Faune urbaine

Écureuil à Montréal fouillant dans une poubelle pour trouver de la nourriture.

La faune urbaine est la faune sauvage qui peut vivre ou prospérer en milieu urbain. Certaines espèces sauvages urbaines, comme les souris domestiques, sont synanthropiques et écologiquement associées aux humains.

Les écologues observent une tendance de plusieurs populations animales à la synurbanisation (terme évoquant à la fois les notions de synanthropisation et d'urbanisation)[N 1] qui représente une réponse adaptative à l'expansion mondiale des centres urbains. L'animal synurbique trouve parfois dans les villes des conditions plus propices que dans son habitat « naturel » ou « sauvage ». Les villes peuvent devenir même parfois un refuge pour certaines espèces menacées par la détérioration de leur habitat naturel ou bien cherchant à se soustraire à la prédation ou à la chasse en milieu rural.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Certaines espèces ou populations peuvent devenir entièrement dépendantes de l'humain. Ainsi, l'aire de répartition de nombreuses espèces synanthropiques s'est étendue aux latitudes où elles ne peuvent survivre à l'hiver en dehors des établissements humains. D'autres espèces tolèrent simplement la cohabitation avec les humains et l'utilisation des espaces verts restants, certaines s'habituant progressivement au nouvel habitat avec le temps et devenant éventuellement synanthropiques. Ces espèces représentent une minorité des créatures qui habitent normalement une région. Par exemple, une compilation des études de 2014 a révélé que seulement 8 % des oiseaux indigènes et 25 % des espèces végétales indigènes étaient présents dans les zones urbaines par rapport aux estimations de la densité non urbaine des espèces[1].

Scinque à langue bleue dans la rue d'une banlieue de Canberra.

La faune urbaine peut être trouvée à n'importe quelle latitude qui abrite des habitations humaines. La liste des animaux qui y fouilleront les déchets humains s'étend des singes tropicaux aux ours polaires de l'Arctique.

Différents types de zones urbaines abritent différentes espèces d'animaux sauvages. Une caractéristique générale des espèces d'oiseaux qui s'adaptent bien aux environnements urbains est qu'elles ont tendance à avoir un cerveau plus gros, ce qui leur permet peut-être de mieux s'adapter à l'environnement urbain changeant[2].

Les environnements urbains regorgent de mammifères qui réclament de vastes territoires, où ils sont moins victimes de la chasse ou de la prédation, tels que les rongeurs (rats, souris, écureuils, Tamia rayé en Amérique du Nord), les lapins communs, les ratons laveurs, les renards, les élans au Canada ou en Scandinavie, les cerfs, les blaireaux, les fouines en Europe[3].

Les techniciens et responsables municipaux répondant à la demande sociale de plus en plus forte d'une présence de nature en ville mais doivent prendre en compte la dispersion des populations animales et le rejet par le citadin de nombreuses espèces bruyantes, piquantes ou salissantes[4].

Une autre préoccupation est que le milieu urbain favorise rarement les espèces spécialistes. Les espèces citadines animales et végétales sont le plus souvent ubiquistes, présentant de fortes capacités d’adaptation et sont de bonnes compétitrices. L'influence de l'homme a pour effet d'aider les espèces plastiques les plus généralistes à se répandre aux dépens d'espèces plus spécialisées. Les écologues appellent homogénéisation biotique par l'urbanisation, ce processus de disparition d’espèces rares, spécialisées voire endémiques, et l'introduction d'espèces bien répandues, généralistes et/ou exotiques voire envahissantes[5],[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Terme inventé par des mammalogues-écologues (Andrzejewski et al. 1978; Babiñska-Werka et al. 1979). Cf (en) Maciej Luniak, « Synurbization – adaptation of animal wildlife to urban development », in Shaw et al., (Eds.) Proceedings 4th International Urban Wildlife Symposium, 2004, p. 53.

Réferences[modifier | modifier le code]

  1. Myla F. J. Aronson et al. J., « A global analysis of the impacts of urbanization on bird and plant diversity reveals key anthropogenic drivers », Proceedings of the Royal Society B, vol. 281, no 1780,‎ , p. 20133330 (DOI 10.1098/rspb.2013.3330, lire en ligne, consulté le )
  2. Ella Davies, « Adaptable urban birds have bigger brains », BBC News, (consulté le )
  3. (en) O.L. Gilbert, The ecology of urban habitats, Chapman & Hall, , 369 p.
  4. Philippe Clergeau, « Biodiversité dans les paysages urbains : des concepts aux applications », Penn ar Bed, no juin-septembre 1997,‎ 165-166, p. 16.
  5. (en) Michael L. McKinney, « Urbanization as a major cause of biotic homogenization », Biological Conservation, vol. 127, no 3,‎ , p. 247-260 (DOI 10.1016/j.biocon.2005.09.005).
  6. (en) Julian D. Olden, Thomas P. Rooney, « On defining and quantifying biotic homogenization », Global Ecology and Biogeography, vol. 15, no 2,‎ , p. 113-120 (DOI 10.1111/j.1466-822X.2006.00214.x).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Clark E. Adams, Urban Wildlife Management, CRC Press, , 328 p. (lire en ligne)
  • (en) Robert A. McCleery, Christopher E. Moorman, M. Nils Peterson, Urban Wildlife Conservation. Theory and Practice, Springer, , 406 p. (lire en ligne)
  • Nicolas Gilsoul, Bêtes de villes. Petit traité d'histoires naturelles au cœur des cités du monde, Fayard, , 288 p. (lire en ligne)
  • François Lasserre, Inventaire des petites bêtes des jardins, Hoëbeke, , 216 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]