Bodu Bala Sena

Bodu Bala Sena
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Galagoda Aththe Gnanasara (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Le Bodu Bala Sena (BBS), « Force du pouvoir bouddhiste[1] », est une organisation bouddhiste theravāda[2], nationaliste[3], extrémiste[4], islamophobe[5],[6] et antichrétienne[3] active au Sri Lanka depuis 2012[7].

Galagoda Aththe Gnanasara (en) en est le secrétaire général.

Origines[modifier | modifier le code]

Le BBS a été créé en 2012 par les moines Kirama Wimalajothi et Galagoda Aththe Gnanasaara après qu'ils ont quitté le parti politique Jathika Hela Urumaya (en) (JHU)[7].

Analyses[modifier | modifier le code]

Le BBS explique avoir pour mission de renforcer la foi bouddhiste au Sri Lanka[8]. Il mène des campagnes hostiles, suscitées par un sentiment de concurrence religieuse, contre les musulmans, leurs lieux de culte et leurs commerces[4], ainsi que des campagnes contre le christianisme qu'il perçoit comme une menace pour le bouddhisme[3].

Selon le sociologue Raphaël Liogier : « si je devais vulgariser, je dirais que les moines bouddhistes fanatiques considèrent les musulmans comme des envahisseurs qui menacent l’identité même du Sri Lanka. Ces bouddhistes ont donc le sentiment qu’ils doivent résister à l’envahisseur[4]. »

Le BBS est considéré comme un groupe fasciste par le diplomate sri-lankais Dayan Jayatilleka (en)[4].

L'organisation de défense des droits de l'homme Minority Rights Group International a publié en mars 2013 une étude sur les attaques qui ont eu lieu contre des musulmans au Sri Lanka depuis avril 2012 et signale que le BBS est le principal groupe à l'origine de ces violences[9].

Faits[modifier | modifier le code]

En janvier 2013, des membres du BBS envahissent la faculté de droit à Colombo, dénonçant le trucage de résultats d’examens en faveur d'étudiants musulmans. Ils réclament régulièrement que les mosquées et les sanctuaires soufis soient détruits et ils les vandalisent. Ils ont fait fermer des boucheries musulmanes, attaqué un magasin tenu par des musulmans et convaincu le gouvernement d'interdire la certification halal en mars 2013[10],[4].

En juin 2014, à Aluthgama (en), trois personnes sont mortes et 78 ont été gravement blessées : à la suite d'un rassemblement du BBS, des heurts ont eu lieu entre des bouddhistes et des musulmans dans une zone touristique. Un couvre-feu a été instauré et le ministre Rauff Hakeem (en) est venu sur les lieux. L'origine des violences aurait été des pierres lancées sur les membres du BBS[11].

L'organisation BBS a été menacée de poursuites pour violation des droits de l'homme après l'élection présidentielle de janvier 2015[3].

Réactions[modifier | modifier le code]

Le moine bouddhiste Wataraka Vijitha Thero s'est élevé publiquement contre ces violences en critiquant le BBS. Il a été enlevé et agressé en juin 2014[12]. Les autorités l'ont accusé de faux témoignage[13],[14].

Le 14e dalaï-lama a lancé en juillet 2014 un appel à l'arrêt des violences du BBS contre les musulmans, mais ses paroles ont eu peu d’écho[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Lonely Planet, Sri Lanka 8 - Comprendre le Sri Lanka et Sri Lanka pratique, Place Des Editeurs, (ISBN 978-2-8161-5172-5, lire en ligne), p. 38
  2. Eric Meyer, « Violence et religion à Sri Lanka », sur sciencespo.fr,
  3. a b c et d Historical Dictionary of Sri Lanka, Rowman & Littlefield Publishers, , 494 p. (ISBN 978-1-4422-5585-2, présentation en ligne), p. 59.
  4. a b c d et e Charlotte Boitiaux, « Les musulmans du Sri Lanka pris pour cible par des bouddhistes intégristes », sur france24.com, .
  5. (en) « Bodu Bala Sena », sur islamophobiatoday.com (consulté le )
  6. (en) Robin Noel Badone Jones, « Sinhala Buddhist Nationalism and Islamophobia in Contemporary Sri Lanka », sur scarab.bates.edu, (consulté le )
  7. a et b (en) Gamini Karunasena et Wasantha Rupasinghe, « Sri Lankan Buddhist chauvinists provoke violence against Muslims », World Socialist Web Site,‎ (lire en ligne)
  8. (en) « Sri Lanka's BBS : an old spectre in new garb ? », sur OpenDemocracy,  : « BBS explains its mission as strengthening the Buddhist faith in the island, providing spiritual leadership and saving Sinhala Buddhism from external threats. A more vicious strategy has emerged however with Muslims as the prime target, a perceived threat to the Sinhala Buddhist community’s ethno-religious majority. »
  9. (en) « Islamophobia and attacks on Muslims in Sri Lanka (March 2013) », sur Minority Rights (consulté le ).
  10. Samanth Subramanian, « Sri Lanka – Vieilles légendes et nouveaux boucs émissaires », sur Courrier international, (consulté le )
  11. AFP, « Sri Lanka : trois morts dans des violences entre bouddhistes et musulmans », .
  12. (en) « Sri Lanka moderate monk critical of anti-Muslim violence beaten », sur www.bbc.com, (consulté le ).
  13. (en) « Sri Lanka charges moderate monk critical of anti-Muslim violence », sur www.bbc.com, (consulté le ).
  14. (en) Rohini Mohan, « Sri Lanka’s Violent Buddhists », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. Adrien Le Gal, « D’où vient le bouddhisme radical ? », sur Le Monde.fr, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Suren Rāghavan, « Buddhicizing or Ethnicizing the State : Do the Sinhala Saṅgha Fear Muslims in Sri Lanka? », Journal of the Oxford Centre for Buddhist Studies, vol. 4,‎ , p. 88-104 (ISSN 2047-1076, lire en ligne, consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]