Frix Michelier

Frix Michelier
Biographie
Naissance
Décès
(à 79 ans)
Toulouse
Nationalité
Allégeance
Activité
Officier de marineVoir et modifier les données sur Wikidata
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François-Félix dit Frix Michelier (1887-1966) était un officier général de la Marine nationale française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il entre à l'École navale l'année de ses vingt ans (promotion 1904[1]). Durant la Première Guerre mondiale, il exerce plusieurs commandements ou fonctions ; il est notamment et brièvement agent de liaison et de renseignement auprès de la marine de guerre britannique.

Le , il est promu capitaine de frégate. Le , il est nommé sous-directeur du personnel militaire de la flotte au ministère de la Marine et des Colonies. Le , il est nommé vice-président du comité technique de la Marine et président de la commission supérieure des naufrages. Le , il est nommé chef de la section de la flotte en construction à l'état-major de la Marine.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Le , il est nommé major général de la Marine. Le , il est nommé secrétaire général du ministère de la Marine. Durant la bataille de France, le personnel de l'administration centrale du ministère de la Marine, Michelier compris, est capturé par l'armée allemande à Rochefort ; les hommes sont libérés sur parole peu après[2]. Le , Michelier est membre de la délégation française auprès de la Commission allemande d'armistice ; en juillet 1941, il est président par intérim de la délégation[3] (il obtient notamment la libération définitive de l'administration centrale de la Marine[4]).

Le , il est nommé vice-amiral d'escadre. Le , il devient le commandant de la marine au Maroc, ainsi que le commandement en chef du théâtre d'opérations de l'Atlantique[5]. Il n'arrive au Maroc que le 20 octobre[6],[7]. Sous l'autorité directe du ministère de la Marine, il est également sous les ordres du résident général Noguès pour ses fonctions de commandant dans le secteur Casablanca-Rabat et de commandant d'armes[6]. Pour éviter la confusion des autorités, un décret et une instruction ministérielle de juin-août 1932 précisent que le commandant des forces navales a compétence pour « l'ennemi flottant », le commandant des forces terrestres pour « l'ennemi débarquant ou ayant débarqué »[5], permettant dans les faits que Michelier ait une certaine indépendance vis-à-vis de Noguès pour la défense du Maroc, qui va jouer dans la suite des événements[5].

Débarquement allié en Afrique du Nord[modifier | modifier le code]

Averti du prochain débarquement allié au Maroc par le général Béthouard, Michelier (comme Noguès) n'accorde aucune crédibilité aux informations données. Il informe Noguès (qui a également reçu les informations de Béthouard) de l'absence de confirmation de cette potentielle opération alliée, tout en sachant néanmoins qu'un convoi passe Gibraltar vers l'est. Après le débarquement le 8, Michelier coordonne la défense et ne fait cesser le feu que le 11 novembre. Il reçoit toutefois un télégramme de Darlan lui ordonnant la suspension des combats le 10, mais Michelier juge que Darlan, supposé prisonnier, ne peut plus donner d'ordres[6]. Deux semaines auparavant, il a reçu du même Darlan l'ordre de tenir jusqu'au bout, et reçoit confirmation par l'amiral Auphan que Pétain veut qu'il tienne[8]. Il ne parle toutefois pas du télégramme de Darlan à Noguès[9].

Après le cessez-le-feu, Michelier est plus coopératif avec les Alliés, souhaitant réparer les navires endommagés pour reprendre le combat à leurs côtés[10]. Sous les ordres de Darlan, il conserve le commandement en chef de la Marine[11],[12]. Après la mort de Darlan, il est démis de ses fonctions, et mis en disponibilité en juin[13],[14],[15]. Après des accrochages avec l'amiral Auboyneau en mai, de Gaulle demande son remplacement ; Michelier est relevé de ses fonctions le 7 juillet 1943[16],[17] . Il est enfin mis à la retraite d'office en décembre de la même année[18].

