Chaînage

Chaîne d'angle en « besace », c'est-à-dire deux par deux, alternativement, panneresse sur boutisse (chevet de l'église Saint-Rémi d'Ottignies).

En architecture et construction, chaînage ou plus anciennement chaîne désignait à l'origine les chaines que l'on disposait dans les maçonneries pour en accroître la résistance ; un appareil intérieur donc, qui est en bois ou en fer[1]. Par extension, chaînage désigne tous les moyens de liaison mécanique permettant d'augmenter la résistance d'un mur d'appareillage quelconque et notamment, lui conférer la capacité de résister à des efforts en flexion ou en cisaillement et par là empêcher qu'il ne se déverse, etc.

Dans la construction des murs de moellons on appelle chaînage les jambes ou piliers de pierre élevés d'aplomb, d'espace en espace pour les entretenir, les fortifier ou pour porter le bout d'une poutre ou pour former l'encoignure d'un bâtiment[2]. On appelle chaîne d'encoignure ou chainage d'angle, celles qui sont au coin d'un avant-corps.

Dans l'usage moderne, un chaînage est l'armature métallique du béton armé en périphérie du mur ou de la dalle ou encore des réservations dans ceux-ci.

Histoire du chainage : roseau, bois, chaines, treillis soudé[modifier | modifier le code]

Hérodote rapporte l'emploi qu'on fait de mortier de bitume et de chaînages en roseau dans les fortifications de Babylone. À mesure qu'on creuse les fossés entourant la ville, on convertit la terre en briques que l'on fait cuire dans des fourneaux. Pour servir de liaison, on se sert de bitume chaud (ἀσφάλτῳ θερμῇ / aspháltôi thermêi), et de trente couches en trente couches de briques, on met des lits de roseaux entrelacés[3].

Les Romains et, même avant eux, les Grecs et les Égyptiens, avaient l’habitude, lorsqu’ils employaient le grand appareil, de relier les assises entre elles par de gros goujons de fer, de bronze ou même de bois, et les blocs entre eux par des crampons ou des queues d’aronde.

Chaînage (Sainte-Chapelle).

Le Moyen Âge applique le mot chaînage aux longrines de bois, aux successions de crampons de fer posés comme les chaînons d’une chaîne, ou même aux barres de fer, noyés dans l’épaisseur des murs horizontalement et destinés à empêcher les écartements, la dislocation des constructions en maçonnerie[4] : on trouve, dans presque toutes les constructions mérovingiennes et carolingiennes, des pièces de bois noyées longitudinalement dans l’épaisseur des murs, en élévation et même en fondation[4]. Au XIIe siècle, ceux-ci sont remplacés par des crampons ou agrafes et, par la suite, des de véritable chaînes, des chaînages à demeure dans les maçonneries. Ces chaînes en acier (dit acier espagnol) dans la maçonnerie (ou l'entourant parfois) au-dessus des piliers ont été nécessaires pour les maintenir en place dans les nefs des cathédrales[5]. Cette façon de faire se retrouve dans la Sainte-Chapelle de Paris qui est érigée au XIIIe siècle par Pierre de Montereau. Début XIXe siècle, la chaîne désigne une suite de plusieurs barres de fer, liées et assemblées par crochets, par clavettes, par des moufles, par des entailles ou assemblages à trait de Jupiter, et que l'on place dans l'épaisseur des murs ou en travers pour en empêcher la désunion ou l'écartement[6]. Le treillis soudé découle de cette technique, elle définit le béton armé.

Agrafes, crampons, goujons
Tirants
Ancre et tirant dans une maçonnerie en pierre.

Chaine ou chainage de maçonnerie[modifier | modifier le code]

Chaîne verticale[modifier | modifier le code]

Chaîne d'angle

Partie en appareil formant l'angle saillant de la jonction de deux murs, l'encoignure de murs qui lie les corps de bâtiments et certains des avant-corps dans les constructions maçonnées. Ces parties peuvent être constituées en moellons ou en pierre de taille, pendant que les pans sont constitués d'un autre matériau moins coûteux. La chaîne des blocs pleins maçonnés peut être renforcée par des agrafes. Le chaînage des briques et blocs alvéolaires se fait en introduisant verticalement des fers à béton dans les alvéoles des éléments d'angle et en les liant par un mortier.

Chaîne verticale de pan de mur

Partie en milieu de mur long pan qui est en général le départ d'un mur de refend transversal ou longitudinal du corps de bâtiment ; elle est appelée aussi « chaîne de refend ».

Chaîne horizontale[modifier | modifier le code]

Partie en milieu de pan de mur ou à son sommet, elle est faite d'un appareil en brique ou pierre taillée (moellon ou pierre de taille) qui constitue aussi l'assise répartisseuse de charges en départ de plancher. Le chaînage horizontal peut être fait par des tirants métalliques et des ancres en façade ancienne. Le chaînage avec des briques et des blocs alvéolaires se fait par une poutre armée en long liée au chaînage vertical. La poutre périphérique départ de dalle béton contribue à la rigidité, au « contreventement » dans tous les axes. Le balcon filant peut comporter un chaînage horizontal si c'est une structure à mur rideau, le ferraillage du balcon simple est au niveau sa face supérieure, il passe au-dessus du chaînage pour se lier par dessus à celui de la dalle qui lui est dessous.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877.
  2. J.-M. Morisot, Tableaux détaillés des prix de tous les ouvrages du bâtiment. Vocabulaire des arts et métiers en ce qui concerne les constructions (maçonnerie), Carilian, , sur books.google.fr (lire en ligne).
  3. [Hérodote] Hérodote, Histoire, livre I : Clio (texte bilingue grec/français, traduit du grec par Larcher, avec des notes de Bochard, Wesseling, Scaliger et al.), Paris, éd. Charpentier, , sur remacle.org (lire en ligne), paragr. CLXXIX.
  4. a et b [Viollet-le-Duc 1854-1868] Eugène Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, Bance-Morel, 1854 à 1868 (lire sur Wikisource).
  5. L'acier provenant de bas-fourneaux au charbon de bois peut être exactement daté, son aspect expérimental par les gars de chantier est montré par la topologie de l'ensemble bâti : « le fer allié de la pierre dès la conception des cathédrales gothiques », sur CNRS (consulté le ).
  6. [Morisot 1814] J.-M. Morisot, Tableaux détaillés des prix de tous les ouvrages du bâtiment (serrurerie), éd. Carilian, , sur books.google.be (lire en ligne).

Annexes[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]