Ebenezer Akwanga

Ebenezer Akwanga
Biographie
Naissance

Dr Ebenezer Akwanga, de son nom complet Ebenezer Derek Mbongo Akwanga, né en 1970 à Tiko, est un militant séparatiste camerounais. Il est le président du Mouvement de libération du peuple africain (MLPA), un mouvement séparatiste, dont il dirige la branche armée, les Forces de défense du Cameroun méridional (FDCM)[1].

Ancien étudiant à l'Université de Buéa, lui et Lucas Ayaba Cho créent une association étudiante séparatiste. Celle-ci est interdite en 1997, Ebenezer Akwanga est incarcéré pendant six ans[2]. À la suite de son évasion de prison, il s'associe au Conseil national du Cameroun méridional (CNCM). Lorsque le CNCM se divise en plusieurs factions, il est devenu le leader de la Ligue des jeunes du Cameroun méridional (LJCM)[3]. La LJCM se transforme en Mouvement de libération du peuple africain.

En mars 2019, il supervise la création du MLPA en participant à la fondation du Conseil de libération du Cameroun méridional, dans une tentative de former un front uni[4]. Ebenezer Akwanga défend également l'indépendance du Biafra et se prononce en faveur d'une alliance entre les mouvements séparatistes ambazoniens et biafrais. Il appelle également à des référendums sur l'indépendance à la fois des régions anglophones du Cameroun (y compris Bakassi) et du Biafra[2].

Carrière[modifier | modifier le code]

Ebenezer Akwanga devient un activiste politique en 1993, d’abord en faisant campagne pacifiquement pour les droits des populations des régions anglophones du Cameroun en tant que leader étudiant de l’Union des étudiants de l’Université de Buéa qui travaille avec le Conseil national du Cameroun méridional (CNCM). Il prend une part active au soulèvement de mars 1997[5].

Au cours de son emprisonnement, Ebenezer Akwanga subit de très graves violations des droits humains avant et après sa condamnation. Torture, détention au secret, conditions de détention (surpopulation carcérale et insalubrité), privation d'accès à des soins médicaux[6]. Il souffre de paralysie des membres inférieurs et de troubles de la vision à la suite de tortures et passe plus de 700 jours en isolement.

En 1999, il est condamné par un tribunal militaire à 20 ans de prison, reconnu coupable de terrorisme et subversion, des accusations dont s'est toujours défendu Ebenezer Akwanda[7]. En 2003, il parvient à s'échapper de prison et s'enfuit au Nigeria puis trouve asile aux États-Unis[6].

Des États-Unis, Ebenezer Akwanga poursuit sa lutte pour la minorité anglophone du Cameroun. L’ONG Redress (en)dépose une pétition au nom d’Ebenezer Akwanga auprès du Comité des droits de l’homme des Nations Unies pour de multiples violations du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), y compris de la torture entre 1997 à 2003. Dans une décision prise à l’unanimité le , le Comité des droits de l'homme des Nations unies confirme la requête déposée par REDRESS au nom d’Ebenezer Akwanga contre le Cameroun. La pétition permet d’éviter de multiples violations du PIDCP.

Entre 2011 et 2014, Ebenezer Akwanga, Lucas Ayaba Cho et d’autres militants séparatitses créent le gouvernement du Cameroun méridional affilié à une branche armée, les Forces de défense du Cameroun méridional (FDCM). La presse camerounaise attribue à Ebenezer Akwanga d'être l’un des principaux promoteurs de la déclaration d’indépendance des régions anglophones du Cameroun le [8].

Tentatives d'assassinats[modifier | modifier le code]

Le gouvernement camerounais tente à multiples reprises d’assassiner Ebenezer Akwanga : à Buea, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, par empoissonnement en 2003, à Lagos, en 2005, avec au moins trois tentatives par des agents camerounais puis en Afrique du Sud en 2012 avec un complot de meurtre et d’enlèvement[9]

Combat séparatiste[modifier | modifier le code]

Lutte armée[modifier | modifier le code]

À la suite de la déclaration d’indépendance des régions anglophones du Cameroun en octobre 2017[10], Ebenezer Akwanga décide de revitaliser et d’armer les Forces de défense du Cameroun méridional (FDCM)[11] en tant que « force d’autodéfense ». Dès la fin des années 1990, Ebenezer Akwanga et Lucas Ayaba Cho se distancent des positions du Conseil national du Cameroun méridional (CNCM) et prônent le recours à la lutte armée plutôt que la poursuite des négociations avec le pouvoir central camerounais[12]. Selon l’International Crisis Group (ICG), les FDCM sont l’une des plus grands groupes armés séparatistes opérant dans les régions anglophones du Cameroun[13].

