Gérard de Suresnes

Gérard de Suresnes
Description de cette image, également commentée ci-après
Gérard au micro de Fun Radio en 1997.
Nom de naissance Gérard René Julien Cousin
Alias
Gégé
Naissance
Puteaux (Seine)
Décès (à 43 ans)
Désertines (Allier)
Nationalité française
Profession

Compléments

  • Enfant : Roseline

Gérard Cousin, dit Gérard de Suresnes ou tout simplement Gérard, né le à Puteaux et mort le à Désertines dans l'Allier[1], est un auditeur radiophonique devenu animateur sur l'antenne de la station Fun Radio. Il anime de 1997 à 2002 une émission de radio libre intitulée Les Débats de Gérard, caractérisée par son esprit décalé, voire déjanté, une liberté de ton et surtout par la personnalité de l'animateur, ancien routier fort en gueule, inculte et franchouillard. À l'époque, ses interventions radiophoniques nocturnes connaissent un succès qui perdure encore aujourd'hui auprès d'une communauté de fans qui entretient sa mémoire.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines, études et famille[modifier | modifier le code]

Gérard Cousin naît le à Puteaux dans les Hauts-de-Seine de parents inconnus. À l'âge de six mois, il est recueilli par la DDASS [2] puis placé jusqu'à sa majorité dans différentes familles ou structures d'accueil, comme à l'ITEP de Cerçay, dans le Loir-et-Cher, près de Lamotte-Beuvron, où,adolescent, il séjourne de 1973 à 1977 [3].

Élève médiocre, il quitte l'école à 17 ans, sans diplôme.

À 18 ans, il fait son service militaire en Allemagne dans le 110e régiment d'infanterie[4].

De retour à la vie civile, il exerce quelques petits boulots de manutention puis suit une formation pour devenir chauffeur-routier [5]. À 28 ans, il rencontre Éliane, avec qui il se marie. De leur union naît une fille prénommée Roseline.

Le , à l'âge de 32 ans, trois ans après ses débuts de chauffeur-routier, il est victime d'un accident de la route au volant de son camion 19 tonnes sur une route départementale verglacée entre Dourdan et Rouen [6]. Immobilisé en travers de la chaussée après avoir perdu le contrôle de son véhicule, il est percuté par un semi-remorque arrivant en sens inverse. Lors du choc, il est grièvement blessé. Il reste hospitalisé plus de six mois, se fait opérer de la hanche et poser une broche à la jambe droite[5]. Après son accident, il est licencié par son employeur.

Reconnu travailleur handicapé, il ne peut plus conduire de poids-lourds, porter des charges ni monter sur des échafaudages. Dépourvu de diplômes, il ne parvient pas à accéder à des postes administratifs compatibles avec son handicap.

Sa femme obtient le divorce et part s'installer avec leur fille à Lyon. Gérard ne parvient pas à obtenir du tribunal un droit de visite à sa fille.

Débuts à Fun Radio[modifier | modifier le code]

Sans emploi et isolé, Gérard trouve refuge dans l'écriture de poèmes parlant d'Amour et de l'être aimé.

Auditeur assidu des émissions de libre antenne nocturnes de Fun Radio du début des années 1990, il appelle la radio et commence à réciter ses poèmes à l'antenne dès l'année 1993, depuis une cabine téléphonique située à proximité de son domicile, Cité Carnot à Suresnes.

C'est dans l'émission nocturne de Max qu'il acquiert une certaine popularité. Lors de ses passages à l'antenne, il récite des poèmes loufoques, aux titres aussi évocateurs que Mon papillon, Mon crouton ou Ma bibi, regroupés sous le terme générique des Poèmes de Gérard et dont la structure s'appuie sur la répétition d'un même début de phrase qui est une figure de style appelée anaphore. Dans un premier temps, Max le prend à l'antenne pour se moquer de lui. Rapidement toutefois, il prend conscience que « c'est un mec qui est malheureux, qui n'est pas bien, que les poèmes qu'il me lit sont pour lui vrais et sincères. Donc j'inverse la vapeur avec les auditeurs et je le mets sur un piédestal. Pendant un an et demi il m'a appelé tous les soirs, c'est devenu une véritable star »[7].

