Gisèle Freund

Gisèle Freund
Gisèle Freund à Paris, en 1974.
Biographie
Naissance
Décès
(à 91 ans)
Paris, France
Sépulture
Pseudonyme
GirixVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activités
Père
Julius Freund (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Archives conservées par
University of Victoria Special Collections and University Archives (d) (SC043)[1]
Institut mémoires de l'édition contemporaine (406FND)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture de Gisèle Freund au cimetière du Montparnasse (div. 12) à Paris.

Gisèle Freund, née à Berlin-Schöneberg le et morte à Paris le , est une sociologue et photographe portraitiste française d'origine allemande.

Elle est l'une des premières à faire des portraits en couleurs dès 1938.

Biographie[modifier | modifier le code]

Sophie Gisela Freund naît en 1908 d'un père collectionneur, Julius Freund, qui lui fait découvrir les œuvres de Karl Blossfeldt et lui offre un appareil photographique Leica lorsqu'elle est adolescente[2],[3]. Elle étudie la sociologie à Francfort avec Norbert Elias notamment[4], qui lui propose d'écrire sa thèse sur La Photographie en France au XIXe siècle, la toute première sur la sociologie de l'image.

D'origine juive et membre d'un groupe communiste, elle fuit en 1933[2],[5] l'Allemagne nazie d'Adolf Hitler, qui met en place sa politique antisémite et autoritaire de "mise au pas", et elle achève ses études à Paris en 1936. Amie intime d'Adrienne Monnier, avec qui elle habite jusqu'à la guerre[5], elle côtoie de nombreux écrivains qu'elle immortalise en des portraits devenus célèbres : Virginia Woolf, James Joyce, Colette, André Malraux sur un toit dans le vent, Henri Michaux, Michel Leiris, Marguerite Yourcenar, Jean Cocteau, Sartre, Simone de Beauvoir, Samuel Beckett, Elsa Triolet. Elle prend sur le vif André Gide, Aldous Huxley et Boris Pasternak lors du premier congrès international des écrivains pour la défense de la culture en 1935. Elle devient française par un mariage blanc en 1936 (elle divorcera après la guerre)[4]. Une relation commence aussi avec Adrienne Monnier[4]. Elle emploie dès 1938 les pellicules Agfacolor pour réaliser des portraits en couleurs avant l'heure[2], notamment ceux d'Henri Michaux et Susana Soca. Elle travaille aussi comme journaliste sous le pseudo de Girix[2].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle part pour l'Argentine[2] où l'accueille Victoria Ocampo. Elle établit des liens avec Borges, María Rosa Oliver, Bioy Casares et les membres de SUR. En 1943 elle rapporte de Patagonie et de Terre de Feu des paysages puissants[2]. Elle rencontre également Frida Kahlo et Diego Rivera au Mexique[2]. Elle rentre en France en 1946 et travaille à partir de 1948 pour l'agence Magnum comme photojournaliste. En 1950, elle se trouve réfugiée en Uruguay, chez Jules Supervielle et aussi Ingeborg Bayerthal, lors d'un départ forcé de l’Argentine, à la suite de la publication d'un reportage paru dans Life sur la vie de luxe menée par Eva Perón. Suspectée de communisme, elle est interdite de visa américain et est forcée en 1954 de quitter Magnum, qu'elle a rejoint en 1947 à l'invitation de Robert Capa[3].

En France, le ministère de la Culture lui décerne en 1980 le grand prix national des Arts pour la Photographie. Elle réalise en 1981 le portrait officiel du président François Mitterrand[2]. En 1991, elle est honorée par une grande rétrospective de son œuvre au Centre Georges-Pompidou. Elle a légué plus de deux cents photographies de cette exposition à l'État français.

Elle meurt à Paris en 2000[3]. Elle est inhumée à Paris, au cimetière du Montparnasse (12e division), tout près de sa maison atelier du 12, rue Lalande.

En 2006, une exposition lui est consacrée à la Maison de l'Amérique latine (« Susana Soca et sa constellation vues par Gisèle Freund »[6]).

En 2008, à l'occasion du centenaire de sa naissance, plusieurs expositions lui sont consacrées à Milan (« Gisèle Freund: ritratti d'autore, 1908–2008, cento anni dalla nascita »), Luxembourg (« Photojournalism and Portraiture Symposium. Tribute to Gisèle Freund on her 100th anniversary »[7]) et Berlin (« Gisèle Freund - Wiedersehen mit Berlin 1957-196 »[8]).

Œuvres[modifier | modifier le code]

Expositions[modifier | modifier le code]

Expositions individuelles[modifier | modifier le code]

Expositions collectives[modifier | modifier le code]

Récompenses et distinctions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • La Photographie en France au XIXe siècle : essai de sociologie et d'esthétique., Paris, Maison des amis des livres Adrienne Monnier, 1936 - rééd. Christian Bourgois Éditeur, 2011 (ISBN 978-2267022650)
  • Mexique précolombien, Neuchâtel, Ides & Calendes, 1954
  • Le monde et ma caméra, Paris, Denoël Gonthier, 1970, rééd. 2006 (ISBN 978-2207257920)
  • Gisèle Freund, Photographie et société, Paris, Éditions du Seuil, (ISBN 2-02-000660-X)
  • Mémoires de l'œil, Paris, Seuil, 1977
  • Carnets de Gisèle Freund, Paris Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, RMN-Grand Palais IMEC, (ISBN 978-2-7118-5925-2)
  • Trois jours avec Joyce, Paris, Denoël, 1983, 2006 (ISBN 978-2207257937)
  • Itinéraires, Paris, Albin Michel, 1985
  • Catalogue de l'œuvre photographique Gisèle Freund, Paris, Centre Pompidou, 1991
  • Gisèle Freund, portrait, entretiens avec Rauda Jamis, Paris, éditions des femmes, 1991 (ISBN 978-2721004222)
  • Olivier Corpet, Gisèle Freund, l'œil frontière : Paris 1933-1940 : (exposition, Paris, Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, 14 octobre 2011-29 janvier 2012), Paris Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, RMN-Grand Palais IMEC éd, , 222 p. (ISBN 978-2-7118-5924-5)
  • Frida Kahlo par Gisèle Freund, Albin Michel, (ISBN 978-2226250551)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://uvic2.coppul.archivematica.org/gisele-freund-fonds » (consulté le )
  2. a b c d e f g et h Martine Ravache, « Gisèle Freund », dans Luce Lebart et Marie Robert (dir.), Une histoire mondiale des femmes photographes, Éditions Textuel, , p. 215
  3. a b et c Brigitte Ollier, « Une figure de la photo. Célèbre pour ses portraits, Gisèle Freund est morte à 91 ans », Libération,‎ (lire en ligne)
  4. a b et c Renaud Machart, « “Gisèle Freund, portrait intime d’une photographe visionnaire”, sur Arte : une vie et une œuvre sous le signe des écrivains », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. a et b Didier Eribon (dir.), Catherine Gonnard, Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes, Larousse, , 548 p. (ISBN 2-03-505164-9), p. 202
  6. « Susana Soca et sa constellation vues par Gisèle Freund », sur Actuphoto (consulté le )
  7. « Photojournalism and Portraiture Symposium. Tribute to Gisèle Freund on her 100th anniversary », sur Actuphoto (consulté le )
  8. « Gisèle Freund - Wiedersehen mit Berlin 1957-1962 », sur photography-now (consulté le )
  9. « Édition 1977 », sur Rencontres de la photographie d'Arles (consulté le )
  10. Amanda Hopkinson, « Gisele Freund », sur The Guardian,

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :