Charles de Provence

Charles de Provence
Fonction
Roi des Francs
Titre de noblesse
Roi de Bourgogne Cisjurane
-
Prédécesseur
Successeur
Biographie
Naissance
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Lieu inconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Famille
Père
Mère
Fratrie
Ermengarde (d)
Berthe (d)
Louis II d'Italie
Hiltrude (d)
Gisela (d)
Rotrude
Lothaire II
Carloman (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Charles de Provence (sûrement 845), est le troisième fils de Lothaire Ier et de son épouse Ermengarde ; il fut roi de Provence et de Bourgogne Cisjurane de 855 à sa mort.

Biographie[modifier | modifier le code]

Hypothèses sur sa date de naissance[modifier | modifier le code]

Parmi les faits avérés, on sait que ses parents se marient en octobre 821, que sa mère décède en 851 et que Charles est le dernier fils de Lothaire. Avec si peu d'informations établies des historiens comme René Poupardin considèrent que la date de naissance de Charles est à peu près inconnue[1], en soulignant notamment la fragilité des autres sources ou indices disponibles.

D'autres historiens en revanche exploitent ces quelques sources complémentaires. Robert Parisot[2], par une série de considérations ingénieuses, arrive à la conclusion que cette date serait postérieure à 838-840. D'autres remarquent que Charles est qualifié de puer en 855 et que dans ces conditions il serait né après 840-841[3]. Si donc on suit ces deux hypothèses, la date de naissance de Charles serait postérieure à 840.

Quant à la Foundation for Medieval Genealogy (FMG), elle indique la date de 845, en précisant que cette date est incertaine et qu'il n'a pas été trouvé de source fiable pour l'affirmer[4].

Une accession difficile[modifier | modifier le code]

Division de l'empire de Lothaire 1er après le traité de Prüm (855). En orange, les territoires de Charles.

Peu avant la mort de son père, il hérite en 855, lors du Traité de Prüm[5], de la Provence et de la Bourgogne Cisjurane (régions toutes deux issues du démantèlement du Royaume de Bourgogne, situées entre la vallée du Rhône et les Alpes), constituant un territoire appelé par la suite « Royaume de Provence ».

Cette succession, contestée par ses frères, reçoit toutefois l'appui des seigneurs provençaux qui par leur résistance (856) obligent Lothaire II et Louis II à renoncer à leur projet d'usurpation[6]. C'est ainsi qu'à Orbe, près du lac Léman, un jour resté inconnu de l’année 856[7], les trois frères, après avoir failli en venir aux mains, font finalement la paix[8].

Cet accord confirme à Charles la possession de la Provence et du duché de Lyon.

Un règne peu connu[modifier | modifier le code]

Diplôme de Charles de Provence qui confirme les privilèges de l'abbaye de l'Île Barbe, 861, archives du Rhône.

À son avènement, Charles est encore un enfant de santé fragile, souffrant en particulier d'épilepsie[9]. Aussi l'administration de son domaine est confiée à son précepteur, Girart de Vienne, appelé parfois Girard de Roussillon. La cour réside à Vienne qui devient la capitale de ce Royaume au détriment d'Arles jusqu'au début du Xe siècle.

Événements[modifier | modifier le code]

D'une manière globale, le règne de Charles est peu connu en raison de la rareté des sources[10].

En 859, un traité est conclu entre Charles et son frère Lothaire II de Lotharingie, aux termes duquel Charles reconnaît ce dernier comme son héritier. Cette même année et l'année suivante, les Vikings, menés par Hasting[11], étant passés en Méditerranée, dévastent le territoire d'Arles à défaut de la cité. Ayant hiverné en Camargue lors de l'hiver très rigoureux de 859/860, ils remontent au printemps le Rhône avant d'être défaits par Girart de Roussillon probablement au niveau de Valence, et continuent ensuite leur raid vers l'Italie. Les Annales de Saint-Bertin précisent[12]:

« (en 859) Les pirates danois, ayant fait un long circuit en mer, car ils avaient navigué entre l'Espagne et l'Afrique, entrent dans le Rhône, ravagent plusieurs villes et monastères, et s'établissent dans l'île dite la Camargue...
(en 860) Ceux de ces Danois qui s'étaient établis sur le Rhône parvinrent, toujours dévastant, jusqu'à la cité de Valence ; puis, après avoir ravagé toutes les parties circonvoisines, retournèrent à l’île où ils avaient pris leur demeure... Les Danois qui étaient sur le Rhône vont vers l'Italie, prennent et dévastent Pise et d'autres cités. »

Mais ces dangers sont loin d'être les seuls, car Charles vit toujours sous la menace de ses parents et voisins. En 861, prenant prétexte d’un appel d’une partie de l’aristocratie provençale[13], dont le « puissant comte d’Arles Fourrat »[14], Charles le Chauve, qui avait vécu jusque-là en bonne intelligence avec son neveu, tente d’annexer la Provence. Mais battu par Girard de Roussillon[15] Charles le Chauve ne dépasse pas Mâcon[16]. Selon René Poupardin, ce serait à cette expédition manquée que la tradition rattacherait la bataille dite de Vaubeton[17],[18]. Cette tentative d'annexion de la Provence est également mentionnée dans les annales de Saint-Bertin[19].

On sait également que Charles assiste à plusieurs conciles francs tels celui de Savonnières, près de Toul en juin 859[20] ou celui qui se tient le non loin de « Foui », à Tuzey, intégré depuis à la commune de Vaucouleurs dans le département de la Meuse[21].

Entourage[modifier | modifier le code]

Sur son entourage, en dehors de Girard de Vienne et de Fulcrad qui à cette époque peut être considéré comme marquis de Provence[22], on est assez mal renseigné. Les souscriptions de l'assemblée de Sermorens, assemblée tenue vers 858-860, donnent toutefois quelques noms : Arnulf, Autran, Beier, Ucpold, Barnard, Ingebran, Gérung[23]... On trouve également un comte appelé Aldrigus (ou Alderic)[24], probablement le Aldric que l'historien René Poupardin pense avoir été comte d'Orange[25]. Poupardin mentionne aussi un certain comte Wigeric, peut-être parent de Girard, connu pour ses démêlés avec Agilmar, l'archevêque de Vienne[25].

Quant aux ecclésiastiques, le seul paraissant avoir eu une influence significative est Rémi, l'archevêque de Lyon[23]. Toutefois on connaît aussi son notaire Áurélien, que l'on croit avoir été abbé d'Ainay[24] et son chancelier Bertraus, probablement diacre de l'église de Lyon et l'un des savants professeurs de théologie de cette école florissante au neuvième siècle. L'abbé Lebeuf suppose qu'il est un maître ou disciple du diacre Florus[26].

Une succession convoitée[modifier | modifier le code]

À la mort de Charles le , probablement à Lyon[27], son royaume est ébranlé par des troubles, et Lothaire II, contrairement à l'accord de 859, ne peut imposer son autorité sur la totalité du royaume de Charles. Seuls les comtés de Lyon, Vienne et Vivarais, avec l'aide de Girart de Vienne, lui reviennent tandis que la Provence, c'est-à-dire les provinces ecclésiastiques d'Arles, d'Aix et d'Embrun, passe, quant à elle, sous l'autorité directe de son frère aîné Louis II d'Italie, empereur d'Occident et roi d'Italie[28].

