Basilique Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception de Boulogne-sur-Mer

Basilique Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception
Image illustrative de l’article Basilique Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception de Boulogne-sur-Mer
Présentation
Nom local Notre-Dame de Boulogne
Culte Catholique
Dédicataire Notre-Dame de l'Immaculée Conception
Type Basilique mineure (depuis 1879)
Ancienne cathédrale (jusqu'en 1802)
Rattachement Diocèse d'Arras
Début de la construction 1827 (reconstruction)
Fin des travaux 1863
Architecte Benoît-Agathon Haffreingue
Style dominant Architecture néo-classique
Protection Logo monument historique Classée MH (1982)[1]
Site web Paroisse Sainte Marie - Étoile de la mer
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Hauts-de-France
Province Picardie Picardie
Département Pas-de-Calais
Ville Boulogne-sur-Mer
Coordonnées 50° 43′ 34″ nord, 1° 36′ 54″ est

Carte

La basilique Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception de Boulogne-sur-Mer est située dans l'enceinte des remparts de la vieille ville de Boulogne-sur-Mer. Elle a été classée au titre des monuments historiques en 1982[1].

La ville fut le siège d'un ancien évêché, dont l'ancêtre de cette église était la cathédrale, tête du diocèse de Boulogne-sur-Mer ayant existé entre 1566 et 1801 (année pendant laquelle il est dissous pour être intégré en totalité au diocèse d'Arras). Le diocèse de Boulogne correspondait à un territoire s'étendant jusqu'à Étaples, Montreuil, Hesdin, Saint-Pol-sur-Ternoise et Calais.

Important lieu touristique de la ville, la basilique est connue pour son dôme qui surplombe l'agglomération, et pour sa crypte qui est l'une des plus vastes de France.

Histoire[modifier | modifier le code]

Dessin de l'ancienne cathédrale gothique vers 1570 par Camille Enlart.

Origine du sanctuaire[modifier | modifier le code]

La tradition relate l'arrivée, en barque, d'une nacelle en bois contenant une statue miraculeuse de la Vierge à l'Enfant, dans l'estuaire de La Liane, en 633. Une chapelle est construite dans la haute ville sur l'emplacement d'un temple romain pour recevoir cette découverte. Cette statue donna naissance à un important culte marial qui trouve tout son développement au Moyen Âge.

L'abbaye de Boulogne, centre de pèlerinage marial au Moyen Âge[modifier | modifier le code]

En 1090, ce premier sanctuaire fut remplacé par une abbaye. Sainte Ide, épouse du comte de Boulogne, Eustache II et mère de Godefroy de Bouillon, fit édifier une première église en pierre et sa crypte de style roman. Boulogne devint un grand centre de pèlerinage d'un grand rayonnement, il accueillit des rois de France et d'Angleterre, venant vénérer Notre-Dame de Boulogne. De l'affluence des pèlerins, il résulta une abondance de dons qui firent de l'église de Sainte Ide un édifice prestigieux.

Aux XIIIe et XIVe siècles, l'église fut transformée en un édifice de style gothique et fut doté d'un cloître.

En 1308 y fut célébré le mariage entre Édouard II d'Angleterre et Isabelle de France, fille du roi Philippe IV le Bel.

En 1367, le clocher s'effondra. On répara le portail en 1378, puis la flèche en 1390. En , par ses lettres patentes, le roi Louis XI (1423-1483) confirma la protection royale à l'abbaye[2]. En , Louis XI donna à Notre-Dame de Boulogne la suzeraineté du comté de Boulogne[3],[4].

Elle fut saccagée une première fois pendant le siège de la ville par les Anglais (1544-1550) : la chapelle Notre-Dame s'effondra.

L'église abbatiale devient cathédrale au XVIe siècle[modifier | modifier le code]

Après la destruction de la ville de Thérouanne par les troupes de Charles Quint en 1553, son siège épiscopal fut déplacé à Boulogne-sur-Mer. Les guerres de Religion dégradèrent une seconde fois la cathédrale.

Le , la statue de Notre-Dame de Boulogne, disparue pendant les sacs des Huguenots, fut retrouvée ; après examen et confirmation de la Sorbonne, il fut décidé de la retailler pour faire disparaître les marques de profanation (elle sera replacée dans la cathédrale en 1630). La même année furent posées deux verrières de Jean Meurin dessinées par Jean Lelleu. En 1630, la cathédrale fut rénovée et la statue remise en place. En 1666, Louis XIV fit don d'un jubé œuvre du sculpteur Bernin.

