Asger Jorn

Asger Jorn
Asger Jorn (1963)
Biographie
Naissance
Décès
(à 58 ans)
Aarhus, Danemark
Sépulture
Grötlingbo Church (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Asger Oluf JørgensenVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Asger JornVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Fratrie
Vagn Ove Jorn (d)
Jørgen NashVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Mouvements
Maîtres
Aksel Jørgensen (en), Fernand Léger, Immanuel Ibsen (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Personne liée
Christian Christensen (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Stalingrad (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Asger Jorn, né Asger Oluf Jørgensen le à Vejrum dans le Jutland-Central et mort le 1er mai 1973 à Aarhus, est un peintre danois. Il fut l'un des fondateurs du mouvement CoBrA et de l'Internationale situationniste.

Biographie[modifier | modifier le code]

En 1936, Asger Jorn arrive à Paris pour rejoindre l'Académie contemporaine de Fernand Léger. Il y rencontre le Français Pierre Wemaëre avec lequel il se lie d’une profonde amitié[1]. Pendant l'occupation nazie au Danemark, Jorn est communiste actif dans la résistance et participa au groupe artistique Høst.

Après la fin de l'occupation, les possibilités de libre pensée critique dans les milieux communistes deviennent limitées, à cause de l'autorité politique, plus centralisée. Face au stalinisme, Jorn rompt avec le Parti communiste danois tout en continuant, jusqu'à la fin de sa vie, à se déclarer communiste.

Il est un des fondateurs du mouvement CoBrA en 1948. La même année il se joint au groupe d'artistes néerlandais Experimentele Groep in Holland fondé par Karel Appel, Constant Nieuwenhuys, Corneille, Theo Wolvecamp, Anton Rooskens Jan Nieuwenhuys et de nombreux artistes néerlandais[note 1],[2]. Ce groupe expérimental artistique est en révolte contre l'art culturel. Il publie en octobre/novembre 1948 la revue Reflex où déjà s'annonce le du mouvement CoBrA, et qui marque la constitution du Groupe Expérimental Hollandais[3].

En 1949, il organise le congrès Cobra de Bregnerød en compagnie de Mogens Balle, Carl-Henning Pedersen et de quelques membres de Cobra. Il s'agit pour les artistes de décorer le plafond d'une maison d'architecte, propriété de l'école d'architecture de Copenhague 1948/1949[4]. Certains artistes y ont résidé avec leurs enfants pendant la période des travaux qui se sont déroulés en août-septembre 1949. Carl-Hennins Pedersen y a peint un mur, Klaus, le fils de Jorn âgé de 7 ans y a peint une porte[5]. Le plafond peint de la salle de séjour, restauré en 1969, se trouve maintenant dans les locaux de l'association artistique Lyngby[note 2]. Un diagramme indique l'emplacement de l'œuvre de chaque artiste : celle de Jorn se trouve au no 12, celle de Pedersen au no 13[6].

Il fusionne le Mouvement international pour un Bauhaus imaginiste, qu'il avait fondé en 1955, l'Internationale lettriste et le Comité psychogéographique de Londres, en un seul mouvement unifié : l'Internationale situationniste en 1957.

En 1959 et en 1962, Jorn produisit deux grandes suites de peintures détournées : les Modifications (1959) et les Nouvelles défigurations (1962). Dans les deux cas, il s'agissait de tableaux quelconques, paysages ou portraits, repeints par Jorn à même la surface, et à sa manière. Chaque tableau, réinterprété picturalement dans sa singularité expressive et signifiante, était relancé par la modification (détournement) de sa valeur intrinsèque. Ces modifications relevaient tout autant du détournement tel qu'il fut avancé par les situationnistes que d'une critique centrale du caractère limité de l'activité artistique moderne dans les nouvelles conditions sociales du capitalisme triomphant de la fin des années 1950 et du début des années 1960.

En 1961, il quitte l'IS[7] pour fonder l'Institut scandinave de vandalisme comparé (voir La Langue verte et la Cuite, avec Noël Arnaud, qui lui a valu d'être nommé Commandeur Exquis de l’ordre de la Grande Gidouille). Son système philosophique, ou Triolectique, a donné naissance à une manifestation pratique par le développement du football à trois côtés.

En 1969, il s'installe dans une maison-atelier 82, rue Saint-Denis à Colombes, Hauts-de-Seine (France) qu'il conserve jusqu'en 1972[8].

