Déodat Gratet de Dolomieu

Déodat Gratet de Dolomieu
Image illustrative de l’article Déodat Gratet de Dolomieu
Biographie
Naissance
à Dolomieu
Drapeau du royaume de France Royaume de France
Décès (à 51 ans)
à Châteauneuf
Drapeau de la France République française
Ordre religieux Ordre de Saint-Jean
de Jérusalem
Reçu de minorité
Vœux 1778
Gouverneur de La Valette
1783 –1785
Lieutenant général de l'Ordre
1783 –1785
Commandeur de Sainte-Anne
1780 –1792
Chevalier de l'Ordre
Depuis le 1778
Autres fonctions
Fonction laïque
Géologue
Minéralogiste
Volcanologue
Membre de l'Institut de France
Membre de l'Académie des sciences de Göttingen

Signature de

Déodat Gratet de Dolomieu, né le au château des Gratet à Dolomieu (Isère), mort le au château de Châteauneuf (Saône-et-Loire), est un géologue, minéralogiste et volcanologue français, chevalier, puis commandeur, de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Biographie[modifier | modifier le code]

Dieudonné Guy Sylvain Tancrède, dit Déodat Gratet de Dolomieu[n 1], naît au château des Gratet le 23 juin 1750[1],[n 2]. Il est le quatrième enfant du marquis de Dolomieu[2]. Son frère aîné Adolphe de Gratet, fut le dernier à porter le titre de marquis de Dolomieu[3].

Son père le présente à l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem dès son baptême[4], ou, selon une autre source[2], à l'âge de deux ans. La famille est peu fortunée et Déodat n'a pas de précepteur[5]. Il devient page de l'Ordre en 1761 ou 1762[4] et fait son noviciat en 1766[2].

Formation[modifier | modifier le code]

À 22 ans, après avoir suivi les cours de chimie de Jean-Baptiste Thyrion[n 3], apothicaire major[n 4] à l'hôpital militaire de Metz (il y est en garnison dans un régiment de carabiniers), il fait la connaissance du duc Alexandre de La Rochefoucauld, colonel au régiment de La Sarre, membre de l'Académie des sciences, qui l'initie à la minéralogie et à la géologie[2],[n 5]. En 1775, en Bretagne et en Anjou, il commence à travailler sur la formation du salpêtre dans les mines de Bretagne. De retour à Paris, il fait la connaissance de Louis Jean-Marie Daubenton, dont il sera nommé, en , correspondant à l'Académie des sciences.

Chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem[modifier | modifier le code]

Pendant sa formation de chevalier de l'ordre de saint-Jean de Jérusalem, faisant ses caravanes en 1768, Dolomieu tue en duel un de ses camarades novices[n 6] lors d'une escale à Gaète. Il est condamné par l'Ordre à la réclusion à perpétuité. Mais grâce à l'intervention du cardinal Luigi Maria Torregiani (au nom du pape Clément XIII) et du duc de Choiseul (représentant Louis XV), il ne fait que neuf mois de forteresse. Il est réintégré en [2]. En 1776, réformé du régiment de carabiniers, il retourne à Malte. Il devient secrétaire de Camille de Rohan, nommé ambassadeur de l'ordre au Portugal.

Ce n'est qu'en 1778 qu'il prononce ses vœux de chevalier de Malte[n 7]. Il reçoit la charge, en 1780, de la commanderie de Sainte-Anne, près d'Eymoutiers (dans la Haute-Vienne d'aujourd'hui) ; cela lui procure des revenus substantiels[2].

En 1783, il est nommé lieutenant général de l'Ordre et gouverneur de La Valette. Rapidement, il entre en conflit avec le grand maître Emmanuel de Rohan-Polduc ainsi qu'avec le roi de Naples. Il démissionne rapidement et part pour l'Italie. En 1786, il se porte candidat au conseil de l'Ordre, mais échoue : il s'est fait trop d'ennemis[2].

En 1792, la confiscation de tous les biens de l'Ordre par la Révolution le prive des revenus de sa commanderie. Pendant la Terreur[n 8], il séjourne à La Roche-Guyon, auprès de la duchesse de La Rochefoucauld et de la duchesse d'Enville[2].

