Grotte de Gouy

Grotte de Gouy
Entrée de la grotte.
Localisation
Coordonnées
Adresse
Bois des Côtes-de-SeineVoir et modifier les données sur Wikidata
Gouy
 France
Vallée
vallée de la Seine
Localité voisine
Voie d'accès
Caractéristiques
Type
Longueur connue
12 m
Occupation humaine
environ 12000 ans BP
Patrimonialité
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La grotte de Gouy ou grotte du Cheval est située à 10 km de Rouen (Seine-Maritime), sur la commune de Gouy, au bord de la RD 6015, au pied du versant droit de la vallée de la Seine.

Découverte[modifier | modifier le code]

Elle a été découverte en 1881 par deux habitants de Gouy qui n'en parlèrent jamais. Leur passage fut attesté lors de la redécouverte de la grotte en raison d’une inscription datée qu’ils avaient laissée.

L'entrée de la grotte a été raccourcie lors des travaux de la RN 15 en 1934 et 1935. À ce moment-là, des ouvriers aperçurent une faille et voulurent y descendre, ce que leur interdit le chef de chantier qui jugea la manœuvre dangereuse.

Deux adolescents, les frères Pierre et Yves Martin (ce dernier deviendra par la suite préhistorien), la redécouvrirent en 1956.

Description[modifier | modifier le code]

À la suite des travaux de la RN 15 en 1935, il ne restait plus que douze mètres de galerie, sur deux mètres de large, divisés en trois salles.

En 1972, environ 37 gravures sur craie du Paléolithique supérieur (Magdalénien et Magdaléno-Azilien) ont été dénombrées dans la grotte de Gouy :

  • 18 animaux
    • 7 cornus,
    • 7 chevaux,
    • 1 oiseau (un rapace probablement),
    • 3 indéterminés,
  • 1 possible figure anthropomorphe,
  • 8 vulves,
  • 1 signe penniforme,
  • 1 signe barbelé,
  • 1 signe claviforme,
  • 7 signes indéterminés,
  • des tracés et taches rouges.

L’art pariétal de Gouy apporte des informations sur le passage du Magdalénien à l'Azilien.

Une datation absolue a été obtenue à partir du collagène d'un fragment osseux (sur Tandétron, Gif A 92346 : 12.050 ± 130 ans BP ; H. Valladas). Sans dater l’ornementation dans son ensemble, elle établit une fréquentation de la cavité à cette époque.

Protection[modifier | modifier le code]

La grotte de Gouy fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [1] à la demande d’Henri Breuil.

Très dégradée en raison de phénomènes naturels (infiltrations pluviales, racines de la végétation) ou anthropiques, la grotte est désormais fermée au public. Son entrée, cimentée et fermée par une porte métallique en bordure de la RD 6015, n'est pas signalée.

Autres grottes proches[modifier | modifier le code]

Une autre grotte, dite « grotte aux Moines », se trouvait à Port-Saint-Ouen à 1 km de Gouy. Une pierre gravée d'un mammouth y fut découverte. Cette grotte fut détruite par les travaux du carrefour de la RN 15 avec la RD 7.

Une autre grotte, très peu étudiée, se trouve à Orival (Seine-Maritime) sur l'autre rive de la Seine à 11 km de Gouy.

Avec deux grottes anglaises découvertes récemment[2], ces grottes sont à ce jour les grottes ornées les plus septentrionales connues. Cela laisse supposer qu'une communauté magdalénienne, peut-être en relation avec celle du Bassin parisien[3], était implantée en vallée de Seine à l'époque charnière de la fin de la dernière glaciation et du début de l'Azilien.

