Démographie de la république démocratique du Congo

Démographie de la république démocratique du Congo
Pyramide des âges de la république démocratique du Congo en 2005
Pyramide des âges de la république démocratique du Congo en 2005
Dynamique
Population 105 044 646 hab.
(2021)[1]
Évolution de la population 2,33 % (2018)[2],[3]
Indice de fécondité 5,7 enfants par [4]
(2021)[5]
Taux de natalité 32,8  (2018)[6],[7]
Taux de mortalité 9,4  (2018)[8],[9]
Taux de mortalité infantile 66,7  (2018)[10]
Âges
Espérance de vie à la naissance 58,1 ans (2018)[11]
Hommes : 56,5 ans
Femmes : 59,7 ans
Âge médian 18,8 ans (2018)[12]
Hommes : 18,6 ans
Femmes : 19 ans
Structure par âge 0-14 ans : 41,25 %
15-64 ans : 56,05 %
65 ans et plus : 2,69 %
Sex-ratio (2018)
Population totale 100 /100
À la naissance 103 /100
Par tranche d'âge 0-14 ans : 102 /100
15-24 ans : 101 /100
25-54 ans : 100 /100
55-64 ans : 91 /100
65 ans et + : 74 /100
Flux migratoires (2018)
Taux de migration −0,1 
Composition linguistique
Français (officiel)  
Lingala  
Swahili  
Kikongo ya leta  
Tshiluba  
Composition ethnique
Lubas  
Mongos  
Kongos  
Nande (peuple)

Autres

 

Cet article contient des statistiques sur la démographie de la république démocratique du Congo. La population est caractérisée par l'importance de sa jeunesse, 60 % des habitants ont moins de 20 ans. La population du Congo est estimée à 102 millions d'habitants en 2023[13], ce qui en fait le 15e pays le plus peuplé du monde.

Évolution de la population[modifier | modifier le code]

Évolution de la démographie entre 1961 et 2003 (source : FAO, 2005). Population en milliers d'habitants.

Historiquement, la traite esclavagiste des Portugais à l’ouest, de certains pays africains eux-mêmes et celle des Arabo-Swahilis à l'est a considérablement vidé le territoire. Le régime de Léopold II a conduit à des massacres et a encore plus diminué la population (le nombre d'ouvriers congolais dans le secteur du caoutchouc était de 44 000 personnes. 1 600 colons à l'époque [réf. nécessaire]). Les différents chiffres d'une population autour de 20 millions de personnes avant la colonisation sous Léopold II qui ont longtemps circulé sont aujourd'hui considérés comme infondés et surestimés par les historiens qui concluent qu'« il est difficile d'avancer un quelconque pourcentage car les seuls chiffres de population qui sont disponibles sont ceux de groupes restreints d'Européens. Il n'existe donc aucun fondement scientifique »[14]. Toutefois, certains historiens contemporains comme David Van Reybrouck ou l'essayiste Adam Hochschild estiment que la population congolaise de 1885 devait compter plusieurs millions d'individus sans qu'aucun chiffre précis ne puisse être établi[15],[16],[17].

Après 23 ans de tutelles de Léopold II, en 1908 on recensait dans le pays 10 millions d'habitants[réf. nécessaire]. Le chiffre de 10 millions de Congolais tués de 1885 à 1904 qui a par la suite été largement popularisé par Marc Twain qui n'a jamais cité ses sources peut dès lors être considéré comme infondé, aucun recensement précis n'ayant été alors fait. Ce n'est qu'avec la crise de 1929 et la fin de la Seconde Guerre mondiale que la population commence à augmenter rapidement. Mais le Congo belge comptait 13,5 millions d'habitants en 1930 et 14,7 millions d'habitants à l'indépendance le 30 juin 1960.

