Gabriel Delessert

Gabriel Abraham Marguerite Delessert, né le à Paris[1] et mort le à Passy, est un haut fonctionnaire français qui a notamment été préfet de police de Paris de 1836 à 1848.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines familiales et jeunesse[modifier | modifier le code]

Issu d'une famille de banquiers calvinistes originaires de Genève, installée à Lyon puis à Paris, il est le fils d'Étienne Delessert (1735-1816), fondateur avec son fils aîné Benjamin de la Caisse d'épargne, de la première compagnie d'assurance et du Comptoir général d'escompte.

Au début de la Révolution française, Gabriel est envoyé faire ses études secondaires à Genève ; il rentre à Paris en 1795.

Débuts professionnels[modifier | modifier le code]

Gabriel Delessert en tenue de chasse,
Horace Vernet, 1821,
collection privée[2].

Après ses études, il travaille jusqu'en 1830 dans la maison de banque de son père (où il restera jusqu'en 1830). Parallèlement, il est nommé adjudant-commandant de la garde nationale de Paris et prend part à la défense de la capitale en 1814.

Le 1er juin 1824, il épouse Valentine de Laborde (1806-1894), fille du marquis Alexandre de Laborde (1773-1842) et de Thérèse Sabatier de Cabre (1780-1854). Ils eurent deux enfants :

Monarchie de Juillet[modifier | modifier le code]

Caricature représentant le général Georges Mouton et Gabriel Delessert.

Lors de la révolution de 1830, il se range aux côtés de Louis-Philippe[3]. Nommé maire de Passy (1er août 1830) — où il possède un hôtel particulier rue Raynouard, à côté de ceux de ses frères[4] —, et colonel d'état-major de la garde nationale (), il fait partie de la commission chargée de préparer la réorganisation des gardes nationales du royaume (17 août). Promu général de brigade de la garde nationale, il se signale dans la répression de l'émeute des 5 et .

Son mandat à Passy prend fin en 1834, alors qu'il entre dans l'administration préfectorale. Il est nommé préfet de l'Aude (), puis d'Eure-et-Loir (), avant de devenir préfet de police de Paris () en remplacement d'Henri Gisquet, et conseiller d'État. Il occupe ce poste jusqu'à la révolution de 1848. Il améliore les services des transports, les prisons, la voirie, les services de secours. En reconnaissance des services rendus à l'État, Louis-Philippe le fait pair de France le .

Dans cette période, un de ses indicateurs est Lucien de La Hodde[5]. Un épisode notable est l'incarcération à la Conciergerie du prince Louis-Napoléon Bonaparte après sa tentative de soulèvement de Strasbourg, en dépit des liens de Delessert avec la reine Hortense[6].

Il occupe une position de premier plan sous la monarchie de Juillet, renforcée par le prestige du salon de sa femme, qui reçoit dans son hôtel de Passy les principales figures de la génération romantique : François-René de Chateaubriand, Adolphe Thiers, Eugène Delacroix, Émile de Girardin, Alfred de Musset, Maxime Du Camp, Charles de Montalembert, Minghetti, Marie d'Agoult et, plus tard, la comtesse de Castiglione, qui devint sa meilleure amie.

Les dernières années[modifier | modifier le code]

Fidèle à la famille d'Orléans après la révolution de 1848, il rend plusieurs fois visite à Louis-Philippe en Angleterre. Par la suite, il refuse de servir le Second Empire.

Il meurt d'une congestion pulmonaire contractée en sauvant un homme de la noyade. Il laisse une telle réputation d'intégrité qu'« aucun parti n'a osé depuis l'attaquer », selon le maréchal de Castellane dans son Journal[7].

Il est enterré avec son épouse cimetière de Passy (16e arrondissement de Paris), dans le tombeau de la famille Delessert[8],[9].

Décorations[modifier | modifier le code]

Iconographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Né à Paris, rue du Coq-Héron, il est baptisé le 6 octobre [1786 en la Chapelle de Hollande.
  2. Portrait par Vernet
  3. Le , il écrivit au comte de Forbin : « Nous avons traversé ces immenses événements sans aucun inconvénient personnel. Maintenant tout est tranquille et le nouveau roi a l'assentiment unanime de tous les honnêtes gens ; il était le seul et unique moyen de sauver la France de l'anarchie. » (cité par le Dictionnaire des parlementaires français
  4. « Les Delessert », sur museeprotestant.org (consulté le ).
  5. Review: Les Conspirateurs, par A. Chenu; ex-capitaine des gardes du citoyen Caussidière. Les societes secretes; la prefecture de police sous Caussidière; les corps-francs. La naissance de la Republique en février 1848 par Lucien de la Hodde.
  6. Il fut longtemps son homme de confiance et le tuteur de son fils naturel, le futur duc de Morny.
  7. cité in François d'Ormesson et Jean-Pierre Thomas, Op. cit., p. 291
  8. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les Éditions de minuit, septième édition, 1963, t. 2 (« L-Z »), « Rue des Réservoirs », p. 336-337.
  9. Philippe Landru, « DELESSERT famille », sur landrucimetieres.fr (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Gabriel Delessert », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • François d'Ormesson et Jean-Pierre Thomas, Jean-Joseph de Laborde, banquier de Louis XV, mécène des Lumières, Paris, Perrin, 2002 (ISBN 2-262-01820-0) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Horace Raisson, Études de biographie administrative. M. Gabriel Delessert, Batignolles, Impr. de Hennuyer et Turpin, 1844, 63 p
  • Louis Tisseron, Quincy (de), Notice sur M. Gabriel Delessert, pair de France, conseiller d'État, préfet de police, Archives des hommes du jour, Paris, Imprimerie de Maulde et Renou, 1846, 19 p.
  • J. Tripier le Franc, M. Gabriel Delessert, Paris, Dentu, 1854, in-8, 33 ppnc + 438 pp. et portrait par Nauroy

Liens externes[modifier | modifier le code]