Bruno Roy (écrivain)

Bruno Roy (né le - mort la nuit du [1]) est un écrivain, un professeur et un poète québécois.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation académique[modifier | modifier le code]

Bruno Roy est né le 16 février 1943. Il fut abandonné dès la naissance et confié aux soins de l'État. Il est placé à la Crèche de l'Hôpital de la Miséricorde à Montréal[N 1],[2].

Deux ans plus tard, il est envoyé à la Crèche St-Paul[N 2] à Montréal pour une période de cinq ans[2].

En 1950, alors âgé de 7 ans, on l'envoie au Mont-Providence[N 3]. C'était un institut médico-pédagogique fondé à l'origine pour accueillir les orphelins dits éducables. Cependant, quatre ans plus tard, l'institut change d'orientation et devient un hôpital psychiatrique. Tous les orphelins qui s'y trouvaient sont déclarés « malade mental »[N 4],[3], ce qui implique qu'ils ne recevront plus d'instruction et seront utilisés comme main-d'œuvre pour aider les patients. Bruno Roy fera partie des centaines d'orphelins privés d'éducation et faussement étiquetés de « malade mental » parce que les communautés religieuses recevaient plus de subventions pour un malade mental que pour un orphelin. Tous ces orphelins seront baptisés Orphelins de Duplessis car cela coïncide avec l'époque où Maurice Duplessis était premier ministre du Québec[2].

En 1958, il est transféré à l'orphelinat St-Georges de Joliette, institut dirigé par les Clercs de St-Viateur, grâce à l'intervention de Sœur Olive-des-Anges[N 5] et de l'aumônier de l'orphelinat. Bruno Roy y complétera ses quatrième, cinquième et sixième années. En 1959, il complétera sa septième année et en 1960, il complétera ses huitième et neuvième années[2].

De 1960 à 1963, Bruno Roy fréquente le collège Louis-Querbes de Berthier (institution dirigé par les Clercs de Saint-Viateur) où il réussit avec succès sa dixième et onzième années. (Belles Lettres)[2].

Après avoir travaillé dans des petits emplois entre autres à Radio-Canada, Bruno Roy rentre au noviciat des Clercs de Saint-Viateur de Joliette en 1964[2].

De 1965 à 1969, Bruno Roy fait son école normale chez les Clercs de Saint-Viateur de Rigaud où il obtient son brevet A d'enseignement. En 1969, il obtiendra également son baccalauréat en pédagogie de Université de Montréal[4],[5].

En 1976, il devient titulaire d'un baccalauréat en études littéraires de l'Université du Québec à Montréal. En 1981[6], il obtient une maîtrise en études littéraires de l'Université du Québec à Montréal. Sa thèse de maîtrise s'intitule Partout la poésie pratique d'écriture poétique en classe [7],[8]. Et en 1992, il obtient un doctorat en études françaises (littérature) de l'Université de Sherbrooke. Sa thèse de doctorat s'intitule Chanson québécoise : dimension manifestaire et manifestation(s) : (1960-1980) [9],[4].

Bien que l'ayant ignoré pendant plus de cinquante ans, Bruno Roy apprit que son nom était celui de son grand-père maternel donné par sa mère à sa naissance[N 6].

Enseignement[modifier | modifier le code]

Enseignement secondaire[modifier | modifier le code]

1969-1970 : Bruno Roy enseigne au Collège Champagneur de Rawdon[10].

1970 : Bruno Roy enseigne à l'Institut des sourds-muets à Montréal[N 7],[11].

1971 : Animateur des loisirs au Collège Beaubois des Frères de St-Gabriel à Pierrefonds[11].

1972-1974 : Professeur d'histoire, d'écologie et de français en secondaire II au Collège Beaubois à Pierrefonds[10].

1974-1976 : Professeur de français à l'École secondaire Jean-de-la-Mennais (Frères de l'Éducation Chrétienne) à Montréal[10].

1976-1993 : Professeur de français au Collège Mont-Saint-Louis[1] en secondaire V[10].

