Envirome

Dans le domaine de l'épidémiologie génétique, l’envirome désigne la somme des facteurs environnementaux (présents et passés) qui affectent l'état d’un organisme, et notamment son état de santé physique et mentale[1]

L'étude de l’envirome et ses effets est appelé « enviromics » par les anglophones. C’est par exemple un enjeu important pour expliquer comment deux vrais jumeaux, ou deux cellules ou organismes clonés vont évoluer différemment en réaction à deux « enviromes » différents ou essayer de prédire comment la santé d'une personne ou d'un organisme évoluera en fonction du contexte attendu[2].

Histoire et terminologie[modifier | modifier le code]

Ce mot été forgé en 1995 pour le domaine de l'épidémiologie psychiatrique par JC Anthony [3],[4].

Plus récemment, l’utilisation de ce terme a été étendue au domaine de la biologie cellulaire fonctionnelle, où des études (« cell functional enviromics ») s’intéressent à la fois au génome et à l’envirome observés du point de vue de la « biologie des systèmes » [5]. De ce point de vue un bioréacteur est un envirome contrôlé[6]

Classification[modifier | modifier le code]

L’envirome à des effets positifs et négatifs sur l'organisme, mais ce sont les effets négatifs qui sont les plus étudiés pour comprendre et soigner les maladies.

Une typologie de cinq types de risques « enviromiques » pour la santé a été proposée par McDowall [4]

  • risque naturel physico-chimique ;
  • risque artificiel physico-chimique ;
  • risque biologique / organique (naturel ou artificiel) ;
  • risque macrosocial ;
  • risque micro ou psychosocial.

Pour leur classifications, le risque et le danger enviromiques peuvent aussi être appréhendés au regard de leur dimension temporelle[4] ; ainsi le risque peut être celui d’une exposition à

  • un changement soudain (comme un cataclysme, une guerre),
  • un changement rapide de l'environnement (apparition de l’internet, des objets connectés…),
  • un changement lent (changement climatique, crise de la biodiversité)

ou au contraire une situation trop statique (emprisonnement..)

Dans les études de jumeaux, l’influence de l’envirome est souvent décomposése en 2 groupes de facteurs environnementaux(partagés et non partagés entre les deux jumeaux) [7].

Corrélation et interactions gènes-environnement[modifier | modifier le code]

L'effet d'un envirome donné sur une cellule ou un organisme est partiellement modulé par son patrimoine génétique, c'est-à-dire son génome.

Les deux principales façons dont gènes et environnement interagissent sont les corrélations et interactions entre génotype et environnement[7].

Une corrélation génotype-environment se produit par exemple quand des enfants à la fois héritent des gènes de leurs parents et vivent sous l'influence de ces parents [7].
Dans le contexte de l'épidémiologie génétique, l'interaction se réfère aux gènes et l'environnement à la fois comme causes séparées et comme additionnant (éventuellement synergiquement) leurs effets [4].
Un exemple d’interaction entre l'environnement et la génétique est le risque accru de contracter la maladie d'Alzheimer à la suite d'une blessure à la tête des personnes portant l’allèle APOE \ epsilon 4[8].

Critiques[modifier | modifier le code]

Certains chercheurs considèrent l’« envirome » comme un nouveau nom pour décrire la dichotomie « inné – acquis » (« nature » et « nurture » pour les anglophones) pour expliquer une partie du comportement psychologique ou éthologique[4]..

En 2001, Steven Rose estime qu’il est temps pour la psychiatrie d'abandonner la dichotomie génome envirome en faveur d'une vision intégrative du cours de la vie d'une personne dans son environnement[9]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « -Omes and -omics glossary & taxonomy », Cambridge Healthtech Institute (consulté le )
  2. Brdicka, R. (2011). Prediction in medicine--genome contra envirome. Casopis lekaru ceskych, 151(1), 22-25. (résumé)
  3. (en) Shayne Cox Gad, Preclinical Development Handbook : Toxicology, John Wiley & Sons, , 1080 p. (ISBN 978-0-470-24904-8, lire en ligne), p. 778
  4. a b c d et e (en) Brian Cooper, « Nature, nurture and mental disorder: old concepts in the new millennium », The British Journal of Psychiatry, vol. 178, no suppl. 40,‎ , p. 91–102 (DOI 10.1192/bjp.178.40.s91)
  5. (en) Ana P. Teixeira, « Cell functional enviromics: Unravelling the function of environmental factors », BMC Systems Biology, vol. 5,‎ , p. 92–108 (DOI 10.1186/1752-0509-5-92, lire en ligne, consulté le )
  6. Lidén, G. (2002). Understanding the bioreactor. Bioprocess and biosystems engineering, 24(5), 273-279 (résumé).
  7. a b et c (en) JENAE M. NEIDERHISER, « Understanding the roles of genome and envirome: methods in genetic epidemiology », The British Journal of Psychiatry, vol. 178, no suppl. 40,‎ , s12-s17 (DOI 10.1192/bjp.178.40.s12)
  8. (en) J.A. Nicoll, Roberts, G. W. et Graham, D. I., « Amyloid beta-protein, APOE genotype and head injury (review) », Annals of the New York Academy of Sciences, vol. 777,‎ , p. 271–275 (DOI 10.1111/j.1749-6632.1996.tb34431.x)
  9. (en) S. Rose, « Moving on from old dichotomies: beyond nature ^ nurture towards a lifeline perspective », British Journal of Psychiatry, vol. 178, no suppl. 40,‎ , s3-s7 (DOI 10.1192/bjp.178.40.s3)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Anthony, K. (1984). The Role of the Home Envirome in Family Conflict: Therapist'Viewpoints. In EDRA (Vol. 15, pp. 219-226).
  • Anthony, J. C. (2001). The promise of psychiatric enviromics. The British Journal of Psychiatry, 178(40), s8-s11.
  • Baquero, F. (1993). The envirome: looking for a bridge from microbial genetics to public health. Trends in Microbial Ecology. Spanish Society for Microbiology, 681-684.
  • Cheng, A. (1998). Genome and Envirome: Roles and Interaction in Psychiatric Epidemiology. Psychological Medicine, 28(04), 1001-1001 (résumé).
  • Cheng, A. T., & Cooper, B. (Eds.). (2001). Genome and envirome : their roles and interaction in psychiatric epidemiology (Vol. 40). Royal College of Psychiatrists.
  • Eaton, W. W., & Harrison, G. (1998). Epidemiology and social aspects of the human envirome. Current Opinion in Psychiatry, 11(2), 165-168 (résumé).


Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]