Chanson enfantine

Illustration pour Au clair de la lune avec la musique par Louis-Maurice Boutet de Monvel.

Une chanson enfantine est une composition chantée qui est propre à l'enfance, qui rappelle l'enfant par son innocence et sa naïveté, qui est préparée à l'intention d'enfants ou, d'une production simple, qui est à la portée d'un enfant. De caractère populaire, d'inspiration sentimentale ou satirique, elle est divisée en couplets souvent séparés d'un refrain.

Pouvant être pédagogique ou destinée au jeu (comptine), elle accompagne aussi la danse ou le divertissement (ronde), elle peut juste raconter une histoire (ballade) ou aider à l'endormissement (berceuse).

Rôle et origine[modifier | modifier le code]

Cette approche se traduit principalement par la créativité verbale sous forme de jeu de mots et de rimes évoquant des situations insolites ou burlesques. Alors que les paroles des chansons enfantines ont en général un sens tout à fait innocent, nombre de celles qui appartiennent à la tradition européenne contiendraient des allusions à des événements historiques (L'Empereur, sa femme et le petit prince, ou Dansons la Capucine) ou seraient à l'origine des satires sociales ou politiques (Ballottant d'la queue et grignotant des dents, ou La Carmagnole). D'autres encore renfermeraient un contenu ou un sens caché libertin voire cruel qui n'est toutefois pas toujours déchiffrable ou qui nécessitent de l'imagination et une certaine disposition d'esprit : citons par exemple Au clair de la lune, C'est la mère Michel, Jeanneton prend sa faucille, La Légende de Saint Nicolas, Nous n'irons plus au bois, À la pêche aux moules, Une souris verte, A la claire fontaine, Il court, il court le furet, Ne pleure pas Jeannette, Jean Petit qui danse, Sur le pont du nord[1].

Les chansons enfantines se retrouvent dans toutes les civilisations.

Elles correspondent souvent à des formules magiques anciennes[réf. nécessaire], remontant à époque où les nombres étaient craints pour leur signification mystique (comme de nos jours la superstition associée au nombre 13). Plutôt que de prononcer les nombres, on préférait réciter une litanie qui permettait de dénombrer des êtres chers ou les bêtes d'un troupeau tout en écartant le mauvais sort.

Les chansons de ce type consistent le plus souvent en un enchaînement de syllabes rythmées, véhiculant ou non un sens sémantique, et servant à accompagner divers moments de la journée et des activités des jeunes enfants.

Repérage de temps ou de gestes[modifier | modifier le code]

Certaines chansons enfantines servent à compter les temps lors de jeux tels que la corde à sauter ou l'élastique ainsi que les jeux de mains frappées à deux, par exemple Marabout, bout de ficelle et Un, deux, trois.

Exemples de chansons pour accompagner les jeux de balle

Marie-Madeleine
Va à la fontaine
Y lave ses mains
Les essuie les bien.

Exemples de chansons pour accompagner divers jeux de mains
  • Croisements de bras à deux

Mademoiselle
Hirondelle
Artichaut
Tourne le rideau.

  • Chatouillages

Ri, ri quat' souris
Auront chacune une tartine de lait boulli
Tout chaud, tout chaud.

  • Jeu de kyrielles

Formulettes d'élimination[modifier | modifier le code]

Les comptines ou formulettes d'élimination servent généralement à choisir une personne pour un jeu : Ams tram gram, Une allumette en feu, Un petit cochon pendu au plafond, Une vache qui pisse dans un tonneau, la personne sur laquelle tombe la dernière syllabe étant celle désignée. Certaines commencent par Plouf, plouf, après quoi le compteur enchaîne avec Mais comme le roi et la reine ne le veulent pas ce ne sera pas toi ! ou Au bout de trois : un, deux, trois !. D'autres servent à désigner les membres d'une équipe, par exemple Chou, fleur, chou, fleur.

Endormissement[modifier | modifier le code]

Une telle chanson enfantine prend le nom de « berceuse ». Les berceuses françaises traditionnelles les plus connues sont Dodo, l'enfant do et Fais dodo, Colas mon p'tit frère. Une berceuse du nord de la France, P'tit Quinquin, est également devenue célèbre.

Éducation par le jeu[modifier | modifier le code]

Chanson enfantine servant d'exercice mnémotechnique pour favoriser l'appropriation ludique de mots ou de chiffres, utiles à l'apprentissage des langues ou des mathématiques. Par exemple :

Autres ritournelles[modifier | modifier le code]

Exemples de ritournelles enfantines attestées au début du XXe siècle, composées à partir de prénoms ou de noms historiques :

Caroline, tine, tine, trompette sans allumettes.
Napoléon tout rond, flamique à z'oignons. (Nord de la France)

Musique classique et chansons enfantines[modifier | modifier le code]

Plusieurs compositeurs classiques ont intégré chansons enfantines et rengaines populaires dans certaines de leurs œuvres.

Par exemple, Gustav Mahler, dans sa Symphonie no 1, s'est approprié Frère Jacques ; Claude Debussy, dans Jardins sous la pluie, une de ses trois Estampes, utilise Dodo, l'enfant do et Nous n'irons plus au bois ; Igor Stravinsky adapta La Jambe en bois de Dranem dans Petrouchka ; Mozart popularisa quant à lui la mélodie (avec variations) de Ah ! vous dirai-je, maman.

Liste de chansons enfantines[modifier | modifier le code]

En français[modifier | modifier le code]

En anglais[modifier | modifier le code]

En italien[modifier | modifier le code]

En allemand[modifier | modifier le code]

En suédois[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bustarret (A.H.), La Mémoire enchantée, pratique de la chanson enfantine de 1850 à nos jours, Enfance heureuse, Paris, 1986.
  • Cousin (B.), L’Enfant et la chanson, Messidor, Paris, 1988.
  • Davenson (H.), Le livre des chansons, La Baconnière, « Cahiers du Rhône », Neufchâtel, 1946.
  • Weckerlin (J.-B.), Chansons et danses enfantines, Garnier, Paris, 1885.
  • Serge Hureau, Olivier Hussenet, Ce qu'on entend dans les chansons : des berceuses aux grands succès du répertoire français, Points, 2016.
  • Marie-Claire Bruley et Lya Tourn ; illustrations de Philippe Dumas : Enfantines : jouer, parler avec le bébé / , l'École des loisirs, 1988.
  • Marie-Claire Bruley et Marie-France Painset, Au bonheur des comptines, Didier jeunesse, 2007

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]