Billets de banque tibétains

Un billet de banque tibétain de 5 srang (recto)
Un billet de banque tibétain de 5 srang (verso)
Un billet de banque tibétain de 100 tam srang (recto)
Un billet de banque tibétain de 100 tam srang (verso)
Un billet de banque tibétain de 50 tam. Daté année tibétaine 1673 = A.D. 1927
Un billet de banque de 25 tam, daté 1659 (= AD 1913) (recto)
Un billet de banque de 25 tam, daté 1659 (= AD 1913) (verso)

Le treizième dalaï-lama, Thubten Gyatso, décide en 1912 de créer en complément des pièces de monnaie tibétaines une monnaie sur papier spécifique au Tibet.

A Drapchi, se trouvait le siège de la monnaie tibétaine[1].

Historique[modifier | modifier le code]

Les premiers billets de banque sont mis en circulation en 1912 après la déclaration d'indépendance. Thubten Gyatso met en place une réserve d'or, ayant valeur de garantie, afin d'engager l'émission de papier monnaie. En 1925, la première banque tibétaine entreposera trois cents lingots à Lhassa dans le palais du Potala[2].

Ces billets resteront en usage jusqu'au remplacement de la monnaie tibétaine par la monnaie chinoise en 1959[3],[4].

Selon Barry Sautman, durant la période où le gouvernement de Lhassa émit de la monnaie, les gouvernements de la plupart des provinces chinoises, voire certains comtés, firent de même. La plupart des provinces chinoises avaient déclaré leur indépendance, soit sous la dictature de Yuan Shikai (1912-1916), soit sous les seigneurs de la guerre (1916-1927). Nombre de ces provinces ne devaient se retrouver sous le contrôle du gouvernement central qu'en 1949, à peu près au même moment que le Tibet. Des monnaies sont parfois émises par des territoires dont les dirigeants veulent qu'ils soient reconnus comme États et croient que les gouvernements étrangers seront impressionnés par ces pseudo-indicateurs d'indépendance – même s'ils ne le sont que rarement[5].

Tsarong Dzasa était une personnalité éminente dans les affaires économiques du Tibet dans les années 1930 et 1940. Suite la mort du 13e Dalaï Lama en 1933, Tsarong a été nommé chef du département de l'Arsenal et de la Monnaie, le Gra bshi DNul Khang. Ce département a concerné de nombreuses de fonctions, y compris l'amélioration de la qualité de la monnaie en billet. En 1947, Dzasa avec les ministres Trunyichemmo Cawtang et Tsipon Shakabpa ont mené la Mission de commerce tibétain de la monnaie, cherchant à fortifier la monnaie du Tibet et à augmenter des réserves d'or contre la monnaie[6].

Impression des billets[modifier | modifier le code]

Les premiers billets seraient fabriqués avec l'écorce du Shog phing, arbre du district de Kemdong de la région du Dakpo. Ce papier résiste aussi bien aux insectes qu'à l'humidité. Les encres utilisées sont importées de l'Inde pour les premiers billets les 5 tam. C'est uniquement en 1926 qu'apparaissent des plaques métalliques gravées, spécifiques à chaque couleur[7].

L'imprimerie du Trabshi Lotru Kung, fermée en 1910 lors de l'entrée de l'armée impériale au Tibet, imprime les premières coupures en 1912[8].

Heinrich Harrer, qui résida à Lhassa de 1946 à 1951, indique dans son livre Sept ans d'aventures au Tibet le mode de fabrication de la monnaie tibétaine à cette époque. Le papier sur lequel est imprimé les billets est de fabrication locale. Il est filigrané et résistant. Les chiffres sont dessinés à la main, une grande habileté est requise à cette fin, aucun faussaire n'ayant pu réaliser une contrefaçon[9].

Principales coupures[modifier | modifier le code]

Le département de la Monnaie du gouvernement du Tibet a émis différentes coupures pendant la période de l'indépendance de facto vis-à-vis de la Chine. En 1950, 5 srang équivalaient à une roupie indienne[10].

  • 1912 : 5 et 10 tam
  • 1913 : 15, 25 et 50 tam
  • 1926 : 50 tam
  • 1937 : 100 tam srang
  • 1939 : 100 srang
  • 1941 : 10 srang
  • 1942 : 5 srang
  • 1950 : 25 srang

Heinrich Harrer précise que l'unité le srang comprend dix cho, le cho étant lui-même divisé en dix karma[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Lhasa map: 1948 (carte de Lhassa en 1948) : « In 1948, the city of Lhasa is defined by the Lingkor [...]. This is a circular road for the religious purpose of circumambulation. The Jokhang temple lies at the heart of the city proper, with the Potala Palace and the medical college at the Chakpori Hill to the west. Other important sites in the Lhasa valley are the Summer palace of the Dalai Lama, the monasteries of Sera and Drepung, and the seat of the Tibetan state oracle at Nechung. The other small settlements scattered throughout the valley are farming villages and noble estates. Not shown here are the various parks and individual summer houses of the aristocracy. Trapchi is the site of the government mint, with an ancient monastery nearby. »
  2. Wolfgang Bertsch, A survey of Tibetan paper Currency (1912–1959) . Bulletin of Tibetology 3 , 3-22
  3. « http://www.tibetonline.fr/misc/billets.htm »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le )
  4. Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, p. 268
  5. (en) Barry Sautman, “All that Glitters is Not Gold”: Tibet as a Pseudo-State, pp. 11-12 : « During the same era in which the Lhasa government issued currency, so too did the governments of most provinces -- and even some counties -- of China. Most Chinese provinces had declared independence, either during the dictatorship of Yuan Shikai (1912-1916) or the warlord period (1916-1927)83 and many were not to again be under central government control until 1949, about the same time as Tibet. Currencies are sometimes issued by territories whose leaders want them to be recognized as a state and believe that foreign governments will be impressed with such pseudo-indicators of independence -- although they seldom are. »
  6. Goldstein, Melvyn C.; Rimpoche, Gelek, « A History of Modern Tibet, 1913–1951 » (consulté le ), p. 570
  7. Gilles Van Grasdorff, La nouvelle histoire du Tibet, Éditions Perrin, 2006, pages 267 et suivantes.
  8. Gilbert Collard et Gilles Van Grasdorff, Cent mille éclairs dans la nuit, , 240 p. (ISBN 9782750911782, lire en ligne), p. 40.
  9. a et b Heinrich Harrer, Sept ans d'aventures au Tibet, Arthaud, 1953, page 184.
  10. Le Tibet est-il chinois ? de Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, Albin Michel, coll. « Sciences des religions », p. 124 : contribution de Jampa Panglunk.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gilles Van Grasdorff, La nouvelle histoire du Tibet, Éditions Perrin, 2006
  • Bertsch, Wolfgang, Aperçu historique du papier-monnaie au Tibet, in Actualités Tibétaines, magazine trimestriel édité par le Bureau du Tibet, no. 36, Paris, septembre 2007, pp. 21-28
  • Bertsch Wolfgang, A Study of Tibetan Paper Money, Library of Tibetan Works and Archives, Dharamsala, 1997
  • Charles K. Panish, Tibetan Paper Money, in Whitman Numismatic Journal, 5, 4, S. 467–471 et 5, 5, S. 501–508, 1968
  • Nicholas G. Rhodes, The Dating of Tibetan Banknotes, in The Tibet Journal, 13, 1, S. 57–60, 1988
  • Bhupendra Narayan Shrestha, Tibetan Paper Currency, St. Albans, Herts, 1987