomas Horner, un armurier ; nom inventé par Shakespeare, les sources ne le donnant pas
  • Pierre Tap, son apprenti ; nom également inventé, permettant un jeu de mots pendant le duel (en anglais thump = frapper, cogner) ; historiquement a été pendu à Tyburn[6][Information douteuse]
  • Deux pétitionnaires
  • Trois voisins de l'armurier
  • Trois apprentis

Le faux miracle (acte II, scène 1)

  • Saunder Simpcox
  • La femme de Simpcox
  • Le maire de Saint Albans
  • Un sergent
  • Des bourgeois et des suivants

Le meurtre de Gloucester (acte III, scène 2)

Le meurtre de Suffolk (acte IV, scène 1)

La rébellion de Cade (acte IV, scènes 2 à 10)

Résumé détaillé[modifier | modifier le code]

Acte I[modifier | modifier le code]

Scène 1 (à Londres, au palais royal)[modifier | modifier le code]

Mariage de Henri VI et de Marguerite d'Anjou.

Sources : Déprats[8]
Le marquis de Suffolk rentre de France accompagnant Marguerite d'Anjou toute nouvelle femme du roi Henri VI. Il remet aussi le texte de la paix conclue avec le roi de France, Charles VII. Le duc Humphrey de Gloucester commence à le lire à voix haute, mais il s'interrompt brutalement tant les termes de cet accord lui semblent défavorables à l'Angleterre : perte du duché d'Anjou et du comté du Maine, alors que Marguerite n'apporte aucune dot. Mais le roi Henri est satisfait de ces conditions, et sort avec la reine et Suffolk. Les pairs qui restent sont scandalisés de l'abandon de domaines, qui leur avaient coûté tant de temps, d'argent et de peine, à conquérir. Néanmoins, n'ayant pas les mêmes intérêts, ni les mêmes ambitions, plusieurs groupes ennemis se forment.

Scène 2 (à Londres, chez les Gloucester[9])[modifier | modifier le code]

Éléonore, femme du duc de Gloucester, confie à son mari ses ambitions de devenir reine. En effet, son mari est l'héritier présomptif du royaume : il gagnerait la couronne si Henri mourrait sans enfant. Le duc blâme sa femme d'avoir de telles pensées, et il sort. Restée seule, Éléonore fait entrer Hume, un prêtre qui lui promet de réaliser ses aspirations grâce à de la sorcellerie. Elle lui donne de l'or et sort. Resté seul, Hume nous apprend qu'en réalité il agit avec Éléonore pour la compromettre à l'instigation du cardinal de Winchester et de Suffolk.

Scène 3 (à Londres, devant le palais royal[10])[modifier | modifier le code]

Des pétitionnaires viennent présenter leurs requêtes au duc de Gloucester, Lord Protecteur, mais ils se trompent et s'adressent au duc de Suffolk, qui accompagne la reine. Un apprenti vient témoigner contre son maître, un armurier, qui lui aurait affirmé que le duc d'York est l'héritier légitime de la couronne. On va chercher ce maître. Pendant ce temps, la reine s'épanche auprès de Suffolk. Elle trouve son mari trop pieux et Éléonore, la duchesse de Gloucester, trop arrogante. Suffolk lui confie qu'il a tendu à celle-ci un piège. Il conseille à la reine de supporter un certain temps le cardinal et les autres pairs, le temps qu'il fasse chuter Gloucester. Le roi arrive avec tous ses pairs, ne sachant qui nommer régent du royaume de France. Tous critiquent Gloucester, qui, exaspéré, préfère sortir. On amène le maître armurier. Comme il nie avoir affirmé que le duc d'York est l'héritier légitime du trône, on conseille au roi de le faire se battre en combat singulier avec son apprenti. Le combat est fixé au mois suivant.