Enseignement collégial[modifier | modifier le code]

1988-1989 : Professeur de littérature et société québécoise au Collège de Rosemont[4] .

1993-1997 : Professeur de littérature au Collège André-Laurendeau de l'arrondissement Lasalle à Montréal[10].

Enseignement universitaire[modifier | modifier le code]

1978-1985 : Professeur des cours sur la Musique et la chanson au Québec, Littérature et société, et Littérature québécoise à Université de Montréal[4].

1985-1992 : Professeur des cours sur la chanson québécoise, Pratiques littéraire I et II, et Immersion et culture québécoise à l'Université du Québec à Montréal[4].

1987-1989 : Professeur des cours sur la chanson québécoise et la littérature québécoise à l'Éducation permanente de l'Université de Montréal[11].

Militantisme[modifier | modifier le code]

Il militera pour plusieurs causes, dont celle des orphelins de Duplessis ainsi que celle de la défense de la langue française[12].

Il contribuera à la fondation ou à l'essor de plusieurs sociétés littéraires. Notamment, à Joliette et à Laval.

À compter de 1982, il a occupé plusieurs postes au sein du conseil d’administration de l’Union des écrivaines et écrivains québécois[4]. Il sera président de l'Union des écrivaines et des écrivains québécois de 1987 à 1996, puis de 2000 à 2004[13].

En mai 1992, il a témoigné à l’émission L’envers de la médaille « un enfant de Duplessis » à Radio-Canada[4]. En janvier 1993, il a témoigné à l’émission Second regard « Les enfants de Duplessis » à Radio-Canada[4]. En 1994, il devient porte-parole et président du Comité des orphelins et orphelines institutionnalisés de Duplessis. Il est coauteur d'une série télévisée sur le sujet des orphelins, intitulée Les Orphelins de Duplessis[1].

Dans les années 1990, il a également été secrétaire général de la Fédération internationale des écrivains de langue française[4].

En 1993, il devient le deuxième québécois à recevoir la médaille d'honneur de l'Association des écrivains de la langue française. En 1999, le département des lettres du Collège André-Laurendeau crée un prix littéraire qu'il nomme, en son honneur, le prix Bruno Roy, afin d'encourager la relève littéraire chez les étudiants[4].

Bruno Roy a également été Président d'honneur du Marathon d'écriture du Collège André-Laurendeau de mars 2001[4].

Ardent pacifiste et souverainiste convaincu, il était membre de l'association des Artistes pour la Paix dont il était le secrétaire depuis septembre 2009[14].

En décembre 2009, il subit un accident vasculaire cérébral un peu avant Noël. Il décède la nuit du 6 janvier 2010 à l'âge de 66 ans[1]. Il laisse dans le deuil, en plus de nombreux parents et amis, ses deux filles Isabelle et Catherine. Bruno Roy avait perdu son épouse Luce Michaud en février 2009. Elle partageait sa vie depuis le début des années 1970.

Stanley Péan le considérait comme un père spirituel[12].

« Je suis un écrivain hors-père. »

— Bruno Roy, 1991[12]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Essai[modifier | modifier le code]

  • 1977 : Panorama de la chanson québécoise, Leméac
  • 1979 : Et cette Amérique chante en québécois, Leméac
  • 1984 : Imaginer pour écrire, Nouvelle Optique. Réédité en 1988 en format poche par VLB éditeur dans la collection « Second souffle »
  • 1991 : Pouvoir chanter, VLB éditeur
  • 1994 :
    • Mémoire d'asile, Boréal
    • Enseigner la littérature au Québec, XYZ éditeur
  • 2002 : Consigner ma naissance, Éditions Trois-Pistoles
  • 2003 : Journal dérivé I. La lecture 1974-2000, XYZ éditeur
  • 2004 : Naître, c'est se séparer, XYZ éditeur
  • 2005 : Journal dérivé II. L'écriture 1972-2000, XYZ éditeur
  • 2006 : Journal dérivé III. L'espace public 1970-2000, XYZ éditeur
  • 2008 : L'Osstidcho ou le désordre libérateur, XYZ éditeur
  • 2009 :
    • Les cent plus belles chansons québécoises, Fides (illustré par Diane Dufresne)
    • Journal dérivé IV. L'espace privé 1967-2000, XYZ éditeur

Poésie[modifier | modifier le code]

  • 1984 : Fragments de ville, Arcade
  • 1988 : L'envers de l'éveil, Triptyque
  • 1992 : Peuple d'occasion, Écrits des Forges
  • 1994 : Les racines de l'ombre, XYZ éditeur. Réédité en format poche en 2004 par XYZ éditeur
  • 1999 : Les mots conjoints, aphorisme, XYZ éditeur
  • 2002 : Le détail de la langue, Écrits des Forges
  • 2006 : Tellurique d'amour, Écrits des Forges
  • 2008 : Brûlés par la nuit, Écrits des Forges

Roman[modifier | modifier le code]

  • 1998 : Les calepins de Julien, XYZ éditeur et également aux Éditions Québec-Loisirs et à Production Braille. Réédité en format poche à XYZ éditeur en 2004
  • 2001 : Les heures sauvages, XYZ éditeur
  • 2004 : L'engagé, XYZ éditeur
  • 2007 : N'oublie pas l'été, XYZ éditeur

En collaboration[modifier | modifier le code]

  • 1989 : Nous reviendrons comme des Nelligan (anthologie de poèmes étudiants), VLB éditeur
  • 1997 : Les orphelins de Duplessis, télésérie en quatre épisodes, production Télé-Action, diffusion Société Radio-Canada
  • 1997 : Gilles Vigneault, Entre musique et poésie, 40 ans de chansons, choix des textes et présentation de Bruno Roy, Montréal, Bibliothèque québécoise
  • 2002 : Georges Dor, Mémoire d'un homme de parole, introduction et choix de textes par Bruno Roy, Fides
  • 2002 : La route, l'île et l'été (chansons, musique de Gilles Bélanger), et Ce qu'il faut dire (poème) dans Je marche à toi, de Chloé Sainte-Marie, OCCD9198

Bruno Roy a également écrit de nombreux articles dans les journaux et les revues sur la chanson québécoise, la littérature, le théâtre, l'enseignement, la culture, l'actualité[4].

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

  • 1993 : Médaille d'honneur de l'Association des écrivains de langue française (ADELF)[13].
  • 1999 :
    • Prix Condorcet du Mouvement laïque québécois pour sa contribution à la promotion de la laïcité au Québec et à la défense de la liberté de conscience[13].
    • Prix Félix-Antoine-Savard de poésie pour Âmes portagées, une série de poèmes parus dans la revue Arts Sabord[13].
  • Finaliste au prix France-Québec/Philippe-Rossillon pour son dernier roman, L’engagé (XYZ Éditeur).
  • 2010: Prix d'excellence impératif français

Homonymie[modifier | modifier le code]

