Guerres civiles grecques de 1823-1825

Les guerres civiles grecques de 1823-1825, en grec moderne : Ελληνικός εμφύλιος πόλεμος (1823–1825) / Ellinikós emfýlios pólemos, se déroulent parallèlement à la guerre d'indépendance grecque. Le conflit a des dimensions à la fois politiques et régionales, puisqu'il oppose lors d'une de ses phases les Rouméliotes[note 1], qui vivent en Grèce continentale, alliés aux armateurs des îles, principalement l'île d'Hydra, aux Péloponnésiens. Il divise la jeune nation et affaiblit sérieusement la préparation militaire des forces grecques face à l'intervention égyptienne dans le conflit.

Contexte[modifier | modifier le code]

À la fin du mois de , le Péloponnèse est en révolte ouverte contre l'Empire ottoman qui occupe la Grèce et, en , les Grecs, commandés par Theódoros Kolokotrónis, ont déjà pris les villes de Kalamata et de Tripoli. Après la chute de Kalamata, le Sénat de Messénie, premier des conseils locaux de gouvernement des Grecs, tient sa session inaugurale. Presque au même moment, le directoire achéen est convoqué à Patras. À l'initiative du Sénat de Messénie, une assemblée du Péloponnèse se réunit et élit, le , le Sénat du Péloponnèse.

Des assemblées se réunissent également en Grèce-Centrale () sous la direction de deux Phanariotes : Aléxandros Mavrokordátos dans la partie occidentale, et Théodore Négris dans la partie orientale. Ces assemblées adoptent deux des statuts locaux, la Charte de la Grèce continentale occidentale et l'Ordre juridique de la Grèce continentale orientale. Ces statuts prévoient la création de deux organes administratifs locaux en Grèce centrale, un Aréopage à l'est et un Sénat à l'ouest. Les trois statuts locaux sont reconnus par la première Assemblée nationale d'Épidaure, mais sont ensuite dissous par la deuxième Assemblée nationale.

La première Assemblée nationale, formée à Épidaure, fin , est composée presque exclusivement de notables du Péloponnèse[réf. nécessaire]. L'Assemblée compose la première Constitution grecque et désigne les membres d'un organe exécutif et d'un organe législatif qui doivent gouverner les territoires libérés.

Le Phanariote Aléxandros Mavrokordátos est élu au poste de président de l'exécutif, tandis que Dimítrios Ypsilántis, le représentant de la société secrète Filikí Etería, est élu président du corps législatif, un poste sans importance. Les chefs militaires et la Filikí Etería sont marginalisés, mais peu à peu l'influence politique de Theódoros Kolokotrónis grandit, et il parvient bientôt à contrôler, avec les capitaines qu'il influence, le Sénat du Péloponnèse, qui n'est pas dissous par l'Assemblée nationale. Le Sénat gouverne de fait le Péloponnèse, tandis que le gouvernement central est trop faible pour exercer son pouvoir. Voyant l'impasse et le pouvoir croissant des capitaines du Péloponnèse, Aléxandros Mavrokordátos et les Hydriotes proposent la dissolution du Sénat et son incorporation à l'Assemblée nationale.

Pétros Mavromichális accepte la proposition, mais les chefs militaires la rejettent. Après ce rejet, l'administration centrale tente de marginaliser Theódoros Kolokotrónis. En , l'administration centrale promulgue la loi pour l'élection des représentants de la nouvelle Assemblée nationale, mais Theódoros Kolokotrónis défie la loi, et déclare que le Péloponnèse organisera sa propre assemblée pour les élections des nouveaux membres du Sénat.

Première guerre civile[modifier | modifier le code]

Première guerre civile grecque
Description de cette image, également commentée ci-après
Informations générales
Date automne 1823-juin 1824
Lieu Péloponnèse - Première République grecque
Issue Victoire partielle du gouvernement provisoire
Accord entre les deux factions
Commandants
Aléxandros Mavrokordátos
Andréas Lóndos etc
Theódoros Kolokotrónis
Pétros Mavromichális etc

Guerre d'indépendance grecque

Le gouvernement provisoire décide que l'Assemblée Nationale se tiendra à Nauplie, et demande à Theódoros Kolokotrónis, qui contrôle la ville à partir de janvier 1823, de lui rendre la cité. Celui-ci refuse et propose que l'Assemblée se tienne à Nauplie, la ville restant sous son contrôle. Sa position divise ses partisans et l'affaiblit politiquement. La plupart des membres du Sénat du Péloponnèse obéissent aux décisions du gouvernement, et les capitaines sont contraints de négocier leur participation à l'Assemblée. Finalement, la deuxième Assemblée nationale est réunie en à Ástros. Le pouvoir central est renforcé au détriment des organes régionaux, une nouvelle constitution est votée et de nouveaux membres sont élus pour les organes exécutif et législatif.

Afin d'amadouer les chefs militaires, l'administration centrale propose à Theódoros Kolokotrónis de participer à l'organe exécutif en tant que vice-président. Il accepte, mais ses actions provoquent une grave crise lorsqu'il empêche Aléxandros Mavrokordátos, qui avait été élu président de l'organe législatif, de prendre ses fonctions. Son attitude envers Mavrokordátos provoque la colère des membres du corps législatif, qui est contrôlé par les Rouméliotes et les Hydriotes. Theódoros Kolokotrónis et son président de l'exécutif, Pétros Mavromichális, sont sévèrement critiqués par les membres du corps législatif. La crise atteint son paroxysme lorsque le législatif renverse l'exécutif et révoque ses membres. Theódoros Kolokotrónis et la plupart des notables et capitaines du Péloponnèse soutiennent Pétros Mavromichális, qui reste président de son exécutif à Tripoli. Cependant, un second exécutif, soutenu par les insulaires, les Rouméliotes, certains notables achéens - Andréas Zaïmis et Andréas Lóndos sont les plus importants - et d'autres, comme Grigórios Phléssas, appelé Papaphléssas, est formé à Kranídi avec Geórgios Koundouriótis comme président.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La Roumélie est l'autre nom de la région traditionnelle de Grèce Centrale.

Références[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Douglas Dakin, The Greek struggle for independence, 1821-1833, University of California Press, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (el) Dimitris Dimitropoulos, Kolokotronis during the Infighting, Athènes, Ta Nea, (ISBN 978-960-469-707-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) John S. Koliopoulos et Thanos M. Veremis, A Regime to Suit the Nation : Greece: the Modern Sequel, C. Hurst & Co. Publishers, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (el) Kostís Papagiórgis, Κανέλλος Δεληγιάννης [« Kanéllos Deligiánnis »], Athènes, Kastaniótis, p. 206.
  • (el) Nikos Rotzokos, « Οι εμφύλιοι πόλεμοι [Les guerres civiles] », dans Vassilis Panagiotopoulos, Ιστορία του νέου ελληνισμού: 1770-2000 [« Histoire de l'Hellénisme moderne 1770-2000 »],‎ , p. 143-170. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (el) Tásos Vournás, Ιστορία της νεώτερης και σύγχρονης Ελλάδας [« Histoire de la Grèce moderne et contemporaine »], vol. Α΄, Athènes, Patákis,‎ , p. 98-99.

Article connexe[modifier | modifier le code]