Hakuto-R
Hakuto-R est un programme spatial développé par la société japonaise ispace dont l'objectif est de construire et de mettre en œuvre des atterrisseurs et des astromobiles lunaires de petite taille. En 2022, deux missions sont d'ors et déjà financées par des investisseurs privés dont Yokogawa Electric et Toray Carbon Magic. La première mission M1 a été lancée le 11 décembre 2022 par une fusée Falcon 9 en tant que charge utile principale, le nano-satellite Lunar Flashlight l'accompagnant en tant que charge utile secondaire. Le projet Hakuto-R est issu de développements réalisés dans le cadre du Google Lunar X Prize.
Historique[modifier | modifier le code]
L'atterrisseur lunaire Hakuto (en français lapin blanc, en référence au lapin lunaire) est conçu initialement par la société japonaise ispace pour tenter de remporter le Google Lunar X Prize, un prix décerné à la première équipes d'ingénieur et techniciens travaillant en dehors du cadre institutionnel des agences spatiales qui parviendrait à concevoir fabriquer et poser un engin spatial sur la surface de la Lune. Lancé en 2007, la compétition est close en 2018 sans qu'aucune équipe ne soit parvenue à remplir cet objectif. En 2018 ispace décide de poursuivre ses travaux en développant l'atterrisseur Hakuto-R (R pour reboot c'est-à-dire en français redémarrage). Plusieurs missions, destinées à déposer des charges utiles à la surface de la Lune, sont programmées. Hakuto-R M1 est la première mission dont l'objectif est de valider la conception de l'atterrisseur ainsi que le modèle économique du projet[1].
L’atterrisseur est construit par l'établissement allemand de Lampoldhausen d'ArianeGroup. L'intégration des charges utiles a été réalisée dans les installations de la société IABG ( Industrieanlagen-Betriebsgesellschaft mbH ) à Ottobrunn[1],[2].
La mission Hakuto-R M1[modifier | modifier le code]
Hakuto-R M1 est la première mission de l'atterrisseur lunaire Hakuto-R d'une masse de 1000 kg. Lancé le 11 décembre 2022 par une fusée Falcon 9, il emporte plusieurs charges utiles qui doivent être déposées à la surface de la Lune dans la plaine basaltique Lacus Somniorum située à une latitude moyenne (47,5° Nord, 44,4° Est). Ce site a été choisi parce qu'il comporte peu de rochers susceptibles de faire échouer l'atterrissage et parce qu'il est caractérisé par une grande diversité des formations géologiques. Parmi ces charges utiles, figurent deux petits astromobiles : un astromobile développé par ispace et Rashid 1 des Émirats arabes unis[3],[2].
Charges utiles de l'atterrisseur[modifier | modifier le code]
Astromobile Rashid[modifier | modifier le code]

Rashid 1 est un petit astromobile de 10 kilogrammes comportant quatre roues dont l'énergie est fournie par des panneaux solaires d'une surface de 53 x 53 centimètres. Il emporte trois caméras à haute résolution CASPEX de fabrication française, une caméra infrarouge CAM-T ayant une résolution de 80x64 pixels et un champ de vue de 38 x 31 °, un microscope CAM-M permettant d'étudier le régolithe et des sondes Langmuir permettant d'étudier le plasma. Les caméras CASPEX développées par l'agence spatiale française CNES et la société 3D PLUS ont une résolution spatiale de 2048 x 2048 pixels et un champ de vue de 85 degrés. Deux de ces caméras sont en position fixe à l'avant et à l'arrière de l'astromobile et la troisième est positionnée à l'extrémité d'un mat déployable). Rashid a une vitesse de déplacement maximum de 10 centimètres par seconde et il peut franchir des obstacles de 10 cm de haut et des pentes allant jusqu'à 20 degrés. Une fois l'atterrisseur posé à la surface de la Lune, l'astromobile est déposé sur le sol à l'aide d'un bras articulé. Un deuxième exemplaire de l'astromobile doit embarquer sur la sonde spatiale chinoise Chang'e 7 vers 2025[4],[2].
SORA-Q[modifier | modifier le code]
L'atterrisseur doit également déposer sur le sol lunaire SORA-Q (Sora signifie ciel en japonais), qui est un petit engin de forme ovale d'une masse de 250 grammes et de 8 centimètres de diamètre. Capable de se déplacer grâce à ses extrémités qui peuvent agir comme des roues, il dispose d'une caméra[2].
Autres charges utiles[modifier | modifier le code]
Hakuto-R transporte également un caméra 4K d'ispace, une caméra panoramique (360°) de la société canadienne Canadensys Aerospace et un prototype de batterie à semi-conducteurs[2].
Trajectoire[modifier | modifier le code]
Hakuto-R est placé sur une trajectoire de transit vers la Lune à basse énergie similaire à celle suivie par la sonde spatiale sud-coréenne Danuri. L'atterrisseur s'éloigne de la Terre de 1,5 millions de kilomètres avant de revenir vers la Lune[2].
CubeSat Lunar Flashlight[modifier | modifier le code]
La fusée Falcon 9 emporte également une charge utile secondaire, le CubeSat 6U Lunar Flashlight qui est placé sur une orbite lunaire très elliptique avec un périgée passant environ 15 kilomètres au-dessus du pole sud de la Lune. Ce nano-satellite utilise des lasers pour tenter de mettre en évidence la présence de glace d'eau[1].
Caractéristiques techniques de l'atterrisseur[modifier | modifier le code]
L'atterrisseur permet de déposer des charges utiles d'une masse totale de 30 kilogrammes à la surface de la Lune. Avec son train d'atterrissage déployé il est haut de 2,3 mètres pour un diamètre de 2,6 mètres. Sa masse à vide (sans ergols) est de 340 kilogrammes et de une tonne avec les ergols. Le système propulsif comprend un moteur-fusée principal et six moteurs-fusées secondaires qui brulent un mélange d'ergols hypergoliques (Méthylhydrazine et peroxyde d'azote). L'attitude de l'engin spatiale est contrôlée à l'aide de six petits moteurs-fusées brulant de l'hydrazine[1],[2].
Notes et références[modifier | modifier le code]
- (en) Andrew Jones, « SpaceX launches Falcon 9 carrying private Japanese moon lander », sur nasaspaceflight.com,
- (es) Daniel Marin, « Lanzada la sonda japonesa HAKUTO-R a la Luna », sur Eureka,
- (en) Gunter Krebs, « Hakuto-R M1 », sur Gunter's Space Page,
- (en) Andrew Jones, « UAE moon rover, Japanese lander set to launch atop SpaceX rocket in November », sur Space.com,
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Lien externe[modifier | modifier le code]
- (en) « Site officiel de ispace » (consulté le )