Freyja

Freyja
La belle Freia (1910), illustration d'Arthur Rackham
pour L'Or du Rhin et la Walkyrie de Richard Wagner.
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Freyr (frère jumeau)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Freyja est une déesse majeure des mythologies germanique et nordique, mentionnée ou représentée dans de nombreux récits. Néanmoins, certaines sources documentées de cette tradition religieuse sont à considérer avec prudence, car elles ont pu subir l'influence des représentations chrétiennes ou classiques. En effet, elles nous ont été transmises, pour bonne partie, par l'intermédiaire d'historiens médiévaux islandais, alors que l'île était convertie au christianisme depuis plus de deux siècles[1],[2],[3],[4].

Dans la mythologie nordique, Freyja appartient à la famille des dieux Vanes, et elle est fille de Njörd, dieu des océans, de la pêche et des poissons. Freyja est aussi la sœur jumelle de Freyr, dieu de la prospérité, avec lequel elle partage les attributs de fertilité en lien avec la vie. Ses filles s'appellent Hnoss et Gersimi.

La plupart des textes du polythéisme scandinave, issus de la tradition orale scandinave, ont été mis à l'écrit en Islande au XIIe siècle et XIIIe siècle par Snorri Sturluson, sous influence chrétienne. Le culte et les pratiques rituelles associés à cette déesse sont donc assez mal connus. Dans les croyances préchrétiennes, Freyja représenterait un des trois visages de la Grande Déesse Mère, avec les déesses Frigg et Skadi[5].

Noms[modifier | modifier le code]

Étymologie[modifier | modifier le code]

Freyja par Anders Zorn, 1901. Zorn Collections (en).

Le nom Freyja est issu d'un terme germanique signifiant « dame ». En vieux norrois comme en islandais moderne, frú a pour sens « maîtresse, dame, femme ». Dans les autres langues modernes, le vocable est devenu frue (danois), fru (suédois), Frau (allemand), vrouw (néerlandais). La forme remonte à l'adjectif indo-européen féminin *priyā- « chère, aimée », initialement « celle de la maison »[6].

On pourrait la considérer comme l'équivalent de Vénus pour sa symbolique de la beauté, mais aussi de Minerve du fait de ses attributs guerriers. Il est probable qu'elle soit la descendante mythologique la plus directe de Nerthus.

Le nom de son animal symbolique, la truie (syr en vieux norrois), pourrait être à l'origine du nom des Suédois, Sviar (« adorateurs de la truie »)[7],[8].

Le compagnon de Freyja est Ód tandis que celui de Frigg est Odin.

Autres noms[modifier | modifier le code]

D'après l'Edda en prose de Snorri Sturluson, Freyja était également connue sous les noms suivants :

  • Vanadís, « Dises des Vanes » ou « belle déesse » (väna signifie « belle ») ;
  • Mardöll, « mer brillante » (mare signifie « mer » et döll est le féminin de dallr, « brillant ») ;
  • Hörn, qui pourrait être apparenté au mot hörr, qui veut dire « lin » ou « linge » ;
  • Gefn, « la donatrice », un nom approprié pour une déesse de la fertilité ;
  • Sýr, « truie », suivant l'association des Vanes aux cochons et à la fertilité.

Dans la Saga de Njáll le Brûlé, Freyja est également appelée Valfreyja, soit « maîtresse des élus », « maîtresse des tués ». Son nom peut être rapproché de celui d'Odin Valfadir (Valfaðir) (« père des tués ») et de celui des valkyries, valkyrja (« qui choisit les tués »).

Parenté et filiation[modifier | modifier le code]

Les parents de Freyja sont Njörd et Nerthus, mais ils peuvent varier selon l'origine du mythe (Scandinavie ou Allemagne).[réf. souhaitée]

Elle a pour frère jumeau Freyr, chef de file des Vanes, et pourrait ne représenter que la face féminine du concept incarné par Freyr.[réf. souhaitée]

Avec son époux Ód, « un homme qui voyage loin », Freyja a eu deux filles, Hnoss et Gersimi.[réf. souhaitée]

Symboles et attributs[modifier | modifier le code]

Freyja, par J. Penrose.