Il est le frère de Jørgen Nash.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Le musée Jorn dans lequel Asger Jorn a créé un département d'art contemporain et auquel il a laissé une importante collection se situe à Silkeborg. Ses œuvres sont aussi présentes dans tous les grands musées d'art moderne de la planète mais aussi dans certains autres grands musées danois :

Quelques-uns de ces travaux :

  • « La Fleur du mal », 1946, encre de Chine et craie de couleur[9] ;
  • Le Grand Baiser au cardinal d'Amérique, 1962[10].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Immagine e forma, Milan, 1954
  • Structure et changement : sur le rôle de l'intelligence dans la création artistique, Paris, 1956
  • Contre le fonctionnalisme, Paris, 1957
  • Fin de Copenhague, avec Guy Debord, « conseiller technique pour le détournement », Copenhague, 1957[11]
  • Guldhorn og lykkehjul : les cornes d'or et la roue de la fortune, Copenhague, 1957
  • Pour la forme, Paris, (1958), Paris : Allia, 2001.
  • Critique de la politique économique, suivie de La Lutte finale, Paris, 1960
  • Naturens Orden [The Natural Order] , København, 1962
  • Værdi og Økonomi [Value and Economy] , København, 1962
  • Held og Hasard [Luck and Chance] , København, 1963
  • Ting og Polis [Thing and Polis] , København, 1964
  • Alfa og Omega [Alpha and Omega] , København, 1963-1964
  • De la méthode triolectique dans ses applications en situlogie générale, Aarhus, 1964
  • « Guy Debord et le problème du maudit », in Guy Debord, Contre le cinéma, Aarhus, 1964
  • La Langue verte et la Cuite : étude gastrophonique sur la marmytologie musiculinaire, Paris, 1968
  • La Flûte de jade, St. Gallen, 1970
  • Cuba, Turin, 1970
  • Le Jardin d'Albisola, Turin, 1974
  • Discours aux pingouins et autres écrits, Paris, 2001
  • Sauvagerie, barbarie et civilisation, Les atomes de l'âme, 2012
  • La Genèse naturelle, Paris : Allia, 2001

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Guy Atkins, Asger Jorn and Troels Andersen: Asger Jorn. Jorn In Scandinavia. 1930 - 1953. A study of Asger Jorn's artistic development from 1930 to 1953 and a catalogue of his oil paintings from that period. London, 1968
  • Guy Atkins, Asger Jorn and Troels Andersen: Asger Jorn. The Crucial Years 1954 - 1964. A study of Asger Jorn's artistic development from 1954 to 1964 and a catalogue of his oil paintings from that period. London 1977
  • Guy Atkins, Asger Jorn and Troels Andersen: Asger Jorn. The Final Years, 1965 - 1973. A study of Asger Jorn's artistic development from 1965 to 1973 and a catalogue of his oil painting from that period. London 1980
  • Guy Atkins and Troels Andersen: Asger Jorn. Supplement to the oeuvre catalogue of his paintings from 1930 to 1973. London 1986
  • Guy Atkins and Troels Andersen: Asger Jorn. Revised supplement to the œuvre catalogue of his paintings from 1930 to 1973. Copenhagen 2006
  • (en) Karen Kurczynski, The Art and Politics of Asger Jorn : The Avant-Garde Won't Give Up, Paris, Routledge, , 292 p. (ISBN 978-1-4094-3197-8, BNF 43887724, présentation en ligne)
  • Willemijn Leonore Stokvis, Cobra : mouvement artistique international de la seconde après-guerre mondiale, Paris, Éditions Albin Michel, coll. « Les grands maîtres de l'art contemporain », , 128 p. (ISBN 978-2-221-05412-3)
  • Jean-Clarence Lambert, Cobra, un art libre, Paris, Chêne/Hachette, , 262 p. (ISBN 978-2-85108-306-7)
  • Collectif Jean-Michel Place, Cobra 1948-1951, Paris, Jean-Michel Place, coll. « réimpressions des revues d'avant-garde », , 335 p. (ISBN 978-2-85893-043-2)
  • Collectif Cobra : singulier pluriel. Introduction de Pierre Descargues, Cobra : singulier pluriel, les œuvres collectives 1948 - 1995, Paris, La Renaissance du Livre, coll. « References », , 83 p. (ISBN 978-2-8046-0255-0)
  • Laurent Gervereau, Critique de l'image quotidienne, Asger Jorn, Paris, 2001, Éditions Cercle d'Art, collection Diagonales.
  • Guy Debord, Mémoires, structures portantes d'Asger Jorn, Copenhague, 1959; réédition 1993 par Jean-Jacques Pauvert, Aux Belles Lettres, précédée d'Attestations de Guy Debord d'octobre 1993; nouvelle édition : Allia et Alice Debord, Paris 2004, suivi de Origines des détournements
  • Graham Birtwistle, Asger Jorn’s comprehensive theory of art between Helhesten and Cobra 1946-1949, Utrecht, 1986.
  • (en + da) Troels Andersen, Brian Rasmussen et Roald Pay, Jorn in Havanna, Copenhagen, 2005
  • Jens Staubrand, Asger Jorn-aforismer, og andre korte tekststykker (Asger Jorn aphorisms and other short passages), Valby, 1995 (ISBN 87-21-00175-8 et 9788721001759)
  • Niels Viggo Bentzon (chamber music work), Det Banale [The Banal], for mezzosopran og cello, Frederiksberg 1995. At The Royal Library, Copenhagen, Denmark
  • Louis Lefrançois, Considérations sur la contribution d'Asger Jorn à la critique de l'autoréférence artistique : la peinture détournée, thèse, Université Laval (Québec), 1990
  • Graham Birtwistle, Asger Jorn’s comprehensive theory of art between Helhesten and Cobra 1946-1949, Utrecht, 1986
  • (en + da) Troels Andersen, Brian Rasmussen et Roald Pay, Jorn in Havanna, Copenhagen 2005
  • Norbert Haas, « Jorns Stalingrad », dans Liechtensteiner Exkurse VI: Virtuosität, Eggingen, 2007 (ISBN 978-3-86142-410-9)
  • (en + da) Jens Staubrand, Asger Jorn - On the author Ager Jorn and his five books from the Scandinavian Institute of Comparative Vandalism and Index to Asger Jorn’s five books from the Scandinavian Institute of Comparative Vandalism, Copenhagen, 2009 (ISBN 978-87-92259-89-9)
  • Catal. expo. Wemaëre et Jorn, la force des contraires. Une amitié franco-danoise au XXe siècle, textes de Bénédicte Bollaërt, Alexandre Crochet et Bruno Gaudichon, Roubaix, La Piscine, et Paris, Maison du Danemark, 2013-2014, Paris, éditions Gourcuff-Gradenigo, 2013.

Articles[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. C'est bien du nom de Groupe Hollandais Expérimental et non groupe néerlandais, que les artistes avaient baptisé leur association
  2. aperçu du plafond avec un compte rendu incomplet. La liste des artistes intégrale est donnée dans l'ouvrage de Willemijn Stokvis p.36-37

Références[modifier | modifier le code]

  1. À l’occasion du centenaire de leurs naissances, une exposition consacrée à leur amitié hors norme a été successivement présentée à Roubaix, puis à Paris, en 2013-2014 : Wemaëre et Jorn, la force des contraires (catal. expo.).
  2. Christian Dotremont dans Collectif Jean-Michel Place 1980, p. 3
  3. Jean-Clarence Lambert 1983, p. 85
  4. Karen Kurczynski 2014, p. 77-78
  5. Willemijn Stokvis 1988, p. 36
  6. Willemijn Stokvis 1988, p. 37
  7. sa démission officielle ayant pour but de combattre sa "gloire" personnelle envahissante, Jorn conservera un temps une collaboration avec l'I.S. sous le pseudonyme de George Keller ("la cave" en allemand). Mais ce compromis ne durera pas plus d'un an. Cf. Jean-Jacques Raspaud/ Jean-Pierre Voyer, L'internationale situationniste, chronologie, bibliographie, protagonistes (avec un index des noms insultés), Paris, 1972, éditions Champ Libre.
  8. Laurent Gervereau, Critique de l'image quotidienne, Asger Jorn, Paris, 2001, Éditions Cercle d'Art, collection Diagonales. À l'été 1972, il rencontre une dernière fois Guy Debord dans une "brasserie absurde de Colombes", Guy Debord, Un art de la guerre, Bnf/Gallimard 2013, page 76
  9. 27,1 × 35 cm. Silkeborg Kunstmuseum, Danemark. Reproduction dans Connaissance des arts, no 668, février 2009, p. 25
  10. source souhaitée
  11. La Gazette de l'Hôtel Drouot, 15-18 avril 2008 (ouvrage dont l'édition originale limitée est estimée à 15 000 euros).

Liens externes[modifier | modifier le code]