Banque nationale pour le commerce et l'industrie

Banque nationale pour le commerce et l'industrie
illustration de Banque nationale pour le commerce et l'industrie

Création 1932
Disparition 1966
Siège social Paris
Drapeau de la France France
Activité Banque

Société précédente Banque nationale de Crédit
Société suivante Banque nationale de Paris

La Banque nationale pour le commerce et l'industrie (BNCI) est créée le 18 avril 1932 avec un capital de 100 millions de francs, pour remplacer la Banque nationale de Crédit (BNC), mise en faillite. C’est une des banques ancêtres du groupe BNP Paribas.

Histoire[modifier | modifier le code]

Une crise comme origine[modifier | modifier le code]

Pour éviter que la crise boursière de 1929, qui a mis la Banque nationale de Crédit (BNC) au bord de la faillite, n’affecte le secteur bancaire dans son ensemble et n’ait des conséquences sur l'économie provinciale et le commerce extérieur, le gouvernement et un consortium de banques et d'industriels décident de redresser la BNC. André Vincent, directeur de la BNC, est poussé à la démission et la Banque de France éponge les dettes de la BNC. Mais dans le climat économique incertain de l'entre-deux-guerres, les déposants ne sont toujours pas rassurés. Sous l'égide du ministre des Finances, l'Etat, la Banque de France, assistée d'un groupe de banques françaises, assurent les déposants et sauvent leur épargne. Mais la crise économique continue à s'étendre dans le monde, et les épargnants continuent à retirer leur argent, au point que les caisses de la banque sont en décembre 1931 vidées de 75 % de ses dépôts. On décide la liquidation officielle de la BNC en avril 1932, pour la recréer sous un autre nom avec une partie de son personnel, dans le même siège social (16 boulevard des Italiens à Paris[1]) et en conservant la clientèle[2].

Une banque innovatrice[modifier | modifier le code]

La nouvelle banque veut rassurer et montre par son nom qu'elle veut investir dans l'industrie et non plus seulement le commerce qui est encore en pleine crise. L'ex-BNC est donc renommée en Banque nationale pour le commerce et l'industrie (BNCI)[3].

Le premier président est choisi par le gouvernement. C'est François Albert-Buisson, ancien président du tribunal de commerce de la Seine[4]. Mais le véritable animateur de la banque est Alfred Pose[5], premier directeur général (ancien directeur des études de la Société générale alsacienne de Banque à Strasbourg). Sous sa direction, une dynamique activité de réorganisation et de modernisation des structures est entreprise[6],[7].

Avec la mise en place progressive des premiers centres administratifs en province à partir de 1933[8], la BNCI inaugure des méthodes de travail novatrices : les tâches administratives sont désormais effectuées hors des guichets d'exploitation[9]. Ainsi, la BNCI crée les premiers back offices (centres de traitement administratif) de banque, séparés des activités commerciales. Progressivement, la banque se dote de 8 centres administratifs régionaux, équipés d'un matériel mécanographique lourd permettant de traiter en série les opérations confiées aux guichets et de servir la clientèle beaucoup plus rapidement. Cette organisation et cette automatisation faciliteront le passage à l'informatique à partir des années 1950[10].

Une stratégie de croissance régionale et internationale[modifier | modifier le code]

À partir de 1937 s'ouvre une phase d'expansion régionale. La BNCI accroît son réseau par une politique méthodique d'absorption de banques régionales ou locales, souvent en situation difficile : la Banque Renault à Nancy (1933), la Banque Adam (1937), la Banque des Alpes, la Banque du Dauphiné, la Caisse commerciale de Saint-Quentin, le Crédit du Rhône et du Sud-Est. A la veille de la guerre, elle étend son réseau dans le Sud-Ouest et le Midi en prenant également le contrôle de la Banque Générale de Guyenne à Bergerac, la Banque Roque à Brive, la Banque Marty à Ribérac, la Banque Féréol à Rodez et la Banque Mastre à Saint-Gaudens[11],[12]. Ainsi, de 3 milliards de francs en 1932, le montant des dépôts de la clientèle atteint 10 milliards en 1940.

Le réseau de la BNCI commence à prendre son essor à l'international durant l'occupation allemande en France, après l’ouverture en 1938 d’une petite succursale à Londres, qui deviendra pendant la guerre un auxiliaire précieux pour le réseau français de la banque.

Alors que le conflit paralyse le développement en métropole, la BNCI se tourne vers l'outre-mer pour installer de nouvelles implantations. En 1940, la BNCI prend le contrôle d'un établissement local, la Banque de l'Union Nord-Africaine, rebaptisée BNCI-Afrique (BNCIA). La BNCI ouvre également des agences à Saint-Louis du Sénégal, Abidjan, Conakry, Brazzaville, Pointe-Noire, Bangui, Douala, Madagascar et la Réunion (acquiert en 1943 le Crédit foncier de Madagascar et de la Réunion, renommé « BNCI-Océan Indien en 1954), s’implante dans les Antilles. La BNCI se constitue ainsi un réseau international d'agences qui couvrira en une dizaine d'années tous les grands territoires français d'outre-mer, où elle profitera du développement de nombreuses activités générant des capitaux importants[13],[14],[15].

Parallèlement, entre 1942 et 1944 une trentaine de sièges sont ouverts en Syrie, au Liban, alors sous mandat français, tout en poursuivant parallèlement l’expansion de la BNCIA depuis Alger.

Après la libération, selon les engagements du conseil national de la Résistance, les grandes banques de dépôt, dont la BNCI, sont nationalisées. La présence à l’étranger est poursuivie et passe désormais par une politique de filialisation, organisation plus souple qui s’avérera judicieuse lors de la décolonisation[16],[17]: en 1947, elle transforme sa succursale de Londres en filiale, sous le nom de British and French Bank. En 1943, elle reprend le Crédit foncier de Madagascar et de la Réunion, devenu BNCI Océan Indien en 1954. La Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie (BICI), présente au Cameroun, Congo, Côte d'Ivoire et Sénégal. La Banque Marocaine pour le Commerce et l'Industrie (BMCI). Par l'intermédiaire de ces établissements, le réseau colonial de la BNCI couvre l'ensemble des possessions françaises.

Dans les années 1950, la BNCI renforce sa position sur le marché intérieur et complète son réseau dans les régions où son implantation est jugée encore insuffisante. Elle prend ainsi le contrôle de la Banque Guilhot à Agen en 1955 puis de la Banque Cottus à Sarlat en octobre 1956. La même année, elle prend aussi une participation dans le capital de la Banque Régionale du Centre à Roanne. Elle s'ouvre aux comptes des particuliers et elle est en 1964, avec la Banque de l'Union parisienne, l’une des premières à créer une SICAV pour ses clients. Elle n'abandonne cependant pas l'international : en 1953 une partie de ses services se spécialise dans le conseil aux investisseurs et entrepreneurs français qui prospectent de nouvelles ressources ou marchés dans les pays du Sud. En 1958, elle crée une filiale spécialisée dans ce domaine: la Société pour le développement international du commerce et de l'industrie (INTERCOMI)[18]. La même année, elle s'implante en Asie du Nord, en ouvrant à Hong Kong un bureau de représentation qui est transformé en succursale en 1959.

A la veille de sa fusion avec le CNEP, en 1966, la banque compte 1050 guichets en France, deux fois plus qu’en 1945[19], et est la première banque en France par l’étendue de son réseau hors métropole, comptant une présence dans 40 pays[20], « aux 4 coins du monde »[21]. C’est l’établissement financier le plus dynamique de l’après-guerre, un groupe à la tête de 23 filiales. Il intervient sur l’ensemble des marchés de la finance et de l’argent.

La fusion et la création d'une grande banque nationale et européenne[modifier | modifier le code]

Le 4 mai 1966, le ministre des Finances Michel Debré annonce la fusion de la BNCI avec le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP) en un nouvel établissement qui prendra le nom de Banque nationale de Paris (BNP). La BNP naît dotée d'un puissant réseau international, devenant la première banque française pour son total de bilan, la seconde en Europe et septième dans le monde financier. Sa direction est confiée à un tandem composé de Pierre Ledoux, ancien directeur général de la BNCI, qui devient le nouveau directeur général, tandis que Henry Bizot, ancien président du CNEP, la préside.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Paul Fleuriot, L'histoire de la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie (B.N.C.I.), 18 avril 1932 - 30 juin 1966
  • Paul Fleuriot, Banque nationale pour le commerce et l'industrie, 1952
  • Chantal Tissier-Dauphin, L'histoire d'une entreprise, la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie, 18 avril 1932 - 30 juin 1966, 1975
  • Nicole Coussement-Ichou, Les employés de banque du CNEP et de la BNCI. Parcours de travail et temps de vie, 1848-1870, 2001.
  • Pierre Mounier-Kuhn, Mémoires vives. 50 ans d’informatique chez BNP Paribas, BNP Paribas, 2013.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Un siège Art déco sur le boulevard des Italiens | Archives & Histoire BNP Paribas », sur histoire.bnpparibas (consulté le )
  2. « Histoire de la BNCI », sur Boursilex.com (consulté le )
  3. « Une banque innovante : la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI) | Archives & Histoire BNP Paribas », sur histoire.bnpparibas (consulté le )
  4. C-A. LUCAS et P. PASCALLON, Albert-Buisson, un destin au XXe siècle (1881-1961) : Essai sur une prodigieuse réussite sociale française, Paris, L’Harmattan, , 475 p.
  5. C. TISSIER-DAUPHIN, L'histoire d'une entreprise, la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie, 18 avril 1932 - 30 juin 1966, , Mémoire de maîtrise, p. 1
  6. P. FLEURIOT, L’histoire de la banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI), 18 avril 1932-30 juin 1966, p. 8
  7. F. TORRES, Une banque moderne. Histoire de la BNP et de ses deux maisons-mères, t. 1, Paris, Public Histoire, , p. 84
  8. P. FLEURIOT, L’histoire de la banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI) 18 avril 1932-30 juin 1966, p. 7
  9. F. TORRES, Une banque moderne. Histoire de la BNP et de ses deux maisons-mères, t. 1, Paris, Public Histoire, , p. 86
  10. Pierre MOUNIER-KUHN, Mémoires vives. 50 ans d’informatique chez BNP Paribas, BNP Paribas, 2013, p. 28-57
  11. F. TORRES, Une banque moderne. Histoire de la BNP et de ses deux maisons-mères, t. 1, Paris, Public Histoire, , p. 9-10
  12. C. TISSIER-DAUPHIN, L'histoire d'une entreprise, la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie, 18 avril 1932 - 30 juin 1966 (Mémoire de maîtrise), , p. 21-23
  13. P. FLEURIOT, L’histoire de la banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI) 18 avril 1932-30 juin 1966, p. 17, 25, 63
  14. C. TISSIER-DAUPHIN, L'histoire d'une entreprise, la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie, 18 avril 1932 - 30 juin 1966 (Mémoire de maîtrise), , p. 23-24
  15. F. TORRES, Une banque moderne. Histoire de la BNP et de ses deux maisons-mères, t. 1, Paris, Public Histoire, , p. 98-99
  16. P. FLEURIOT, L’histoire de la banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI) 18 avril 1932-30 juin 1966, p. 33
  17. C. TISSIER-DAUPHIN, L'histoire d'une entreprise, la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie, 18 avril 1932 - 30 juin 1966 (Mémoire de maîtrise), , p. 37
  18. C. TISSIER-DAUPHIN, L'histoire d'une entreprise, la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie, 18 avril 1932 - 30 juin 1966 (Mémoire de maîtrise), , p. 55
  19. F. TORRES, Une banque moderne. Histoire de la BNP et de ses deux maisons-mères, t. 1, Paris, Public Histoire, , p. 122
  20. C. TISSIER-DAUPHIN, L'histoire d'une entreprise, la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie, 18 avril 1932 - 30 juin 1966 (Mémoire de maîtrise), , p. 58
  21. F. TORRES, Une banque moderne. Histoire de la BNP et de ses deux maisons-mères, t. 1, Paris, Public Histoire, , p. 111-112, 122