Collier des Brísingar[modifier | modifier le code]

Le collier des Brísingar est un célèbre collier fait d'or et d'ambre, qui apparaît dans les sagas légendaires ainsi que dans Beowulf. Certaines versions de son mythe l'attribuent à Frigg et non à Freyja.

Lorsque Freyja portait le collier, nul ne pouvait résister à son charme. Le bijou avait en outre la propriété de soutenir l'armée que la déesse souhaitait favoriser sur le champ de bataille. Mais, pour l'obtenir, elle dut se marier un jour avec les quatre nains ayant ouvragé ce collier.

Manteau[modifier | modifier le code]

Freyja possède un manteau de plumes de faucon, appelé Valshamr (« peau (ou plumage) de faucon » ou « cape aux plumes de faucon » selon les traductions). Il permet à celui qui le porte de se changer en oiseau et de voler d'un monde à l'autre. De même que le collier des Brísingar, ce manteau magique est parfois attribué à Frigg.

Char[modifier | modifier le code]

Freyja dans son char tiré par ses chats, entourée d'angelots, par Nils Blommér (1852).

Le char de Freyja est tiré par deux chats bleus. Suivant les sources, ils se nomment parfois Thófnir (Þófnir) et Högni, ou parfois Brundr et Kælinn. Le plus souvent, ils ne sont pas nommés. De taille imposante, ils pourraient être des chats de forêts norvégiennes ou des lynx. Au même titre que les loups d'Odin, les chats sont sacrés pour Freyja.[réf. souhaitée]

Mythe[modifier | modifier le code]

Déesse de l'amour et de la fertilité[modifier | modifier le code]

Freyja est considérée comme une déesse de l'amour, de la sexualité, de la beauté, de la terre et de la fertilité. Freyja est belle, parfois rousse ou blonde, et on l'invoque pour être heureux en amour, mais aussi lors des accouchements. On la sollicite de même pour obtenir de bonnes saisons. Elle était la déesse de l'intimité, de l'attirance entre les personnes, de la richesse, de la magie, des prophéties et l'origine du Seid a été attribué à Freyja[9],[10].

Déesse guerrière[modifier | modifier le code]

Freyja est liée par de nombreux aspects à la guerre.

Parcourant les champs de bataille, elle reçoit notamment la moitié des guerriers morts au combat dans Sessrumnir (« Pièce aux sièges nombreux »), la salle principale de sa demeure Fólkvangr (« Champs du peuple/ de l'armée »), tandis qu'Odin reçoit l'autre moitié dans sa halle, la Valhöll (Valhalla)[réf. nécessaire].

Pour expliquer ce partage des Einherjar (« guerriers combattants seuls ») entre Odin et Freyja, certains courants néo-païens expliquent que les guerriers dévolus à Odin sont ceux d’entre eux qui vouent leur existence à la guerre et aux batailles, que l’on nomme les offensifs. Les guerriers dévolus à Freyja sont ceux d’entre eux qui mènent des combats pour protéger leurs familles, leurs clans et leurs biens, que l’on nomme les défensifs[réf. nécessaire].

Influences chrétiennes[modifier | modifier le code]

Statue de Freyja à Djurgården, Stockholm, Suède. Elle est représentée ici avec un faucon, l'un de ses symboles.

Dans la Saga du Roi Olaf Tryggvason Interprétation abusive ?, d’après les ordres de ce dernier, afin de prouver leur piété, les nouveaux convertis au christianisme sont tenus d’insulter et ridiculiser les déités païennes majeures. Les déités nordiques comme Freyja sont finalement rendues démoniaques, conformément aux enseignements de l'autorité chrétienne[11],[12].

Historiquement[réf. nécessaire], durant la christianisation de la Norvège, le roi Olaf Tryggvason usait de moyens élaborés pour tuer ceux qui refusaient le christianisme.

Les Scandinaves furent contraints d'abandonner leurs anciennes croyances. « L'Église n'autorise pas d'autres dieux, qu’elle considère comme des démons et des forces du Mal. Freyja, la grande Déesse des Vikings, symbole de la fécondité, fut pour l'Église un objet de ridicule et de mépris. »[13]

Écrite par deux prêtres chrétiens au XVe siècle, la nouvelle islandaise Sörla þáttr est une tentative d'humilier des déités païennes, louer le christianisme et immortaliser le roi chrétien Olaf Tryggvason. L'histoire emprunte des parties de Heimskringla (railleries à l’endroit des déités païennes), des parties de la poésie Lokasenna (au sujet de Gefjun dormant avec un garçon pour un collier, collier des Brísingar) adaptées pour humilier la déesse Freyja, des parties de la Húsdrápa (au sujet de Loki volant Brisingar) et la bataille éternelle Hjadningavíg. À la fin de l'histoire, l'arrivée du christianisme dissout la vieille malédiction qui devait traditionnellement attendre le Ragnarök[14].


Relation entre Freyja et Frigg[modifier | modifier le code]

Freyja a des attributs parallèles à Frigg, la déesse souveraine des Germains et des anciens Scandinaves, patronnant notamment le mariage et la maternité. L'époux de Freyja est Ód, celui de Frigg est Odin. La racine germanique Frijō serait à l'origine du nom des deux déesses en vieux-norrois.[réf. souhaitée]

Influence moderne[modifier | modifier le code]

Freyja est à l'origine du mot anglais Friday et du mot allemand Freitag signifiant vendredi, car ce jour lui était consacré[réf. nécessaire].

Sciences[modifier | modifier le code]

Vanadis, autre nom de Freyja, a donné son nom à l'élément chimique vanadium.

L'astéroïde (76) Freia est nommé d'après Freyja.

Arts[modifier | modifier le code]

Freyja est l'une des 1 038 femmes dont le nom figure sur le socle de l'œuvre contemporaine The Dinner Party de Judy Chicago. Elle y est associée à la Déesse de la fertilité, deuxième convive de l'aile I de la table[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Microsoft Encarta 2007, Norse Mythology.
  2. (en-GB) « BBC - History - Ancient History in depth: Viking Religion », sur www.bbc.co.uk (consulté le ).
  3. (en-GB) « BBC - History - Ancient History in depth: How do we know about the Vikings? », sur www.bbc.co.uk (consulté le ).
  4. W. A. Craigie, Religion of Ancient Scandinavia (1914), p. 2.
  5. Régis Boyer La Grande Déesse du Nord, Paris, Berg, 1995, et Les Vikings : histoire, mythes, dictionnaire, éditions Robert Laffont, collection Bouquins (ISBN 978-2-221-10631-0) p. 424.
  6. Jean Haudry, Sur les pas des Indos-Européens : Religion - Mythologie - Linguistique, Yoran Embanner, 2022, p.202
  7. Régis Boyer, La Grande Déesse du Nord : Essai, Berg International, , 218 p. (ISBN 978-2-911289-00-2, présentation en ligne), p. 126.
  8. Cependant, la plupart des linguistes spécialistes de l'indo-européen ont généralement une autre explication : le nom des Suédois semble en effet reposer en dernier lieu sur la racine *s(w)ē / *s(w)ĕ « soi-même », base des pronoms réfléchis et de l'auto-désignation (« nous-mêmes », type ethnonymique très fréquent). Cf. Françoise Bader, « Les noms des Aryens : ethniques et expansion » dans Françoise Bader (sous la direction de), Langues indo-européennes, CNRS Éditions, Paris, 1997 (ISBN 2-271-05043-X), p. 65-83, et en particulier au § 6.3. *swī et le nom des Suédois, p. 76-77.
  9. La saga de Frithiof.
  10. Microsoft Encarta 2007, Freya.
  11. W. A. Craigie, Religion of Ancient Scandinavia (1914).
  12. T. Kendrick, History of the Vikings (1930), p.349, 350.
  13. Jean Renaud « les dieux des Vikings » Editions Ouest France (ISBN 978-2737314681) sept 96, page 190.
  14. Cette petite histoire s’appelle aussi La Saga de Högni et Hedinn, summarization provided by Wikipedia editors. English translation can be found at Northvegr: Three Northern Love Stories and Other Tales.)
  15. Musée de Brooklyn - Freyja.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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