Gerhard Ludwig Müller

Gerhard Ludwig Müller
Fonctions
Cardinal-diacre (d)
Sainte-Agnès-en-Agone
depuis le
Archevêque catholique
depuis le
Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi
-
Évêque diocésain
Diocèse de Ratisbonne
-
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Gerhard Ludwig MüllerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Consécrateurs
Friedrich Wetter, Karl Lehmann, Vinzenz Guggenberger (en), Manfred MüllerVoir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Académie royale des docteurs d'Espagne (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Directeur de thèse
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Titre honorifique
Son Éminence (en)
Blason

Gerhard Ludwig Müller, né le à Mayence, alors en RFA, est un archevêque et cardinal catholique allemand, qui fut préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi du au . Il est considéré comme critique de certaines orientations pastorales ou politiques du pape François[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Gerhard Ludwig Müller naît à Finthen, dans la banlieue de Mayence. Après ses études secondaires à l'Institution Saint-Willigis, il étudie la philosophie et la théologie à Mayence, à Munich et à Fribourg-en-Brisgau. En 1977, il obtient un doctorat en théologie sous la direction du cardinal Karl Lehmann en soutenant une thèse sur le théologien protestant Dietrich Bonhoeffer.

Prêtre[modifier | modifier le code]

Il est ordonné prêtre le par le cardinal Hermann Volk. Il exerce ensuite des fonctions de vicaire dans trois paroisses.

En 1986, Il est appelé à la chaire de théologie dogmatique à l'université Louis-et-Maximilien de Munich.

Évêque[modifier | modifier le code]

Le pape Jean-Paul II le nomme évêque de Ratisbonne le . Il reçoit la consécration épiscopale le suivant du cardinal Friedrich Wetter, archevêque de Munich. Il choisit comme devise épiscopale « Dominus Jesus » (Rm 10,9).

Au sein de la Conférence épiscopale allemande, il est président de la commission œcuménique, vice-président de la commission pour la foi et membre de la commission pour l’Église dans le monde. Il est également vice-président de l'association des Églises chrétiennes d'Allemagne.

Ami personnel de Benoît XVI, il est chargé de la préparation de l'édition de ses œuvres complètes (Opera omnia), une série de volumes rassemblant tous les écrits du souverain pontife. Gerhard Ludwig Müller est lui-même l'auteur de plus de quatre cents publications en théologie dogmatique, œcuménisme ou herméneutique. Son œuvre la plus importante est Katholische Dogmatik. Für Studium und Praxis der Theologie (Dogmatique catholique: pour l'étude et la pratique de la théologie)[2].

Gerhard Ludwig Müller est également un élève de Gustavo Gutiérrez, le père de la théologie de la libération sud-américaine, avec lequel il entretient une longue et fervente amitié[3].

À la curie romaine[modifier | modifier le code]

Le , Gerhard Ludwig Müller est nommé par Benoît XVI membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi pour un mandat de cinq ans. Le , il devient également consulteur du Conseil pontifical pour la culture[4].

En , il est également nommé membre de la Congrégation pour l'éducation catholique et du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens[5].

Quelques jours plus tard, le , il est nommé préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi[6]. À cette occasion, il est élevé à la dignité d'archevêque. En tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il est également président du Commission pontificale Ecclesia Dei, de la Commission biblique pontificale et de la Commission théologique internationale.

Le dimanche , le pape François annonce au cours de l’Angélus, sa création comme cardinal qui a lieu le en même temps que celle de dix-huit[7] autres prélats[8]. Il reçoit alors la diaconie Sainte-Agnès-en-Agone comme titre cardinalice[9], diaconie dont il prend possession le [10].

Il est nommé membre de la congrégation pour les Églises orientales le [11].

En , il reçoit à Rome Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie-X, afin de reprendre un dialogue pour une entente et un rapprochement de la Fraternité avec Rome[réf. nécessaire].

Le , il est nommé père synodal par le pape pour participer à la troisième assemblée générale extraordinaire du synode des évêques sur la famille se déroulant du 5 au en qualité de préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi[12].

Le pape le démet inopinément de ses fonctions le à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi[13]. Radio Vatican précise que le pape ne reconduit pas son mandat à la tête de la congrégation et qu'il est remplacé immédiatement par le jésuite Luis Ladaria Ferrer, jusque-là numéro deux de la congrégation[14]. Müller affirme que l'annonce de la fin de sa charge par le pape François lui a été faite à la fin d'un rendez-vous de routine sans lui fournir de motif. Pourtant, la veille le pape l'avait embrassé sur le parvis de la basilique Saint-Pierre devant tout le monde, à la fin de la messe, en lui disant qu’il avait « toute confiance en » lui[15][réf. non conforme].

Après 2017[modifier | modifier le code]

Le cardinal Müller en 2017 à Cologne.

Le cardinal Müller, libéré de ses obligations à la Curie romaine, publie des livres et parcourt le monde pour des conférences. Le 10 février 2019, il publie un manifeste de foi de cinq pages[16] intitulé Euer Herz lasse sich nicht verwirren! (Que votre cœur ne se trouble point!, d'après Jn 14,1), basé en grande partie sur des articles du Catéchisme de l'Église catholique et qui est une brève compilation des vérités de la foi catholique « au vu de la confusion croissante dans l'enseignement de la foi ». La lettre concise contient un exposé de la foi catholique sur les thèmes de l'unité divine et de la Trinité et de la révélation de Dieu en Jésus-Christ, l'Église, l'ordre sacramentel, la loi morale et la vie éternelle ainsi que l'appel à « marcher sur le chemin de Jésus-Christ avec détermination, obtenir la vie éternelle en obéissant à ses commandements ». Cette lettre est vivement critiquée - comme répandant des demi-vérités - par le cardinal Kasper, qui quant à lui promeut une théologie plus « œcuménique »[17].

Déclarations[modifier | modifier le code]

Critique de « l'ambiance de pogrom » contre l'Église catholique[modifier | modifier le code]

En janvier 2013, le cardinal Müller, en sa qualité de préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a critiqué ce qu'il considérait comme une ambiance de pogrom contre l'Église catholique. Dans divers médias en Europe et en Amérique du Nord, « des attaques sont lancées contre l'Église catholique, dont l'arme remonte à la lutte des idéologies totalitaires contre le christianisme ». De ceux-ci se développe une « colère générée artificiellement, qui nous rappelle parfois déjà une ambiance de pogrom »[18],[19]. Ces propos provoquent en retour des critiques de divers cercles juifs américains et de libéraux allemands, notamment sur l'utilisation du mot « pogrom ».

Cléricalisme[modifier | modifier le code]

Gerhard Müller a déclaré en 2019 dans la revue américaine First Things : « Le point de vue athée ressort également des arguments de ceux qui imputent les crimes d'abus à un "cléricalisme" inventé ou à la structure sacramentelle de l'Église »[20].

Gestion de la crise du coronavirus[modifier | modifier le code]

Le cardinal Müller est l'un des signataires d'un appel de l'ancien nonce aux États-Unis, Carlo Maria Viganò, le 8 mai 2020 avec le titre latin Veritas liberabit vos! (La vérité vous libérera, selon Jn 8.32 EU )[21]. Cet appel en une semaine reçoit quarante mille signatures[22]. Il est vivement critiqué comme « complotiste » par le site Internet de la Conférence épiscopale allemande. Les signataires de cet appel déplorent que sous le prétexte de la pandémie de Covid-19, les droits et libertés fondamentales de nombreux citoyens soient « restreints de manière disproportionnée et injustifiée »; la santé publique ne doit pas devenir un alibi « pour libérer les autorités civiles de leur devoir d'agir avec sagesse pour le bien commun ». Il y aurait des forces qui « souhaitent semer la panique dans la population » et qui favorisent un « isolement des individus [...] afin de pouvoir mieux les manipuler et les contrôler ». Ce serait « le prélude troublant à la création d'un gouvernement mondial hors de contrôle »[23].

Le président de la Conférence épiscopale allemande, Georg Bätzing, déclare en réponse, le 9 mai 2020, que la Conférence épiscopale allemande ne ferait aucun commentaire sur les appels lancés par des évêques individuels en dehors d'Allemagne, et a souligné que l'évaluation de la pandémie par la Conférence épiscopale était fondamentalement différente de celle de cet appel du 8 mai. Les évêques allemands avaient déclaré à propos de cette pandémie que les restrictions, y compris celles concernant les services religieux, étaient « sensées et responsables ». En même temps, les évêques de la Conférence épiscopale allemande sont d'avis que les restrictions pourraient être assouplies à nouveau avec responsabilité et sens des proportions[24].

Michael Prüller, directeur de la communication de l'archidiocèse de Vienne et porte-parole de l'archevêque de Vienne (le cardinal Christoph Schönborn), déclare dans le journal Der Sonntag que cet appel du 8 mai témoigne d'« un alarmisme non chrétien » et qu'il est « malhonnête de prétendre à une conspiration sans donner les faits à soulever et sans définir ces "forces" qui chercheraient à nous asservir ».

De plus le cardinal Müller déclare à la radio EWTN Deutschland : « Nous devons prendre position contre l'instrumentalisation de ce virus et de cette crise mondiale par certaines dictatures ou par des groupes idéologiques qui utilisent maintenant l'occasion de supprimer l'Église et de supprimer la vie sacramentelle de l'Église »[22].

Il prend de nouveau position en décembre 2021 à propos de la pandémie de Covid-19, contre les « élites financières » qui voudraient profiter de la crise pour accroître leur contrôle sur la population, s'en prenant notamment à Klaus Schwab, Bill Gates et George Soros. Le président de la Conférence des rabbins européens, le commissaire allemand à l’antisémitisme et le président du Conseil central des Juifs en Allemagne ont déclaré que ces propos étaient antisémites et appelé le Vatican à prendre ses distances avec les déclarations de l'archevêque[25],[26].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Bonhoeffers Theologie der Sakramente, in Frankfurter Theologische Studien, n° 28, Verlag Josef Knecht, Frankfurt am Main 1979, (ISBN 3-7820-0439-6).
  • John Henry Newman begegnen (Zeugen des Glaubens), St. Ulrich Verlag, Augsburg 2000, (ISBN 3-929246-54-6).
  • Gustavo Gutiérrez et Gerhard Ludwig Müller, An der Seite der Armen: Theologie der Befreiung, Sankt-Ulrich-Verlag, Augsburg 2004, (ISBN 3-936484-40-6).
  • Vom Vater gesandt. Impulse einer inkarnatorischen Christologie für Gottesfrage und Menschenbild, Pustet, Regensburg 2005, (ISBN 978-3-7917-1957-3).
  • Die Messe: Quelle christlichen Lebens, Sankt-Ulrich-Verlag, Augsburg 2002, (ISBN 3-929246-90-2).
  • Gott und seine Geschichte. Ein Gespräch über die Bibel mit Johannes Marten und Philipp v. Studnitz, Herder, Freiburg im Breisgau 2005, (ISBN 3-451-28827-3).
  • Jesus ist der Herr – Predigten und Ansprachen, Schnell & Steiner, Regensburg 2007, (ISBN 978-3-7954-2063-5).
  • (éd.) Der Glaube ist einfach. Aspekte der Theologie Papst Benedikts XVI, Pustet, Regensburg 2007, (ISBN 978-3-7917-2097-5).
  • Katholische Dogmatik für Studium und Praxis der Theologie, 10e édition, Herder, Freiburg im Breisgau 2016, (ISBN 978-3-451-34979-9) (traduit en espagnol, italien, hongrois et chinois mandarin).
  • (éd.) Joseph Ratzinger Gesammelte Schriften (16 volumes), Herder, Freiburg i. Br. 2008 ff.
  • Geleitwort in: Benedikt XVI., Geistliche Schriftlesungen (in Christliche Meister, vol. 58). Ausgewählt, eingeleitet und herausgegeben von Julian R. Backes, Johannes Verlag Einsiedeln, Freiburg i. Br. 2014, 2. Aufl. 2015, pp. 7–10, (ISBN 978-3-89411-422-0).
  • Armut: Die Herausforderung für den Glauben. Préface du pape François, avec la collaboration de Gustavo Gutiérrez et Josef Sayer, Kösel-Verlag, München 2014, (ISBN 978-3-466-37106-8).
  • Die Botschaft der Hoffnung: Gedanken über den Kern der christlichen Botschaft, Herder, Freiburg im Breisgau 2016, (ISBN 978-3-451-38888-0).[123]
  • Der Papst: Sendung und Auftrag, Herder, Freiburg im Breisgau 2017, (ISBN 978-3-451-37758-7).
  • „Ihr sollt ein Segen sein“. Zwölf Briefe über das Priestertum, Herder, Freiburg im Breisgau 2018, (ISBN 978-3-451-38310-6).
  • Römische Begegnungen, Herder, Freiburg im Breisgau 2019, (ISBN 978-3-451-38565-0).
  • Der Glaube an Gott im säkularen Zeitalter, Herder, Freiburg im Breisgau 2020, (ISBN 978-3-451-38649-7)., traduit en français sous le titre: La Force de la vérité, Artège, 2020.
  • Avec Franca Giansoldati, In buona fede. La religione nel XXI secolo, Solferino, 2023, (ISBN 978-8828211105)