Après guerre[modifier | modifier le code]

Traduit en justice après guerre, mais ayant obtenu un non-lieu en ne faisant qu'exécuter les ordres de l'Amirauté[4], Michelier est réintégré par arrêt du Conseil d'État en 1955[18]. Il témoigne lors du procès de Noguès devant la Haute Cour en 1956 ; celle-ci condamne Noguès à l'indignité nationale (pour l'en relever aussitôt) tout en notant dans son jugement que la non-transmission par Michelier de l'ordre de cessez-le feu à Noguès peut être mise au crédit du résident général[9].

L'amiral Michelier décède en 1966.

Il était le neveu de l'amiral Boué de Lapeyrère[19] (1852-1924), lui-même neveu de l'amiral Dupouy[20] (1808-1868), soit trois générations de serviteurs de l’État français durant plus d'un siècle.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Guy Raïssac, De la marine à la justice: l'orage d'une fin d'été la "drôle de guerre" aux abords de la Beauce, les remous d'une résurrection, un seigneur de la justice: Pierre Caous, A. Michel, (lire en ligne), p. 75
  2. Henri Ballande, De l'amirauté à Bikini: Souvenirs des jours sans joie, (Presses de la Cité) réédition numérique FeniXX, (ISBN 978-2-258-18972-0, lire en ligne)
  3. (en) Sarah Ann Frank, Hostages of Empire: Colonial Prisoners of War in Vichy France, U of Nebraska Press, (ISBN 978-1-4962-2704-1, lire en ligne), p. 188
  4. a et b Claude Gounelle, De Vichy à Montoire, (Presses de la Cité) réédition numérique FeniXX, (ISBN 978-2-258-18894-5, lire en ligne).
  5. a b et c Robert O.Paxton, L'Armée de Vichy. Le corps des officiers français, Tallandier, (ISBN 979-10-210-1677-4, lire en ligne)
  6. a b et c Jean-Marc Theolleyre, « L'amiral Michelier a donné à la Haute Cour les raisons de son attitude lors du débarquement de 1942 », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Christine Levisse-Touzé, L'Afrique du Nord dans la guerre: 1939-1945, ALBIN MICHEL, (ISBN 978-2-226-38050-0, lire en ligne)
  8. Maurice Schmitt, Le Double Jeu du Maréchal : légende ou réalité, Presses de la Cité (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-258-12866-8, lire en ligne)
  9. a et b Jean-Marc Theolleyre, « La Haute Cour de justice condamne le général à l'indignité nationale pour le relever aussitôt de cette peine », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Craig L. Symonds, Histoire navale de la seconde Guerre mondiale, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-262-09420-1, lire en ligne)
  11. Philippe Valode, De Gaulle, un homme dans l'Histoire, L'Archipel, (ISBN 978-2-8098-2832-0, lire en ligne)
  12. Pierre Lefranc et Christian Bachelier, La France dans la guerre: 1940-1945 : jour après jour, Plon (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-259-23819-9, lire en ligne)
  13. Paul Auphan et Jacques Mordal, La marine française dans la Seconde guerre mondiale, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-22998-2, lire en ligne), chap. 22 (« La Participation navale française aux opérations de 1943-1944 »)
  14. Jean Gabrié, Les marines de la guerre, 1935-1945, (Service historique de la Défense) réédition numérique FeniXX, (ISBN 978-2-11-129112-6, lire en ligne)
  15. Olivier Wieviorka et Hervé Drévillon, Histoire militaire de la France - Tome 2, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-262-07734-1, lire en ligne)
  16. Jacques Le Groignec, Pétain et les Américains, Nouvelles Editions Latines, (ISBN 978-2-7233-0510-5, lire en ligne), p. 337
  17. Jean Du Moulin de Labarthète, Des marins dans la tourmente: témoignages, Nouvelles Editions Latines, (ISBN 978-2-7233-1980-5, lire en ligne), p. 99
  18. a et b Philippe Valode, Le destin des hommes de Pétain, Nouveau Monde éditions, (ISBN 978-2-36583-989-1, lire en ligne)
  19. « Fiche biographique » (consulté le )
  20. « Fiche biographique »,

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Fiche biographique de l'amiral Michelier sur le site personnel « Parcours de vie dans la Royale ».