Bruno Roy (né en 1935) est également le nom d'un professeur à la retraite de la Faculté des arts et des sciences, département des littératures de langue française, de l'Université de Montréal, auteur de plusieurs ouvrages sur le Moyen Âge.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'immeuble de l'Hôpital de la Miséricorde est situé au 1051 de la rue St-Hubert à Montréal. Il a changé de vocation ses dernières années.
  2. La Crèche St-Paul, dirigée par les Sœurs de la Miséricorde, était situé au 1847 Boulevard Gouin est à Montréal. L'édifice fut démoli en 1971.
  3. Le Mont-Providence était dirigé par la communauté des Sœurs de la Charité de la Providence et était situé au 7200, boulevard Gouin est à Montréal. Vendu au gouvernement du Québec en 1969, l'immeuble est devenu l'Hôpital Rivière-des-Prairies.
  4. Les termes « arriéré mental » ou « aliénation mentale » ont également été utilisés.
  5. Source: La Communauté des Sœurs de la Providence. Le nom civique de Sœur Olive-des-Anges était Yvonne Desmarais. Elle est décédée le 29 septembre 1977. Bien que traçant la vie de cette dernière, le nom "Sœur Odile-des-Anges" est un nom fictif et provient de l'œuvre romanesque "Les calepins de Julien".
  6. Source: Texte de Bruno Roy que l'on retrouve aux pages 31 à 34 du SÉMINAIRE MONDIAL DE L’OMEP: NOURRIR LA PAIX AVEC LES ENFANTS Québec 2008. OMEP-Canada est le comité national canadien de l’Organisation Mondiale pour l’Éducation Préscolaire (OMEP).
  7. L'immeuble de l'Institut des sourds-muets était situé au 7400, boulevard Saint-Laurent, au coin de la rue Castelnau, dans le quartier Villeray à Montréal. L'immeuble a changé de vocation.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « Adieu Bruno Roy », sur radio-canada.ca, Société Radio-Canada, .
  2. a b c d e et f Rioux 1998, p. 1
  3. Commentaire: en plus de Mont-Providence, les institutions Baie-St-Paul, Huberdeau, St-Jean-de-Dieu (hôpital Louis-H.-Lafontaine), St-Michel-Archange (Centre hospitalier Robert-Giffard), et St-Julien de Ferdinand d'Halifax ont procédé également à un changement de statut des orphelins afin d'obtenir plus de subventions. Source: Le Protecteur du Citoyen (Daniel Jacoby), document Les « enfants de Duplessis » : à l'heure de la solidarité, Sainte-Foy, 22 janvier 1997.
  4. a b c d e f g h i j k et l Information obtenue du Collège André-Laurendeau.
  5. Rioux 1998, p. 1 et 2. Au sujet des études de Bruno Roy, le Collège André-Laurendeau mentionne : Outre son bacc en enseignement de l’UdeM et son brevet de l’école normale St-Viateur, il a aussi un bacc de l’UQAM en études littéraires (1976), une maîtrise de l’UQAM en études littéraires (1981) et un doctorat de l’Université de Sherbrooke en études françaises (littérature) (1992).
  6. Commentaire: les services de la bibliothèque de l'Université du Québec à Montréal datent la thèse de 1980, alors que le Collège André-Laurendeau indique l'obtention de la maîtrise en 1981.
  7. Référence: banque de données des bibliothèques de l'Université du Québec à Montréal.
  8. Commentaire: publié en 1984 sous le titre Imaginer pour écrire chez l'éditeur Nouvelle Optique et réédité en 1988 en format poche par VLB éditeur dans la collection « Second souffle ».
  9. Référence: banque de données des bibliothèques de l'Université de Sherbrooke.
  10. a b c d et e Rioux 1998, p. 2 et information obtenue du Collège André-Laurendeau.
  11. a b et c Rioux 1998, p. 2
  12. a b et c Daniel Lemay, « L'écrivain Bruno Roy est décédé », .
  13. a b c et d « Festival international de la poésie - Portrait de Bruno Roy », 3 octobre 2008..
  14. Pierre Jasmin, « In Memoriam - bruno roy 1943-2010 », sur artistespourlapaix.org, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Sources bibliographiques[modifier | modifier le code]

  • Mathieu Rioux, Un géant de persévérance et de générosité, texte de quatre pages distribué et disponible lors du lancement du roman Les calepins de Julien,
  • Andrée Ferretti, « Hommage à Bruno Roy. Je n’oublierai pas », Nuit blanche, magazine littéraire, n° 118, printemps 2010, p. 9 (Document).
  • Jean-Nicolas De Surmont (sous la dir. de), La chanson comme berceau de l'identité québécoise, Mélanges en l'honneur de Bruno Roy, Drummondville, Editions du Québécois, 2022.
  • En cas de divergence parmi les différentes sources d'informations, nous avons privilégié généralement les informations provenant du Collège André-Laurendeau qui détient un dossier sur Bruno Roy constitué de documents (Curriculum Vitæ, diplômes, etc.) que ce dernier a lui-même fournis.


Liens externes[modifier | modifier le code]