En quête de personnages atypiques et burlesques, Max lui ouvre l'antenne de son émission Max le Star System et, après plusieurs mois, finit par le convaincre de venir dans les studios de la radio. Leur rencontre a lieu le à 3 heures 15 du matin dans une ambiance survoltée devant les anciens locaux de Fun Radio, avenue du Général de Gaulle à Neuilly-sur-Seine[8].

Une notoriété nationale[modifier | modifier le code]

Fin 1996, Gérard se voit offrir sa propre émission de radio libre hebdomadaire dans laquelle il anime des débats sur les thèmes de son choix, avec une relative liberté d'action, Max ayant décidé de ne pas être présent dans le studio pendant les débats.

Les Débats de Gérard proposent des thèmes variés, certains loufoques (débat sur les slips jaunes, les ascenseurs, les aspirateurs) ou collant à l'actualité médiatique (le décès de Lady Di, les catastrophes naturelles, la Coupe du monde de football). D'autres abordent de vrais sujets de société, comme la prostitution, la politique ou le chômage, mais de façon très libre et décalée. Les thèmes chers à Gérard reviennent souvent, en particulier le monde de la route, les routiers et la CB, qui constituent sa zone de confort.

Bien qu'officiellement animateur en chef des Débats, Gérard n'est contractuellement qu'assistant d'antenne, systématiquement entouré d'une équipe d'animateurs radio chevronnés.

Celle-ci se structure progressivement autour d'un trio composé de Manu, Phildar et Reego, surnommé la Dream Tize. Les deux premiers, alternant réalisation et standard de l'émission, se chargent d'énerver Gérard tandis que le troisième tente de canaliser sa colère, de « calmer le débat » en le faisant réagir aux questions ou remarques des internautes de l'IRC. Le trio officie sur une période considérée par beaucoup de fans comme l'âge d'or des Débats de Gérard.

Que les initiatives viennent de l'équipe, des auditeurs ou des animateurs radio intervenant à l'antenne sous un pseudonyme, tous les prétextes sont bons pour tourner Gérard en dérision, le faire sortir de ses gonds, « faire gueuler le moustachu »[9] , lui « casser son débat » : son passé de chauffeur-routier (et les clichés que véhicule cette profession souvent décriée), sa maîtrise approximative de la langue française, ses gros problèmes d'hygiène[10], ses conquêtes amoureuses ou ses « lapins », son penchant récurrent pour les boissons alcoolisées, son manque de culture générale et son incompréhension de la plupart des thèmes de débats, etc.

Lorsque Gérard lui demande s'il a bien compris le sens des Débats, Tony, un auditeur intervenant régulièrement, résume à sa façon le concept de l'émission en lui répondant : « Toi tu poses des questions débiles et nous on essaie d'y répondre encore plus débilement. Un challenge, un putain de challenge ! »[11].

Le sens de l'humour, de la répartie, une maîtrise du second degré sont quelques-unes des qualités qui permettent à des auditeurs et auditrices d'être sélectionnés par les standardistes à l'antenne, et pour un petit nombre d'entre eux, de devenir des « habituels », véritable bête noire de Gérard. En 1998, grâce à Fun Radio, Gérard effectue un séjour de 3 jours à New York aux États-Unis afin d'assister à l'avant-première mondiale du film américain Godzilla au Madison Square Garden. Il visita également l'Empire State Building et la Cinquième Avenue. Dans l'émission de Max, Gérard rencontre et discute avec quelques célèbres animateurs et comédiens comme Jean-Luc Delarue, Cyril Hanouna, Franck Dubosc, Jean-Paul Rouve, les frères Bogdanov, etc.

Gérard revient sur l'antenne de Fun Radio en juin 2001 à l'occasion de ses 40 ans.

Fortement alcoolisé selon Sandy, sa compagne à l'époque, il provoqua un accident de voiture le . Celle-ci l'aurait alors quitté pour un dénommé François, avec qui elle refait sa vie. Elle reproche à l'antenne que Gérard s'est servi de sa carte bancaire à son insu, alors qu'elle était hospitalisée à la suite de l'accident.

Après une longue absence, Gérard fait son retour à l'antenne le à la grande joie de Max [12]. Les débats redémarrent avec une équipe recomposée, à l'exception de Manu rescapé de feu la Dream Tize. Les habituels reprennent du service.

Mais la reprise est de courte durée, la fin définitive intervient quelques mois plus tard en plein milieu d'un débat sur le bizutage.

L'éviction de l'antenne[modifier | modifier le code]

Dans la nuit du 30 au , pendant le débat sur le bizutage, Gérard dit en riant « Aïe Hitler ! »[13] à la stupéfaction des membres de l'équipe technique qui étaient alors hilares. À la suite d'un quiproquo, le jeu de mots est interprété comme un salut hitlérien (« Heil Hitler ! »). D'après la version de Gérard, lors de ce débat, il s'était cogné le genou sur la table de la radio, d'où le jeu de mots. Ceci est confirmé sur l'enregistrement de l'émission par un silence à l'antenne, quelques secondes avant l'incident, et le rire général de l'équipe car Gérard se fait mal en essayant de se lever de sa chaise[13]. L'équipe réprimande Gérard, puis le réalisateur et le producteur lui enjoignent de s'excuser, ce qu'il fait dans la seconde : « Oui je m'excuse auprès des auditeurs de ce que je viens de dire, voilà je retire ma parole », à quoi il ajoute « à bon entendeur salut, pour celui qui n'a pas compris ce que cela voulait dire »[14]. Considérant l'incident clos, il s'apprête à poursuivre le débat mais Manu, le réalisateur, coupe l'émission pour faire place à une pause musicale. Durant cette pause, la direction contacte l'équipe et lui signale que le débat ne continuera pas. La sanction est immédiate et sans appel.

À la suite de son dérapage verbal, l'animateur est définitivement évincé de Fun Radio[15].

Dans un communiqué publié quelques semaines plus tard, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) revient sur le dérapage verbal de Gérard et salue la réaction de la station, estimant que celle-ci a su gérer l'incident d'antenne de manière efficace[16].

Dernières années et décès[modifier | modifier le code]

Tombe de Gérard Cousin au cimetière de Désertines.

Sans emploi ni perspective de reconversion, Gérard quitte la banlieue parisienne. Début 2003, il s’installe à Montluçon dans l’Allier. Mais, isolé, il ne parvient pas à tourner la page. Le , il meurt à Désertines, emporté par un cancer des poumons diagnostiqué seulement un mois auparavant. Désargenté, sans famille connue au moment de son décès, il est enterré dans le carré des indigents du cimetière de la commune[17], dans la banlieue de Montluçon.

Au lendemain de son décès, Max, l'animateur radio qui l'avait fait découvrir au grand public, lui rend un rapide hommage à l'antenne.

Un groupe de ses anciens auditeurs et fans, apprenant le décès de Gérard, se cotise pour payer une plaque commémorative.

Postérité[modifier | modifier le code]

Une communauté de fans très active sur les blogs et les réseaux sociaux (pages et groupes Facebook) continue à lui rendre hommage.

Plusieurs sites internet de streaming audio mettent à disposition la quasi intégralité des interventions radiophoniques de Gérard.

Sur Youtube, une communauté est également très active avec notamment les chaînes de [18] "Petit Tonnerre"[19], "Brochette Mystère" et [20] "les Archives de Gérard de Suresnes". Il est également possible de visionner les émissions filmées (principalement la saison 1997 - 1998). Deux vidéos[21],[22] y expliquent le concept des Débats aux néophytes. En plus des auditeurs de l'époque, il existe en effet un public ayant découvert l'émission post mortem.

Deux émissions de radio lui ont par ailleurs été entièrement consacrées, la première sur Radio campus Paris en avril 2006 réunissant les principaux habituels des débats et quelques membres de l'équipe des débats [23]. Une seconde en à l'occasion du huitième anniversaire de son décès sur la webradio Les Sales Gueules, à l'initiative de Manu, Reego et Autentik.

Une cagnotte Leetchi [24] lancée par une fan en permet de collecter un peu plus de 5.000 euros pour procéder, avec l'accord de sa fille devenue majeure, à l'exhumation et la réinhumation de la dépouille de Gérard dans une tombe à son nom le à Désertines, près de Montluçon[25].

Dans l'édition de son roman Dari Valko, un doigt de politique publié en 2014, Ben Orton rend hommage à Gérard de Suresnes en citant en ouverture du livre un de ses poèmes[26].

Discographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970.
  2. « GG Integral », sur ggintegral.fr.nf (consulté le )
  3. Par admax, « Ils ont intégré le château de Cerçay. », sur ITEP de Cerçay (consulté le )
  4. http://gerarddesuresnes.fr/19981105-debat-sur-l-armee/ Débat sur l'armée - 05/11/1998 Allemagne.
  5. a et b « Les stars du système Max », XL,‎ , p. 43.
  6. « GGintegral.fr », sur ggintegral.fr (consulté le )
  7. Interview de Max à l’époque sur Radio-Phonic, évoquant le Star System et Gérard
  8. « GG Integral », sur fr.nf (consulté le ).
  9. Expression de Phildar - Débat du 24/02/2000 sur les ovnis et extraterrestres http://ggintegral.fr.nf/#!track=2000.02.24_Les%20OVNIs%20et%20ET%20%28%2B%20Reunion%20Pirate%29
  10. « GG Integral », sur fr.nf (consulté le ).
  11. http://gerarddesuresnes.fr/ - Débat du 12/10/2000 sur les catastrophes (26 min 58 s)
  12. « GGintegral.fr », sur ggintegral.fr (consulté le ).
  13. a et b Il prononce clairement « Aïe Hitler ! » à 39:08~39:09 sur l'enregistrement de l'émission.
  14. Les archives de Gérard de Suresnes, « 12/2002 - [DOCS] - Entrevue #125 - L'éviction de Gérard », (consulté le )
  15. « 31/10/2002 - [DOCS] - La lettre de "licenciement" de Gérard (Fun Radio) » (consulté le )
  16. « Incident sur Fun Radio : une maîtrise efficace de l'antenne », sur csa.fr (consulté le ).
  17. Centre France, « Toussaint - Vous souvenez-vous de "Gérard de Suresnes" ? L'ex-animateur de Fun Radio est enterré à Désertines (Allier) », www.lamontagne.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. [1]
  19. « Brochette Mystère », sur YouTube (consulté le ).
  20. https://www.youtube.com/channel/UC5alLpSC2H8qHeDRyYA7PZw
  21. Morse Audiovisuel, « Les Débats de Gérard pour les nuls », (consulté le )
  22. Daï-mon : Le Journal de YouTube, « LES DÉBATS DE GÉRARD : L'ÉMISSION LA PLUS TRASH DE TOUS LES TEMPS [REPORTAGE] », (consulté le )
  23. « GG Integral », sur fr.nf (consulté le ).
  24. « Cagnotte "Un pouce tous, tous pour Gégé" de Kanays » (consulté le ).
  25. Centre France, « Allier - Une tombe pour Gérard Cousin, ex-animateur de Fun Radio à Désertines (Allier) », www.leberry.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. Ben Orton, Un doigt de politique : Dari Valko, Les éditions létales, , 138 p. (ISBN 978-2-9544915-1-6, lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]