Ces groupes assistèrent sans doute à la disparition des derniers mammouths, du rhinocéros laineux, qu'ils ont probablement eu le temps de chasser sur la Seine gelée ; seuls le renne et le cheval subsistèrent encore quelque temps avant de migrer vers l'est. La fin de cette culture devait laisser place après le grand redoux à une culture forestière, exploitant surtout le petit gibier. Les Magdaléniens furent les derniers grands chasseurs du Paléolithique dans cette région.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Notice no PA00100679, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Bahn, Pettitt et Ripoll, 2003 ; 2007
  3. voir Verberie, site magdalénien de première importance

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Paul G. Bahn (1986) : « No sex please, We're Aurignacians ». Rock Art Research, volume 3, no 2, p. 99-104, and comments, p. 105-119.
  • (en) Paul G. Bahn, Paul Pettitt et Sergio Ripoll (2003) : « Discovery of Palaeolithic cave in Britain ». Antiquity, volume 77, p. 227-231.
  • (en) Paul G. Bahn (2010) : « Lascaux in Crisis. The clock is ticking ». Current World Archaeology. 40, p. 28-36.
  • François Bordes, Maurice-Jacques Graindor, Yves Martin et Pierre Martin (1974) : « L'industrie de la grotte ornée de Gouy (Seine-Maritime) », Bulletin de la Société préhistorique française, tome 71, C. R. S. M. [lire en ligne]
  • Nicolas Constans (2008) : « Gouy, une grotte en sursis », La Recherche, no 423, p. 16.
  • Maurice-Jacques Graindor (1958) : « Découvertes de gravures rupestres à Gouy (Seine-Maritime) ». L'Anthropologie, tome 62, no 5-6.
  • Maurice-Jacques Graindor (1959a) : « Informations archéologiques ». Gallia, t. 2, p. 87-88.
  • Maurice-Jacques Graindor (1959b) : « Communication sur les recherches préhistoriques de Gouy », Bull. Soc. Linn. Normandie, t. 10, p. 149.
  • Maurice-Jacques Graindor (1963) : « Une grotte du Paléolithique supérieur à Gouy (Seine-Maritime), sa découverte et ses gravures pariétales », Ac. Sc. Belles Lettres et Arts de Rouen, p. 111-127.
  • Maurice-Jacques Graindor (1965a) : « Informations archéologiques », Gallia, tome 8, p. 28-30.
  • Maurice-Jacques Graindor (1965b) : « Découverte d'une gravure du Paléolithique supérieur représentant un "Éléphant" à Gouy », Revue Sociétés Savantes de Haute-Normandie Préhistoire-Archéologie, no 40, p. 5-7.
  • Maurice-Jacques Graindor (1968) : « Les gravures rupestres de Gouy », Rev. Anthropologique, p. 67-73.
  • Maurice-Jacques Graindor (1971b) : « Upper Palaeolithic rock engravings at Gouy (France) », World Archaeology, p. 245-251.
  • Maurice-Jacques Graindor, Pierre Martin et Yves Martin (1965) : « La découverte des gravures de la grotte de Gouy », Archéologia, no 2, p. 72-80.
  • Maurice-Jacques Graindor et Martin Yves (1972) : L'art préhistorique de Gouy (préface de Jacques Duhamel), Paris, Ministre des Affaires culturelles. éd. Presses de la Cité, 155 pages, 65 fig.
  • Yves Martin (1973) : L'art paléolithique de Gouy (préf. de Maurice-Jacques Graindor), éd. Yves Martin, Gouy, 156 p.
  • Yves Martin (1974) : « Technique de moulage de gravures rupestres », Bulletin de la Société préhistorique française, tome 71, C. R. S. M. no 5, p. 146-148.
  • Yves Martin et Pierre Martin (1984) : « Grotte de Gouy (Seine-Maritime) », L'Art des cavernes. Atlas des grottes ornées paléolithiques françaises, Paris, éd. Ministère de la Culture et Imprimerie nationale, p. 556-560.
  • Yves Martin (1988) : « Nouvelles découvertes de gravures à Gouy. Communication présentée au Musée de l'Homme », L'Anthropologie, tome 93, no 2, p. 513-546.
  • Yves Martin (1989) : « Gouy (Seine-Maritime) », Archéologie de la France, 30 ans de découvertes en France, Paris, éd. Réunion des musées nationaux. (495 p.) p. 103, 2 fig.
  • Yves Martin (1990) : « L'art pariétal de la grotte paléolithique de Gouy », Actes du Muséum de Rouen, p. 30-42.
  • Yves Martin (1991) : La grotte ornée de Gouy. Les Dossiers d'archéologie. no 164, p. 72-75.
  • Yves Martin (1993) : « Méthode de moulage employée à Gouy », L'art pariétal paléolithique, Techniques et Méthodes d'étude. Groupe de réflexion sur les méthodes d'étude de l'art pariétal paléolithique. éd. Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, Ministères de l'Éducation Nationale et de la Culture, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, Paris, p. 365-368.
  • Yves Martin (1998 a) : Présentation de l’exposition. Catalogue de l'exposition "De la préhistoire" (du , au ), préface d’Yves Coppens. Musée de Louviers (Eure), 60 pages, p. 6-7.
  • Yves Martin (1998 b) : La grotte paléolithique ornée de Gouy. Catalogue de l'exposition "De la préhistoire" (du , au ), Musée de Louviers (Eure), p. 16 -21.
  • Yves Martin (1998 c) : L'ornementation pariétale paléolithique de la grotte du Renard à Orival. Catalogue de l'exposition "De la préhistoire" (du , au ), musée de Louviers (Eure), p. 24 -29.
  • Yves Martin (2001) : « Authentification d'une composition graphique paléolithique sur la voûte de la grotte d'Orival (Seine-Maritime) », Comptes Rendus de l'Académie des Sciences de Paris, tome 332, éd. Elsevier, p. 209-216.
  • Yves Martin (2004) : « Découvertes de peintures dans la grotte paléolithique de Gouy (Seine-Maritime) : apport d’un éclairage inhabituel dans l’étude de l’art pariétal », C. R. Académie des Sciences de Paris. Palevol, tome 3, p. 143-156.
  • Yves Martin (2006) : « Un remarquable éclairage pour l’étude de l’art pariétal : contribution et découvertes à Gouy », International Newsletter On Rock Art, no 46, p. 14-23.
  • (en) Yves Martin (2007 a) : « The Engravings of Gouy : France’s Northernmost Decorated Cave », in : Paul Pettitt, Paul Bahn et Sergio Ripoll : Palaeolithic Cave Art at Creswell Crags in European Context. -English Heritage- Oxford University Press, p. 140-193, 292 p.
  • Yves Martin (2007 b) : « Une sculpture paléolithique inédite : la silhouette féminine en bas-relief de Gouy », C. R. Académie des Sciences de Paris. Palevol, tome 6, fascicule 5, p. 345-358.
  • Yves Martin (2009) : Avec Lascaux, sauvons la grotte de Gouy ! Appel à la communauté scientifique, et plaidoyer en faveur d’une grotte ornée en souffrance. Appel transmis le , à Madame Christine Albanel, Ministre de la Culture, à l’occasion du symposium international « Lascaux et la conservation en milieu souterrain » des 26 et , Gouy, éd., Yves Martin, 15 p.
  • (en) Yves Martin (2009) : « Alexander Marshack : His Original Views and Thoughts. A Remarkable Contribution to the Evolution of Research : the Contribution of a Fascinating Session of Work at Gouy ». in (P. G. Bahn, dir.) An Enquiring Mind : Essays in Honor of Alexander Marshack. School of American Prehistoric Research : Harvard, p. 171-192.
  • Yves Martin (2010) : « La grotte de Gouy (Seine-Maritime) ». Bulletin Préhistoire du Sud-Ouest. no 18-1, p. 9-25.
  • Yves Martin (2010) : « Le Bison de Gouy (Seine-Maritime). Découverte d’un petit bas-relief (polychrome ?) », Bulletin Préhistoire du Sud-Ouest. no 18-1, p. 27-33.
  • (en) Paul Pettit, Paul Bahn et Sergio Ripoll (2007) : Palaeolithic Cave Art at Creswell Crags in European Context. -English Heritage- Oxford University Press, 292 p.
  • Angiolino Tomat (1984) : « La grotte ornée d'Orival », Spelunca no 13, p. 36-39.
  • Angiolino Tomat (1998) : La grotte du Renard à Orival. Catalogue de l'exposition "De la préhistoire", 1998/1999, Musée de Louviers (Eure), p. 22-23.
  • Jean-Pierre Watté (2011) : « La grotte du cheval à Gouy et son contexte », Études normandes, no 4.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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