Durant la guerre interafricaine, une guerre menée principalement par le Rwanda et l'Ouganda, qui a conduit à une grave crise économique, prélevant les richesses du sol et sous sol du Congo (coltan, niobium, cassitérie, cadmium, terre rare...) a eu comme conséquence de 1996 à nos jours plus de 12 millions de morts. Les agresseurs ont utilisé le viol comme arme de guerre pour déstructurer la société congolaise sur ces bases, il y aurait eu plus de 2 millions de femmes violés, selon Denis Mukwege lors de son passage à Paris, en 2013[réf. nécessaire]. C'est le conflit le plus meurtrier au Congo depuis l'esclavage, la traite négrière et les deux guerres mondiales.

Principaux indicateurs démographiques[modifier | modifier le code]

Recensement[modifier | modifier le code]

La république démocratique du Congo n'a connu qu'un seul recensement de sa population depuis sa formation en tant qu'État, soit celui de 1984, à l'époque où il était appelé Zaïre[18].

Évolution des indicateurs[modifier | modifier le code]

Évolution des principaux indicateurs démographiques[19]
Année Naissances annuelles Décès annuels Solde naturel annuel Taux de natalité (‰) Taux de mortalité (‰) Solde naturel (‰) Indice de fécondité Taux de mortalité infantile (‰)
1950-1955 608 000 329 000 279 000 47,2 25,5 21,7 5,98 167
1955-1960 683 000 341 000 342 000 47,2 23,6 23,7 5,98 158
1960-1965 780 000 369 000 411 000 47,4 22,4 25,0 6,04 151
1965-1970 898 000 402 000 496 000 47,5 21,3 26,3 6,15 143
1970-1975 1 037 000 433 000 604 000 47,6 19,9 27,7 6,29 134
1975-1980 1 208 000 488 000 720 000 48,0 19,4 28,6 6,46 129
1980-1985 1 425 000 550 000 874 000 49,1 19,0 30,1 6,72 125
1985-1990 1 689 000 632 000 1 057 000 50,1 18,7 31,4 6,98 121
1990-1995 2 035 000 743 000 1 292 000 50,6 18,5 32,1 7,14 119
1995-2000 2 335 000 923 000 1 412 000 49,8 19,7 30,1 7,04 128
2000-2005 2 580 000 973 000 1 607 000 48,2 18,2 30,0 6,70 120
2005-2010 2 772 000 1 058 000 1 714 000 44,9 17,2 27,8 6,07 116

Répartition de la population[modifier | modifier le code]

La densité de population en république démocratique du Congo est d'environ 45 habitants au km2, ce qui est comparable à la moyenne africaine. La population se concentre sur les plateaux, dans la savane près des fleuves et des lacs ; le nord et le centre du pays, domaine de la jungle, sont quasiment vides. L'exode rural a gonflé les villes. Les plus grandes agglomérations sont Kinshasa, Lubumbashi, Mbuji-Mayi, Kananga, Kisangani, Bukavu.

Langue[modifier | modifier le code]

Le français est la langue officielle de la république démocratique du Congo (RDC), pays francophone le plus peuplé du monde, devant la France. Quatre autres langues ont le statut de langues nationales : kikongo ya leta, lingala, swahili et tshiluba.

Ethnies[modifier | modifier le code]

Le peuple congolais est composé de plusieurs centaines d'ethnies — certains donnent le nombre de 200[20], 250[21],[22], plus de 365[23],[24], 400[25] ou 450[26],[27] — formant différents groupes. Néanmoins, de nombreuses langues et cultures de petites ethnies ont tendance à disparaître au profit de celles des grosses ethnies.

Groupe bantou :

Luba (18 %), Mongo (17 %), Kongo (12 %), Nande (10 %)
Autres : , Ambuun, Angba, Babindji, Bangala, Bango, Pende, Bazombe, Mbata, Bemba, Bembe, Bira, Bowa, Dikidiki, Dzing, Fuliru, Havu, Henya, Hunde, Hutu, Iboko, Kanyok, Kaonde, Kuba, Kwango, Lengola, Lokele, Lundas, Lupu, Lwalwa, Mbala, Mbole, Mbuza (Budja), Ngoli, Bangoli, Nande, Ngombe, Nkumu, Popoi, Poto, Salampasu, Sango, Shi, Songo, Sukus Tabwa, Tchokwé, Téké, Tembo, Tetela, Topoke, Ungana, Vira, Wakuti, Yaka, Yanzi, Yeke, Yela, Batsamba, Baholo, Baboma, etc.

Groupe adamaoua-oubanguien :

Banda, Bobangis, Gbaya, Ngbandi, Ngbaka, Yakoma, Zande

Groupe soudanique central :

Lendu, Manvu, Mbunja, Moru, Mangbetu, Lugbara, Logo

Groupe nilotique :

Alur, Bari, Hema, Kakwa

Groupe pygmée :

Mbuti, Twa, Baka, Babinga

Religion[modifier | modifier le code]

La population congolaise est très majoritairement chrétienne.

Migrations[modifier | modifier le code]

Après les nombreuses guerres en son sein et chez ses voisins, la république démocratique du Congo abritait environ 177 500 réfugiés et demandeurs d'asile à la fin de 2007. Ceux-ci provenaient de l'Angola, du Rwanda, du Burundi, de l'Ouganda et du Soudan[28].

Santé[modifier | modifier le code]

De manière générale, les indicateurs sociaux ont des niveaux préoccupants : le taux de mortalité infantile est passé de 12,4 % en 1990 à 11,2 % en 2011, le taux de mortalité maternelle de 800 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1990 à 2 000 décès pour 100 000 naissances actuellement, l’espérance de vie est passée de 45,7 ans en 2000 à 48,7 ans 2013 contre une moyenne africaine de 55 ans, l’accès aux services de santé de base est inférieur à 26 pour cent, près des 3/4 de la population vit en dessous du seuil de pauvreté multidimensionnel[29]. Le paludisme fait des ravages en RDC.

De plus, des maladies autrefois éradiquées comme la trypanosomiase, la lèpre et la peste ont resurgi, et la pandémie du VIH/sida touche 3 % de la population entre 15 et 49 ans. Le chiffre pourrait s’élever à 20-22 pour cent dans les provinces orientales où il y a encore quelques troubles. Selon les dernières estimations, environ 750 000 enfants ont perdu au moins un de leurs parents en raison de la maladie[30].

Cette situation perdure depuis déjà des décennies.

Conditions de travail[modifier | modifier le code]

Les enfants, très tôt mis à contribution.

Environ 40 000 enfants travaillent sans protection et dans des conditions extrêmes de pénibilité dans le secteur informel des mines de cuivre et cobalt qui s'est anarchiquement développé depuis les années 1990, au profit de revendeurs et de compagnies privées (ex : Chemaf, Somika, Rubamin, Volcano et notamment le Groupe Bazano via un comptoir appartenant à un Libanais pour faire traiter ses produits dans les usines Bazano de Likasi), sans respect du code minier ou du droit international du travail[31]. Le commerce est en grande évolution dans l'Est du pays, plus précisement par les Nande.

Criminalité[modifier | modifier le code]

Viols[modifier | modifier le code]

Les guerres répétitives et incessantes, usant du viol comme arme de découragement des camps adverses, a causé d'énormes dégâts sur la population civile. Pratiqués par tous les groupes armés, hutus, maï-maïs, rwandais, congolais et M23, depuis des dizaines d'années et sur toutes les tranches d'âge (des bébés de 18 mois ont été décomptés parmi les victimes), ce phénomène cause d'importants problèmes sanitaires, et a touché au moins 500 000 victimes depuis 1996[32].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Indicateurs du World-Factbook publié par la CIA.
  2. Le taux de variation de la population 2018 correspond à la somme du solde naturel 2018 et du solde migratoire 2018 divisée par la population au 1er janvier 2018.
  3. Indicateurs du World-Factbook publié par la CIA.
  4. L'indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) pour 2021 est la somme des taux de fécondité par âge observés en 2021. Cet indicateur peut être interprété comme le nombre moyen d'enfants qu'aurait une génération fictive de femmes qui connaîtrait, tout au long de leur vie féconde, les taux de fécondité par âge observés en 2021. Il est exprimé en nombre d’enfants par femme. C’est un indicateur synthétique des taux de fécondité par âge de 2021.
  5. Indicateurs du World-Factbook publié par la CIA.
  6. Le taux de natalité 2018 est le rapport du nombre de naissances vivantes en 2018 à la population totale moyenne de 2018.
  7. Indicateurs du World-Factbook publié par la CIA.
  8. Le taux de mortalité 2018 est le rapport du nombre de décès, au cours de 2018, à la population moyenne de 2018.
  9. Indicateurs du World-Factbook publié par la CIA.
  10. Le taux de mortalité infantile est le rapport entre le nombre d'enfants décédés à moins d'un an et l'ensemble des enfants nés vivants.
  11. L'espérance de vie à la naissance en 2018 est égale à la durée de vie moyenne d'une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge de 2018. C'est un indicateur synthétique des taux de mortalité par âge de 2018.
  12. L'âge médian est l'âge qui divise la population en deux groupes numériquement égaux, la moitié est plus jeune et l'autre moitié est plus âgée.
  13. [1]
  14. Jean-Luc Vellut, La mémoire du Congo. Le temps colonial, Gand, Ed. SnoecK, , 270 p. (ISBN 90-5349-541-X)
  15. David Van Reybrouck (trad. du néerlandais de Belgique), Congo, une histoire, Arles, ACTES SUD, , 848 p. (ISBN 978-2-330-02858-9)
  16. (en) Adam Hochschild (trad. de l'anglais), Les Fantômes du roi Léopold : Le terreur coloniale dans l'État du Congo, 1884-1908, Paris, Tallandier, , 617 p. (ISBN 978-2-84734-431-8)
  17. Etienne van de Walle, Aline Désesquelles et Jacques Houdaille, Hochschild Adam — Les fantômes du Roi Leopold. Un holocauste oublié (compte-rendu), Population, Année 1999, 54-3, pp. 583-584
  18. Institut national de la statistique et Secrétariat national du recensement, Recensement scientifique de la population du 1er juillet 1984, Kinshasa, République du Zaïre, , 67 p. (lire en ligne)
  19. World Population Prospects: The 2010 Revision
  20. (en) The World Factbook, CIA
  21. Aménagement linguistique dans le monde : Congo-Kinshasa
  22. « Profils Culturels : Du Congo au Canada »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le )
  23. Comité national de l'AIV : Rapport final (PDF)
  24. Bruxelles Export : République démocratique du Congo
  25. ONU, Conférence mondiale contre le racisme, Ntumba Luaba Lumu, ministre des Droits de l'Homme
  26. « Discours du président de l'Assemblée nationale de la RDC, Olivier Kamitatu Etsu, à l'occasion de la Conférence internationale sur le Fédéralisme »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) [PDF],
  27. Constitution : le Pprd joue et gagne, Le Potentiel
  28. World Refugee Survey 2008 publié par le Comite américain pour les réfugiés et les immigrants (U.S. Committee for Refugees and Immigrants)
  29. La RDC au dernier rang de l'indice de développement humain du PNUD, Le Monde, 15 mars 2013.
  30. Perspectives économiques en Afrique, RDC 2005
  31. Rapport sur le rôle de GLENCORE dans le partenariat KCC , voir chap 9.11, p. 62/87 Les produits provenant des creuseurs artisanaux
  32. Dans l'est du Congo, les viols comme armes de guerre, Le Monde, 16 juillet 2013.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • P. Boute: La population du Zaïre d'ici 1985, Zaïre-Afrique, 131, 1979, pp. 5-13.

Articles connexes[modifier | modifier le code]