Andrew Michael Ramsay

Andrew Michael Ramsay
Portrait imaginaire d'Andrew Michael Ramsay.
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Andrew Michael Ramsay ou André-Michel de Ramsay, dit le chevalier de Ramsay, né le à Abbotshall dans le district de Fife en Écosse et mort le à Saint-Germain-en-Laye, est un écrivain, philosophe et franc-maçon écossais, principalement établi en France. Le discours qu'il prononce en 1736 est considéré comme un des textes fondateurs de la franc-maçonnerie en général et de la tradition maçonnique française en particulier.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Ramsay évoque ses origines dans une lettre autographe signée et datée du  : il est né à Abbotshall dans le district de Fife en Écosse en , fils du révérend Alexander Ramsay et de Jean Orrock, sa seconde épouse ; ses parents le font baptiser, à Abbotshall le  ; il a une sœur Jean, née en 1694 et un frère Robert, né en 1696[n 1],[4]. Ramsay suit des études à l'université d'Édimbourg, dont il sort diplômé le [5].

Voyages et jacobitisme[modifier | modifier le code]

En 1708, il est engagé comme tuteur des enfants de David 3e comte de Wemyss, il quitte son service au début de 1709. Il se rend en Hollande pour rencontrer Pierre Poiret avec lequel il entretient une correspondance. Il profite également de son séjour pour écouter les cours d'Herman Boerhaave érudit connaisseur de langues, botaniste et philosophe[A 1]. Il quitte la Hollande et se rend à Cambrai ou réside Fénelon, il arrive au cours du mois d’aout 1710[A 2]. Au contact de Fénelon dont il se définit comme un « jeune disciple désorienté »[A 3], il se convertit quelques mois plus tard au catholicisme[A 4]. Il quitte Cambrai vers la fin de 1713 et se rend à Blois ou il occupe un logement à côté de chez madame Guyon à qui il propose ses services comme secrétaire au début de 1714[A 5].

John Erskine - comte de Mar.

Fidèle à la cause de la Maison Stuart, il quitte Blois en pour l’Écosse[6] accompagné de son ami James Forbes. Il est accueilli avec le grade d'enseigne au sein du régiment d'infanterie levée par le 5e comte de Strathmore, John Lyon[n 2] qui rejoint une tentative de reconquête des trônes de Grande-Bretagne conduite par le comte de Mar et les plus fervents jacobites[A 7]. Il participe à la bataille de Preston en , où les troupes jacobites sont vaincues. Il est fait prisonnier et enfermé au manoir de Winton près d'Édimbourg. Fin , il embarque sur un navire à Liverpool avec une trentaine de jacobites dont il partage le sort, condamnés à l'exil dans les colonies des Caraïbes et des Amériques. Il monnaie un privilège de circulation sur le navire avec le capitaine évitant ainsi d'être mis aux fers[7]. La longueur du voyage et les perspectives d'exil poussent les prisonniers à fomenter une mutinerie qui aboutit le à la prise de contrôle du Hockenhall Galley. L'équipage soumis, le bateau prend la direction de la France ; il accoste au port de Saint-Martin-de-Ré en septembre. Ramsay rentre en France et prend la direction de Bordeaux puis se rend à Avignon où  Jacques III est désormais en exil[A 8].

De retour à Blois à la fin 1716, il n'y reste que peu de temps avant de repartir pour Paris. Son dernier séjour à Blois s'effectue à la mort de Madame Guyon en [A 9]. A Paris, il devient le précepteur du fils cadet, âgé de 13 ans, du défunt comte René-Ismidon de Sassenage dont la veuve Marie-Thérèse de Sassenage est également une disciple de Fénelon et de madame Guyon[A 10]. Il quitte le service de cette famille en 1722 et s'installe dans une chambre du couvent des bénédictins anglais au faubourg Saint-Jacques. Il s'active dès lors au sein des cercles jacobites et met au service de Jacques III ses amitiés forgées dans la noblesse française pour intervenir auprès du régent et de ses ministres[A 11]. En récompense de son dévouement, Jacques III intercède pour lui faire obtenir l'ordre de Saint-Lazare et le faire nommer chevalier. Il est reçu le dans la chapelle du couvent des Capucines, il est adoubé chevalier par Jean-Baptiste Bosc, chancelier de l'Ordre[A 12]. Jacques III lui décerne quelques jours plus tard ses lettres patentes de noblesse, rédigé en français[n 3],[A 13]. En 1723, le duc d'Orléans à la demande du Cardinal Fleury lui octroie une pension de 2 000 livres par an de l'abbaye cistercienne de Signy[A 14].

