Attaque du 27 avril 2020 à Colombes

Attaque du 27 avril 2020 à Colombes
Localisation 105, boulevard de Valmy, Colombes, Hauts-de-Seine, Drapeau de la France France[1]
Cible Policiers
Coordonnées 48° 55′ 49″ nord, 2° 15′ 18″ est
Date
vers 17 h 36 (UTC+2)
Type Attaque à la voiture-bélier
Armes Voiture BMW Série 1, Couteau
Morts 0
Blessés 3
Auteurs Youssef Tihlah
Organisations Drapeau de l'État islamique État islamique (allégeance)
Mouvance Terrorisme islamiste

Carte

L'attaque du est une attaque à la voiture-bélier perpétrée le à Colombes en France.

L'auteur fauche trois policiers à bord d'un véhicule avant d'être appréhendé, muni d'un couteau et d'une lettre d’allégeance à l'État islamique écrite au dos d'une attestation de déplacement dérogatoire[2].

Après celui du qui a fait 2 morts et 5 blessés à Romans-sur-Isère, c'est le second attentat à survenir en France pendant le confinement dû à la pandémie de Covid-19 qui touche alors le pays.

Faits[modifier | modifier le code]

Dans le centre-ville, vers 17 h 36 dans une avenue proche du stade olympique Yves-du-Manoir, l'auteur fauche avec une BMW Série 1 noire trois policiers à bord d'un véhicule avant d'être appréhendé par des policiers municipaux aussi sur les lieux, muni d'un couteau et d'une lettre d’allégeance à Adnane Abou Walid al-Sahraoui qu'il considère comme le « digne héritier d'Abou Bakr Al-Baghdadi » et « nouvel émir de l'État islamique »[3],[4],[5],[6]. Selon le journaliste Wassim Nasr, il se serait fait berner par une rumeur infondée qui laisse entendre que Sahraoui serait le successeur de Baghdadi, ce qui n'est pas le cas en réalité[7].

Enquête[modifier | modifier le code]

Après analyse du rapport d'expertise psychiatrique du suspect, le parquet antiterroriste se saisit de l'affaire[8]. L'expertise psychiatrique exclue en effet toute abolition ou altération du discernement au moment des faits[9],[10].

Dans sa lettre d'allégeance, il écrit se lancer « à corps perdu dans la bataille pour imposer la charia sur l'ensemble de la terre »[5].

Lors de son interrogatoire, le suspect reconnaît avoir agi volontairement, et explique « avoir percuté les policiers en représailles à la situation en Palestine », précisant « avoir regardé des vidéos sur la Palestine avant d'agir »[5]. Il revendique par ailleurs quinze ans d'engagement pour la cause palestinienne[11].

Le soir même, un voisin du suspect est mis à garde à vue. Il possède une vidéo de l'attaque et il annonce aux forces de l'ordre, lors de son interpellation, avoir « des projets » similaires à ceux de Youssef Tihlah[12].

L'exploitation des supports numériques du suspect démontre qu'il éprouve de l'intérêt pour l’État islamique et pour le terrorisme de manière générale[10]. Elle montre également une adhésion aux discours anti-occidentaux basés sur la situation géopolitique de la Palestine et du Sahel[10]. Selon l'enquête, il a agi seul[10].

À sa sortie de garde à vue, le , il est mis en examen et placé en détention provisoire pour tentatives d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste[9],[10],[13]. Une enquête est également ouverte pour association de malfaiteurs terroriste criminelle au cas où d'éventuels complices seraient découverts ; mais puisque l'enquête semble plutôt démontrer qu'il aurait agi seul, ce chef d'accusation n'est pas retenu dans l'information judiciaire[10].

Suspect[modifier | modifier le code]

Youssef Tihlah
Terroriste islamiste
Information
Naissance (33 ans)
Lunéville, Meurthe-et-Moselle, Drapeau de la France France
Nationalité Drapeau de la France Français
Allégeance Drapeau de l'État islamique État islamique
Idéologie Salafisme djihadiste
Condamnation
Sentence 24 ans de réclusion criminelle assortie d'une peine de sûreté des deux-tiers
Actions criminelles Attentat
Affaires Attaque du 27 avril 2020 à Colombes
Victimes 3 blessés
Arrestation
Avocat Fares Aidel[14]

Youssef Tihlah[12] est né le à Lunéville en Meurthe-et-Moselle[15]. Il est le cinquième et dernier enfant d'une famille d'origine marocaine[16]. Condamné en 2010 à des travaux d'intérêts généraux pour des faits de violences aggravées commis en 2008, il est inconnu des services de renseignements pour radicalisation[3],[4]. Son discours est jugé très cohérent. Il nourrit son idéologie sur les réseaux sociaux djihadistes. En 2018, il a le projet de se rendre en Syrie mais renonce pour des raisons financières. Il accepte l'idée d'être incarcéré à vie puisque, dit-il, « Allah m'a désigné », et qu'il voulait, « taper du flic »[17],[18].

Son profil ne semble pas être celui d'un déséquilibré, mais plutôt celui de quelqu'un de « très solitaire » qui « assume totalement son acte » et se considère comme un « guerrier » évitant de cibler les « civils »[10]. Ses voisins le décrivent comme quelqu'un de « tranquille » et sans « problème »[10].

Victimes[modifier | modifier le code]

Benjamin Forest et Antoine Duguen, deux policiers motards de la direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC), sont grièvement blessés, le premier à la tête, le second aux jambes et au bassin, et doivent être hospitalisés pendant plus d'un an[3],[16],[19]. Un troisième policier est légèrement blessé[20],[21]. Au total, quatre policiers municipaux présents sur place se voient prescrire des incapacités totales de travail (ITT), pour certaines supérieures à 90 jours, en raison du traumatisme psychologique subi[2].

Procès[modifier | modifier le code]

Le , le procès de Youssef Tihlah s'ouvre devant la cour d'assises spéciale de Paris[13]. Le , cette dernière le condamne à 24 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté de 16 ans[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Colombes : ce que l'on sait de l'homme qui a foncé sur deux policiers pour les "tuer" », sur TF1 INFO, (consulté le )
  2. a et b A.T., « Le procès de l'attentat contre des policiers à Colombes en 2020 s'est ouvert à Paris », BFM TV, (consulté le )
  3. a b et c Jean-Michel Décugis, Ronan Folgoas et Jérémie Pham-Lê, « Policiers ciblés à Colombes: le mobile trouble de l’assaillant au cœur de l’enquête », Le Parisien, (consulté le )
  4. a et b « Policiers percutés à Colombes : le Parquet national antiterroriste saisi », sur Libération, (consulté le ).
  5. a b et c « Policiers percutés à Colombes : l'automobiliste a fait allégeance à l'organisation État islamique », France 24, (consulté le ).
  6. Jean-Michel Décugis, Jérémie Pham-Lê et Ronan Folgoas, « « Que Dieu accepte mon martyr » : l’assaillant de Colombes justifie son passage à l’acte », sur LeParisien.fr, (consulté le ).
  7. « Wassim Nasr sur Twitter : "#Colombes « Je prête allégeance à Abou Walid al-Sahraoui, nouvel émir de l’État islamique et digne héritier d'Abou Bakr Al-Baghdadi… » sauf que Sahrawi n’est pas le successeur de Baghdadi... c’est une rumeur infondée qui avait largement circulé à un moment" », sur Twitter, (consulté le ).
  8. Jean-Michel Décugis et Jérémie Pham-Lê, « Attaque de Colombes : le parquet national antiterroriste se saisit », sur Le Parisien, (consulté le ).
  9. a et b « Policiers percutés à Colombes : le suspect est mis en examen et écroué, annonce le parquet national antiterroriste », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  10. a b c d e f g et h « Terrorisme : l'homme accusé d'avoir blessé deux policiers à Colombes mis en examen et écroué », France 24, (consulté le ).
  11. Pierre Conesa, Vendre la guerre : Le complexe militaro-intellectuel, La Tour-d'Aigues, Éditions de l'Aube, coll. « Monde en cours », , 352 p. (ISBN 978-2-8159-4925-5, OCLC 1331792119, lire en ligne), chap. 12 (« Le désarroi du complexe militaro-intellectuel face aux radicalismes religieux et au blasphème »), p. 153
  12. a et b Aziz Zemouri, « Terrorisme : un voisin du suspect de l'attaque de Colombes en garde à vue », sur Le Point, (consulté le ).
  13. a et b « Le procès de l'attentat contre des policiers à Colombes en 2020 s'est ouvert à Paris », L'Express, (consulté le )
  14. a et b « Attentat contre des policiers à Colombes : Youssef Tihlah condamné à 24 ans de réclusion », Europe 1, (consulté le )
  15. Jean Chichizola, « Attentat de Colombes: procès de l’islamiste qui voulait «imposer la charia sur l’ensemble de la Terre» », Le Figaro, (consulté le )
  16. a et b Christophe Ayad, « Au procès de l’attentat contre des policiers à Colombes, le policier désabusé et le terroriste paradoxal », Le Monde, (consulté le )
  17. Ronan Folgoas et Jérémie Pham-Lê, « Terrorisme : les explications glaçantes de l’assaillant de Colombes », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  18. Jean-Michel Décugis, Ronan Folgoas et Jérémie Pham-Lê, « Attaque de Colombes : le profil très politisé du terroriste présumé », Le Parisien, (consulté le )
  19. « Ouverture du procès de Youssef Tihlah, le terroriste islamiste qui avait fauché deux motards de la police », Europe 1, (consulté le )
  20. Christophe Cornevin, « Attaque de Colombes: la piste terroriste privilégiée », Le Figaro, (consulté le )
  21. Antoine Blanchet, « Attentat de 2020 contre des policiers à Colombes : le terroriste "en guerre" cherchait le "paradis" », sur Actu.fr, (consulté le )