Possible violation des droits humains[modifier | modifier le code]

En janvier 2019, Ebenezer Akwanga soutient que ses hommes sont des « tacticiens de la guérilla » tout en concédant qu'ils « font des erreurs »[10]. En 2021, il affirme qu'il est pour un boycott total des écoles, tant publiques que privées, afin d'obliger le gouvernement camerounais à entamer des négociations[14]. Cette déclaration intervient dans un contexte ou différents rapports font état d'attaques des séparatistes contre les écoles et les enseignants ainsi que de l'extrême difficulté pour les enfants des régions anglophones de poursuivre leur éducation dans des conditions minimales de sécurité[14],[15]. Pour sa part, Ebenezer Akwanga soutient que les séparatistes ne sont pas impliquées dans des attaques contre des écoles[14].

Efforts diplomatiques[modifier | modifier le code]

Ebenezer Akwanga est présent sur le front diplomatique avec des apparitions notées au Ghana[16], en Afrique du Sud[17],[10], au Malawi et dans de nombreux autres pays. A l'été 2019, il accepte de participer à une réunion en Suisse en vue de résoudre le conflit sous médiation suisse[18], une réunion qui reste sans effet car le président Paul Biya, alors en séjour privé en Suisse, refuse l'idée même d'une telle négociation.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Who are Cameroon's English-speaking separatists? », sur Nation, (consulté le )
  2. a et b (en) « Biafra and Southern Cameroons might 'join forces to achieve independence' », sur International Business Times UK, (consulté le )
  3. (en) « How one part of Cameroon still wants to hold on to its Anglo-Saxon roots », sur International Business Times UK, (consulté le )
  4. (en-US) « Federalists Meet Restorationists, Which Group Will Perform The Osmosis? », sur Cameroon News Agency (consulté le )
  5. (en) Immigration and Refugee Board of Canada, « March 1997 incidents in the north-west province [CMR36066.E] », sur www.ecoi.net, (consulté le )
  6. a et b (en) « Ebenezer Akwanga v Cameroon » (consulté le )
  7. (en-US) « Ebenezer Akwanga Vs Cameroun: Gov’t To Pay FCFA 1.5 Billion As Compensation – Cameroon Postline », (consulté le )
  8. Investir au Cameroun, « Tout savoir sur Kilimanjaro Capital, la nébuleuse financière canadienne associée aux sécessionnistes camerounais », sur Investir au Cameroun (consulté le )
  9. « MURDER FOR HIRE I - Abakwa Times », sur www.abakwatimes.com (consulté le )
  10. a b et c Mathieu Olivier, « Crise anglophone au Cameroun : qui sont les sécessionnistes ? – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  11. Acronyme de Southern Cameroons Defense Force
  12. « Cameroun : de nombreuses divisions fragmentent les séparatistes en zone anglophone – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  13. (en) « Cameroon’s Anglophone Crisis: How to Get to Talks? », sur Crisis Group, (consulté le )
  14. a b et c (en-GB) « How Schoolchildren Became Pawns in Cameroon’s Anglophone Crisis », sur bellingcat, (consulté le )
  15. (en) « “These Killings Can Be Stopped”: Abuses by Government and Separatist Groups in Cameroon’s Anglophone Regions », Human Rights Watch, (consulté le )
  16. (en-US) Eric Tataw, « Ghana Bureau Of National Investigations Releases Ambazonia Separatist, Dr Akwanga After Questioning! », sur National Telegraph, (consulté le )
  17. « Cameroun : l’Ambazonie plaide sa cause en Afrique australe – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  18. « Crise anglophone au Cameroun : pas de dialogue direct entre acteurs malgré la médiation suisse – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )