Gallaeci

Gallaeci, Calaeci, Gallèques
Image illustrative de l’article Gallaeci
Les peuples de la péninsule ibérique vers 200 av. J.-C.

Période Antiquité
Langue(s) Paléo-hispanique et indo-européenne à influence celtique
Religion Culte de Nabia et autres divinités locales
Villes principales Bracara Augusta (Braga), Citânia de Briteiros (Guimarães), Citânia de Sanfins.
Région d'origine Gallécie
Région actuelle Espagne : Galice et León ; Portugal : Bragance, Trás-os-Montes et Haut Douro.
Frontière Océan Atlantique au Nord et à l'Ouest, Astures à l'Est, Lusitaniens au Sud.

Les Gallaeci, Callaeci, Calaeci ou Gallèques sont les noms donnés par les Romains et repris par les historiens, à l'ensemble des peuples installés au nord-ouest de la péninsule Ibérique, en Gallécie (actuelle Galice et alentours, en Espagne et Portugal). Gallaeci désigne aussi un peuple en particulier, dont la localisation territoriale dans ce périmètre n'est pas tranchée (c'est pourquoi les textes français distinguent parfois les « Gallèques » (sens territorial) des « Gallaeci » (sens tribal)[1]. Dans l'antiquité tardive et au Haut Moyen Âge, on nommera Gallaeci les habitants du royaume suève : le Gallicense Regnum ou Gallaecia Regnum ce qui a donné au cours de l'histoire le gentilé Galicien (Galaico, galego en galicien[2]).

Ethnonymie[modifier | modifier le code]

Le terme gallaeci ou habitants de la Gallécie (Gallaecia) est une généralisation faite par les Romains à partir du premier contact établi avec un peuple de cette culture et par simplification car les autres peuples avaient des noms trop petits et trop obscurs de ce qu'en dit Strabon[3]. Le groupe des Gallaeci se trouvait peut-être en expansion lorsque les troupes romaines pénétrèrent dans leur territoire.

Les inscriptions épigraphiques prouvent que pour le nord-ouest de l'actuel Portugal, les Bracari étaient le peuple le plus important. On discute si leur nom pourrait avoir quelque lien avec le gaulois bracca (braies, « pantalon »). Les Bracari occupaient le territoire entre les fleuves Douro et Lima et doivent correspondre aux premiers Kallaikoi reconnus pour la première fois, lors des combats contre les troupes romaines (vers 138-136 av. J.-C.), c'est pourquoi Alain Tranoy pense que le peuple des Callaeci était peut-être situé vers Porto.

La Citânia de Briteiros (Guimarães) et la Citânia de Sanfins (Paços de Ferreira) sont d'importants habitats fortifiés de la « Culture des castros » caractéristiques de l'âge du fer local, qui subit plus tard l'influence des Romains après la fondation de la capitale régionale Bracara Augusta (Braga) à la fin du Ier siècle av. J.-C. Des inscriptions épigraphiques comme celle du sanctuaire de la Fonte do Ídolo à Braga en honneur de Nabia - la plus importante déesse des Bracari - les noms des Nemetati un peuple client et de Tongobriga (près de Marco de Canaveses), semblent indiquer une ancienne souche celtique qui remonterait aux Keltoi cités par Hérodote (c. 450 av. J.-C.) comme déjà installés près des côtes ibériques de l’océan Atlantique.

Origines[modifier | modifier le code]

Langues[modifier | modifier le code]

Au moment de la conquête romaine au moins trois langues étaient parlées en Galice, mais aucune n'est attestée directement par l'épigraphie. Il existe cependant des preuves linguistiques de l'existence de trois langues dans la Galice romaine avant la romanisation. Une langue, peut-être celle des premiers habitants de la région, n'était pas indo-européenne[4]. Deux autres langues étaient indo-européennes : le « galicien-lusitanien » local, peut-être introduit lors de la grande activité commerciale de la fin de l'Âge du bronze atlantique, et le celtique d'Hispanie qui a pu être introduit dans le cadre du processus de « Celtibérisation » ou même pendant la période romaine à la suite du déplacement des peuples[5].

Les langues dominantes et apparentées des Gallèques, des Lusitaniens et des Vettons sont considérées comme appartenant au « bloc occidental indo-européen pré-celtique » en raison notamment de sa conservation du p- initial indo-européen, totalement amuï dans toutes les langues celtiques attestées, y compris dans le vieux celtique continental dont le celtibère[6]. Compte tenu de l'étendue de leur territoire, les Gallèques[7], selon la nomanclature de l'Hispanie ancienne et peut-être en raison de réelles différences ethniques ou linguistiques[7], ont été subdivisés en Gallaeci Lucenses et Gallaeci Bracari. La langue des Gallaeci Lucenses serait plus proche de celle des Astures, et celle des Gallaeci Bracari serait particulièrement proche (peut-être même la même selon certains auteurs comme Untermann) du lusitanien, que nous connaissons directement, même de manière fragmentaire[7].

Une autre possibilité existe : les langues des Astures et des Gallèques appartiennent-elles à la plus ancienne couche linguistique indo-européenne de la péninsule, antérieure au lusitanien, représentée par l'hydronymie vieil-européenne (Alteuropäisch) ? Et quelle est la part de l'influence celtique dans la région ? Les auteurs anciens affirment explicitement sa présence, en donnant le nom de Celtici à plusieurs groupes ethniques de la péninsule nord-ouest et de certaines autres régions ibériques[8].

Compléments[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Tranoy, Alain - La Galice Romaine, Paris, 1981, page 65 et 66
  2. Le galicien actuel utilise les deux termes, Galego est le gentilé, et Galaico renvoi à une notion purement ethnique sur le même registre que la langue française emploi le terme Germain
  3. Alain Tranoy, La Galice Romaine, Paris, 1981, page 65.
  4. Hector Iglesias, « Sur quelques similitudes toponymiques galaïco-basques et le problème que posent certaines d'entre elles », in Lapurdum n° 3, 1998, p. 1-27 (lire en ligne) [1]
  5. Díaz Pablo C. and Luis Menendez, Galicia Medieval. « Culture and Society in Medieval Galicia: A Cultural Crossroads at the Edge of Europe », Brill Academic Publishers, Leiden-Boston, 2015 [2]
  6. Antonio Tovar, The Ancient Languages of Spain and Portugal, New York: Vanni, 1961, pp. 91 et suiv.
  7. a b et c Antonio Tovar 1989: pp. 115, 118–19, 125–6
  8. Juan-Luis Garcia-Alonso, (en) « The Place Names of Ancient Hispania and its Linguistic Layers » in : Studia Celtica n° 35, Universidad de Salamanca 2001, pp. 213–244.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • José Manuel Coutinhas, (pt) Aproximação à identidade etno-cultural dos Callaeci Bracari, Porto 2006.
  • Amílcar Guerra, (pt) Nomes pré-romanos de povos e lugares do Ocidente Peninsular, Lisbonne 1998.
  • Venceslas Kruta, Les Celtes: histoire et Dictionnaire, Paris 2000.
  • Francisco Queiroga, (en) War and Castros, Oxford 1992.
  • Armando Coelho Ferreira da Silva, (pt) A Cultura Castreja no Noroeste de Portugal, Paços de Ferreira 1986.
  • Alain Tranoy, La Galice Romaine, Paris 1981.

Articles connexes[modifier | modifier le code]