Elsa Barraine

Elsa Barraine
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 89 ans)
StrasbourgVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Jacqueline Elsa BarraineVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
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Autres informations
A travaillé pour
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Maîtres
Genre artistique
Distinctions

Elsa Barraine, née à Paris 18e le et morte à Strasbourg le , est une compositrice française.

Carrière[modifier | modifier le code]

Son père, Alfred Barraine, était violoncelliste soliste à l'orchestre de l'Opéra et membre de la Société des concerts du Conservatoire[1]. Elle est l'élève de Jean Gallon (harmonie), de Georges Caussade (fugue) et de Paul Dukas (composition) au Conservatoire de Paris. En 1929, âgée seulement de dix-neuf ans, elle obtient le premier grand Prix de Rome avec sa cantate La Vierge guerrière, trilogie sacrée sur Jeanne d'Arc d'après un poème d'Armand Foucher[2].

Elsa Barraine (1928) lors de sa victoire au 2nd Prix de Rome.

En 1934, de retour de la Villa Médicis à Rome, elle devient pianiste pour les chœurs Félix Raugel, rattachés à la Radiodiffusion nationale. De 1936 à 1940, elle est chef de chant à l'Orchestre national de la Radiodiffusion française[3]. À partir de 1937, elle commence à s'impliquer dans la Fédération musicale populaire, formation soutenue par le Front populaire qui promeut l'éducation musicale populaire et le chant choral. En 1938, après les accords de Munich, elle adhère au Parti communiste français.

En 1941, elle fonde, avec Roger Désormière et Louis Durey, le Front national des musiciens[4]. Rattaché au mouvement de résistance du PCF, le Front national pour la libération et l'indépendance de la France, ce groupement rassemble majoritairement des compositeurs ainsi que des musiciens, et s'engage contre la propagande nazie dans le domaine de la musique. Après avoir été relâchée une fois par la police, et avoir échappé à une arrestation de la Gestapo, elle entre en clandestinité en 1944 sous le nom de Catherine Bonnat[5] ou Catherine Bonnard[6].

À la Libération, elle fait partie des comités d'épuration et de restructuration de la vie musicale française. Personnalité en vue au sein des intellectuels communistes, elle écrit pour L'Humanité et pour Ce soir. Elle travaille également pour les Éditions du Chant du Monde. En 1949, elle fonde avec Serge Nigg, Roger Désormière, Louis Durey et Charles Koechlin l'Association française des musiciens progressistes, laquelle s'inspire des idées du Manifeste de Prague en réaction au formalisme et à l'abstraction de « l'art bourgeois ». En , elle quitte le Parti communiste français[7],[8].

Elle compose la musique de nombreux films et pièces de théâtre, collaborant notamment avec Jean Grémillon, Louis Daquin, Jacques Demy, Jean-Paul Le Chanois, Charles Dullin, Jean Mercure, Jean-Louis Barrault...

De 1952 à 1974, elle enseigne comme professeur au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, où elle devient titulaire d'une classe d'analyse en 1969. En 1972, elle est nommée inspectrice des théâtres lyriques nationaux à la Direction de la Musique du ministère de la Culture.

Compositions[modifier | modifier le code]