Scène 4 (à Londres, chez les Gloucester[11])[modifier | modifier le code]

La Conjuration par John Opie (1792)

Comme il l'avait promis, Hume organise une séance de sorcellerie en présence de la duchesse. Avec l'aide de Southwell, un autre prêtre, d'un magicien, Roger Bolingbroke, et d'une sorcière, ils font apparaître un esprit qui fait des prédictions ambiguës. Lorsque Southwell achève de consigner ces prophéties, les ducs d'York et de Buckingham entrent précipitamment avec leurs gardes, les surprenant en flagrant délit de sorcellerie. Ils font emprisonner tous les participants et sortir sous escorte la duchesse. Restés seuls, York et Buckingham se félicitent de cette intrigue, puis lisent les prédictions, qui peuvent être interprétées de manière opposée. Buckingham sort prévenir le roi.

Acte II[modifier | modifier le code]

Scène 1 (à St Albans[12])[modifier | modifier le code]

Le roi et sa suite reviennent de la chasse. Les pairs se querellent, et le cardinal est prêt à se battre à l'épée avec Gloucester. Ils se fixent même rendez-vous pour le soir même, lorsqu'un homme apparaît criant au miracle. Ce nommé Simpcox, soi-disant aveugle, aurait recouvré la vue devant la châsse de St Albans. Le roi et sa suite l'interrogent et Gloucester lui tend un piège : il lui demande la couleur de son habit. Simpcox répond qu'il est noir comme le jais ou le charbon, ce qui le confond, car, aveugle de naissance, il devrait ignorer la couleur de ces matériaux. Gloucester le fait fouetter. Buckingham arrive et leur raconte l'épisode de la sorcellerie, à laquelle a participé Éléonore. Le roi est abasourdi et Gloucester, attaqué par tous les pairs, réalise qu'il est perdu.

Scène 2 (dans le jardin du duc d'York[13])[modifier | modifier le code]

York explique à Salisbury et à Warwick, en leur détaillant sa généalogie, pourquoi il est le véritable héritier de la couronne. Tous les deux sont convaincus des prétentions d'York, mais celui-ci leur demande d'attendre le moment favorable pour revendiquer ouvertement la couronne.

Scène 3 (à la cour à Londres[14])[modifier | modifier le code]

À la suite de la séance de sorcellerie, le roi Henri condamne les sorciers à être pendus et la sorcière à être brûlée vive. Éléonore est bannie à vie à l'île de Man. Les condamnés sortent. Gloucester, effondré, remet son bâton de Lord Protecteur au roi, et sort. Puis le duel entre le maître armurier et son apprenti Pierre se prépare. Après des libations de part et d'autre, Pierre assomme son maître qui, avant de mourir, avoue qu'il avait bien affirmé la légitimité du duc d'York sur la couronne d'Angleterre.

Scène 4 (dans une rue de Londres[15])[modifier | modifier le code]

Pénitence publique d'Éléonore de Gloucester avant son bannissement pour l'île de Man

Gloucester s'est placé dans une rue de Londres pour voir passer sa femme partant en exil. Elle se lamente sur son sort et prophétise qu'il sera bientôt lui-même décapité à cause de ses ennemis. Un héraut vient apprendre à Gloucester qu'il est convoqué au Parlement. Il s'étonne de n'avoir pas été consulté auparavant.

Acte III[modifier | modifier le code]

Scène 1 (abbaye de Bury Saint Edmunds[16])[modifier | modifier le code]

Le roi, la reine et les pairs sont présents, mais Gloucester n'est toujours pas arrivé. La reine prévient le roi de se défier de lui, et les autres renchérissent. Somerset arrive pour leur annoncer que tous les domaines anglais de France sont définitivement perdus. Gloucester arrive enfin et Suffolk lui annonce son arrestation pour haute trahison, l'accusant d'avoir été soudoyé par la France pour abandonner tous les domaines anglais dans ce pays. Gloucester est confiant en son innocence, le roi lui renouvelle sa confiance, mais il est toutefois remis à la garde du cardinal en attendant son procès. Gloucester sort en craignant la chute prochaine du roi. Le roi sort également, et les pairs, laissés seuls, sont bien conscients de la légèreté de leur accusations. Ils concluent qu'il faut tuer Gloucester avant son procès. Le cardinal dit qu'il va se charger de cela, les autres conjurés approuvent. Une révolte éclatant en Irlande, ils décident d'y envoyer York pour la réprimer. Celui-ci rumine des projets d'accession au trône avant de sortir.

