Eva Gonzalès

Eva Gonzalès
Eva Gonzalès photographiée en 1870 à Dieppe.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Eva Carola Jeanne Emmanuela Antoinette Gonzalès
Nationalité
Activité
Père
Mère
Marie Céline Ragut (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Conjoint
Autres informations
Mouvement
Maître
Élève
Genres artistiques
Influencée par
Œuvres principales
Une loge aux Italiens (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Éva Gonzalès est une artiste peintre française née le à Paris, où elle est morte le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Issue d'une famille bourgeoise d'origine espagnole, Eva Gonzalès vit à Paris une enfance heureuse. Sa mère est Marie Céline Ragut, une musicienne fille d'un industriel lyonnais. Son père est le romancier Emmanuel Gonzalès, feuilletoniste au journal Le Siècle, né à Saintes d'un père monégasque. Il est président de la Société des Gens de Lettres, aussi grandit-elle dans un univers d'artiste et de gens de lettres[1].

Ils habitent au troisième étage du no 11 rue Bréda[2] ainsi qu'au no 2 rue Bréda et au no 4 avenue Frochot[3].

Édouard Manet, Portrait d'Eva Gonzalès (1869-1870), Londres, National Gallery.

Elle est l'élève de Charles Chaplin de 1866 à 1867[4] avant d'être celle de Gustave Brion[1].

Carrière de peintre et de modèle[modifier | modifier le code]

Présentée par Alfred Stevens à Édouard Manet[1], elle entre dans son atelier en 1869 et y rencontre Berthe Morisot, qui est jalouse de son amitié avec le maître[5]. Elle sert fréquemment de modèle pour les membres de l'école impressionniste. Elle reçoit les éloges d'Émile Zola et de Jules-Antoine Castagnary.

Elle réalise également des estampes (Henri Guérard détente sur la plage, estampe ; Portrait, pointe sèche).

Probablement sur demande de Manet[1], elle est admise au Salon de 1870 et présente L'Enfant de troupe, où se fait sentir l'influence du Joueur de fifre d'Édouard Manet[6]. Au même Salon, Manet présente le Portrait d'Eva Gonzalès qu'il vient d'achever, où elle est représentée assise peignant une nature morte[7]. Elle expose également aux éditions du Salon de Paris de 1872, 1874, 1876, de 1878 à 1880 puis de 1882 à 1883[4].

Elle et son fiancé, l'artiste peintre et graveur Henri Guérard, sont amis avec le peintre Norbert Gœneutte, qui fait plusieurs portraits d'elle, de son mari et de leur fils.

Eva Gonzalès prend parfois son mari, et très souvent sa sœur cadette, Jeanne, pour modèles dans plusieurs de ses tableaux[8], ainsi que sa mère, musicienne. Le couple se rend à la ferme Saint-Siméon à Honfleur, où il retrouve leurs amis peintres Félix Bracquemond, Félix Buhot, Paul Cézanne, Adolphe-Félix Cals, Jules Chéret, Ernest Cabaner et Norbert Gœneutte.

Retirée à Dieppe pendant la guerre franco-prussienne de 1870, elle y peint des tableaux assez sombres[4].

Elle se refusa à participer aux Salons impressionnistes.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Eva Gonzalès épouse l'artiste peintre et graveur Henri Guérard en 1879 après des fiançailles de trois ans[9].

Elle meurt d'une embolie le dans le 9e arrondissement[10], peu de temps après avoir accouché d'un fils, Jean Raymond Guérard[4]. Elle est inhumée au cimetière de Montmartre à Paris.

Henri Guérard se remarie en 1888 avec sa sœur, Jeanne Gonzalès, également artiste peintre[4],[11].

Œuvres dans les collections publiques[modifier | modifier le code]

La Plage de Dieppe depuis la falaise.

Salons[modifier | modifier le code]

  • Salon des artistes français de 1870 : L'Enfant de troupe, hst[12], et Portrait de Jeanne Gonzalès, pastel[1] (remarqué par Philippe Burty)
  • Salon de 1872 : L'Indolente, hst, et La plante favorite, pastel[1]
  • Salon des refusés de 1873[4] : Les Oseraies, hst
  • Salon des refusés de 1875 : La Loge aux Italiens, hst
  • Salon de 1878 : Pommes d'Api, pastel
  • Salon de 1879 : La Loge aux Italiens, hst, seconde version

Expositions[modifier | modifier le code]

  • Exposition à Lyon[Quand ?] : Le Thé
  • Exposition à Londres dès 1869[1] : Le Thé
  • 1882, Cercle artistique et littéraire (Exposition spéciale des œuvres des artistes femmes)[4]
  • 1882, Paris, galerie Georges Petit
  • 1883, Paris, galerie Georges Petit

Expositions posthumes[modifier | modifier le code]

  • 1885, rétrospective dans les salons de La Vie Moderne[4], 88 œuvres exposées
  • 1900, Exposition universelle à Paris, rétrospective centennale de l'art français de 1800 à 1889, Une loge aux Italiens, hst ; Portrait de M. Guérard Gonzalès[14].
  • 1907, exposition rétrospective au Salon d'automne à Paris
  • 1914 (mars-avril), Paris, galerie Bernheim jeune, hommage
  • 1932, Paris, galerie Bernheim jeune, rétrospective « Eva Gonzalès »
  • 1950, Paris, galerie Alfred Daber, rétrospective « Eva Gonzalès »
  • 1952, Monaco, Sporting d'Hiver, « Eva Gonzalès »
  • 1959, Paris, galerie Alfred Daber, « Eva Gonzalès »
  • 1983, Nagoya, musée préfectoral d'Aichi ; Tokyo, Tkashimaya Art Gallery ; Osaka, Takashimaya Art Gallery ; Utsunomiya, musée préfectoral des beaux-arts ; Kumamoto, musée préfectoral de Kumamoto, « Six femmes peintres : Berthe Morisot, Mary Cassatt, Suzanne Valadon, Eva Gonzalès, Marie Laurencin, Nathalie Gontcharova »
  • 1986, New York, Rizzoli, « Les Femmes impressionnistes »
  • 1989, Londres, George Weidenfeld and Nicolson
  • 1993 (octobre-décembre), Paris, musée Marmottan, « Eva Gonzalès, Mary Cassatt, Berthe Morisot, Marie Bracquemond, les femmes impressionnistes »
  • 2008 (février-mai) : Francfort (Allemagne), La Schim Kunsthalle, « Les Femmes impressionnistes : Berthe Morisot, Mary Cassatt, Eva Gonzalès, Marie Bracquemond »

Une exposition rétrospective « Eva Gonzalès - Jeanne, Henri, Edouard - L'art ensemble », première faite par un musée au monde, était prévue en 2020[15], au musée de Dieppe, dans le cadre de la quatrième édition du festival Normandie impressionniste, mais a été reportée à une date ultérieure.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g « Gonzalès, Éva », dans Benezit Dictionary of Artists, Oxford University Press, (DOI 10.1093/benz/9780199773787.article.b00076638, lire en ligne)
  2. Aujourd'hui rue Henry-Monnier où elle avait son atelier.
  3. Blandine Bouret, « Mémoires des lieux. Les ateliers du bas-Montmartre. II : autour de la place Pigalle », La Gazette de l'Hôtel Drouot, no 22, 1er juin 2001, p. 44-46.
  4. a b c d e f g et h Dictionary of Women Artists, Chicago, Fitzroy Dearborn Publishers, , 596–599
  5. Dominique Bona, Berthe Morisot : le secret de la femme en noir, Grasset, , 341 p. (ISBN 978-2-246-53711-3), p. 119 à 124.
  6. Dominique Bona, Berthe Morisot : le secret de la femme en noir, Grasset, , 347 p. (ISBN 978-2-246-53711-3), p. 123.
  7. Sophie Chaveau, Manet : le secret, Paris, Télémaque, , 381 p. (ISBN 978-2-7533-0238-9), Page 200
  8. Alan Riding, « 3 Artists Who Left A Fainter Impression », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Edouard Manet, Eva Gonzalès », sur National Gallery, London (consulté le )
  10. Archives de Paris, acte de décès n° 736 dressé le , vue 5/31.
  11. Archives de Paris, acte de mariage n° 877 dressé au 9e arrondissement le , vue 29/31.
  12. a et b Huile sur toile.
  13. Collections artmia.
  14. Lot 286, catalogue général officiel : Beaux-arts : exposition centennale de l'art français (1789-1889) / Exposition universelle internationale de 1889 à Paris ; préface d'Antonin Proust.
  15. Voir sur dieppe.fr.

Annexes[modifier | modifier le code]

Hommage[modifier | modifier le code]

Une planche de quatre timbres dentelés reproduisant quatre de ses œuvres fut éditée[Quand ?] par la République de Côte d'Ivoire.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Dictionnaires[modifier | modifier le code]

Ouvrages généralistes[modifier | modifier le code]

  • Tamar Gab, Femmes impressionnistes, New York, Rizzoli, 1986
  • Edward Lucie-Smith, Femmes Impressionnistes, Londres, George Weidenfeld and Nicolson, 1989
  • Marianne Delafond, Les Femmes impressionnistes ; Mary Cassatt, Eva Gonzalès, Berthe Morisot, Paris, 1993 (ISBN 2-85047-227-1)
  • Collectif, Les Femmes impressionnistes : Mary Cassatt, Eva Gonzalès Berthe Morisot, musée Marmottan et la Bibliothèque des Arts, 1993, 188 p. (ISBN 2-8504-7227-1)
  • Isabelle Compin, Anne Roquebert, Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre et du musée d'Orsay, Paris, 1986 et 1990
  • Jean-Jacques Lévêque, Les années impressionnistes 1870-1890, ACR édition, , 660 p. (ISBN 978-2-867-70042-2).

Articles[modifier | modifier le code]

  • Jules-Antoine Castagnary, « Salon de 1873. Troisième Article. Le salon des refusés. – Ce qu’il aurait dû être. Ce que l’administration a fait. Il n’en est pas moins la condamnation du jury. – MM. Frimin, Girard, Lançon, d’Alheim, Merino, Denneulin, Lépine, Rouard, Sebillot, Tixier, Joncking, Châtellier, Shoutteten, Jourdan, Feyen, Lecomte, Donzel, Arlin, Quost, Rozezenski, Eva Gonzalès, Charles Frère, Thompson, Burgat, Mossa, Renoir, Lintelo, Boetzel, Benassit », Le Siècle, 24 mai 1873
  • Philippe Burty, « Eva Gonzalès », in Paris Salon de la Vie moderne
  • R. Henard, « Les Expositions », La Renaissance, 4 avril 1914, p. 25
  • L. Hautecoeur, « Exposition Eva Gonzalès », La Chronique des arts et de la curiosité, no 15 du 11 avril 1914, p. 115
  • F. Monod, « L'impressionnisme féminin », Art et Décoration, supplément de mai 1914, p. 3
  • Claude Roger-Marx, « Eva Gonzalès », Arts, juillet 1950, p. 8
  • (en) « The Women Stars of Impressionism », International Herald Tribune, 16-17 octobre 1993, p. 9
  • (en) B. Ivry, « Fine artists whose gender doomed them to obscurity », The European élan, no 182, Londres, 1993, p. 17
  • P. Piguet, « Impressions de femmes », La Croix l'Évènement, 23 novembre 1993

Essais, catalogues[modifier | modifier le code]

Roman[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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