  • Héraclès à Delphes, cantate (1928)[1]
  • La Vierge guerrière, cantate du prix de Rome (1929)[9]
  • 2 Préludes et fugues, orgue (1929)
  • Prélude, pour piano (1930)
  • Harald Harfagard, variations symphoniques d'après H. Heine (1930)
  • Symphonie no 1 (1931)
  • Quintette à vent (1931)
  • Il y a quelqu'un d'autre je pense, pour chant et piano (1931)[1]
  • Le Roi bossu, opéra-comique en un acte, livret d'Albert Carré, créé le à l'Opéra-Comique[10]
  • Pogromes, pour orchestre (1933)
  • Fantaisie concertante pour piano et orchestre (1933)
  • 3 Chansons hébraïques (1935)[1]
  • Crépuscules, pour cor d'harmonie et piano (1936)
  • Élégie et ronde, pour flûte et piano (1936)
  • Hommage à Paul Dukas, pour piano (1936)
  • 4 Chants juifs (1937)[1]
  • Symphonie no 2, dite "Voïna" (1938)[11]
  • Avis, sur un texte de Paul Éluard[12], pour chœur et orchestre (1944), à la mémoire de Georges Dudach[1]
  • Suite astrologique, pour petit orchestre (1945)
  • Song koï (Le Fleuve rouge), poème symphonique (1945)
  • musique de scène (Bruxelles, 1946) pour la pièce Mégarée de Maurice Druon, en 3 actes[1]
  • Improvisation, pour saxophone (1947)
  • Le mur, ballet sur un argument de Renaud de Jouvenel (1947)[1]
  • Poésie ininterrompue (1948)
  • Variations pour percussion et piano (1950)
  • la Chanson du mal-aimé, ballet (1950) en 11 tableaux et un prologue sur un argument de Jean-Jacques Etchevery, créé à l'Opéra-Comique le 12 janvier 1951[13]
  • Claudine à l’école, ballet de Colette (1950)[1]
  • La Berceuse irlandaise (1950), pièce lue de Julien Blanc
  • la Nativité (1951)
  • Suite juive, pour violon et piano (1951)
  • Les Cinq plaies, cantate sur un texte de Michel Manoll (1953)[1]
  • Hommage à Prokofiev, pour orchestre (1953)
  • Fanfare de Printemps, pour cornet et piano (1954)
  • Cantate du vendredi saint (1955)
  • 3 Ridicules, pour orchestre (1955)
  • le Livre des morts tibétain
  • Andante & Allegro (1958), pour saxhorn en si bémol et piano
  • Les paysans, cantate sur un poème d'André Frénaud (1958)[14]
  • Christine (1959)
  • Chien de paille, pour tuba (1966)
  • Musique rituelle pour orgue, gong, tam-tam et xylo-rimba (1967)[15]

Récompenses et distinctions[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

  • Depuis 2023, le patio situé au rez-de-chaussée du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris a été renommé « Patio Elsa Barraine » en hommage à la compositrice et professeure qui y enseigna de 1952 à 1974[16].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Paul Landormy, La musique française après Debussy, Éd. Gallimard, Paris, 1943[17]
  • Odile Bourin, Pierrette Germain-David, Catherine Massip, Raffi Ourgandjian, Elsa Barraine : une compositrice au XXe siècle, Éd. Delatour France, 2010, 137 p.
  • Dominique Missika, Résistantes 1940-1944, , 269 p. (ISBN 978-2-07-294029-3), p. 71Voir et modifier les données sur Wikidata

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i et j « Barraine Elsa », sur www.artlyriquefr.fr (consulté le )
  2. Bourin, Odile., Germain, Pierrette., Massip, Catherine. et Ourgandjian, Raffi., Elsa Barraine, 1910-1999 : une compositrice au XXe siècle, Sampzon, Delatour France, , 137 p. (ISBN 978-2-7521-0103-7 et 2752101031, OCLC 750383679, lire en ligne)
  3. Le Bail, Karine, (1970- ...)., La musique au pas : être musicien sous l'Occupation, Paris, CNRS éditions, dl 2016, ©2016, 439 p. (ISBN 978-2-271-06995-5 et 2271069955, OCLC 947054459, lire en ligne)
  4. « BARRAINE Elsa [BARRAINE Jacqueline, Elsa]. Pseudonymes sous l’Occupation : (...) - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
  5. Chimènes, Myriam., Alviset, Josette., Callu, Agnès, 19..- ... et Dompnier, Nathalie., La vie musicale sous Vichy, Bruxelles/Paris, Complexe, , 420 p. (ISBN 2-87027-864-0 et 9782870278642, OCLC 407379367, lire en ligne)
  6. Missika 2021.
  7. Thom, Mariette, Elsa Barraine, une compositrice engagée (1910-1999), mémoire de Master, Sorbonne Université, 2019, lire en ligne
  8. a et b Mariette Thom, ComposHer, « Il était une fois... Elsa Barraine », sur Composher, (consulté le )
  9. « La Rampe : revue des théâtres, music-halls, concerts, cinématographes », sur Gallica, (consulté le )
  10. « Roi bossu », sur www.artlyriquefr.fr (consulté le )
  11. Lionel Pons, « La Symphonie n° 2 “Voïna” (1938), d’Elsa Barraine », Euterpe, no 22,‎ (lire en ligne)
  12. « Regards », sur Gallica, (consulté le )
  13. « Chanson du mal-aime », sur www.artlyriquefr.fr (consulté le )
  14. « Elsa Barraine à Paris en 1958 (1/5) », sur France Musique (consulté le )
  15. Lionel Pons, « Musique rituelle pour orgue et percussions : la durée et le rythme comme vecteurs de spiritualité », Euterpe, no 23,‎ (lire en ligne)
  16. Voir De nouveaux noms dans les espaces du Conservatoire sur le site officiel du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris
  17. « Elsa Barraine (1910-1999) », sur www.musicologie.org (consulté le )