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. René Poupardin - Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933) - p. 9.
  2. Robert Parisot - Le royaume de Lorraine - p. 78.
  3. René Poupardin - Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933) - p. 10, note 3.
  4. ici.
  5. Il semble que ce soit entre le 23 et le 29 septembre 855, que Lothaire Ier partage ses États, selon l'antique coutume franque, entre ses trois fils.
  6. René Poupardin, Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933), É. Bouillon, 1901, p. 108.
  7. Louis De Mas-Latrie, Diplôme inédit de Charles, roi de Provence. 862, p. 495.
  8. René Poupardin, op. cit., p. 18 :
    « durant l'été .. de la même année, peut-être dès la fin d'août, les trois frères se rencontraient à Orbe, à quelques kilomètres au sud-ouest du lac de Neufchâtel. Là, les discussions recommencèrent, et peu s'en fallut qu'on n'en vînt aux mains. Lothaire II surtout convoitait la part de son jeune frère, et, pour s'en emparer, songeait à faire tondre Charles et à le laisser finir ses jours dans un monastère. Il eût mis son projet à exécution, si les fidèles du jeune prince, les seigneurs provençaux, qui vraisemblablement aimaient mieux avoir pour chef l'un d'entre eux, le marquis Girard, sous la souveraineté nominale de Charles, que de se soumettre à l'autorité effective de Lothaire, n'avaient arraché leur roi des mains de son frère et empêché celui-ci de venir à bout de son dessein. »
  9. René Poupardin - Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933?) - p. 274 :
    «... l'autorité peu effective de l'épileptique Charles ».
  10. Louis De Mas-Latrie, op. cit., p. 491. Un diplôme original de Charles en faveur de l'abbaye de l'Ile Barbe est conservé aux archives départementales du Rhône.
  11. Michel Dillange, Les Comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine : 778-1204, Mougon, Geste éd., coll. « Histoire », , 303 p., ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm (ISBN 2-910919-09-9, ISSN 1269-9454, BNF 35804152), p. 57-58.
  12. Années 869 et 860, voir [1] ici.
  13. René Poupardin, op. cit., p. 26.
  14. Pierre Riché, Les Carolingiens, une famille qui fit l’Europe, 1997, p. 209.
  15. René Poupardin, op. cit., p. 30.
  16. Pierre Riché, op. cit., p. 209.
  17. René Poupardin - Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933) - p. 30.
  18. Annales et chroniques ont conservé le souvenir d’un affrontement entre Charles le Chauve et le comte de Provence, mais on ne connaît ni la date précise (peut-être 861) ni le lieu exact de cette bataille (R. POUPARDIN, Le Royaume de Provence sous les Carolingiens, Paris, 1901, p. 28-31). Une tradition reprise par Girard de Roussillon situe cette rencontre à Vaubeton que, depuis L. MIROT (Valbeton dans Girard de Roussillon, dans Romania, t. XXI, 1892, p. 257-260), l’on identifie avec Vaubouton, lieu-dit de Saint-Père-sous-Vézelay, aujourd'hui appelé Saint-Père (Yonne).
  19. Voir année 861 ici :
    « Charles ayant délégué son fils Louis à la garde de son royaume sous la protection d'Adalhard, oncle de la reine Ermentrude, s'avança en Bourgogne avec sa femme jusqu'à la cité de Maçon. Il était appelé par quelques-uns contre les Normands pour prendre la domination de la Provence, où Charles, fils du feu empereur Lothaire, portait inutilement et dommageablement le nom et les honneurs de la royauté; mais les choses lui étant peu prospères, après avoir fait sur les gens du pays beaucoup de déprédations, il revint à son palais de Pontion. »
  20. Charles Joseph Hefele - Histoire des conciles d'après les documents originaux - Paris, 1911 - t. 4, livre XXII, p. 217 ici
    « Le 14 juin 859 s'ouvrit, dans la villa de Savonnières, près de Toul, le grand concile national franc, qui dans sa lettre à Wenilo, archevêque de Sens, prend lui-même le titre de universale concilium. Outre les trois rois (Charles le Chauve de France, Lothaire de Lorraine et Charles de Provence, l'assemblée comptait les évêques de douze provinces ecclésiastiques, et en particulier les métropolitains Rémi de Lyon, Rodulf de Bourges, Giïnther de Cologne, Hincmar de Reims, Arduic de Besançon, Thietgaud de Trêves, Wenilo de Rouen et Hérard de Tours. »
  21. Charles Joseph Hefele - Histoire des conciles d'après les documents originaux - Paris, 1911 - p. 226 Livre XXII, t. 4 ici
    « Le 22 octobre 860, un concile national franc se tint non loin de Foui, à Tuzey. Les trois rois. Charles le Chauve, Lothaire II de Lorraine, et Charles de Provence, les évêques de quatorze provinces ecclésiastiques y assistèrent. À leur tête se trouvaient les douze métropolitains : Arduic de Besançon, Wenilo de Sens, Hincmar de Reims, Ado de Vienne, Thieutgaud de Trêves, Gùnther de Cologne, Rodulf de Bourges, Hérard de Tours, Frotar de Bordeaux, Frédold de Narbonne, Rémi de Lyon et Wenilo de Rouen. Des évêques étaient venus des provinces ecclésiastiques d'Arles et de Mayence, mais non les métropolitains ; »
  22. René Poupardin - Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933) - p. 41.
  23. a et b René Poupardin - Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933) - p. 14.
  24. a et b Louis de Mas Latrie - Bibliothèque de l'école des chartes, année 1840, volume 1, numéro 1, Diplôme inédit de Charles, roi de Provence. 862, pp. 494 ici.
  25. a et b René Poupardin - Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933) - p. 41, note 4.
  26. Louis de Mas Latrie - Bibliothèque de l'école des chartes, année 1840, volume 1, numéro 1, Diplôme inédit de Charles, roi de Provence. 862, pp. 494-495 ici.
  27. René Poupardin, op. cit., p. 32.
  28. Pierre Riché, op. cit., p. 209 : ce compromis est signé au palais de Mantaille, près de Vienne.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]