Ferme à sang

Une ferme à sang est un élevage équin extensif collectant du sang de juments gestantes pour fournir le marché pharmaceutique de la gonadotrophine chorionique équine (ecG), une hormone utilisée en élevage bovin, ovin, caprin et porcin. Cette hormone permet de synchroniser les chaleurs au sein d’un lot de femelles et/ou d’obtenir des naissances à contre-saison pour les espèces dont la reproduction est saisonnière (chèvres et moutons, par exemple) afin d’avoir une production tout au long de l’année ou plus importante à certains périodes. Ce produit augmente ainsi non seulement la cadence de la production de lait mais aussi le nombre de naissances par femelle.

Ces élevages existent en Argentine, en Uruguay, et en Islande.

Ils sont souvent par définition maltraitants : en plus de l'exploitation des chevaux pour leur sang, inhérent à leur production, des gestations répétées, les avortement des fœtus de poulains, et la réforme des juments pour leur viande, font partie intégrante des pratiques de ce type d'élevage.

Les associations de protection animale déplorent l'absence de lois réglementant l'élevage des chevaux pour leur sang, notamment concernant le volume qu'il est possible de collecter en garantissant le minimum de risques pour la santé des juments (anémie, avortement, collapsus de la veine jugulaire, formation d'hématomes, choc hypovolémique...)[1].

Dénonciation internationale[modifier | modifier le code]

Plusieurs associations de protection animale dénoncent les actes de cruauté envers les animaux commis dans les fermes à sang[2],[3].

Aux États-Unis, Animals Angels rapporte que les fermes à sang d'Argentine et d'Uruguay prélèvent dix litres de sang aux juments gestantes à chaque ponction, et laissent mourir sur place les animaux trop faibles pour le supporter[4]. Animals Angels dénonce aussi les méthodes d'élevage, en particulier l'utilisation excessive d'aiguillons électriques pour faire avancer les juments[5]. L′Animal Welfare Foundation témoigne n'avoir pu enquêter dans la ferme à sang de Loma Azul, en Uruguay, car le lieu est gardé par des militaires. Elle cite néanmoins 795 chevaux envoyés à l'abattoir par cette ferme en 2014[4].

Fin 2022, le quotidien Le Monde souligne la perpétuation des maltraitances de juments dans les fermes à sang d'Amérique du Sud[6].

Clients[modifier | modifier le code]

La société américaine Zoetis est cliente des fermes à sang de Syntex depuis 2015[7],[8]. Le laboratoire espagnol Hipra, client des fermes à sang sud-américaines, n'a jamais répondu aux accusations des associations de protection animale[3].

Les laboratoires MSD (Merck & Co.), initialement clients des fermes à sang sud-américaines, ont annoncé en juin 2017 cesser leurs importations depuis l'Amérique du Sud[9].

Selon Libération[3], le laboratoire Ceva Santé animale s’approvisionne auprès de Syntex, en Argentine, et justifie ce choix par la visite d'un expert indépendant accompagné d’une équipe en interne et par celles du ministère de l’Agriculture argentin, pour s’assurer que les conditions d’élevage seraient décentes. Le , Ceva annonce l'ouverture d'une enquête de vérification de la qualité de vie des juments concernées[10]. Le , le laboratoire indique (sur son site) renoncer à se fournir en Amérique du Sud[11],[12].

Plusieurs laboratoires, dont les deux principaux clients de Syntex, se sont alors tournés vers les fermes à sang d'Islande, qui sont à leur tour critiquées en 2021[13].

Le laboratoire français Biové, qui importe l'eCG pour la revendre en France, a annoncé fin 2022 cesser ses importations et s'engager à détruire ses stocks[14],[15]

Lieux d'implantation[modifier | modifier le code]

D'après l'enquête de Sarah Finger, l'Islande compte en 2021 une centaine de fermes à sang exploitant environ 5 000 juments[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Animals Angels - The Trade with Horse Blood and Pregnant Mare Serum Gonadotropin (PMSG) in the United States, Argentina and Uruguay », sur files.ctctcdn.com (consulté le ).
  2. (en) Martin Bagot, « Vampire farm hell as Brit meat at centre of horse hormone 'torture' scandal », mirror,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. a b et c Sarah Finger, « Des juments saignées aux quatre veines pour l’élevage français », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. a et b (en) « The cruel trade with pregnant mare blood in the United States, Uruguay, and Argentina 9/30/15 | Animals Angels - North America », sur www.animalsangels.org (consulté le ).
  5. Animals' Angels, « Turning Horse Blood into Profits », The Dodo,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Dans les « fermes à sang », des juments saignées et maltraitées pour une hormone utilisée dans des élevages européens », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (en-GB) « ANIMAL WELFARE FOUNDATION AND TIERSCHUTZBUND ZÜRICH: CEVA and IDT Biologika will stop sourcing PMSG-eCG from blood farms where mares are still systematically tortured », sur Eurogroup for Animals, (consulté le )
  8. (de) Z2 Immobilien GmbH, « Production of PMSG in Argentina and Uruguay - Dossier - Tierschutzbund Zürich », sur Dossier Tierschutzbund Zürich, (consulté le ).
  9. Hélène Chaligne, « Bien-être animal : De la pampa à l’Europe, du sang de juments sur les mains des labos pharmaceutiques », sur La France Agricole, (consulté le ).
  10. « Scandale des fermes à sang : CEVA prend position », sur Grand Prix magazine, (consulté le ).
  11. « Ceva renonce au sang de juments d'Amérique du Sud », sur welfarm.fr, (consulté le ).
  12. « Ceva renonce à l'eCG d'Amérique latine », sur La dépêche Vétérinaire, (consulté le ).
  13. a et b Sarah Finger, « En Islande, le calvaire des juments envoyées dans les «fermes à sang» », sur Libération (consulté le ).
  14. « Dans les « fermes à sang », des juments saignées et maltraitées pour une hormone utilisée dans des élevages européens », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Marie Lecoq, « Victoire contre les fermes à sang », sur vakita.fr (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

  • T. N., « "Fermes à sang" : des juments martyrisées au profit des éleveurs français », L'Obs,‎ (lire en ligne, consulté le ).