Fascisme ordinaire

Fascisme ordinaire (en russe : Obyknovenny fashizm; Обыкновенный фашизм) est un film soviétique réalisé par Mikhail Romm et sorti en 1965.

Fascisme ordinaire

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

L'œuvre est principalement constituée d'extraits commentés de films d'archives qui décrivent l'ascension et la chute du fascisme, en particulier en Allemagne nazie[1]. L'Holocauste en particulier y est montré[2]. On y repère aussi les parallèles avec le stalinisme[3].

Le film reçoit le prix Goldene Taube au Festival international du film documentaire et du film d'animation de Leipzig[4]. Toutefois, les critiques soviétiques reprochent au réalisateur ne pas avoir opposé le système capitaliste au système socialiste dans sa recherche des origines du mal et de ne pas avoir mis l'accent sur la victoire soviétique durant la Seconde Guerre mondiale[5].

Le film[modifier | modifier le code]

Mikhail Romm s'inspire du style de la cinéaste soviétique Esther Choub qui réalisait ses films de compilation, en y insérant des documents filmés inédits et d'autre matériaux préexistants (elle a ainsi réalisé un film sur la chute de la dynastie des Romanov, Padenije dinastii Romanowych ).

Romm a ainsi utilisé du matériel appartenant aux archives allemandes et à des organisations antifascistes d'après-guerre, des archives photographiques et des archives militaires saisies à l'armée allemande pour réaliser son documentaire.

Disciple d'Eisenstein, de Dziga Vertov et de Vsevolod Poudovkine, Romm, utilise magistralement un montage expressif, un concept musical et l'emploi du langage journalistique pour décrire le régime nazi. Les images d'archives en contrepoint, la voix off et la musique du film ont un impact émotionnel fort sur le spectateur.

Une curiosité est que le narrateur est Romm en personne. Initialement, le cinéaste cherchait un bon orateur pour ce travail, mais quand ses collaborateurs ont entendu les versions de travail du réalisateur, ils lui conseillèrent d'enregistrer sa propre voix. Son vocabulaire et l'intonation particulière de son commentaire sont devenus les principales caractéristiques d'identification de son film[6].

Mikhail Romm répète certaines séquences comme celle de l'embrassade d'un officiel du parti nazi et de l'industriel Alfried Krupp, soulignant la servilité du parti nazi envers le capital. Il utilise également l'arrêt sur image, en particulier pour les visages des dirigeants nazis aux expressions faciales des plus inesthétiques. En utilisant de telles techniques, Romm montre sa grande maîtrise des différentes techniques cinématographiques pour transmettre son message des plus convaincants sur la nature totalitaire du régime nazi et de sa manipulation de la conscience.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Narrateurs
Eux-mêmes

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Lionel Richard, Le nazisme et la culture, Editions Complexe, , 377 p. (ISBN 978-2-8048-0075-8, lire en ligne), p. 367
  2. Gabrielle Chomentowski, « Propagande et critique du système totalitaire : Le Fascisme ordinaire (Mikhaïl Romm, 1965) », sur archives-ouvertes.fr (consulté le )
  3. (en)Geoffrey Nowell-Smith, The Oxford History of World Cinema, Oxford University Press, (ISBN 9780198742425, lire en ligne), p. 644
  4. (en)Lars Karl, Pavel Skopal, Cinema in Service of the State: Perspectives on Film Culture in the GDR and Czechoslovakia, 1945-1960, Berghahn Books, (ISBN 9781782389972, lire en ligne), p. 234
  5. Kristian Feigelson, Caméra politique : cinéma et stalinisme, Presses Sorbonne Nouvelle, , 317 p. (ISBN 978-2-87854-305-6, lire en ligne), p. 235
  6. (en)Peter Rollberg, Historical Dictionary of Russian and Soviet Cinema, Rowman & Littlefield, (ISBN 9781442268425, lire en ligne), p. 618
  7. a b et c (en)Ian Aitken, Encyclopedia of the Documentary Film, vol. 3, Routledge, (ISBN 9781135206208, lire en ligne), p. 1021

Liens externes[modifier | modifier le code]