Crisant et Daria (saints)

Crisant et Daria
Image illustrative de l’article Crisant et Daria (saints)
Le calvaire de Crisant et Daria.
Extrait d'un manuscrit du XIVe siècle
Saints, martyrs
Naissance IIIe siècle apr. J.-C.
Rome, Empire romain
Décès environ 283  (env. 17 ans)
Rome
Canonisation avant la congrégation (avant 1588)
Vénéré par Église catholique romaine, Église orthodoxe, Église copte orthodoxe
Fête 25 octobre (Occident chrétien)
19 mars (chrétiens d'Orient)
Attributs Daria : lionne

Crisant et Daria (IIIe siècle – environ 283) sont des saints du christianisme ancien.

Leurs noms apparaissent dans le Martyrologe hiéronymien, le plus ancien martyrologe de langue latine, et dans le chapitre 161 de La Légende dorée. Une église a été édifiée en leur honneur sur le lieu de leur mort, à Rome[1], dont il reste une paroisse Via Castignano.

Légende[modifier | modifier le code]

Jugé « sans valeur historique » par la Catholic Encyclopedia[1], le récit de la légende de saint Crisant et sainte Daria est relaté dans les Actes des Martyrs.

Naissance et éducation de Crisant[modifier | modifier le code]

Selon la légende, Crisant est le fils unique d'un aristocrate égyptien appelé Polemius (ou Poleon), ayant vécu pendant le règne de l'empereur romain Numérien, et ayant quitté Alexandrie pour Rome.

Crisant naît à Rome et y reçoit une éducation riche et complète. Déçu par les excès du monde romain, il commence à lire les Actes des Apôtres. Il est baptisé et éduqué selon la tradition chrétienne par un prêtre nommé Carpophorus.

Mécontent de cette conversion, son père Polémius essaie de détourner son fils de ses convictions en lui faisant rencontrer des prostituées, mais Crisant résiste et conserve sa virginité.

Crisant et Daria unis[modifier | modifier le code]

Malgré les protestations de Crisant, son père Polémius arrange son mariage avec Daria qui serait une vestale.

Crisant convertit son épouse et la convainc de vivre avec lui tout en restant vierge. Dès lors, ils convertissent de nombreux Romains à la chrétienté. Lorsque leur union est apprise par le tribun Claudius, Crisant est arrêté et torturé à mort.

Colonne en marbre (en « marbre d'Eifel ») dans l'église abbatiale de Bad Münstereifel.

Crisant et Daria martyrs[modifier | modifier le code]

Sous la torture, la foi et le courage de Crisant impressionnent tellement Claudius qu'il se convertit également au christianisme, suivi par sa femme Hilaria, ses deux enfants Maurus et Jason, et soixante-dix de ses soldats. Apprenant la conversion du tribun, l'empereur Numérien fait noyer Claudius, décapiter ses enfants, et pendre sa femme.

Quant à Daria, la légende connait plusieurs versions :

  • elle est prostituée, mais sa chasteté est défendue par une lionne.
  • elle est lapidée.
  • elle est décapitée.
  • elle est brûlée vivante dans une fosse profonde à côté de son mari.

Ils sont enterrés dans une fosse de sable à côté de la Via Salaria Nova, dans les catacombes de Rome[1].

Selon la légende, un grand nombre de chrétiens dont Diodorus, un prêtre et Marianus, un diacre, se rassemblent à l'occasion de l'anniversaire de leur mort dans une crypte afin de les prier. Des persécuteurs romains les surprirent, remplirent la crypte de pierres, et les brulèrent vivants[1].

Notes historiques[modifier | modifier le code]

Le professeur de christianisme ancien, Candida Moss (en) avance que « cela n'a simplement pas pu arriver, (…) quiconque ayant rédigé cette légende vivait à une époque où les gens ne mesuraient plus combien les vestales étaient importantes »[2].

Une vestale est une prêtresse de la Rome antique dédiée à Vesta, divinité italique. Elle accomplissait un sacerdoce de trente ans durant lequel elle veillait sur le foyer public du temple de Vesta situé dans le Forum romain. Durant leur sacerdoce, elle était vouée à la chasteté, symbole de la pureté du feu. Ainsi, épouser une vestale est une invraisemblance historique. De même, les Romains n'auraient pas envoyé une vestale dans une maison close.

L'empereur Numerien n'était pas à Rome au moment du martyre de Crisant et Daria[2],[1].

Reliques[modifier | modifier le code]

Église abbatiale Saints-Crisant-et-Daria à Bad Münstereifel en Allemagne, où reposent les reliques.

Trois lieux de culte possèdent ou ont possédé des reliques de Crisant et Daria :

Au IXe siècle, des reliques des deux saints sont acheminées jusqu'à l'abbaye de Prüm, en Rhénanie-Palatinat[1]. Ces reliques sont ensuite translatées à l'abbaye de Bad Münstereifel.

En 1011, le pape Serge IV offre à Foulques III d'Anjou, comte d'Anjou, des reliques de Crisant et Daria qu'il a ramenées de son pèlerinage à Jérusalem. Foulques les offre au monastère de Beaulieu-lès-Loches, qu'il a lui-même établi récemment[3].

La cathédrale de Reggio d'Émilie, située dans le Nord de l'Italie, détient également des reliques de Crisant et Daria. Une étude scientifique conclut que ces os sont ceux d'un jeune homme et d'une jeune femme âgés d'environ 17-19 ans, datés au carbone 14 entre 80 apr. J.-C et 340 apr. J.-C[4].

Source[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f (en) « Sts. Chrysanthus and Daria », Catholic Encyclopedia, 1908, new advent.org (consulté le )
  2. a et b (en) Candida Moss, The Myth of Persecution, HarperCollins, (ISBN 978-0-06-210452-6), p. 86
  3. (en) Bernard S. Bachrach, Fulk Nerra, the Neo-Roman Consul 987-1040 : A Political Biography of the Angevin Count, University of California Press, , 392 p. (ISBN 978-0-520-07996-0), p. 125
  4. (en) « Legendary Saints Were Real, Buried Alive, Study Hints », National Geographic News (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]