Emma Saïd Ben Mohamed

Emma Saïd Ben Mohamed
Aïcha est peut-être le modèle du personnage peint par Henri de Toulouse-Lautrec dans La Danse mauresque (détail).
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Père
Said ben Mohammed (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Marguerite Bracco (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant

Emma Saïd Ben Mohamed, de son nom d'artiste Aïcha, est une artiste de cirque et chanteuse française, née le à Soissons et morte le à Paris[1]. Elle est la grand-mère maternelle d'Édith Piaf.

Biographie[modifier | modifier le code]

Emma Saïd Ben Mohamed naît en 1876, rue de la Paix à Soissons, dans la roulotte de ses parents[2],[3], artistes de cirque. Son père, Saïd Ben Mohamed (1827-1890) est un artiste acrobate[4], il serait né en 1827 (acte de décès de 1890) à Mogador ( nom officiel d'Essaouira entre 1912 et 1956) au Maroc[5],[6]. Ses origines sont controversées, berbère du Maroc selon Albert Bensousan[5][réf. à confirmer], et selon les confidences rapportées par le secrétaire de l'actrice Arletty[7], kabyle (berbère de Kabylie, en Algérie) selon sa sœur Denise Gassion[8] et Marcel Cerdan Jr[9], selon Monique Lange[10],[11], d'Algérie selon la revue à potins Vedettes[12]. Sa mère est Marguerite Bracco[13] (1830-1898), née à Murazzano en Italie, elle aussi artiste acrobate. Saïd Ben Mohamed et Marguerite Bracco se sont mariés le à Poitiers[14]. Deux des trois sœurs de Marguerite Bracco, Anne et Marie Elisabeth, ont également épousé des artistes de cirque marocains[15].

Emma épouse en 1894 Eugène Maillard, rencontré en tournée en Italie, où elle présentait un numéro de puces sauteuses[1],[16]. De leur union naît, en 1895, une fille, Annetta Maillard, future chanteuse sous le nom de Line Marsa, et future mère d'Édith Piaf.

Selon Arletty, sur La Danse mauresque[17], l'un des panneaux du Décor de la baraque de la Goulue de Toulouse-Lautrec, Emma Saïd pourrait être la danseuse mauresque assise à droite, derrière son amie La Goulue[18].

Dans les années 1910, Emma Saïd habite au 91 rue Rébeval dans le XIXe arrondissement, sur les hauteurs de Belleville à Paris. Édith Gassion, future Piaf, sa petite-fille, lui est confiée bébé en 1915 par sa mère, Annetta Maillard, qui est pauvre, a peu de fibre maternelle et est tombée amoureuse d'un homme[12],[19]. Lors du baptême d'Édith en l'église Saint-Jean-Baptiste de Belleville, en 1917, Emma « née Saïde » (sic) est sa marraine[20]. Emma Saïd est souvent décrite comme une alcoolique[20] qui ne se serait pas occupée de la petite fille, la laissant dans la saleté, en ignorant l'eau et l'hygiène. Ses biberons, selon la légende, se seraient faits au vin rouge[19], ce que contestent certains biographes[21]. Édith reste environ 18 mois dans la pauvre demeure de sa grand-mère maternelle avant d'être confiée à sa grand-mère paternelle, patronne d'une maison close en Normandie[20].

Le mari d'Emma, Eugène Maillard, meurt en 1912. Elle se remarie, en 1923, avec un coiffeur, Adolphe Louis Cornu (1867-1937).

Au début des années 1920, elle ne peut plus chanter à cause de sa voix vieillie ; elle devient femme de ménage. Alcoolique et fumeuse, elle meurt en juillet 1930 de la tuberculose.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Emma Saïd Ben Mohammed sur Geneanet.org
  2. Acte de naissance, A.D. de l'Aisne en ligne, état civil ; Soissons ; Décès, Mariage, Naissance; 1876; vue 129/386 (taper Soissons et 1876 dans "année exacte" puis faire défiler jusqu'à la vue 129).
  3. « Eleveuses de Puces et de Piaf : Acte de naissance et photographies », sur debretagneensaintonge.eklablog.fr (consulté le )
  4. Saïd Ben Mohamed sur Geneanet.org
  5. a et b Albert Bensoussan, Edith Piaf, Gallimard, 2012, p. 11 : « Là aussi, le récit flirte avec la légende… La grande famille berbère de la diaspora ne manquera pas de revendiquer Edith Piaf (au même titre que Mouloudji ou qu'Isabelle Adjani) au panthéon des gloires d'outremer données à la France ».
  6. K. Direche-Slimani, « Kabylie : L'émigration kabyle », Encyclopédie berbère, no 26,‎ , p. 4046–4050 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.1428, lire en ligne, consulté le )
  7. « Elle partageait ses repas avec Line Marsa, la mère d'Edith Piaf, Anetta Maillard, de son vrai nom, était la fille d'un directeur de cirque et d'Aicha Ben Mohamed, une Kabyle marocaine, copine de La Goulue », écrit ainsi Michel Souvais dans son Arletty, confidences à son secrétaire.
  8. Denise Gassion et Robert Morcet, Edith Piaf secrète et publique (ISBN 9782307436379), p. 18
  9. Marcel Cerdan junior et Gilles Durieux, Piaf et moi (ISBN 9782403040197, lire en ligne)
  10. Monique Lange in Histoire de Piaf, Ramsay, 1979 et Apostrophe, Institut National de l’Audiovisuel – Ina.fr, sur Ina.fr, 1er janvier 1970.
  11. Claude Fléouter, « La voix kabyle de Piaf », sur Le Monde, (consulté le ).
  12. a et b Nicole Moran, « Sa Maman » : Photo-reportage et interview de Line Marsa, revue Vedettes, no 28 du 24 mai 1941, pp. 6-7. Lire en ligne
  13. Marguerite Bracco sur Geneanet.org
  14. État civil Poitiers, Mariages - 9 E 229/308
  15. Anne Bracco s'est mariée avec Abdel Abraham Amor le 17 novembre 1855 à Rouen et Marie Elisabeth s'est mariée avec Ben Bel Aïd Mustapha le 4 février 1853 à Poitiers.
  16. Duclos - Martin, Piaf, Éd. du Seuil
  17. La Danse mauresque
  18. Michel Souvais, Arletty, Confidences à son secrétaire, Editions Publibook, (ISBN 978-2-7483-3224-7, lire en ligne), p. 144
  19. a et b Pierre Pernez, Édith Piaf, une vie vraie, City Edition, , 256 p. (lire en ligne)
  20. a b et c AlloCine, « Edith Piaf : 50 ans après sa mort, la vérité sur "La Môme" ! », Interview de Robert Belleret, sur AlloCiné, (consulté le )
  21. Robert Belleret, Piaf, un mythe français, Fayard, , 500 p. (ISBN 978-2-213-67030-0, lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Duclos & Georges Martin, Piaf - Biographie, Éditions du Seuil, 1995, (ISBN 9782020239165)

Articles connexes[modifier | modifier le code]