De 1771 à 1784, 17 chapelles furent construites selon les plans de Giraud Sannier.

Le diocèse de Boulogne fut supprimé à la Révolution française. En 1793, les révolutionnaires brûlèrent la relique. Deux fragments furent sauvés et sont aujourd'hui conservés dans la basilique, dans deux reliquaires. Devenu bien national, la cathédrale de Boulogne fut vendue et par la suite détruite en 1798.

La construction d'une nouvelle église au XIXe siècle[modifier | modifier le code]

En 1790 le diocèse de Boulogne-sur-Mer est supprimé par la constitution civile du clergé et intégré au diocèse d'Arras. En 1803, l'ancienne chapelle des Sœurs de l'Annonciade est rouverte pour abriter une nouvelle statue La Vierge au bateau.

En 1820, Benoît-Agathon Haffreingue racheta les ruines encore debout et mit tout en œuvre à partir de 1827 pour reconstruire l'édifice, effectuant lui-même les plans et dirigeant les travaux de 1827 à 1857.

L'esthétique du nouvel édifice puise sa source dans le style néoclassique, très prisé au début du XIXe siècle ; l'édifice se distingue notamment par le très haut dôme (environ 100 mètres) qui domine ses parties orientales.

En 1863, le dôme est terminé et, le , René-François Régnier, archevêque de Cambrai, consacre la nouvelle cathédrale. De 1863 à 1865, les chapelles sont décorées de fresques de Charles Soulacroix.

En 1879, le pape Léon XIII élève l'église à la dignité de basilique mineure. En 1884, des sculptures de Constant Laurent décorent le tympan. En , le pape Léon XIII autorise le couronnement solennel de Notre-Dame de Boulogne. La célébration de la fête a lieu le dimanche suivant, sous la présidence de Camillo Siciliano di Rende, nonce apostolique. Douze archevêques et évêques, invités par Désiré-Joseph Dennel, évêque d'Arras, assistent à cette cérémonie imposante. La date choisie coïncide avec le centième anniversaire de la naissance de Benoît-Agathon Haffreingue. "La couronne, qui est de la forme des couronnes murales, en souvenir de celle dont Godefroi de Bouillon a fait hommage à la vierge de son pays natal, après la prise de Jérusalem, est en or pur enrichi de pierreries nombreuses et variées. Ses tours, qui sont des reliquaires, renferment des reliques de la Terre-Sainte."[5].

Restauration de la basilique[modifier | modifier le code]

La voûte s'étant effondrée en 1921, elle est reconstruite en 1926, tandis qu'une nouvelle chapelle nord est construite en 1924 et une sacristie en 1930.

En 1938, le congrès marial national se déroule à Boulogne-sur-Mer ; il accueille plus de 200 000 personnes.

Les orgues Schwenkedel-Aubertin-Gaillard ont été reconstruites en 1975/1992 avec 3 000 tuyaux et 44 jeux d'esthétique baroque allemande ; organiste titulaire : Didier Hennuyer[6].

Chœur et chapelles[modifier | modifier le code]

La messe du officiée en la basilique est retransmise en direct dans le cadre de l'émission Le Jour du Seigneur.

L'Orgue[modifier | modifier le code]

Le premier grand orgue de la basilique a été construit en 1860 par la société Merklin & Schütze et possédait, après une extension en 1865, la composition suivante[7]:

I Grand Orgue C–a3
1. Bourdon 16′ B/D
2. Flûte 8′
3. Bourdon 8′
4. Salicional 8′
5. Prestant 4′
6. Fourniture progressive
7. Trompette 8′ B/D
8. Clairon 4′
II Récit expressif C–f3
9. Flûte harmonique 8′
10. Viola di gamba 8′
11. Dolciana 8′
12. Voix céleste 8′
13. Flûte harmonique 4′
14. Trompette harmonique 8′
15. Basson-Hautbois 8′
16. Voix humaine 8′
Pédale C–c1
17. Soubasse 16′
Bourdon (= no 1) 16′
18. Octave basse 8′
19. Bombarde 16′
L'Orgue Merklin de 1897 à 1944

Cet orgue a été remplacé en 1897 par un nouvel orgue de grande taille de la firme Joseph Merklin & Cie, dont certains registres ont été réutilisés. Le nouvel orgue fut inauguré le 28 janvier 1897 et, comme pour l'orgue précédent, l'organiste Alexandre Guilmant, originaire de Boulogne-sur-Mer, était à la console.

