Gau Westmark

Gau de la Marche de l'Ouest
(de) Gau Westmark

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(20 ans)

Drapeau
Drapeau
Blason
Emblème
Description de cette image, également commentée ci-après
Les Gaue du NSDAP au sein du Troisième Reich, en 1944.
Informations générales
Statut Gau du NSDAP et du Troisième Reich
Chef-lieu Neustadt an der Weinstraße (avant 1940)
Sarrebruck (après 1940)
Langue(s) Allemand
Monnaie Reichsmark
Démographie
Population 2 600 000 hab. (est. 1940)
Superficie
Superficie 13 579 km2 (1940)
Histoire et événements
Création du Gau Rheinpfalz pour le NSDAP
Prise de pouvoir d'Adolf Hitler en Allemagne
Rattachement de la Sarre à l'Allemagne
Changement de nom (Gau Saarpfalz)
Annexion de la Moselle et création du CdZ-Gebiet Lothringen sous l'autorité du Gauleiter
Changement de nom (Gau Westmark)
Libération de Metz
Entrée des troupes alliées à Sarrebruck
Capitulation du Troisième Reich
Gauleiter
Friedrich Wambsganß (de)
Josef Bürckel
Willi Stöhr

Le Gau Westmark (en français : Gau de la Marche de l’Ouest) est à l'origine une circonscription administrative interne du parti nazi. À sa création en elle correspond au territoire du district du Palatinat qu'elle remplace comme subdivision territoriale du Troisième Reich à partir de .

D'abord baptisée « Gau Rheinpfalz » (Gau du Palatinat du Rhin) la région est renommée « Gau Saarpfalz » (Gau de Sarre-Palatinat) après le rattachement de la Sarre en . Elle prend son nom définitif à la suite de l’annexion de la Moselle par le Reich allemand en  : le territoire comprend ainsi le CdZ-Gebiet Lothringen (en français : Territoire du chef de l’administration civile en Lorraine) qui remplace le département français de la Moselle.

Administré notamment par le Gauleiter Josef Bürckel le territoire disparaît avec la chute du régime nazi à la fin de la Seconde Guerre mondiale en .

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Appliquant une politique expansionniste agressive, l’Allemagne nazie annexe l'Autriche, la région des Sudètes, la Silésie, Dantzig et la Prusse-Occidentale, la Posnanie, le Luxembourg, la Moselle et l'Alsace entre 1938 et 1940. Le Gau Westmark est le fruit de cette politique. De Gau, « pays » et West, « Ouest », le Gau Westmark désignait la « Marche de l'Ouest » du Troisième Reich allemand[1]. Si la première annexion de l'Alsace-Lorraine avait été entérinée par le traité de Francfort le , la seconde, en revanche, ne sera jamais ratifiée par un traité international.

Pour Adolf Hitler, les motivations sont purement politiques[2]. S'inscrivant dans la droite ligne de sa vision raciale de la supériorité du « peuple germanique », sa volonté de créer un « espace vital »[2] se traduit par une stratégie de conquête planifiée, dès les années 1920. Divers projets de constitution d'un ensemble de territoires à annexer au Reich, à l'ouest de l'Europe, ont été envisagés à sa demande, peu avant la signature de la convention d'armistice du 22 juin 1940[2]. Certains projets concernaient les frontières du traité de Westphalie de 1648, d'autres, celles du Bas Moyen Âge[3].

Création du Gau[modifier | modifier le code]

La création du Gau Westmark se fit progressivement, à la fois pour ménager l'opinion publique française et pour préparer les populations annexées. L’ancienne frontière de 1871 fut rétablie le , marquant de facto l'annexion de la Moselle au Reich allemand[4].

Cet état de fait fut formalisé par un décret de Hitler, signé le , mais dont la publication fut interdite[5].

« La Lorraine fut déclarée officiellement annexée au Troisième Reich le , par le Gauleiter Josef Bürckel qui, à Sarrebruck, dans un grand discours-programme, annonça solennellement que la Lorraine, la Sarre et le Palatinat formeraient dorénavant le « Gau Westmarck » (Marche occidentale), capitale Sarrebruck (organe officiel : le N.S.Z-Westmarck, l'ancien N.S.Z.-Rheinfront) »[6]. Concrètement, le département de la Moselle passa sous le contrôle de l'administration civile allemande, devenant le CdZ-Gebiet Lothringen.

« L'incorporation ne fut jamais réalisée en droit ; elle demeura à l'état d'annexion déguisée »[1]. Elle fut toutefois parachevée d'un point de vue administratif, le , lorsque Bürckel fut nommé gouverneur du Reich pour le nouveau Reichsgau Westmark et par l'entrée en vigueur du code de commerce et du code civil allemands, dans leur intégralité, avec l'ordonnance du [7]. « Les habitants furent conviés par voie d'annonces, à se procurer des codes allemands civil, commercial, pénal, criminel, le code de la circulation, le code des fonctionnaires, etc. »[8].

Le système administratif et les lois allemandes furent ainsi mis en place, en violation formelle des clauses de l'armistice du 22 juin 1940[9],[7], et ce malgré les protestations écrites du gouvernement de Vichy, auprès de la Commission de Wiesbaden, formulées en et et restées sans réponses[9].

Organisation administrative[modifier | modifier le code]

Les Gaue du NSDAP au sein du IIIe Reich, en 1944. Le Gau Westmark est en bleu à deux teintes à l'ouest. Le bleu pâle correspond à la Moselle annexée.

Le siège administratif du Gau Westmark était Sarrebruck[1]. Le Reichsgau Westmark[1] comprenait la Sarre, le Palatinat et la Moselle. Auparavant, la Sarre et le Palatinat formaient le Gau Saarpfalz, dont la capitale était Neustadt an der Weinstraße. Le Troisième Reich comptait 32 Gaue, ou provinces, auxquels sont venus s'ajouter 10 Gaue supplémentaires formés par les territoires nouvellement annexés sous l'appellation Reichsgau.

En dehors du Führer, qui se réservait le droit de donner ses instructions aux gauleiter, seul Göring avait la possibilité d'intervenir sur le plan de l'économie de guerre[1]. Josef Bürckel a été nommé gauleiter du Gau Sarre Palatinat, puis gauleiter du Gau Westmark, un poste qu'il conserva jusqu'en 1944. Après son suicide, il fut remplacé le par Willi Stöhr.

Durant cette période, les circonscriptions administratives de la Moselle ont été remplacées par des Kreise, ou arrondissements. L'arrondissement de Metz-Ville était dirigé par un Oberburgermeister, faisant office de maire. Les autres Landkreise étaient dirigés par un Landrat ou un Landkommissar, faisant office de sous-préfet. Ce chef d'arrondissement exerçait conjointement les fonctions de Kreisleiter du Parti nazi.

L'organe officiel du Gau Westmark était le NSZ-Westmark[7],[10], un journal de propagande nazie.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (de + fr) Eberhard Jäckel, Frankreich in Hitlers Europa – Die deutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg, Deutsche Verlag-Anstalg GmbH, Stuttgart, 1966 ; traduction : La France dans l'Europe de Hitler, (préface d'Alfred Grosser, traduction de Denise Meunier), éd. Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines », 1968, 554 p., chap. « L'annexion déguisée », p. 123-124.
  2. a b et c Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, op. cit., chap. « La France dans les plans de Hitler », p. 35-40.
  3. Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, op. cit., chap. « Les conventions d'armistice », p. 71-74.
  4. François Roth, « À l'épreuve des guerres mondiales, la Seconde annexion », dans François-Yves Le Moigne (dir), Histoire de Metz, Privat, 1986 p. 385-394.
  5. Ce décret concernait également le Reichsgau Oberrhein ou Gau Baden-Elsaß (Eberhard Jäckel: La France dans l'Europe de Hitler, op. cit.).
  6. Jacques Lorraine (pseudo. d'Edmond Huntzbuchler), Les Allemands en France. Origines, Bretagne, Zone interdite Est, Bourgogne, Alsace et Lorraine, éd. du Désert, Alger-Oran, 1945, p. 121.
  7. a b et c Jacques Lorraine (pseudo. d'Edmond Huntzbuchler), Les Allemands en France. Origines, Bretagne, Zone interdite Est, Bourgogne, Alsace et Lorraine, op. cit., p. 121-124.
  8. Jacques Lorraine (pseudo. d'Edmond Huntzbuchler), Les Allemands en France. Origines, Bretagne, Zone interdite Est, Bourgogne, Alsace et Lorraine, op. cit., p. 122.
  9. a et b Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, op. cit., p. 118-121.
  10. MOHR Thierry, « Les Quotidiens nazis Deutsche Front & NSZ-Westmark en Moselle annexée (1940-1944). », Cahiers lorrains (n°1).,‎ mars 1997., p. 147-165

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Noël Grandhomme, « La "mise au pas" (Gleichschaltung) de l’Alsace-Moselle en 1940-1942 : défrancisation, décléricalisation, germanisation, nazification », Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, vol. 46, no 2,‎ , p. 443-465 (DOI https://doi.org/10.4000/allemagne.1844, lire en ligne, consulté le )
  • Eberhard Jäckel (trad. Denise Meunier, préf. Alfred Grosser), La France dans l'Europe de Hitler, [Paris], Fayard, , 554 p.
  • Jean-Luc Leleu, Françoise Passera et Jean Quellien (dir.) (préf. Jean-Pierre Azéma), La France pendant la Seconde Guerre mondiale : [atlas historique], Paris, Fayard, , 333 p. (ISBN 978-2-2136-5461-4)
  • Pierre Rigoulot, L'Alsace-Lorraine pendant la guerre 1939-1945, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , 128 p. (ISBN 978-2-1304-8106-5, DOI 10.3917/puf.rigou.1997.01, lire en ligne)
  • François Roth, « À l'épreuve des guerres mondiales, la Seconde annexion », dans François-Yves Le Moigne, Histoire de Metz, Toulouse, Privat, , 448 p. (ISBN 2-7089-4727-3), p. 385-394
  • Monique Sary, « La vie à Metz sous l'occupation nazie : 1940-1944 », Les Cahiers Lorrains, no 4,‎ , p. 143-171 (ISSN 0758-6760)
  • Patrick Schaeffer, « Internements et déportations en Moselle (1940-1945) », Les Cahiers Lorrains, no 4,‎ , p. 121 (ISSN 0758-6760)
  • Philippe Wilmouth, Mémoires parallèles : Moselle-Alsace de 1940 à nos jours, l'annexion de 1940-45, les Malgré-Nous, le procès de Bordeaux, Ars-sur-Moselle, Serge Domini, , 191 p. (ISBN 978-2354-75060-2)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]