Bétia

Bétia
Fonction
Monarque
Biographie
Naissance
Vers 1735
Décès

Vacoas
Autres noms
Marie Elisabeth Sabbabadie Betty
Activités
Famille

Ratsimilaho (père)

Thomas Tew (grand-père)
Père
Fratrie
Zanahary (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Jean Onesime Filet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Date de baptême

Bétia, également connue sous le nom de Reine Betty ou son nom français de Marie Elisabeth Sabbabadie ou Sobobie, est une reine malgache de la tribu Betsimisaraka de la partie Est de Madagascar, plus précisément de l'ile Sainte-Marie. Elle naît vers 1735[1],[2] et meurt le 14 octobre 1805 à Vacoas[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Fille du roi Betsimisaraka Ratsimilaho et petite-fille du pirate anglais Thomas Tew[3], Bétia devient Reine de l'île Sainte-Marie à la mort de son père. Son demi-frère Zanahary d'origine sakalava est nommé successeur de son père mais Bétia peut s'appuyer sur ses propres partisans[4]. Les deux héritiers rentrent alors dans une guerre de succession qui pousse Bétia à se rapprocher de la France[5]. La reine Betty est réputée par sa beauté remarquable[6].

Le 30 juillet 1750[7], Bétia cède officiellement l'île Sainte-Marie à la France, un traité a été signé à bord du navire mars et en présence des chefs locaux[6]. Ce traité stipulait "l'abandon entier et sans restriction au roi Louis XV et à sa compagnie des Indes orientales l'île sainte Marie, son port, l' îlot qui la ferme et sans payer à la reine ni à ses successeurs aucun droit et restriction pour cause de ladite acquisition ".

Selon la légende, son geste est motivé par son amour pour le caporal français : Jean Onesime Filet[8] , un gascon originaire de Casteljaloux, connu sous le nom de La Bigorne[9], chef de traite de la Compagnie des Indes[4]. Dans les faits, il semble que son père avait déjà entamé des pourparlers avec la Compagnie[4] et que l'agent commercial français Gosse Adam de Villier a achevé de convaincre Bétia de céder ses terres au roi de France[10]. Ceci a entraîné un grand soulèvement populaire ,[1]. Les partisans de Zanahary n'acceptent pas sa décision et se révoltent contre les Français, en les massacrant et en assassinant notamment le gouverneur Gosse[4],[5] qu'ils accusent d'avoir profané la tombe de Ratsimilaho. Accusée d'être à l'origine de la mort du gouverneur, Bétia est arrêtée pour rébellion et emprisonnée temporairement[10] avant d'être reconnue non coupable[1]. Vers 1750[10] ou 1751[3], elle part à l'Île-de-France, actuelle Ile Maurice, où elle s'installe définitivement avec son entourage en 1758[2]. De 1763 à 1792, elle vit entre les régions de Port-Louis, Plaines Willhems et de Vacoas où elle possède plusieurs résidences[3]. Elle est la première personne de couleur libre à recevoir des terres de l'État à l'Ile-de-France[11]. Elle s'investit dans le commerce et mène ses affaires avec succès, devenant vraisemblablement un élément important de la haute société coloniale de l'île, intervenant en soutien des esclaves malgaches et des Malgaches libres[10],[2].

En 1762, elle retourne à Sainte-Marie pour le compte de la Compagnie des Indes[10]. Cette dernière juge en effet Bétia susceptible de défendre les intérêts français et capable de mener des négociations efficaces aux côtés du caporal La Bigorne[12]. Chargée d'assurer la reprise du commerce avec l'île malgache et avec le comptoir de Foulpointe, Bétia consent à céder son trône à Zanahary en signe de paix[10]. La France reconnait ainsi la souveraineté de ce dernier sur l'île[4].

Baptisée le 1er février 1775 par le père Delfolie à la cathédrale de Port-Louis[3], Bétia aurait épousé le caporal La Bigorne. Le 19 mai 1780, elle est naturalisée française sous le nom de Marie Elisabeth (Betty) Sabbabadie "en reconnaissance des services rendus par son mari aux Français à Madagascar"[13],[14].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) Philip J. Havik et Malyn Newitt, Creole Societies in the Portuguese Colonial Empire, Cambridge Scholars Publishing, , 255 p. (ISBN 978-1-4438-8463-1, présentation en ligne), p. 192
  2. a b et c Rafael Thiébaut, « La création d’une élite franco-malgache à Madagascar au XVIIIe siècle », Revue historique de l'océan Indien, no 13,‎ , p. 201 (lire en ligne, consulté le )
  3. a b c d et e « Madagascar : Hommage à la Réine Betty à Vacoas », lexpress.mu,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d et e Robert Cabanes (dir.), « Guerre lignagère et guerre de traite sur la côte nord-est de Madagascar aux XVIIe et XVIIIe siècle », Guerres de lignages et guerres d'Etat en Afrique, Editions des archives contemporaines,‎ , p. 145-186 (lire en ligne)
  5. a et b Damien Tricoire, « Une histoire franco-malgache des établissements français à Madagascar aux XVIIe et XVIIIe siècles : identités flottantes, métissages et collaborations », Outre-Mers,‎ (lire en ligne)
  6. a et b Jean-Claude Legros, « La reine Betty, l'une des plus belles femmes qu'on pût voir », sur 7 Lames la Mer, (consulté le )
  7. Prosper Cultru, Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle : Benyowszky, Bibliothèque malgache, (ISBN 978-2-37363-060-2, lire en ligne)
  8. « Histoire sur l'Île Sainte-Marie », sur www.idyllebeach.com (consulté le )
  9. André Ortolland (dir.), « A Madagascar et aux Comores », La France d'outre-mer (1930-1960), Karthala,‎ , p. 673
  10. a b c d e et f Christiane Rafidinarivo, Empreintes de la servitude dans les sociétés de l'océan Indien : métamorphoses et permanences, Paris, Karthala Editions, , 237 p. (ISBN 978-2-8111-0276-0, présentation en ligne), p. 108-110
  11. (en) Richard B. Allen, Slaves, Freedmen and Indentured Laborers in Colonial Mauritius, Cambridge University Press, , 221 p. (ISBN 978-0-521-64125-8, présentation en ligne), p. 86
  12. (en) William Ellis, History of Madagascar. Comprising also the progress of the Christian mission established in 1818, and an authentic account of the persecution and recent martyrdom of the native Christians, Londres, Fisher, Son, & co., , 537 p. (lire en ligne), p. 34-63
  13. « Les anniversaires à célébrer en 2005 (III) », lexpress.mu,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Adrien d'. Epinay, Renseignements pour servir a l'histoire de l'Ile de France jusqu'à l'annee 1810, inclusivement ..., (lire en ligne)