Antonin Besse

Antonin Besse
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 74 ans)
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Antonin Besse (né le à Carcassonne et mort le à Elgin en Écosse) est un homme d'affaires français, fondateur d'un empire commercial basé à Aden, à l'époque colonie britannique et plaque tournante du commerce entre l'Europe et l'Asie, situé sur la côte méridionale de la Péninsule arabique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Très discret sur sa ville de naissance et son milieu d'origine modeste, des artisans de Villemoustaussou et Conques (Aude), Antonin Besse est né à Carcassonne[1] le , au n° 12 de l'actuelle rue de la République. Son père, maquignon puis négociant, élève dignement sept enfants avec son épouse. La famille se déplace ensuite à Montpellier, mais le père meurt en 1884. Antonin Besse, le dernier-né, poursuit de rapides études et accomplit son service militaire. À 22 ans, le , il s'embarque pour Aden où il va travailler dans la firme Bardey et Cie, celle-là même qui, vingt ans plus tôt, employait Arthur Rimbaud. Il faut signaler que plusieurs jeunes quittent l'Aude entre 1890 et 1913 pour traverser la Méditerranée.

Chez Bardey, il se spécialise dans la commercialisation du café et à la fin de son contrat de trois ans, il crée lui-même son entreprise commerciale, Hodeida, à Aden, aidé par des capitaux d'une banque française.

Revenu en France en 1907, il rencontre, dans le train, une jeune fille issue d'une famille très fortunée, Marguerite Hortense Eulalie Godefroid qu'il épouse le et qui lui apporte de considérables capitaux. Ils ont deux enfants, Meryem Rose-Aye Fernande né en 1909, et André né en 1911.

Après leur divorce, Antonin Besse épouse, en 1922, Hilda Florence Crowther, une Britannique avec laquelle il a cinq enfants : Pierre, Tony, Ariane, Joy et Monna.

Bon joueur de tennis, il pratique aussi l'équitation, la natation et l'escalade, aime la musique et la lecture. Il rencontre Henry de Monfreid, Paul Nizan qui en 1926-1927 a été précepteur de son fils à Aden, Evelyn Waugh qui lui consacre sous le nom de Monsieur Leblanc une dizaine de pages « admiratives pour ses capacités sportives et les qualités de sa table, mais ironiques sur l'homme élégant, le patriarche, l'homme d'action, le joueur » dans son livre Remote People [2]...

Celui qu'on nomme « le roi de la mer Rouge » se dévoue dans l'action humanitaire : à Djibouti, il fonde des écoles destinées à l'instruction des femmes et il soutient les organismes sanitaires. Participant actif de l'Intelligence Service, il joue un grand rôle dans la résistance éthiopienne contre le fascisme italien et il est nommé pair de l'Empire britannique par Georges V.

Antonin Besse est fait chevalier de la Légion d'honneur en .

L'homme d'affaires[modifier | modifier le code]

Depuis 1914, Besse a installé son siège, Crater, sur Aidrus Road, où il reste jusqu'à sa mort. En 1934, il acquiert une usine de savon ; en 1937, une usine de production d'huile de coco et de sous-produits...

En 1936, il se lance dans l'équipement en moteurs diesel des boutres. Et constitue une flotte et construit un dock flottant. Il importe carburants (Shell), congélateurs, réfrigérateurs, cuisinières, machines à laver et autres appareils domestiques, climatiseurs, appareils de radio... voitures (Austin, Lancia, Renault, Jaguar, Holden & Dodge...) des moteurs (Johnson et Evinrude) et des accessoires marins.

En 1937, les Italiens bloquent ses activités commerciales en Éthiopie.

Au long de sa carrière, la puissance et la capacité d'intervention d'Antonin Besse sont en concurrence avec celles de Charles Michel-Côte, le président de 1908 à 1959 de la compagnie du Chemin de fer franco-éthiopien [3]. Écarté de la Côte française des Somalis, il commence à utiliser Assab pour le commerce avec l'Éthiopie [4].

Besse & Cie est aussi l'agent de compagnies d'assurance comme la Liverpool & London & Globe Ltd ; la Prudential Assurance Company Ltd... de compagnies de voyage etc. Il devient propriétaire, un temps, de l’Arabian company d'aviation. Blessé en 1940 lors d'un accident d'avion, il passe sa convalescence en France dans sa villa de la côte d'Azur, « le Paradou ». Anti-vichyste, il soutient la lutte anti-nazie.

Besse Building, St. Anthony's College

Victime d'un accident vasculaire cérébral au cours de l'été 1948, Sir Antonin Besse meurt trois ans après, le , à 74 ans.

Vers la fin de sa vie, il lègue une partie de sa fortune (6 millions de dollars en 1951) à l'université d'Oxford, où ses deux fils avaient étudié, pour y fonder le St Antony's College, qui ouvre ses portes à l'automne de 1950. St. Anthony's est rapidement devenu le plus internationaliste des collèges d'Oxford[5].

Références[modifier | modifier le code]

  1. D'après Footman, 1986, p. 5 (extrait).
  2. Cité dans Evelyn Waugh de Benoît Le Roux aux éditions L'Harmattan.
  3. Cf. Colette Dubois, Djibouti, 1888-1967 : héritage ou frustration ?, Paris, 1997, p. 268 (ISBN 2738458602) (partiellement en ligne) ; Ead., 2008.
  4. Dubois (Colette) [1997].
  5. (en) « History », sur St Antony's College, (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Livres
  • David Footman, Antonin Besse of Aden : The Founder of St. Antony's College, Oxford, Basingstoke, [c. 1960] 1986 (ISBN 0-333-38508-X) (résumé, p. 3-5).
  • Jean-Louis Bonnet, Carcassonne d'hier à aujourd'hui, Éd. La Tour Gile, 2005, p. 207-209 (ISBN 2-87802-420-6)
Articles
  • Colette Dubois, Les réseaux d’influence sur les places d’outre-mer, 2. Charles Michel-Côte et Antonin Besse : concurrence entre opérateurs français ou compétition entre réseaux impériaux ?, dans L'esprit économique impérial (1830-1970) [Colloques SFHOM, Paris, Bordeaux, 2006], dir. Hubert Bonin, Catherine Hodeir et Jean-François Klein, Paris, 2008 (ISBN 2-85970-037-4) (présentation et conclusion, p. 13, n. 31).
  • Lukian Prijac, Maurice Riès et ses fils. Des commerçants et des diplomates français en mer Rouge (1876-1920), dans Chroniques Yéménites, 12, Bayt al-Ajami (Yémen), 2004, en part. n. 65-94 (ISSN 1248-0568) (texte en ligne).
  • T. A. B. Corley, Besse, Antonin (1877–1951), dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford, 2004 (texte en ligne payant).
  • Weerts (Maurice), The late Mr Antonin Besse and the Ethiopian resistance during the years 1935-1940, dans Journal of Ethiopian Studies, 4, Addis Abeba, 1966, p. 175-178 (ISSN 0304-2243).

Liens externes[modifier | modifier le code]