Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité

L’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD) est une association créée en 2007 au Québec (Canada). Son but est de militer pour la reconnaissance du droit à une aide médicale à mourir.

Il s’agit d’une association citoyenne et apartisane, qui bénéficie d’une expertise médicale et légale sur la question de l’aide médicale à mourir. Elle regroupe des membres du personnel soignant, des praticiens, ainsi que des personnes concernées par l’aide médicale à mourir (futurs bénéficiaires et familles de patients) et des citoyens qui se sentent concernés par le droit à mourir dans la dignité.

Historique[modifier | modifier le code]

2007 : fondation et début des activités[modifier | modifier le code]

L’AQDMD[1],[2] est créée en 2007 par Hélène Bolduc, Marcel Boulanger, Yvon Bureau, Nicole Dubois, Irène Durand, Carole Lafrance, Guy Lamarche et Gilles Lebel. Mme Bolduc en est la première présidente, et conserve ce titre jusqu'en 2014.

Infirmière-étudiante à l’Hôtel-Dieu, Hélène Bolduc commence très jeune à accompagner les mourants. Petit à petit, elle s’implique dans le débat civil. Elle rencontre la députée Francine Lalonde en 1984. Quand celle-ci dépose un projet de loi sur le droit de mourir dignement en 2005, elle propose à Hélène Bolduc de prendre part aux actions et de créer une association pour mobiliser les citoyens[3]. Deux ans plus tard, l’AQDMD est née. « C’était un devoir humanitaire… un être souffrant, en fin de vie ou même très malade, avec une maladie incurable: pour moi, c’était une conviction profonde qu’il fallait l’aider » - Hélène Bolduc[4].

2010-2014 : premiers débats au Québec[modifier | modifier le code]

En 2010, Hélène Bolduc dépose un mémoire[5] devant la Commission parlementaire transpartisane sur la question de mourir dans la dignité[6]. Cette Commission tient une consultation générale sur les conditions de fin de vie, des soins palliatifs, de l’euthanasie et du suicide assisté. Les auditions publiques ont lieu entre 2010 et 2011 et révèlent que les Québécois sont ouverts au sujet de l'aide médicale à mourir. Lors des auditions, la Présidente de l'AQDMD, Hélène Bolduc, obtient un grand succès puisque la plupart des experts initialement contre le projet changent d’avis.

Dès sa création, l’AQDMD mène des actions d’influence pour faire évoluer la loi sur la question de l’aide médicale à mourir. L’association devient un acteur majeur, que les médias et les législateurs sollicitent très régulièrement pour son expertise. L'AQDMD participe par exemple au procès de Mme Ginette Leblanc, atteinte de sclérose latérale amyotrophique, et qui demandait à la cour supérieure du Québec de lui donner accès à l’aide médicale à mourir par suicide assisté[7].

2014-2016 : le combat pour autoriser l’aide médicale à mourir[modifier | modifier le code]

Depuis novembre 2014, l’Association est présidée par le docteur Georges L’Espérance.

La même année, le Québec adopte le projet de loi n°52 qui donne naissance à la Loi concernant les soins de fin de vie. Celle-ci autorise l’aide médicale à mourir. L’AQDMD poursuit son travail et entreprend un combat au Fédéral pour demander davantage de droits pour les citoyens.

L’AQDMD intervient notamment dans la cause Carter -c- Canada[8], qui entraînera une modification du Code criminel en 2016. Le Canada est l’un des premiers pays du monde à autoriser l’aide médicale à mourir.

Depuis 2017 : faire avancer les droits[modifier | modifier le code]

Par la suite, l’AQDMD poursuit ses actions : elle participe au procès de Nicole Gladu et Jean Truchon devant la Cour supérieure du Québec[9]. Ceux-ci demandent la suppression du critère temporel de l’aide médicale à mourir. L’honorable Juge Beaudoin tranche en leur faveur et demande aux gouvernements fédéral et provincial de modifier leurs lois pour les rendre conformes à la Charte des droits et libertés du Canada. Cela débouche au Fédéral sur le projet de loi C-7, adopté en mars 2021[10]. Désormais, la mort n’a plus besoin d’être « raisonnablement prévisible » pour que le patient puisse bénéficier de l’aide médicale à mourir : c’est la situation de souffrance qui prévaut.

Depuis 2021, l’AQDMD s’emploie activement à faire autoriser l’aide médicale à mourir par demandes anticipées pour les cas de maladies neurodégénératives cognitives[11] et dans les cas de santé mentale[12]. Elle participe notamment aux Commissions parlementaires provinciales et fédérales.

Président[modifier | modifier le code]

Georges L’Espérance est un neurochirurgien, praticien de l’aide médicale à mourir.

Il obtient son doctorat en médecine en 1978, puis poursuit sa formation trois ans en neuroradiologie diagnostique et thérapeutique à Nancy (France). Il complète sa formation en neurochirurgie à l’Université Laval (1984). Il exerce la neurochirurgie à Québec entre 1984 à 1990, puis s’installe à Montréal où il poursuit le reste de sa carrière. Durant sa vie professionnelle, il s’implique activement dans le milieu académique, obtient le prix Robert-Wood-Johnson en 1998, est co-investigateur de nombreuses recherches, fonde avec le Dr François Sestier, le cursus médico-légal de la faculté de médecine de l'Université de Montréal… Ses différentes occupations l’amènent à se questionner sur les sujets éthiques et en particulier sur la fin de vie. Il devient membre de l’AQDMD puis en prend la présidence en novembre 2014.

Désormais retraité en neurochirurgie, il continue d’être un des principaux prestataires de l’aide médicale à mourir au Québec et donne de nombreuses conférences sur le thème du droit à mourir dans la dignité.

Mission[modifier | modifier le code]

Vision[modifier | modifier le code]

L’AQDMD considère que tous les Québécois aptes sont en mesure de décider pour eux-mêmes de leur fin de vie. Ils doivent donc, dans le respect des critères légaux, pouvoir opter pour une solution conforme à leurs valeurs.

L’association s’appuie sur quatre valeurs fondamentales : engagement, empathie, expertise et autonomie. Celles-ci se retrouvent dans son logo[13].

Activités[modifier | modifier le code]

L’AQDMD « œuvre pour que les lois permettent aux citoyens de choisir et d’obtenir des soins de fin de vie conformes à leur conception personnelle de dignité, dont l’aide médicale à mourir ».

L’association travaille à différents niveaux :

  • Sensibilisation et information du grand public sur l’aide médicale à mourir, les lois qui l’encadrent, les droits des citoyens et les avancées à obtenir
  • Mobilisation publique et militantisme pour faire avancer le droit à mourir dans la dignité
  • Travail non partisan auprès des parlementaires et des gouvernements fédéral et provincial
  • Présence active et soutien concret lors de procès permettant de faire avancer les lois existantes
  • Création de liens avec les autres organismes et associations qui s’intéressent aux conditions de la fin de vie.

Les moyens d’action varient :

  • Interventions personnalisées (appels téléphonique et courriels)
  • Conférences/rencontres généralistes
  • Informations aux citoyens par le biais des réseaux sociaux
  • Prises de parole dans les médias
  • Interventions politiques : participation aux commissions spéciales au niveau fédéral et provincial, rencontres avec les acteurs politiques, rédaction de mémoires sur les divers enjeux de l’aide médicale à mourir…

Principaux sujets d’action actuels[modifier | modifier le code]

En 2022-2023, les deux paliers de gouvernement se penchent sur les trois notions suivantes [14]:

  • la demande d’aide médicale à mourir par les demandes anticipées[15] pour les maladies neurodégénératives cognitives[16],
  • l’accès à l’aide médicale à mourir pour les personnes avec troubles de santé mentale comme seul problème de santé,
  • et l’accès à l’aide médicale à mourir pour les mineur·es matures.

L’AQDMD œuvre activement en faveur de ces avancées.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « AQDMD | Accueil », sur AQDMD (consulté le )
  2. « Encyclopédie sur la mort | AQDMD (Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité) », sur Encyclopédie sur la mort (consulté le )
  3. Guy Lamarche, « Le débat sur le droit de choisir l’aide médicale à mourir », Frontières, vol. Vol. 20, no n° 1,‎ , p. 97-98 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  4. « Hélène Bolduc - Visage de l'aide médicale à mourir (AQDMD) » (consulté le )
  5. Hélène Bolduc, « Mémoire présenté par Hélène Bolduc, présidente de l’AQDMD (Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité) à la Commission de la Santé et des Services sociaux sur la question du mourir dans la dignité à l’été 2010. » Accès libre [PDF], sur Assemblée nationale du Québec, (consulté le )
  6. Jean-Marie Tremblay, « Marcel J. Mélançon, Signification(s) de Mourir dans la dignité: le Québec en débat. », sur texte, (consulté le )
  7. Zone Société- ICI.Radio-Canada.ca, « Suicide assisté : le combat de Ginette Leblanc débute | Radio-Canada.ca », sur Radio-Canada, (consulté le )
  8. « Carter c. Canada (Procureur général) - Décisions de la CSC », sur scc-csc.lexum.com (consulté le )
  9. lkd, « Le droit de mourir dignement : la Cour supérieure tranche », sur Langlois avocats, (consulté le )
  10. Ministère de la Justice Gouvernement du Canada, « Introduction - Contexte législatif : Projet de loi C-7 : Réponse législative du gouvernement du Canada à la décision Truchon de la Cour supérieure du Québec », sur www.justice.gc.ca, (consulté le )
  11. Vania Leal, « AQDMD | Demande anticipée et aide médicale à mourir : la loi sur les soins de fin de vie évolue », sur AQDMD, (consulté le )
  12. Vania Leal, « AQDMD | Aide médicale à mourir et santé mentale : quelles sont les questions qui se posent? », sur AQDMD, (consulté le )
  13. « L'AQDMD fait peau neuve avec Wink Stratégies », sur Grenier aux nouvelles (consulté le )
  14. « Ce qui change pour l’aide médicale à mourir », sur Agence Science-Presse (consulté le )
  15. Fanny Lévesque, « Aide médicale à mourir élargie: « C’est une journée importante pour l’ensemble de la société » », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « Il faut réduire le délai pour l’application des demandes anticipées d’aide à mourir », sur Le Devoir, (consulté le )