Références[modifier | modifier le code]

  1. (de) Wer steck hinter dem Corona-Aufruf?, article du 25 mai 2020.
  2. Mgr Gerhard Ludwig Müeller sur le site du diocèse de Ratisbone.
  3. A liberation theologian in the Holy Office?, Vatican Insider, 15 octobre 2011.
  4. Nomina di consultori del Pontificio Consiglio per la Cultura.
  5. Rinunce et nomine, Bulletin quotidien du Saint-Siège, 12 juin 2012.
  6. « Doctrine de la foi: Mgr Müller nommé préfet », ZENIT,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. dont trois ne seront pas cardinaux électeurs du fait de leur âge
  8. News.va, « Le Pape rend publics les noms des 16 prochains nouveaux cardinaux », sur news.va, (consulté le )
  9. (it) Vatican, « Consistoro ordinario pubblico per la creazione dei nuovi cardinali : assegnazione dei titoli o delle diaconie ai nuovi porporati », sur press.vatican.va, (consulté le )
  10. (it) « Avviso dell’Ufficio delle Celebrazioni Liturgiche », sur press.vatican.va, (consulté le ).
  11. (it) Vatican, « Renoncements et nominations du 19 février 2014 », sur press.vatican.va, (consulté le ).
  12. « Liste des participants au Synode sur la famille », sur la-croix.com, (consulté le )
  13. « Le pape licencie le cardinal à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi », La Libre Belgique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Doctrine de la Foi : Mgr Ladaria succède au cardinal Müller », Radio Vatican,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. (it) Gerhard Ludwig Müller et Franca Giansoldati, In buona fede. La religione nel XXI secolo, Solferino, , 224 p. (ISBN 978-8828211105)
  16. Présence, article du 12 février 2019
  17. (de) Le cardinal Kasper critique le manifeste de foi du cardinal Müller, article du 10 février 2019.
  18. (de) Die Welt: Extraits de l'interview , spiegel.de: Chef de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi: l'évêque critique "l'ambiance du pogrom" contre l'Église catholique, 1er février 2013
  19. (de) Entretien avec l'archevêque Müller. "Discréditation ciblée de l'Église catholique" . Dans: Die Welt, 1er février 2013
  20. Nicolas Senèze, Comment l'Amérique veut changer de pape, 2019, édition Bayard Presse, p. 260
  21. Appel du 8 mai 2020
  22. a et b (de) tagesschau.de, article du 25 mai 2020
  23. (de) Jan Schneider, ZDF, article du 9 mai 2020
  24. (de) Kirche + Leben, La Conférence épiscopale allemande prend ses distances avec la théorie du complot du cardinal Müller, 10 mai 2020
  25. Shraga Blum, « Antisémitisme moyenâgeux d’un cardinal allemand ! », sur lphinfo.com, 2021-1216.
  26. « Covid-19 : le cardinal Müller accusé d’antisémitisme », sur Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, 2021-1216.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]