Conflit abkhaze-géorgien

Conflit Abkhase-géorgien

Informations générales
Date - aujourd'hui
Lieu Abkhazie, Drapeau de la Géorgie Géorgie
Issue Conflit gelé, non résolu
Belligérants
Drapeau de l'Abkhazie Abkhazie
CPMNC
Drapeau de la Russie Russie
Drapeau de la Géorgie Géorgie

Le conflit abkhazo-géorgien est un conflit ethnique entre les Géorgiens et le peuple abkhaze en Abkhazie, une république de facto indépendante et partiellement reconnue. Dans un sens plus large, on peut considérer le conflit géorgien-abkhaze comme faisant partie d'un conflit géopolitique dans la région du Caucase, qui s'est intensifié à la fin du XXe siècle avec la dissolution de l'Union soviétique en 1991.

Ce conflit, qui est l'un des plus sanglants de l'ère post-soviétique, n'est toujours pas résolu. Le gouvernement géorgien a offert plusieurs fois une autonomie substantielle à l'Abkhazie. Cependant, le gouvernement abkhaze et l'opposition en Abkhazie refusent toute forme d'union avec la Géorgie. Les Abkhazes considèrent leur indépendance comme le résultat d'une guerre de libération de la Géorgie, tandis que les Géorgiens pensent qu'historiquement, l'Abkhazie a toujours fait partie de la Géorgie[1]. Les Géorgiens formaient le plus grand groupe ethnique de l'Abkhazie avant la guerre, avec une majorité de 45,7 % en 1989. Pendant la guerre, le camp séparatiste abkhaze a mené une campagne de nettoyage ethnique qui a entraîné l'expulsion de près de 250 000 personnes[2] et le meurtre de plus de 5 000 Géorgiens de naissance[3].

Les conventions de Lisbonne, Budapest et Istanbul de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont officiellement reconnu le nettoyage ethnique des Géorgiens, qui est également mentionné dans la résolution GA/10708 de l'Assemblée générale des Nations Unies[4]. Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une série de résolutions dans lesquelles il appelle à un cessez-le-feu[5].

Histoire[modifier | modifier le code]

Période soviétique[modifier | modifier le code]

L'Abkhazie et d'autres principautés géorgiennes ont été annexées à l'Empire russe au XIXe siècle et en ont fait partie jusqu'aux révolutions russes de 1917. Alors que la Géorgie a d'abord rejoint la République démocratique fédérative de Transcaucasie, puis est devenue indépendante sous le nom de République démocratique de Géorgie (DRG) en 1918, l'Abkhazie a d'abord été contrôlée par un groupe de bolcheviks, avant de rejoindre finalement la DRG, bien que son statut n'ait jamais été clarifié[6]. En 1921, l'Armée rouge envahit l'Abkhazie et la Géorgie, les incorporant finalement dans la République soviétique fédérative socialiste de Transcaucasie. Au départ, l'Abkhazie était une république soviétique indépendante, la République socialiste soviétique d'Abkhazie (RSS d'Abkhazie), bien qu'elle ait été unie à la République socialiste soviétique de Géorgie par un traité en 1931, la RSS d'Abkhazie a été rétrogradée en république autonome au sein de la RSS de Géorgie, avec une forte opposition des Abkhazes[7].

Pendant toute l'ère soviétique, les Abkhazes ont demandé le rétablissement de leur statut de quasi-indépendance. Des manifestations en ce sens ont eu lieu en 1931, immédiatement après la dissolution de la RSS d'Abkhazie, puis en 1957, 1967, 1978 et 1989[8]. En 1978, 130 représentants de l'intelligentia abkhaze ont signé une lettre adressée aux dirigeants soviétiques, protestant contre ce qu'ils considéraient comme une « géorgisation » de l'Abkhazie[9].

Guerre en Abkhazie[modifier | modifier le code]

Le conflit a débouché sur une guerre en Abkhazie, qui a duré 13 mois, à partir d', entre les forces gouvernementales géorgiennes et une milice composée de Géorgiens ethniques vivant en Abkhazie et les forces séparatistes composées d'Abkhazes ethniques, d'Arméniens et de Russes résidant également en Abkhazie. Les séparatistes ont été soutenus par les militants nord-caucasiens et cosaques et (officieusement) par les forces russes stationnées à Goudaouta. Le conflit a abouti à un accord à Sotchi pour mettre fin aux hostilités, cependant, cela n'a pas duré.

Reprise des hostilités[modifier | modifier le code]

En , le conflit s'est à nouveau intensifié dans le district de Gali lorsque plusieurs centaines de forces abkhazes sont entrées dans les villages encore peuplés de Géorgiens pour soutenir les élections parlementaires tenues par les séparatistes. Malgré les critiques de l'opposition, Eduard Shevardnadze, Président de la Géorgie, a refusé de déployer des troupes contre l'Abkhazie. Un cessez-le-feu a été négocié le . Les hostilités ont fait des centaines de victimes des deux côtés et 20 000 réfugiés géorgiens supplémentaires.

En , environ 400 combattants tchétchènes et 80 membres de la guérilla géorgienne sont apparus dans la vallée de Kodori. Les paramilitaires tchétchéno-géorgiens ont avancé jusqu'à Sukhumi, mais ont finalement été repoussés par les forces abkhazes et les forces de maintien de la paix russes basées à Gudauta.

Période Saakachvili[modifier | modifier le code]

Le nouveau gouvernement géorgien du Président Mikheil Saakachvili a promis de ne pas avoir recours à la force et de résoudre le conflit uniquement par la diplomatie et les pourparlers politiques.

Alors qu'il avait été décidé, lors d'un sommet de la Communauté des États indépendants (CEI), de ne pas établir de contacts avec les séparatistes, la coopération économique et les transports transfrontaliers entre l'Abkhazie et la Russie ont pourtant pris de l'ampleur. La Russie a par ailleurs affirmé que tout ceci relevait des intérêts privés et non de l'État.

Août 2008[modifier | modifier le code]

Le , la guerre russo-géorgienne s'est étendue à l'Abkhazie, où les rebelles séparatistes et l'armée de l'air russe ont lancé une attaque générale contre les forces géorgiennes. Le président séparatiste pro-Moscou d'Abkhazie, Sergei Bagapsh, a déclaré que ses troupes avaient lancé une « opération militaire » majeure pour forcer les troupes géorgiennes à quitter les gorges de Kodori, qu'elles contrôlaient toujours[10]. À la suite de cette attaque, les troupes géorgiennes ont été entièrement chassées d'Abkhazie.

Le , la fédération de Russie a officiellement reconnu l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie comme des États indépendants[11]. En réponse à la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud par la Russie, le gouvernement géorgien a annoncé que le pays coupait toutes ses relations diplomatiques avec la Russie et qu'il quittait la Communauté des États indépendants.

Après la guerre[modifier | modifier le code]

Les relations entre la Géorgie et l'Abkhazie sont restées tendues après la guerre. La Géorgie a pris des mesures pour accroître l'isolement de l'Abkhazie en imposant un blocus maritime à cette dernière. Lors de la cérémonie d'ouverture d'un nouveau bâtiment de l'ambassade de Géorgie à Kiev (Ukraine) en , le président géorgien Mikheil Saakachvili a déclaré que les résidents d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie pouvaient également utiliser ses installations. « Je voudrais vous assurer, mes chers amis, que c'est aussi votre maison et qu'ici, vous pourrez toujours trouver du soutien et de la compréhension », a-t-il déclaré[12].

Le , l'Assemblée parlementaire de l'OSCE a adopté une résolution lors de sa session annuelle à Monaco, soulignant l'intégrité territoriale de la Géorgie et qualifiant les régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud de « territoires occupés ». La résolution « exhorte le gouvernement et le Parlement de la fédération de Russie, ainsi que les autorités de facto d'Abkhazie, Géorgie et d'Ossétie du Sud, Géorgie, à permettre à la Mission de surveillance de l'Union européenne d'accéder sans entrave aux territoires occupés ». Il est également dit que l'Assemblée parlementaire de l'OSCE est « préoccupée par la situation humanitaire des personnes déplacées tant en Géorgie que dans les territoires occupés d'Abkhazie, Géorgie et d'Ossétie du Sud, Géorgie, ainsi que par le déni du droit de retour sur leurs lieux de vie »[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « The staff of the Foreign Ministry of Abkhazia laid a wreath at the memorial in the Park of Glory on the Memorial Day of Fatherland Defenders », sur mfaapsny.org.
  2. (en) 1993 Human Rights Report: Georgia, US State Department, (lire en ligne), « Country Reports on Human Rights Practices »
  3. (en) Jemal Gamakharia, INTERNATIONAL SOCIETY TO BRING A VERDICT ON THE TRAGEDY OF ABKHAZIA/GEORGIA, (ISBN 978-9941-461-12-5), p. 7.
  4. (en) « GENERAL ASSEMBLY ADOPTS RESOLUTION RECOGNIZING RIGHT OF RETURN BY REFUGEES », sur un.org (consulté le ).
  5. (en) Bruno Coppieters, Alekseĭ Zverev et Dmitriĭ Trenin, Commonwealth and Independence in Post-Soviet Eurasia Commonwealth and Independence in Post-Soviet Eurasia, Portland, Oregon, F. Cass, (ISBN 0714648817).
  6. (en) Cory Welt, The Making of Modern Georgia, 1918 – 2012: The first Georgian Republic and its successors, New York, Routledge, (ISBN 978-0-41-559238-3), « A Fateful Moment: Ethnic Autonomy and Revolutionary violence in the Democratic Republic of Georgia (1918–1921) », p. 205–231.
  7. (en) Arsène Saparov, From Conflict to Autonomy in the Caucasus: The Soviet Union and the making of Abkhazia, South Ossetia and Nagorno Karabakh, New York, Routledge, (ISBN 978-0-41-565802-7).
  8. (en) Stanislav Lakoba, Abkhazia is Abkhazia, vol. 14, coll. « Central Asian Survey », , p. 97–105
  9. B. G. Hewitt, Abkhazia: a problem of identity and ownership, (DOI 10.1080/02634939308400819), p. 282.
  10. (en) Luke Harding, « Georgia under all-out attack in breakaway Abkhazia », The Guardian, London,‎ (lire en ligne).
  11. (en) « Russia Recognizes Independence of Georgian Regions », Bloomberg,‎ (lire en ligne).
  12. (en) « Yuschenko, Saakashvili open new building of Georgian Embassy in Kyiv », sur Interfax-Ukraine, .
  13. (en) « OSCE Parliamentary Assembly from 5 to 9 July 2012, Final Declaration and Resolutions », Oscepa,‎ (lire en ligne [archive]).

Voir aussi[modifier | modifier le code]