Travaux[modifier | modifier le code]

Pendant son séjour à Lisbonne, Dolomieu fait ses premières observations sur le basalte, un « produit du feu », juge-t-il. Il pose la question de la relation possible entre volcans et tremblements de terre. Il écrit à Faujas de Saint-Fond plusieurs lettres sur ce sujet ; Saint-Fond les publiera dans ses Recherches sur les volcans éteints du Vivarais et du Velais[6],[2]. En 1781, il se rend en Italie, où il étudie l’Etna, le Stromboli et Vulcano. Il publie en 1783 Voyage aux îles de Lipari, et en 1784, Mémoire sur les volcans éteints du Val di Noto en Sicile[2].

Il est aidé dans ses travaux de géologie par Nicolas de Saussure, qui analyse les échantillons prélevés au cours des recherches. Dolomieu décrit plusieurs minéraux, comme l’analcime, le psilomélane (en), le béryl, l’émeraude, la célestine et l’anthracite.

En 1791, Dolomieu publie dans le Journal de physique : « Sur un genre de pierres calcaires très peu effervescentes avec les acides et phosphorescentes par la collision ». Il a découvert cette roche dans les Alpes et en envoie quelques échantillons à Saussure à Genève pour analyse. Le savant suisse lui donnera le nom de « dolomie », en hommage à son découvreur, en , dans un courrier qu’il adresse à Dolomieu. Le nom de « Dolomites » sera ensuite donné vers 1876 à la région des Alpes italiennes où on la trouve.

En 1795, il est élu membre de l'Académie des sciences et enseigne à l'École des mines, donnant un cours sur la géographie physique et les gisements minéraux.

Campagne d’Égypte[modifier | modifier le code]

Lorsque Bonaparte, en route vers l'Égypte, s'empare de Malte, c'est Dolomieu qui est chargé d'en négocier la reddition ; ses anciens ennemis reconnaissent sa grandeur d'âme[7]. Il participe ensuite à la campagne d'Égypte[8]. Après quelques travaux scientifiques sur le Nil, il demande son retour en France pour mésentente avec Bonaparte. Mais il est capturé en Calabre et emprisonné en Sicile pendant 21 mois pour d’obscures raisons politiques. Il ne recouvre la liberté (à l'insistance de Napoléon) que le après la victoire des armées françaises à Marengo (il fait partie des prisonniers libérés par le traité de Florence). De retour à Paris il s'associe en 1801 à un libraire de la rue Serpente[9],[10], mais, très affecté par son incarcération, meurt le (7 frimaire an X), à Châteauneuf[11] (Saône-et-Loire), chez sa sœur la marquise de Drée.

Il était membre de l'Institut de France et de plusieurs académies, dont celle de Göttingen.

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages et articles[modifier | modifier le code]

Voyage aux iles de Lipari, 1783
  1. « Recueil de notes sur Alexandrie et sa région »
  2. « Étude sur la constitution du sol d’Alexandrie »
  3. « Recherches sur la cause de la destruction naturelle des monuments d’Alexandrie »
  4. « Notice sur l’agriculture de la Basse-Égypte »
  5. « Rapport sur le nilomètre de l’île de Rodah »

Autres articles dans les Annales des mines[modifier | modifier le code]

Collaboration[modifier | modifier le code]

  • Jean-Claude Richard de Saint-Non, Voyage pittoresque ou Description des royaumes de Naples et de Sicile, 5 vol., Paris, 1781-1786
    Dolomieu a écrit des textes pour cette publication, connue pour la splendeur de son illustration[13].

Notes de cours[modifier | modifier le code]

Postérité[modifier | modifier le code]

Gravure par Ambroise Tardieu, d'après un portrait de M. Cordier.

Iconographie[modifier | modifier le code]

Mémoire[modifier | modifier le code]

Éponymie[modifier | modifier le code]

Référencement[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Baptisé le lendemain Dieudonné Sylvain Guy Tancrède Gratet de Dolomieu (« Dieudonné » est synonyme de « Déodat », « a Deo datus », « donné par Dieu ») : « Dieudonné Sylvain Guy Tancrède, né d'hier, fils 4ieme légitime du haut et puissant seigneur m[essi]re Francis de Gratet chevalier marquis de Dolomieu […] et de haute et puissante dame Marie Françoise de Béranger […] baptisé aujourd'hui vingt quatrième juin mil sept cents cinquante. ».
  2. Suivant les sources, le 23 ou  ; il est possible qu'il soit né le 23 et baptisé le 24 : voir cette source communale page 6 recto ou 8 du document.
  3. Sur ce pharmacien, voir Élie Fleur, « Les grands pharmaciens : XVIII. Jean-Baptiste Thyrion, apothicaire à Metz au 18e siècle », dans Revue d'histoire de la pharmacie, 1925 : partie 1 ; partie 2.
  4. Sur ce titre : http://apothicaire.armee.pagesperso-orange.fr/biblio/histoireglobale.html.
  5. Il fait aussi la connaissance de Pierre Choderlos de Laclos et lui aurait inspiré « certains traits » de Valmont : Gaudant 2008.
  6. Il exigeait d'être appelé de Gratet de Dolomieu.
  7. Plutôt qu'à Lyon, qui ne sera prieuré de la langue d'Auvergne qu'en 1787, c'est certainement à Bourganeuf, alors prieuré de la langue d'Auvergne, qu'il prononce ses vœux.
  8. « Tempête affreuse, environnée d’écueils et de débris de naufrages » : Nicole Dhombres et Jean Dhombres 1989.
  9. Il s'agit de la Société linnéenne de Paris.
  10. Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent, son ancien élève à l'École des mines de Paris, était en train de l'explorer quand il apprit la mort de Dolomieu : Enis Rockel, Z'histoires de la Réunion, Réunion La Première (télévision), .

Références[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

  • « Dolomieu », Annales des Mines,‎ . (lire en ligne)
  • Alain Dessertenne, « Dolomieu et la dolomite : de l'ordre de Malte aux aciers du Creusot » », Images de Saône-et-Loire, no 172,‎ , p. 7 à 9
  • Nicole Dhombres et Jean Dhombres, Naissance d’un nouveau pouvoir : sciences et savants en France, 1793-1824, Paris, Payot, , 938 p. (ISBN 2-228-88107-4)
  • Guy Gardien, Deodat Gratet de Dolomieu, Paris, Publibook, (présentation en ligne)
  • Jean Gaudant, « Déodat de Dolomieu (1750-1801) », ABC Mines, vol. bulletin n° 29,‎
  • Bernard-Germain de Lacépède, « Notice historique sur la vie et sur les ouvrages de Dolomieu », Les Cahiers des sciences et des arts, Paris,‎ 1801/1802, p. 222 (lire en ligne)
  • Louis de La Roque, Catalogue des chevaliers de Malte, Paris, Alp. Desaide, (lire en ligne)
  • Emilia Francis Strong (Lady Dilke), French engravers and draughtsmen of the XVIIIth century, Londres, (lire en ligne)

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Alfred Lacroix, Déodat Dolomieu membre de l’Institut national (1750-1801). Sa vie aventureuse — sa captivité — ses œuvres — sa correspondance, Paris, Librairie académique Perrin & Cie, . — Deux tomes.
  • Joannès Chétail, « La commanderie de Sainte-Anne (Ordre de Malte) à la fin du XVIIIe siècle », dans Actes du quatre-vingt-dixième Congrès national des sociétés savantes, Nice, 1965, vol. I, Paris, , p. 159-..., lire en ligne sur Gallica
    Période où Déodat Gratet de Dolomieu était commandeur de Sainte-Anne (1781-1789).
  • D. H. Zenger, F. G. Bourrouilh-Le Jan et A. V. Carozzi, Dolomites. A volume in honor of Dolomieu, International Association of Sedimentologists : Special Publication 21, , 451 p. (ISBN 978-0-632-03787-2 et 0-632-03787-3), p. 21–28 — Dolomieu et la première description de la dolomite.
  • Françoise G. Bourrouilh-Le Jan, Dolomieu, gentilhomme géologue, (lire en ligne)
  • Jean Gaudant, Dolomieu et la géologie de son temps, Paris, Presses de l'Ecole des mines, (présentation en ligne)
  • Thérèse Charles-Vallin, Les aventures du chevalier géologue Déodat de Dolomieu, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, (présentation en ligne)
  • Luigi Zanzi (it), Dolomieu : un avventuriero nella storia della natura, Milan, Jaca Book, 2003 — Bibliographie.

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]