Scène 2 (dans la résidence du cardinal[17])[modifier | modifier le code]

Deux meurtriers se sont chargés de tuer Gloucester, et Suffolk vient s'assurer que tout a été réalisé comme prévu. Le roi arrive pour juger Gloucester en assurant qu'il faudra des témoignages sincères et solides pour le condamner. Suffolk fait semblant d'aller le chercher et revient en disant que Gloucester est mort dans son lit. Winchester affirme qu'il s'agit du jugement de Dieu, pendant que le roi s'évanouit. Revenu à lui, pas dupe, il repousse Suffolk avec horreur. Warwick entre pour leur apprendre que le peuple se rassemble, disant que Gloucester a été tué par Suffolk et le cardinal. Envoyé par le roi pour examiner le corps, Warwick revient en certifiant que Gloucester a été tué de manière violente. Se sentant accusé, Suffolk provoque Warwick en duel. Ils sortent, mais reviennent aussitôt, le peuple réclamant la mort de Suffolk. Le roi bannit Suffolk, lui donnant trois jours pour quitter l'Angleterre. Suffolk et la reine, laissés seuls, se disent un adieu déchirant, révélant leurs sentiments, puis ils se quittent. On apprend que le cardinal, tenaillé par le remords, est à l'agonie.

Scène 3 (suite de la scène précédente[18])[modifier | modifier le code]

Le cardinal de Beaufort agonisant dans son lit, peinture de Joshua Reynolds

Le roi, Salisbury et Warwick se rendent au chevet du cardinal, qui agonise et délire. Il meurt sans avouer le meurtre de Gloucester.

Acte IV[modifier | modifier le code]

Scène 1 (sur la côte du Kent[19])[modifier | modifier le code]

Des pirates se sont emparés d'un navire et ont fait prisonniers deux gentilshommes et Suffolk déguisé. Les rançons sont discutées entre les pirates, les gentilshommes proposant d'écrire chez eux pour demander la somme réclamée. Le pirate Whitmore a reçu comme prisonnier Suffolk, méconnaissable sous des haillons. Le considérant de peu de valeur, Whitmore veut le tuer aussitôt. Suffolk révèle son identité. Le lieutenant du vaisseau le connaît et sait ce qu'il a fait : amant de la reine, sourire à la mort de Gloucester, dilapidation des biens anglais en France. Il commande à Whitmore de le tuer, ce que fait celui-ci en lui coupant la tête. L'un des gentilshommes, épargné, sort avec le corps de Suffolk pour le présenter au roi.

Scène 2 (quelque part dans le Kent[20])[modifier | modifier le code]

Des artisans rejoignent le groupe de rebelles dirigé par John Cade. Ce dernier, se réclamant de descendance royale malgré une naissance obscure, prétend devenir roi. Il décrit avec sérieux sa généalogie fantaisiste et grotesque, promettant sous son règne des choses utopiques. Il fait tuer un maître d'école pour la seule raison qu'il est instruit, et parle d'éliminer tous les hommes de loi. Arrivent Stafford, shérif du comté de Gloucester, et son frère. Cade leur explique ses prétentions à la royauté. Les frères Stafford sortent en prévenant qu'ils vont écraser les rebelles grâce à l'armée du roi.

Scène 3 (une ville du Kent[21])[modifier | modifier le code]

La rébellion de Cade

La bataille a eu lieu et les frères Stafford sont morts. Les rebelles marchent sur Londres.

Scène 4 (au palais royal[22])[modifier | modifier le code]

Entrent le roi et la reine, qui porte en l'embrassant la tête de Suffolk. Le roi s'étonne de telles marques d'affection. Il veut ramener les rebelles à la raison sans violence, quand un messager vient leur annoncer que les rebelles sont à Southwark. Buckingham conseille au roi de s'enfuir, ce qu'il finit par faire.

Scène 5 (devant la Tour de Londres[23])[modifier | modifier le code]

Des bourgeois viennent demander à la Tour de Londres des renforts pour défendre la cité. Depuis les remparts, Lord Scales, le gouverneur de la Tour, leur répond qu'il a juste les forces suffisantes pour résister aux rebelles.

Scène 6 (dans Cannon Street à Londres[24])[modifier | modifier le code]

Les rebelles sont maîtres de Londres. Ils apprennent qu'une armée se dirige vers eux. Ils se portent à sa rencontre.

Scène 7 (à Smithfield[25])[modifier | modifier le code]

Lord Saye and Sele est amené devant Jack Cade le , peinture de Charles Lucy (XIXe siècle)

Les rebelles sont vainqueurs. On amène devant Cade Lord Say, qui avait voulu rester à Londres. Cade lui explique de façon burlesque pourquoi il va être exécuté. Say lui répond avec panache avant d'être emmené. Peu après un homme revient avec la tête de Say au bout d'une pique.

Scène 8 (suite de la scène précédente[26])[modifier | modifier le code]

Les combats ont repris entre l'armée du roi et les rebelles. Buckingham et le vieux Clifford viennent interpeller les rebelles. Ils promettent le pardon absolu à tous ceux qui rentreront immédiatement chez eux. Cade tente de haranguer ses troupes, mais sans succès. Il s'enfuit, poursuivi par quelques soldats.

Scène 9 (au château de Kenilworth[27])[modifier | modifier le code]

Buckingham et Clifford viennent apprendre au roi que Cade est en fuite, et que ses hommes se sont rendus. Ils sont venus la corde au cou demander grâce au roi, ce que celui-ci leur accorde. Un messager leur apprend que le duc d'York est rentré d'Irlande avec une armée puissante et qu'il marche sur le château. Le roi envoie Buckingham en ambassadeur pour demander à York ses intentions.

Scène 10 (dans le Kent[28])[modifier | modifier le code]

Cade a trouvé refuge dans un jardin. Le propriétaire, Iden, le découvre. Ils se battent et Cade est tué.

Acte V[modifier | modifier le code]

Scène 1 (près de Londres, puis à la cour)[modifier | modifier le code]

York et Buckingham se rencontrent. Buckingham lui demande dans quel but il arrive avec une si puissante armée. York tente de ruser, disant que c'est pour éloigner du roi le traître Somerset. Buckingham lui répond que Somerset est en prison à la Tour de Londres. York congédie alors ses troupes, et tous deux se rendent auprès du roi. À la cour, Iden vient présenter au roi la tête de Cade qu'il a tué. Le roi le récompense. Somerset arrive à la cour avec la reine. York se rend compte qu'il a été berné et devient furieux. Il se rebelle ouvertement contre le roi. Il fait appel à ses deux fils, ainsi qu'à Salisbury et Warwick, et ils font front aux autres pairs. Les deux clans s'affrontent verbalement, annonçant la guerre des Deux-Roses.

Scène 2 (champ de bataille de St Albans[29])[modifier | modifier le code]

Au cours du combat, York tue le vieux Clifford. Le jeune trouve son père et jure de le venger sur n'importe quel membre de la famille York. Il sort portant le corps de son père. Pendant la suite du combat, Richard, un des fils du duc d'York, tue Somerset. Le roi et la reine constatent que la bataille est perdue et ils s'enfuient vers Londres.

Scène 3 (suite de la scène précédente[30])[modifier | modifier le code]

York, ses fils Édouard et Richard ainsi que Warwick et Salisbury se félicitent de la victoire et se proposent de poursuivre les fuyards.

Sources d'inspiration[modifier | modifier le code]

Shakespeare a utilisé principalement comme source documentaire le recueil des Chroniques de Raphael Holinshed, la deuxième édition de 1587[31], qui est aussi celle de la plupart de ses autres drames historiques. Ceci permet de fixer une date butoir basse à l'écriture de cette pièce. L'œuvre témoigne également de l'influence d’Edward Hall : The Union of the Two Illustrious Families of Lancaster and York. Enfin Shakespeare a emprunté des épisodes mineurs à d'autres ouvrages. La scène du faux miracle vient vraisemblablement du Livre des martyrs de John Foxe[32] (ISBN 1419120581).

Date d'écriture et paternité[modifier | modifier le code]

Les pièces Henri VI font partie des premières œuvres attribuées à Shakespeare. La partie 1 a été publiée pour la première fois lors de l'édition du Premier Folio en 1623, accompagnant les parties 2 et 3, qui avaient été publiées auparavant en 1594 en in-quarto dans des textes légèrement différents, de qualité généralement qualifiée d'inférieure, et plus courts d'environ un tiers[33]. Ces différences sont interprétées par les historiens du théâtre, soit comme des recopies illégales ou mal mémorisées du texte joué, soit comme des versions originelles malhabiles d'un Shakespeare débutant, soit enfin comme des versions écrites par un ou plusieurs autres dramaturges et reprises et corrigées par Shakespeare[34].

La paternité de Shakespeare n'est généralement plus mise en doute actuellement pour les parties 2 et 3, alors que Edward Capell, William Warburton et Edmond Malone les avaient exclues du canon shakespearien au XVIIIe siècle[35]. Il y a aujourd'hui davantage de controverses concernant la première partie. Leurs dates exactes de rédaction et même de représentation restent aussi des sujets de controverses

Fidélité à l'histoire[modifier | modifier le code]

Cette pièce suit plus fidèlement le texte des chroniques, principalement celles d'Holinshed et de Hall, que la première partie[36]. Cependant, dix années étant condensées le temps d'une représentation, Shakespeare a dû régulièrement procéder à des télescopages d'événements et s'affranchir périodiquement du déroulement historique des faits. Ainsi la rivalité entre la toute jeune reine Marguerite et la duchesse de Gloucester (acte I scène 3) n'a jamais existé, puisque Marguerite est arrivée à la cour d'Angleterre quatre ans après le bannissement de la duchesse, et elles ne se sont donc jamais rencontrées[37]. À l'acte V, Shakespeare représente comme simultanées le retour d'York d'Irlande (1450)[38], sa campagne contre Somerset (1452) et la première bataille de St Albans (1455)[39]. Enfin, à l'époque, le cardinal Beaufort avait environ 70 ans et se retirait graduellement des affaires publiques, peu soucieux de faire assassiner ses adversaires politiques[40] ou de se battre en duel avec eux.

Il existe aussi quelques anachronismes, comme la perte de la Normandie, le plus important étant peut-être la mort de Talbot dans la première partie, alors qu'il est contemporain des faits présentés ici, étant mort en 1453[36]. L'âge de Richard, fils du duc d'York, à la bataille de St Albans est de 3 ans ; il parait donc difficile de l'y faire participer, qui plus est en tuant Somerset.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1463
  2. Leech, Shakespeare : Chronicles, p. 16
  3. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1483 note 1
  4. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1490
  5. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1451
  6. a b et c Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1484
  7. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1492 note 20
  8. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1485 note 1
  9. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1486 note 13
  10. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1486 note 15
  11. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1487 note 20
  12. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1487 note 1
  13. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1488 note 13
  14. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1488 note 17
  15. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1489 note 24
  16. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1489 note 1
  17. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1489 note 11
  18. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1490 note 27
  19. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1490 note 1
  20. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1492 note 19
  21. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1494 note 43
  22. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1495 note 47
  23. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1495 note 52
  24. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1495 note 55
  25. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1495 note 58
  26. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1496 note 73
  27. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1496 note 77
  28. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1497 note 81
  29. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1498 note 10
  30. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1498 note 19
  31. Saccio, Shakespeare's English Kings, p. 13
  32. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1465 note 3
  33. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1481
  34. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1480
  35. Shapiro, Contested Will, p. 65-66
  36. a et b Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1465
  37. Leech, Shakespeare : Chronicles, p. 119
  38. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1496-1497 note 77
  39. Déprats, Histoires 1 (Shakespeare), p. 1497 note 1
  40. Leech, Shakespeare : Chronicles, p. 120

Bibliographie[modifier | modifier le code]