En 1724, Jacques III le nomme tuteur de son fils aîné Charles Édouard Stuart et l’invite à se rendre à Rome, où l'enfant est né[8]. Ramsay s'y rend pour s'acquitter de sa tâche. A la suite de la disgrâce de son parent le comte de Mar, qui lui vaut plusieurs conflits avec d'autres jacobites ainsi qu'avec les ecclésiastiques catholiques qui réprouvent sa trop grande liberté intellectuelle, il sollicite avec insistance l’autorisation auprès de Jacques III de rentrer à Paris dès [A 15]. Il est de retour en France en [A 16]. Les explications qu'il donne par écrit à ses détracteurs qui l'accusent d'avoir démissionné de ses fonctions de précepteur, pour justifier son retour précipité de Rome, lui valent des remontrances écrites de Jacques III qui lui intime « de ne plus livrer à des spéculations oiseuses »[A 17]. Il retourne à Rome en fin d’année pour plaider sa cause auprès du roi, mais également pour obtenir une élévation de son grade militaire qui s’agrémente d'une augmentation de ses revenus. Jacques III y consent et le nomme en , capitaine d'infanterie[A 18].

Ramsay s'installe en 1727, à l’hôtel de Sully où il entreprend la rédaction des Voyages de Cyrus qui paraîtront cette même année et qui rencontrent un grand succès[9].

En 1729, il fait un voyage en Angleterre, qui dure un peu moins d'une année, avec l'intention de faire connaitre ses ouvrages et d'obtenir une reconnaissance publique de ses travaux. A son arrivée il fait imprimer un bulletin qu'il distribue chez des amis qui le font circuler dans les familles nobles de la cour. Il s'appuie pour assurer sa publicité sur un réseau de relations et s'active au sein des sociétés anglaise et écossaise[A 19]. Il est admis à la Royal Society en même temps que Montesquieu, le [10]. En 1730, il est élevé au grade de docteur en droit de l'université d'Oxford, c'est le premier catholique depuis la Réforme à être distingué d'un tel titre. Il est proposé par William King principal du collège Sainte-Marie[A 20].

En 1730, il espère entrer à l’Académie française où le siège de Michel Poncet de La Rivière s'est libéré en août. Il sollicite et espère que son réseau d'amitiés lui permette d'atteindre ce but : la duchesse Marie Adélaïde de Gontaut ou encore la marquise de Lambert et la comtesse d'Agenois agissent en sa faveur. Mais une majorité d'académiciens choisissent l'historien Jacques Hardion. Cet échec satisfait les détracteurs de Ramsay qui acceptent mal l'entrée d'un Écossais dans le prestigieux cénacle français[A 21].

En octobre de la même année, le comte d'Evreux, Henri-Louis de la Tour d'Auvergne lui confie l'éducation de son neveu Godefroy-Maurice de La Tour d'Auvergne âgé de 11 ans[11]. L'acte d'engagement qui consacre sa qualité de pédagogue est établi devant notaire pour une rente viagère à vie de 3 000 livres et commence à partir de .[A 22].

Décès[modifier | modifier le code]

En 1741, il subit une violente crise d'asthme qui incite son entourage à convoquer un prêtre pour les derniers sacrements. Il s'en remet avec l'aide de son médecin Camille Falconet[A 23]. Son état s'améliorant il effectue un nouveau voyage à Bouillon en 1742, à son retour il subit un nouvel incident de santé qui lui provoque des paralysies partielles. Jean-Claude-Adrien Helvétius lui prodigue des soins par une nouvelle médication qui semble lui apporter une rémission[A 24].

Il meurt le lundi à la suite d'une dernière crise en présence de son cousin Michel Ramsay et de sa femme Marie. Son cœur prend le chemin du monastère de l'Adoration Perpétuelle du Saint Sacrement[A 25]. Il est inhumé le lendemain dans l'église paroissiale de Saint-Germain-en-Laye[12] lors de funérailles plutôt modestes et en présence de deux francs-maçons, Charles Radclyffe, élu grand maître de la Grande Loge le au lendemain du prononcé du discours de Ramsay et Alexandre de Montgomerie (1723-1769) qui devient en 1750 grand-maître de la Grande Loge d’Écosse[12].

La sépulture de Ramsay disparaît lors de la destruction de l'église vers 1766[13].

Noces et descendance[modifier | modifier le code]

En 1735, il épouse Mary Nairne, âgée de 34 ans, fille cadette de David Nairne (1655-1740) jacobite et noble écossais[A 26],[n 4] ; celui-ci souhaite qu'il soit également détenteur d'un titre de noblesse écossais au-delà de son titre de chevalier. Ramsay fait valoir cette requête auprès de ses relations tel que James Hector MacLean qui possède le titre de baronnet ou de la duchesse de Bouillon. Leurs insistances aboutissent le à l'obtention d'un titre de baronnet transmissible à ses héritiers mâles octroyé par le prétendant Jacques François Stuart[A 27]. Ramsay et son épouse Mary ont deux enfants, un fils Isaac né en 1737 qui meurt à l'âge de trois ans en 1740 d'une infection pulmonaire, et une fille née en , Marie-Catherine-Joseph surnommée « Psyché »[A 26]. Sa fille meurt à l'age de 14 ans, le et sa femme s’éteint à 52 ans, entre le 9 et le après avoir fait don par testament des quelques souvenirs appartenant à son défunt mari[A 28].

Franc-maçonnerie[modifier | modifier le code]

Le chevalier de Ramsay est initié en franc-maçonnerie au sein de la Horn Tavern Lodge à Westminster en 1730. Cette loge prestigieuse fait partie de celles qui fondent la première Grande Loge d'Angleterre ; plusieurs nobles, membres de cette loge, en deviennent les grands maîtres[6].

Le discours qu'il prononce le à la loge de Saint-Jean à Paris[11], où il semble porter le titre de « grand orateur de l'ordre », fait partie des textes fondateurs de la franc-maçonnerie française[15],[16]. Il comporte deux parties : une définition du rôle international et humaniste de la franc-maçonnerie, suivie dans la seconde partie de l'exposé des grandes lignes d'une franc-maçonnerie héritière des ordres chevaleresques de l'époque des croisades.

Cette filiation légendaire comme les autres idées développées dans son œuvre eurent une forte influence sur le développement des hauts grades maçonniques français entre 1740 et 1780[17] ,[18],[19].

Iconographie[modifier | modifier le code]

Estampe de l'ouvrage du père Hélyot, portrait imaginaire d'Andrew Michael Ramsay.

Il n'existe pas de gravure ou de portrait du Chevalier de Ramsay, l'estampe qui lui est attribuée comme portrait est celle qui illustre l'ouvrage du père Hélyot en 1721, dans son traité sur les ordres de chevalerie au chapitre de l’ordre de Saint-Lazare dont Ramsay porte le titre de chevalier. Cette association apparait pour la première fois en 1921, dans l'ouvrage d'Arthur Waite, New Encyclopaedia of Freemasonry[20].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Fénélon, Télémaque : édité et précédé d'un « Discours sur le poème épique » par Ramsay, Paris, , 2 volumes (lire en ligne sur Gallica).
  • Histoire de la vie de Messr. François de Salignac de la Motte-Fénelon, archevesque Duc de Cambray, Bruxelles, 1724., lire en ligne sur Gallica.
  • Histoire de la vie et des ouvrages de Fenelon, La Haye, 1723.
  • Voyages de Cyrus avec un Discours sur la mythologie, Paris, G.-F. Quillau fils, 1727 (BNF 31175634).
    • (en) The travels of Cyrus to which is annexed a discourse upon the theology & mythology of the pagans, London, 1728.
    • Paris, Champion, 2002.
  • (en) Poems, Edinburgh, 1728.
  • Histoire de Turenne, Paris, 1735 (lire en ligne : tome I, tome II).
  • Principes philosophiques de la religion naturelle et révélée, 1749 (posthume).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Ces données étaient controversées jusqu'à l'étude de cette lettre authentique, en 2018. Ainsi, selon Daniel Ligou, Michael Ramsay était né à Ayr, le 9 janvier 1686, fils d'un boulanger ou d'une grande famille noble[1] ; selon le Dictionary of National Biography, il était né le 29 mai 1686, fils d'Andrew Ramsay, bourgeois calviniste d'Ayr exerçant le métier de boulanger, et de son épouse Susanna[2]. Son acte de sépulture[3] indique 58 ans environ comme âge au décès.
  2. Il meurt en 1715, à la bataille de Sheriffmuir.[A 6]
  3. Ce titre authentique rédigé de la main de Jacques III le , reconnait et précise qu'Andew Michael Ramsay descend de l'ancienne maison du comte de Dalhousie Ramsay pair d’Écosse et de l'illustre maison du duc de Mar Erskine pair d’Écosse par sa mère[A 13].
  4. Notice biographique sur Dictionary of National Biography[14]

Références[modifier | modifier le code]

  • André Kervella, Le chevalier Ramsay : une fierté écossaise, 2009.
  • Autres références
  1. Daniel Ligou 2012, p. 1009.
  2. ((en) Scott Mandelbrote, « Ramsay, Andrew Michael [Jacobite Sir Andrew Ramsay, baronet] (1686–1743) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne Inscription nécessaire))
  3. « Acte sur Généanet » (consulté le ).
  4. Christopher Powell 2018, Fresh evidence on the early life of Chevalier Andrew Michael Ramsay, p. 311.
  5. Christopher Powell 2018, Fresh evidence on the early life of Chevalier Andrew Michael Ramsay, p. 312.
  6. a et b Christopher Powell 2018, Fresh evidence ont the early life of Chevalier Andew Michael Ramsay, p. 316.
  7. Christopher Powell 2018, Fresh evidence ont the early life of Chevalier Andew Michael Ramsay, p. 314.
  8. Alain Bernheim 2012, p. 8.
  9. Alain Bernheim 2012, p. 9.
  10. Daniel Ligou 2012, p. 999
  11. a et b Alain Bernheim 2012, p. 10.
  12. a et b Alain Bernheim 2012, p. 11.
  13. Sophie Desplanches, « Ramsay, homme des Lumières ? », Franc-maçonnerie magazine, no HS n°4,‎ , p. 30-35.
  14. « Nairne, David [Jacobite Sir David Nairne, first baronet » Inscription nécessaire, sur oxforddnb.com (consulté le )
  15. Daniel Ligou 2012, p. 1010.
  16. Roger Dachez, Histoire de la franc-maçonnerie française, Paris, PUF, coll. « Que sais-je », , 127 p. (ISBN 978-2-13-063149-1, lire en ligne Inscription nécessaire), p. 52.
  17. Alain Bernheim, « Grades et légendes au XVIIIe siècle », Franc-maçonnerie magazine, no HS n°3,‎ , p. 31-36
  18. Jean-Louis Breteau, « Compte-rendu de lecture de "Les voyages de Cyrus" et "Les principes philosophiques..." par Georges Lamoine, Paris, 2002 », Anglophonia/Caliban, no 13,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. Yves Hivert-Messeca, « Les Premiers pas des Hauts Grades en France (1735/1745) », sur Site web de Yves Hivert-Messeca, (consulté le )
  20. « Encore ramsay », sur Renaissance traditionnelle, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Christopher Powell, Ars Quatuor Coronatium : The transactions of the Quatuor Coronati Lodge N°2076, vol. 131, Londres, John S. Wade PhD, (ISBN 978-1-905318-98-8), « Fresh evidence ont the early life of Chevalier Andew Michael Ramsay », p. 309-319. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Andrew Mansfield, Ideas of monarchical reform : Fénelon, Jacobitism and the political works of the Chevalier Ramsay, Manchester, Manchester University Press, , 237 p. (ISBN 978-0-7190-8837-7, présentation en ligne).
  • Alain Bernheim, Ramsay et ses deux discours, Paris, Télètes, , 96 p. (ISBN 978-2-906031-74-6, présentation en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • André Kervella, Le chevalier Ramsay : une fierté écossaise, Paris, Véga, coll. « Univers maçonnique », , 389 p. (ISBN 978-2-85829-568-5). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Daniel Ligou (dir.), Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Presses Universitaires de France - PUF, coll. « Quadrige », , 1357 p. (ISBN 978-2-13-055094-5), « Ramsay (Chevalier de) ». Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (de) Georg Eckert, True, noble, christian freethinking : Leben und Werk Andrew Michael Ramsays (1686-1743), Münster, Aschendorff, , 814 p. (ISBN 978-3-402-12799-5).
  • Marialuisa Baldi (trad. de l'italien), Philosophie et politique chez Andrew Michael Ramsay, Paris, Honoré Campion, coll. « XVIIIe siècle », , 544 p. (ISBN 978-2-7453-1627-1, présentation en ligne).
  • Éliane Brault, Le mystère du Chevalier Ramsay, Prisme, , 158 p..
  • (en) George David Henderson, Chevalier Ramsay, Londres, Thomas Nelson and Sons, .

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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