Cet instrument a été victime d'un bombardement en 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale. La composition était la suivante. Les registres marqués d'un * sont les Jeux des Combinaisons, qui ne sont activés qu'avec l'Appel d'Anches[7].

I Grand Orgue C–a3
1. Montre 16′
2. Bourdon 16′
3. Montre 8′
4. Flûte harmonique 8′
5. Bourdon 8′
6. Salicional 8′
7. Prestant 4′
8. Cornet 8′ *
9. Bombarde 16′ *
10. Trompette 8′ *
11. Clairon 4′ *
II Positif C–a3
12. Principal 8′
13. Bourdon 8′
14. Gemshorn 8′
15. Gambe 8′
16. Flûte octaviante 4′
17. Fourniture 22/3 *
18. Trompette harmonique 8′ *
19. Clarinette 8′ *
Tremblant
III Récit expressif C–a3
20. Flûte harmonique 8′
21. Cor de nuit 8′
22. Gambe 8′
23. Voix céleste 8′
24. Flûte octaviante 4′
25. Octavin 2′
26. Trompette harmonique 8′ *
27. Basson-Hautbois 8′ *
28. Voix humaine 8′ *
Tremblant
Pédale C–
29. Contrebasse 16′
30. Soubasse 16′
31. Octave basse 8′
32. Bourdon 8′
33. Bombarde 16′ *
34. Trompette 8′ *
35. Clairon 4′ *
  • Accouplements: Accouplements et Tirasses normales, Récit à Grand Orgue Octave grave
  • Autres fonctions: Appel d'Anches: I, II, III, P; Appel Grand Orgue, Forté général, Effet d'Orage
L'Orgue actuel de Schwenkedel (1975)

Après avoir assuré les offices pendant des années avec un orgue intérimaire, un nouvel orgue a été construit en 1974 par la société Schwenkedel de Strasbourg. L'instrument actuel est le dernier orgue de la firme Schwenkedel, qui le fabriquait encore mais ne l'installait plus en raison de la disparition de la firme. L'installation sur place dans la basilique de Boulogne-sur-Mer a été réalisée en 1975 par la société sarroise Mayer de Heusweiler. Dans cette phase de construction, l'orgue ne possédait que deux claviers et 33 registres. En 1992, une extension a été réalisée par la société Aubertin, avec l'ajout d'un Récit expressif comme troisième clavier et le remplacement des tuyaux de façade[8].

I Positif de dos C–g3
1. Montre 8′
2. Bourdon 8′
3. Prestant 4′
4. Flûte à cheminée 4′
5. Nazard 22/3
6. Doublette 2′
7. Tierce 13/5
8. Larigot 11/3
9. Cymbale III
10. Trompette 8′
11. Cromorne 8′
Tremblant
II Grand Orgue C–g3
12. Montre 16′
13. Montre 8′
14. Flûte à cheminée 8′
15. Prestant 4′
16. Quinte 22/3
17. Doublette 2′
18. Terzian II
19. Fourniture III-VI
20. Cornet V
21. Douçaine 16′
22. Trompette 8′
23. Chamade 8′-4′
III Récit expressif C–g3
24. Principal 8′
25. Suavial 8′
26. Bourdon 8′
27. Prestant 4′
28. Flûte 4′
29. Flûte 2′
30. Sifflet 1′
31. Sesquialtera II
32. Mixture V 8′
33. Chalumeau 8′
34. Voix humaine 8′
Tremblant
Pédale C–f1
29. Principal 16′
30. Soubasse 16′
30. Quinte 102/3
31. Principal 8′
32. Octave Principal 4′
31. Mixtur IV
32. Contrebasson 32′
33. Posaune 16′
34. Trompette 8′
35. Chalumeau 4′
  • Accouplements: Positif à Grand Orgue; Récit à Grand Orgue, Tirasses pour Positif, Grand Orgue et Récit

Les cloches[modifier | modifier le code]

La basilique possède une sonnerie de 8 cloches toutes fondues par la fonderie Guillaume d'Angers en 1854, 1856, 1857 et 1870. Il s'agit de la gamme complète de do majeur.

  • Notre-Dame (bourdon) : do 3 - 2.185 kilos, fondue en 1854
  • Immaculée Conception : 3 - 1.400 kilos, fondue en 1857
  • Maxime : mi 3 - 900 kilos, fondu en 1870
  • Joseph : fa 3 - 775 kilos, fondu en 1870
  • Benoît-Labre : sol 3 - 525 kilos, fondu 1870
  • Notre-Dame de l'Espérance : la 3 - 375 kilos, fondue en 1856
  • Benoît-Agathon : si 3 - 315 kilos, fondu en 1854
  • Ide : do 4 - 250 kilos fondue en 1870

La tour nord, celle de gauche, abrite le bourdon et les cloches 3, 5, 7 (do, mi, sol, si). La tour sud, celle de droite, abrite les cloches 2, 4, 6, 8 (ré, fa, la, do). Les deux beffrois et la sonnerie ont été restaurés : démontage en 2001, remontage en 2007.

La crypte[modifier | modifier le code]

L'église repose sur l'une des plus vastes cryptes de France qui lui sert de fondations et qu'il est possible de visiter[9]. La crypte datant du XIIe siècle a été redécouverte lors des travaux de reconstruction[9]. Un trésor d'art sacré y est conservé, dont le reliquaire du Saint Sang, offert en 1308 par Philippe le Bel, constitue la pièce la plus remarquable[9].

La crypte de la basilique Notre-Dame de Boulogne mesure 128 mètres de long et 42 mètres de large. Le visiteur y retrouve des vestiges du IIIe siècle, une salle romane du XIe siècle et des éléments gothiques des XIIe et XIVe siècles.

Il semble qu'elle ait été comblée en 1644, ou lors du siège de Boulogne par Henri VIII d'Angleterre selon les sources. Elle est alors oubliée de tous jusqu'à sa redécouverte en 1827 lors de la reconstruction de la basilique.

Après plusieurs mois de restauration, la crypte ouvre de nouveau au public le [10]. Le , la crypte accueille son 100 000e visiteur depuis cette réouverture.

Œuvres d'art[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Basilique Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception », notice no IA00059447, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Lettres patentes de Louis XI, Abbeville, juillet 1464
  3. Lettres patentes de Louis XI, Hesdin, avril 1478
  4. Lettres patentes de Louis XI, Plessis-du-Parc-lèz-Tours, janvier 1480 (1479 avant Pâques)
  5. La Semaine religieuse du diocèse de Tulle, 29 août 1885, no 35, p. 452. « Cette œuvre d'art, écrit l'auteur de l'article, n'est pas estimée moins de 75 mille francs. »
  6. Actualité de Didier Hennuyer (été 2018).
  7. a et b Les Orgues de la Paroisse Notre-Dame-Saint-Joseph de Boulogne-sur-Mer au XIXe siècle (Bulletin des Amis de l'Orgue).
  8. L'Orgue Schwenkedel sur Organindex.de (en allemand).
  9. a b et c « La basilique Notre Dame et la crypte », sur www.ville-boulogne-sur-mer.fr (consulté le )
  10. Réouverture de la crypte de la basilique de Boulogne-sur-Mer sur France 3 Nord-Pas-de-Calais, le 2 juin 2015

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Abbé Daniel Haigneré, Notice archéologique, historique et descriptive sur la crypte de l'église Notre-Dame de Boulogne, Boulogne-sur-Mer, Imprimerie Charles Aigre, , 92 p. (lire en ligne).
  • Camille Enlart, « Les monuments anciens de Boulogne », dans Boulogne-sur-Mer et la région boulonnaise, t. 1, Arras, (lire en ligne), p. 164
  • François A. Lefebvre, Histoire de Notre-Dame de Boulogne et de son pèlerinage, Neuville-sous-Montreuil, imprimerie N.-D. des Prés, , 548 p. (lire en ligne).
  • Pierre Boissé et Claudie Boissé (photogr. Philippe Dapvril, Jean-Michel Périn), La cathédrale et basilique Nore-Dame (Pas-de-Calais), Lille, Association Christophe Dieudonné, coll. « Images du patrimoine » (no 56), , 72 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]